Le pape François a demandé à toute l’Église de célébrer un mois missionnaire extraordinaire. Nous savons déjà que le mois d’octobre est dédié aux missions. Cependant, cette année, le pape souhaite veut accorder une attention particulière à la commémoration du 100e anniversaire de la publication de l’encyclique du pape Benoît XV, Maximunm illud, qui développait le thème de la propagation de la foi à travers le monde.

Le thème central de ce mois missionnaire extraordinaire est : Baptisé et envoyé, l’Église du Christ en mission dans le monde. Afin de faire participer tous les fidèles à la proclamation de l’Évangile, « – la célébration de – ce mois-ci nous aidera d’abord à redécouvrir la dimension missionnaire de notre foi en Jésus-Christ, une foi donnée gracieusement par le baptême » (Pape François, Message pour la Journée mondiale des missions 2019).

Comme membres de la Congrégation de la Mission, nous sommes appelés à célébrer ce mois de manière unique, dans le but de redécouvrir la spiritualité qui nous anime et de renouveler notre engagement dans un esprit missionnaire.

Le pape François a souligné quatre dimensions que nous sommes invités à vivre durant ce mois missionnaire. En présentant ces dimensions, je souhaite y réfléchir d’un point de vue vincentien, car chacune de ces dimensions est liée à notre langue, notre identité et notre charisme en tant que membres de la Congrégation de la Mission et de la Famille Vincentienne dans le monde entier.

1.     Une rencontre personnelle avec Jésus-Christ vivant dans l’Église : cette dimension a des racines profondes dans notre spiritualité et notre identité. Au travers de notre réflexion sur la vie et le travail de Vincent de Paul, nous découvrons une manière tout à fait unique de rencontrer Jésus-Christ. Nous savons que Vincent a rencontré et suivi Jésus-Christ, évangélisateur et serviteur des pauvres. Comme Vincent, nous sommes invités à retrouver la centralité de Jésus-Christ de qui découle notre esprit missionnaire. Nous rappelons ici les paroles que Vincent a adressées à Monsieur Portail : « Souvenez-vous, Monsieur, nous vivons en Jésus-Christ par la mort de Jésus-Christ et nous devons mourir en Jésus-Christ par la vie de Jésus-Christ et notre vie doit être cachée en Jésus. Christ et rempli de Jésus Christ, et pour mourir comme Jésus Christ, nous devons vivre comme Jésus Christ ».

2.     Le témoignage des saints et des martyrs : À propos de cette seconde dimension, le père Tomaž Mavrič, CM, dans sa lettre du 3 septembre 2018, écrite à l’occasion de la fête de saint Vincent de Paul, à approfondir notre relation avec les saints, les bienheureux et les serviteurs de Dieu de la famille vincentienne. Ce serait un bon moment pour lire la vie de ceux qui nous ont précédés… et pour faire cette lecture dans une perspective missionnaire. Espérons que nous découvrirons de nombreux éléments qui sont aussi pertinents aujourd’hui que par le passé. Par exemple, l’inculturation de saint Justin de Jacobis ou de saint Gabriel Perboyre, le témoignage du père Fortunato Velasco Tobar (ou le témoignage de l’un des autres martyrs de l’époque de la guerre civile espagnole… qui ont tous rendu la dimension internationale de la Congrégation et de la famille vincentienne plus visible). Dans sa lettre, le père Tomaž fait référence au passage suivant des écrits de Vincent de Paul : « Voilà donc, mes chers confrères, ce que nous devons faire, c’est-à-dire remercier notre divine Majesté pour tous les dons et grâces qu’il a eu le plaisir d’accorder à tous les saints en général qui sont maintenant au paradis, et à chacun d’eux en particulier, pour le bon usage qu’ils ont fait de ces mêmes grâces et pour leur persévérance dans la pratique des bonnes œuvres jusqu’à la fin. Nous devons remercier Dieu pour tout cela parce qu’ils ont si bien pratiqué la première leçon que notre Seigneur nous a enseignée à eux et à nous-mêmes : “Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux” (Matthieu 5: 3) » (CCD: XI: 382).

3.     La troisième dimension que le pape François met devant nous est celle de la formation. Cela a été un thème important pour nous depuis notre constitution en tant que congrégation. Nos Constitutions indiquent très clairement que chaque membre est appelé à être un formateur (un formateur du clergé et un formateur de ceux qui souhaitent entrer dans la Congrégation). Aujourd’hui, nous sommes appelés à être des formateurs des membres des nombreuses branches différentes de notre famille et leur permettons ainsi de devenir des évangélisateurs plus affectifs et plus efficaces des pauvres.

4.     La quatrième dimension, qui est également liée à notre charisme, est celle de la charité missionnaire. Nous rappelons ici les paroles que Vincent a adressées à ses confrères lorsqu’il a déclaré qu’ils étaient entrés dans la Congrégation non seulement pour évangéliser les pauvres, mais aussi pour les aider dans leurs besoins matériels. Agir de la sorte, c’est prêcher l’Évangile par la parole et par le travail, et c’est la voie la plus parfaite. C’est aussi ce que notre Seigneur a fait (CCD : XII : 78). Nous ne sommes pas seulement appelés à répondre aux besoins spirituels des pauvres, nous devons plutôt accomplir notre mission avec amour : nous avons été choisis par Dieu comme instruments de son immense charité paternelle, qui est destinée à s’établir et se développer dans les âmes (CCD : XII : 214). C’est quelque chose qui doit être fait à tout moment : la charité ne peut rester oisive ; cela nous pousse à travailler pour le salut et la consolation des autres (CCD : XII : 216)… nous avons été envoyés non seulement pour aimer Dieu, mais aussi pour que Dieu soit aimé (CCD : XII : 215).

Au cours de ce mois missionnaire extraordinaire, nous voulons réfléchir à notre charisme sous l’angle de ces quatre dimensions. De cette manière, nous serons armés pour témoigner de notre joie en tant que missionnaires, tout en redécouvrant notre esprit missionnaire et notre engagement à évangéliser pour la vie.

Nous devons être attentifs à de nombreux événements au cours de ce mois : le désir de notre supérieur général d’associer 1% des confrères aux missions ad gentes, la publication d’un nouvel appel missionnaire (2019) qui présentera de nouveaux besoins et lieux missionnaires, le synode pan-amazonien qui nous invite à renouveler notre engagement à prendre soin de notre foyer commun. Au cours de ce mois, permettons à l’Esprit de renouveler notre engagement chrétien et notre vocation missionnaire.