Toutes ces sœurs ont vécu ce que l’Apôtre Paul écrivait aux Romains (8. 35,39) : “Qui nous séparera de l’amour du Christ ? ni la mort ni la vie, ni le présent ni l’avenir, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifestée en Jésus Christ, notre Seigneur”.
- Sœur Marie Anne Vaillot et Sœur Odile Baumgarten à l’hôpital d’Angers
- Sœur Marguerite Rutan à l’hôpital de Dax
- Sœur Marie-Madeleine Fontaine, sœur Marie-Françoise Lanel, sœur Thérèse Fantou, sœur Jeanne Gérard d’Arras
La Révolution française qui débute en juillet 1789 souhaite apporter au peuple une amélioration de ses conditions de vie, et inscrit dans son programme ses trois mots « Liberté, Egalite et Fraternité ». Dès août 1789, les révolutionnaires votent l’abolition de tous les privilèges dont jouissaient la noblesse et un grand nombre de membres de l’Eglise.
Pour assurer la vie de l’Eglise après lui avoir supprimé les ressources dont elle jouissait, les Révolutionnaires rédigent la Constitution Civile du Clergé et demandent à tous les prêtres d’y adhérer. Un serment leur est demandé. Beaucoup de prêtres considèrent cette Constitution comme une rupture avec Rome et refusent de prêter ce serment qu’ils considèrent comme schismatique. Les prêtres dits non assermentés sont recherchés, ils sont dans l’obligation ou de fuir à l’étranger ou de se cacher pour éviter la prison, la mort ou la déportation. De nombreux chrétiens refusent de participer aux messes des prêtres assermentés. Au péril de leur liberté et de leur vie, ils cachent ces prêtres qui poursuivent clandestinement leur apostolat.
Les Révolutionnaires s’attaquent alors à tous ceux qui, à leurs yeux, symbolisent la Monarchie et les privilèges. Les arrestations se multiplient. En août 1792, le Roi est emprisonné avec sa famille, les ordres religieux sont tous supprimés. La mort du Roi Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793, marque un tournant : les événements se précipitent et provoquent une explosion de violence, la Terreur se répand dans le pays.
Un serment d’adhésion à la Révolution, le serment de Liberté-Egalité, est imposé à tous les anciens membres des Ordres religieux qui accomplissent un service rémunéré par l’Etat. Prêter ce serment est vu par beaucoup comme une rupture avec l’Eglise, ceux qui le refusent sont considérés comme contre-révolutionnaires.
Comme beaucoup d’autres religieuses, les Filles de la Charité servant les pauvres dans les maisons de charité ou les hôpitaux vont être mises en demeure de prêter ce serment. Elles sont devant un dilemme : Demeurer fidèle à l’Eglise en refusant le serment entrainera l’expulsion de l’hôpital, alors qui assurera les soins aux malades ? Demeurer près des malades en prêtant le serment n’est-ce pas se couper de l’Eglise et de la foi chrétienne.
Le 9 avril 1792, la Supérieure Générale des Filles de la Charité, sœur Antoinette Deleau envoie aux sœurs quelques points pour guider leur réflexion :
« Je vous prie de ne pas abandonner le service des pauvres, si vous n’y êtes forcées… Pour pouvoir continuer le service des pauvres, prêtez-vous à tout ce que honnêtement on pourra exiger de vous dans les circonstances présentes, pourvu qu’il n’y ait rien contre la religion, l’Eglise et la conscience. »
L’attitude des révolutionnaires varie d’une région à l’autre. Certaines maisons religieuses ne seront pas inquiétées, d’autres subiront de nombreuses vexations. En certianes régions, les sœurs connaîtront la prison durant de longs mois. A Angers, Dax, Arras, les Filles de la Charité seront amenées à témoigner par leur vie de leur attachement à Jésus-Christ.