Au cours de ces 200 ans de présence vincentienne au Brésil, de nombreux prêtres y ont eu un impact considérable, y laissant des traces au cours de ces deux siècles d’histoire. Parmi eux, il y a ce prêtre français Pierre-Marie Bos, que les Brésiliens appellent père Pedro Bos. Le père Omar Raposo, recteur actuel du sanctuaire du Christ Rédempteur affirme qu’ «à ce jour, le père Bos est considéré dans l’archidiocèse de Rio de Janeiro, comme un grand mystique. On pense même à ouvrir son procès de béatification. » Mais après tout, qui était le père Pedro Bos?
Ordonné prêtre de la mission en 1858 à Paris, il vint l’année suivante au Brésil comme missionnaire, débarquant à Rio de Janeiro en 1859. Au Brésil, il occupa de nombreuses fonctions, parmi lesquelles aumônier de la Maison Sainte de Rio de Janeiro, missionnaire à Bahia, aumônier de l’école Immaculée Conception, professeur puis supérieur de l’école de Caraça et trésorier de la province. Au cours des vingt dernières années de sa vie, il a eu une intense activité intellectuelle en produisant diverses préfaces pour des ouvrages de spiritualité, en traduisant les évangiles et l’œuvre monumentale de Miguel de Cervantes; Don Quichotte.
Alors qu’il résidait à l’école Immaculée Conception de Botafogo Plage et qu’il regardait la colline du Corcovado depuis sa fenêtre, il l’imaginait comme un immense piédestal, l’endroit idéal pour la construction d’une statue en l’honneur de Notre Seigneur, qui, d’après sa vision mystique bénirait les terres brésiliennes. Le père Bos a même demandé l’aide financière de la princesse Isabelle (héritière de l’empire du Brésil) pour ce projet. À plusieurs reprises, la princesse y a manifesté de l’intérêt, cherchant des moyens de le réaliser, mais ses plans sont tombés à l’eau en 1889 avec la Proclamation de la République et la séparation de l’Église et de l’État.
Malgré son âge avancé et certaines maladies qui l’ont affligé au cours des dernières années de sa vie, le père Pedro Bos n’a jamais abandonné son rêve. Preuve en est la préface de L’Imitation du Christ qu’il écrit en 1903 et ce fameux poème dans lequel il relate sa vision d’une statue monumentale de Jésus au sommet du Corcovado :
“O Corcovado! …
Là se dresse le géant de pierre, escarpé, imposant et triste,
comme si on remettait en question l’horizon immense – quand viendra-t-il?
J’attends depuis tant de siècles! Oui, voici le seul piédestal au monde.
Quand la statue viendra-t-il, comme moi, l’image colossale de Qui m’a fait?
… Réveille-toi vite, monte sur ce sommet l’image de Jésus le Sauveur.

– Voilà mon humble cri,
Dieu vous a donné un écho partout au Brésil.
… Pour certaines raisons, pas toutes, mais plusieurs liront le livre;
alors que dans toutes les langues et dialectes, l’image dira aux grands et aux petits, aux sages et aux analphabètes, à tous :
Ego sum via, veritas et vita.
Moi je suis le chemin, la vérité et la vie.
Venite ad me omnes.
Venez tous à moi.”
Le père Bos est décédé en 1916, âgé de 82 ans et 60 ans de vocation, après avoir vécu 57 ans au Brésil. Il ne put même pas contempler sa statue, le processus de construction du Christ Rédempteur ayant débuté en 1921 et achevé seulement dix ans plus tard. Dans le livre des confrères de la congrégation, le père Pedro Sarneel définit le père Bos comme un «prêtre intelligent et assidu». Cela ne nous fait pas de mal d’ajouter qu’il était aussi un homme d’une intense spiritualité et un rêveur tenace, un vrai mystique, qui a marqué l’histoire de Rio de Janeiro et du Brésil en imaginant le monument catholique-chrétien classé parmi les sept merveilles du monde moderne.

Frère Adriano Ferreira, CM

Traduction de l’anglais
Jean Baptiste GNING, cm
Province de France