Helder Pessoa Camara est né à Fortaleza – Ceará – Brésil, le 7 février 1909. Il est le fils d’Adelaide Rodrigues Pessoa et de João Eduardo Torres Camara Filho. Elle était institutrice, lui comptable. Il revenait à Mme Adelaide, catholique pratiquante, d’initier ses enfants à l’amour de Dieu et de leurs frères et sœurs, et à la dévotion à la Sainte Vierge, ce qu’elle fit avec maestria. Elle fut aussi leur première institutrice. Helder aimait dire qu’il était né dans une école. M. João Eduardo, en tant que franc-maçon, vivait à l’écart du catholicisme. Helder a fait sa première communion le 29 septembre 1917.
Vocation sacerdotale – Séminaire provincial de Fortaleza ou Séminaire de Prainha
Sa vocation sacerdotale commença très tôt, dès l’âge de quatre ou cinq ans, il parlait de son désir d’être prêtre. À l’âge de neuf ans, son père, voyant qu’il avait toujours la même idée, le convoqua pour un entretien sérieux, que Dom Helder lui-même aimait répéter.
“- Mon fils, tu grandis et tu dis toujours que tu veux être prêtre, mais sais-tu ce que signifie être prêtre ?
– Sais-tu que pour être prêtre, il ne faut pas être égoïste, il ne faut pas penser qu’à soi ? Être prêtre et être égoïste, c’est impossible, je le sais, ce sont deux choses qui ne vont pas
Les prêtres croient que lorsqu’ils célèbrent l’Eucharistie, c’est le Christ lui-même qui est présent. Avez-vous déjà pensé aux qualités que doivent avoir les mains qui touchent directement le Christ ?
Helder a répondu :
– Père, est un prêtre comme vous dites que je veux l’être.
Le garçon semble convaincu, et comme il exprime ce désir quotidiennement depuis des années, son père conclut que la meilleure chose à faire est de l’aider à obtenir ce qu’il veut.
– Alors, mon fils, que Dieu te bénisse ! Que Dieu te bénisse ! Tu sais que nous n’avons pas beaucoup d’argent, mais même ainsi, je penserai à comment t’aider à entrer au séminaire” (PILETTI e PRAXEDES, 2008, p. 41).
Helder Camara est entré à l’âge de 14 ans au séminaire provincial de Fortaleza ou Seminário da Prainha, où les pères lazaristes ont travaillé pendant 99 ans pour former des prêtres, de 1864 à 1963. Pendant toute la durée de son séjour au séminaire, la moitié de ses dépenses était payée par l’Obra das Vocações Sacerdotais. Selon Hoonaert, 2021, lorsqu’il est arrivé, il a trouvé le père William Vaessen comme recteur du séminaire et a été reçu par lui. C’était un vrai missionnaire. Après le départ du Père Guilherme, le rectorat du séminaire fut occupé par le Père français Tobias Dequidt. Dom Helder, avant son ordination, pensait être lazariste, il en parla avec le Père Tobias, mais nous ne connaissons pas la raison pour laquelle il opta pour le clergé séculier. Au séminaire de Prainha, il termina ses études secondaires et étudia la philosophie et la théologie avec d’excellents résultats (Doc 1).
Dom Helder a toujours été très reconnaissant aux Pères de la Mission et aux Filles de la Charité pour tout ce qu’il recevait d’eux.
Le 13 février 1992, il écrit : “Au cher Séminaire de Prainha (Fortaleza), j’ai fait toutes les études préparatoires à mon ordination sacerdotale. Le Séminaire était dirigé par les Pères Lazaristes. Dieu seul sait ce que je dois à mon Séminaire” (Acervo IDHeC).
Le 9 février 1992, il écrit à Sœur Joana Elizondo, alors supérieure générale. “Ce que je sais et ce que je fais, je le dois en grande partie aux Pères de la Mission. D’où l’amitié avec laquelle j’accompagne mes Maîtres d’hier et de toujours. Ce qu’ils disent ou font s’enracine dans la foi, dans la prière, surtout dans la Sainte Messe. Que Dieu bénisse toujours les Fils et Filles de Saint Vincent” (Acervo IDHeC).
Le 7 février 1993, remerciant la Visiteur pour un petit cadeau qu’il lui avait envoyé à l’occasion de son 84ème anniversaire, Dom Helder dit : “Sœur Visiteur et Sœurs, vraiment mes Sœurs ! Une des plus grandes grâces pour lesquelles je ne me lasse pas de remercier Dieu est d’avoir fait mon séminaire avec les maîtres lazaristes, fils de saint Vincent. Et la finesse de Dieu m’a conduit à vivre ma vieillesse sacerdotale dans la maison des Sœurs de la Charité, chères filles du même Père Saint Vincent ! Merci, Seigneur ! (Acervo FC. Recife).
Ordination sacerdotale.
Dom Helder a été ordonné le 15 août 1931, à l’âge de 22 ans. Il avait besoin d’une autorisation spéciale du Saint-Siège, l’âge minimum étant de 24 ans.
Il a toujours célébré le jour de son ordination avec une grande ferveur. Il disait qu’il ne pouvait pas se voir autrement qu’en tant que prêtre ; il écrivait en 1945 :
“LA VOCATION ÉTERNELLE
Étrange, Monsieur !
Quand je compare mes mains à celles de François, je pâlis. Mais.., cent fois je suis né cent
fois je m’ordonnerais
les yeux fermés à ma faiblesse les yeux ouverts
pour ta bonté.
Aurai-je davantage confiance en ta miséricorde ? Est-ce que je verrai moins ma triste misère ? Je n’en sais rien. Je ne sais pas. Je ne sais pas.
Sans la prêtrise, je ne serais pas moi-même. Il était plus facile d’être une plante ou une pierre, un animal ou un ange.
Il était impossible d’être un homme,
porter le nom que j’ai sans le titre transfigurant.
Soyez bénis
pour avoir fait de moi un prêtre comme tu as donné le chant aux oiseaux, l’ombre aux arbres, la lumière aux anges, la bonté à toi-même,
Ô Fils de Dieu fait homme…”.
(Dom Helder Camara, Méditations du Père Joseph, V. 1, p.31).
Lors de la veillée des 7/8.8.1964, se souvenant des personnes qui avaient marqué sa vie sacerdotale, il écrivait : “J’ai laissé pour la fin, le plus saint de tous (et pour cela je vous assure qu’il n’y a pas le moindre risque de tromperie). Le plus grand bonheur de ma vie, la plus grande rencontre, le plus grand exemple, le plus grand stimulant, c’est la rencontre personnelle, l’union, l’unité avec le P. Giorgio. (CI 68 – Vol II – Volume II p. 206).
Dom Helder, après son ordination sacerdotale, est resté à Fortaleza. Il n’a pas été placé dans des paroisses. Comme il parlait bien et était idéaliste, sous la direction de l’archevêque, il se lança dans la politique, adoptant même des idées fascistes. Il écrivit pour des journaux, donna des conférences, fut fonctionnaire et occupa des postes dans l’administration de l’État.
Il se rendit vite compte qu’il s’éloignait de l’idéal de prêtre dont il rêvait pour lui- même et commença à réfléchir à la manière dont il pourrait quitter le Ceará. En 1936, après la mort de sa mère, il s’est installé à Rio de Janeiro, où il est resté jusqu’en 1964, date à laquelle il a assumé la charge pastorale de l’archidiocèse d’Olinda et de Recife.
Peu à peu, il abandonne ses idées fascistes et se charge de la coordination de groupes liés à l’Église catholique. Cependant, il cherche encore sa voie. Le 19 juillet 1943, il se tourne vers Saint-Vincent :
“Saint Vincent, priez pour nous !
Dans le cadre de votre vocation générale de prêtre et de saint, vous avez hésité à trouver
la manière particulière
que la Providence voudrait que vous fouliez
– tu as parcouru l’Afrique aux mains des Turcs tu as été vicaire de Clichy et de Chatillon…
Demander à Dieu
que dans le cadre du Grand Chemin
Je trouverai mon chemin”. (Collection Lettres – Virgínia Cortes de Lacerda – Collection de l’IDHeC).
Évêque auxiliaire de Rio de Janeiro (1952-1964)
En 1952, il a été nommé évêque de Salde, en Afrique, pour servir d’archevêque auxiliaire de Rio de Janeiro, fonction qu’il a exercée jusqu’en 1964. Il écrivit à propos de sa devise épiscopale : “In manus Tuas” :
“In manus Tuas Só Tu
et personne d’autre
puisse me souffler une devise si heureuse, qui résume à chaque instant, ma totale misère
et mes biens entre tes mains, je ne demande rien et ne refuse rien.
Je n’ose pas et je ne crains rien. C’est vous qui décidez pour moi.
Vous agissez pour moi.
In manus Tuas – II
J’ai l’assurance de vous dire
c’est l’un des plus purs hommages que je te rends
est d’accepter, à chaque instant, ne pas voir le moindre centimètre devant mes yeux. Quelle direction prendra ma vie ?
Que se passera-t-il dans cinq ans ? Dans un an ?
En un après-midi ? En une heure ?
Dans une seconde ?…” (PILETTI et PRAXEDES, 2008, p. 165).
Cette période a été marquée par des événements importants : l’installation de la Conférence nationale des évêques du Brésil – CNBB – le 14 octobre 1952, au Palácio São Joaquim, à Rio de Janeiro, avec Dom Helder Camara comme principal organisateur et premier secrétaire général.
Le 36e Congrès eucharistique international fut un autre événement marquant pour le Brésil, révélant la capacité d’articulation et de planification de Dom Helder, qui assuma le Secrétariat général du Congrès. Pendant le Congrès (25.7.1955 – 4.8.1955) se tint la première Conférence de l’épiscopat latino-américain et fut créé le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), conçu par Dom Manoel Larraín et dont Dom Helder fut l’un des fondateurs.
L’heure du retournement.
Après le Congrès eucharistique, Dom Helder décida de montrer la belle ville de Rio de Janeiro au cardinal Pierre-Marie Gerlier (1880-1965), archevêque de Lyon en France. A un moment donné, après avoir loué le talent d’organisateur de Dom Helder, qu’il a qualifié d’exceptionnel, et après avoir parlé de la splendeur du Congrès en contraste avec les conditions dans lesquelles vivaient les pauvres de Rio de Janeiro, le cardinal a défié Dom Helder :
“Pourquoi, cher frère Dom Helder, ne mets-tu pas tout ce talent d’organisateur que le Seigneur t’a donné au service des pauvres ? Vous savez que Rio de Janeiro est l’une des plus belles villes du monde, mais aussi l’une des plus effrayantes, parce que toutes ces favelas, dans ce tableau d’une telle beauté, sont une insulte au Créateur […]. Dom Helder considère la réflexion du cardinal comme un nouveau défi. Il a pris les mains du cardinal Gerlier dans les siennes, les a embrassées et a dit : “C’est un tournant dans ma vie. Vous pourrez constater ma consécration aux pauvres. Je ne suis pas convaincu d’avoir des qualités exceptionnelles d’organisateur, mais tout le don que le Seigneur m’a confié, je le mettrai au service des pauvres”. (PILETTI e PRAXEDES. 2008, p. 200).
Les fruits du “tournant” se sont rapidement fait sentir : la création de la Cruzada de São Sebastião, l’urbanisation des favelas, la construction d’appartements dans les quartiers nobles, la banque et la foire Providência, une pharmacie pour les pauvres et bien d’autres initiatives.
