1. L’essence de notre vocation Vincentienne est de vivre dans la fidélité
La spiritualité de la Famille Vincentienne mondiale est enracinée dans la fidélité au charisme de saint Vincent de Paul. Cela devrait être le point de départ ainsi que la source d’inspiration et d’engagement alors que nous continuons à développer, réaliser et évaluer nos différents ministères pastoraux et notre mode de vie en tant que missionnaires.
Les documents ecclésiaux et vincentiens récents insistent sur l’importance de la fidélité créatrice afin de donner sens et force à notre vocation missionnaire. Partager l’héritage de Saint-Vincent est un engagement radical que nous avons pris… et par conséquent, en même temps que nous avons besoin d’une grande volonté pour tenir cet engagement, nous avons besoin d’une spiritualité qui nous nourrit et nous renforce dans cette conviction. La grâce de la fidélité est un don de Dieu qui nous est accordé par l’intercession médiatrice de Jésus-Christ, le missionnaire du Père. Telle était la perspicacité de Vincent et la façon dont il a vécu cette spiritualité au XVIIe siècle.
La fidélité n’est pas une persévérance passive, mais plutôt un stimulant pour vivre dans un état de perfection et pour nous renouveler de manière à pouvoir surmonter la tentation de la routine et de l’oisiveté, la tentation de se replier dans notre zone de confort plutôt que de tendre la main et de répondre aux besoins de l’Église et de la Congrégation. La fidélité implique de nous revêtir des attitudes qui surgissent de la lecture des signes de l’époque. L’interprétation audacieuse de ces signes et le fait de se revêtir des attitudes qui en découlent, devraient toujours faire partie de notre réponse missionnaire.
Pour concrétiser notre vocation missionnaire, il est nécessaire d’analyser les événements du point de vue du mouvement de la vie qui se révèle dans la relecture du passé, en évaluant ce qui est positif et en revitalisant ce qui est négatif. Ainsi, nous sommes en mesure de surmonter les ombres qui se profilent sur la mer des faiblesses et limites humaines. Tout cela paraît important lorsque nous réfléchissons à notre engagement au milieu d’une société qui exige discernement et courage à la lumière de tant d’options différentes que la vie nous offre (dont beaucoup pourraient bien être en harmonie avec l’Évangile et notre esprit Vincentien tandis que d’autres pourraient être opposés à l’Évangile et notre esprit). Il est également important de voir l’avenir avec espoir, joie et optimisme et d’en irriguer notre travail, nos objectifs et notre mode de vie.
Chacun de nous, dans les différentes étapes de la vie, est appelé à vivre dans la fidélité à l’héritage de notre vocation. La vigueur et les rêves des jeunes contribuent à des attentes créatives et fructueuses. La maturité nous procure de l’expérience et des exigences que nous vivons dans une fidélité continue afin de pouvoir relever de nouveaux défis. La vieillesse, acceptée avec calme et compréhension des limitations physiques et mentales, loin de devenir un fardeau et une douleur pour la communauté, peut au contraire nous permettre de devenir un exemple pour une jeune génération.
La diversité des âges, des modes de vie, des modes de pensée et d’agir nous offre une opportunité de grandir (en créant une unité au milieu de notre diversité). Conformément à l’enseignement de Paul, chacun de nous est capable de mettre ses dons et ses charismes au service de la mission et au service des hommes et femmes. Pour grandir dans l’estime de soi, dans la confiance en Dieu et dans nos propres possibilités … toutes ces attitudes renforcent notre maturité personnelle et notre croissance intérieure. Saint Vincent de Paul et tant de missionnaires à travers l’histoire se sont distingués par leur disponibilité, leur générosité et leur audace à relever de nouveaux défis et à s’engager dans de nouvelles œuvres… et tout cela afin de suivre les traces de Jésus-Christ.
Nous avons l’exemple de nombreux missionnaires qui, malgré leurs limites et leurs imperfections, ont continué à grandir dans leur vocation et ont vécu en accord avec l’Évangile et le charisme vincentien. Ils ont embrassé leur vocation et ils ont témoigné par la manière dont ils ont vécu et agi.
Néanmoins, il y a certains dangers qui menacent la fidélité et, par conséquent, nous devons être constamment vigilants et vigilants face à ces menaces, menaces telles que l’insincérité, le manque de transparence et d’intégrité et les engagements à long terme, un manque de persévérance et la conviction … toutes ces tentations peuvent facilement faire partie de notre mode de vie.
Pour surmonter ces tentations, nous devons réaffirmer la dimension mystique et spirituelle de notre vie. Le besoin d’un Dieu qui nous accompagne et nous fait avancer, la prière personnelle et communautaire, la participation à l’Eucharistie et au sacrement de la Réconciliation, la réflexion sur les vertus de Marie et la vie de Vincent de Paul … tous ces éléments nous donneront un aperçu de notre voyage missionnaire.
2. Quelques lignes d’action pour promouvoir la fidélité créative dans notre vie missionnaire
- Une expérience profonde de Dieu, la présence de l’Esprit dans notre voyage permettent de faire face au découragement, à la tension qui découle de la réponse aux besoins urgents et de ce que nous sommes en mesure d’offrir à la suite de notre généreux engagement.
- Être conscient de l’impact actuel du charisme de saint Vincent sur la réalité dans laquelle nous vivons et aussi être conscient de la manière dont nous, du point de vue de l’humilité et d’un esprit de service et d’amour pour l’Église, peut être des instruments de changement actifs.
- Du point de vue de la simplicité, du calme et de la solidarité avec les pauvres, pour témoigner par l’exemple.
- Agir avec un sentiment de générosité et de disponibilité, en donnant la priorité aux besoins de l’Église plutôt qu’à nos propres intérêts et préoccupations particuliers.
- D’être attentif et vigilant face aux nouvelles formes urgentes de pauvreté qui se trouvent au milieu de notre société actuelle. Écouter l’appel du pape François (en particulier en ce qui concerne les immigrés) et accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les personnes qui se trouvent dans une telle situation.
- A la lumière d’une société compétitive et d’une société qui exclut de plus en plus de gens, pour éveiller en nous-mêmes un sens critique qui peut réfléchir sur cette réalité ainsi que sur le fait que la réalité est souvent manipulée par les moyens de communication et par ceux qui ont l’argent et le pouvoir.
- Valoriser les gens par rapport aux structures qui elles-mêmes sont à évaluer à la lumière des objectifs qu’ils espèrent atteindre.
- Accroître l’efficacité et l’unité organisationnelle et créer des canaux de communication et de soutien mutuel entre les différentes branches de la FAMVIN afin de pouvoir répondre efficacement aux besoins des pauvres et aux diverses situations que nous rencontrons dans notre Quotidien.
- Du point de vue de notre identité vincentienne et de notre spiritualité, développer, exécuter et évaluer des projets de formation et de service en cours qui nous impliquent en tant que participants actifs.
- Pour être de plus en plus convaincu de l’importance de travailler avec des réseaux qui exigent une planification dès les premières étapes et qui nécessite également une organisation pour que le ministère plutôt que les personnalités occupent le devant de la scène.
- Approfondir notre engagement envers le développement de trois dimensions avec la base de notre identité Vincentienne, de notre appartenance et de notre engagement : [1] une spiritualité saine basée sur la suite de Jésus-Christ qui a tendu la main et servi ceux qui étaient les plus pauvres ; [2] une formation continue et renouvelée pour soutenir ceux qui sont pauvres et pour ce faire du point de vue des défis d’une société de plus en plus exigeante; [3] un engagement missionnaire audacieux, courageux et décisif.
« Il se trouvera de même, mes frères, des carcasses de missionnaires qui tâcheront d’insinuer de fausses maximes… Ce seront des esprits libertins, libertins, libertins, qui ne demandent qu’à se divertir, et, pourvu qu’il y ait à dîner, ne se mettent peine d’autre chose…Qui encore ? Ce seront… Il vaut mieux que je ne le dise pas. Ce seront des gens mitonnés (il disait cela en mettant les mains sous ses aisselles, contrefaisant les paresseux), des gens qui n’ont qu’une petite périphérie, qui bornent leur vue et leurs desseins à certaine circonférence où ils s’enferment comme en un point ; ils ne veulent sortir de là ; et si on leur montre quelque chose au delà et qu’ils s’en approchent pour la considérer, aussitôt ils retournent en leur centre, comme les limaçons en leur coquille. » (SV XII, 90-93)
P. Pedro Guillen, cm
Province du Peru
Traduction de l’Anglais
Jean Baptiste GNING, cm
Province de France