Dimanche des Rameaux, nous sommes entrés dans la Semaine Sainte qui nous conduit à la Pâque et à la célébration du mystère pascal. En mourant comme il l’a fait, Jésus a transformé la finalité de la mort en une porte d’entrée vers la vie éternelle. Mais il n’est pas facile de faire mémoire de cela lorsque nous sommes séparés de nos proches et que nous mourons seuls sur un respirateur. Ma propre mère craignait toujours de mourir seule. Dieu merci, elle n’a pas eu à le faire de la sorte. Elle est morte dans la maison de mon frère Frank entourée par la famille. Je dois admettre que je partage moi aussi la peur primordiale de ma mère de mourir seul. C’est tout à fait compréhensible. C’est le visage terminal de la mort.

Du point de vue de la foi, le dernier rire est sur la mort, mais personne ne rit. En cette époque de Covid19, c’est trop grave et tragique. Nous apprenons la profondeur et l’ampleur de la signification de la pandémie, un mot qui n’était qu’un mot avant. Maintenant, c’est quelque chose que nous n’oublierons jamais, j’espère.

Jésus est mort pour nous afin que nous puissions vivre une nouvelle vie, à la fois dans ce monde et pour toujours. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit », (Jn 12, 24). Dans le Symbole des Apôtres, nous professons notre foi dans la communion des saints. Il n’y a pas seulement une nouvelle vie après la mort, mais cette nouvelle vie signifie que nous restons en communion avec ceux que nous avons laissés derrière nous et elle nous promet que nous serons en communion avec eux pour toujours.

Notre foi nous enseigne non seulement que la mort mène à la vie et à la communion permanente avec nos proches (et avec l’espèce humaine), mais qu’en mourant, nous nous joignons au Seigneur Jésus dans son geste de salut pour le monde. Nos morts ont un sens pour la vie des autres. Comme sa mort avait du sens pour les autres, la nôtre aussi, par sa mort et sa résurrection. La mort de quiconque n’a de sens. Ceci ne vaut pas seulement pour les disciples de Jésus. Nous croyons que Jésus est mort pour la multitude et que la multitude peut accéder à la vie nouvelle. Nous croyons qu’aucune personne, dans la mort, ne contourne le Miséricordieux Seigneur Jésus sur son chemin vers la vie éternelle. En disant cela, je vous assure que je respecte profondément la foi et les convictions de tous ceux qui croient différemment. Je ne fais qu’exprimer notre conviction que ce que Jésus a fait est un don pour tous maintenant et pour l’éternité.

M’est venu à l’esprit Takashi Nagai et son beau livre A Song for Nagasaki. Pionnier de la radiologie et converti au catholicisme, il était près du point zéro le 9 août 1945 lorsque la deuxième bombe atomique a été larguée sur Nagasaki. Il a servi auprès de nombreux survivants et des années plus tard les radiations ont pris sa vie. Il a aidé les gens à comprendre que leur sacrifice serait un don de la vie à l’espèce humaine. À comprendre qu’il ne fallait plus jamais utiliser l’arme nucléaire sur les êtres humains. Dans le dessein de Dieu, tout finit par donner la vie.

Que nous vivions ou que nous mourions pendant cette pandémie, rappelons-nous que nous sommes toujours en présence de Dieu, qui transforme la mort en vie et en communion. Le dimanche matin de Pâques, nous échangerons les belles paroles : « Le Seigneur est ressuscité ! », répondant « Il est vraiment ressuscité ! »

Hugh O’Donnell CM
Traduit de l’anglais
P. Jérôme DELSINNE cm