Aumônier de prison

AUMÔNIER DE PRISON

Par Christian Labourse, C.M.

Province de Toulouse

Aumônier de la Prison de Cahors (France)

«Ah! Mes sœurs, quel bonheur de servir ces pauvres forçats, abandonnés entre les mains des personnes qui n'en ont point de pitié! Je les ai vus ces pauvres gens, traités comme des bêtes… » (Coste X, 125)

Ainsi s'exprimait M. Vincent en 1655. Aujourd'hui, le service des prisonniers est toujours le service des pauvres. Je ne suis pas certain qu'ils soient considérés et respectés comme ils devraient l'être…

Chaque mardi matin, je vais à la rencontre des détenus de la Maison d'Arrêt de Cahors. On me remet les clés des cellules et je vais donc au-devant des uns et des autres: une simple visite d'amitié.

Certains jours, des conversations s'engagent; d'autres fois, le moral n'étant au beau fixe, ils n'ont pas envie d'échanger, alors je me fais très discret. Il s'agit d'être attentif à ce qu'ils souhaitent: ce peut être un entretien particulier ou, tout simplement, comme David, que je prenne un peu de temps pour prier avec lui; je dispose alors d'une petite pièce pour ces rencontres individuelles.

Tous les quinze jours, le samedi matin, une réunion leur est proposée: soit une Eucharistie ou un partage d'évangile ou encore une discussion sur les sujets qu'ils désirent aborder. À ces rencontres participe également Jocelyne, mère de famille, travailleuse sociale, elle habite sur le secteur paroissial dont je suis responsable. Jocelyne est présente au «quartier femmes» de la prison, à l'écoute, elle aussi, des confidences, partageant leurs souffrances et heureuse de pouvoir, quelquefois, faire passer une parole d'espérance.

J'ai voulu intéresser les chrétiens de notre groupement paroissial à cette mission auprès des détenus. Jeanne, elle aussi, qui vient de prendre sa retraite, se rend disponible pour accueillir les familles venant visiter l'un des leurs.

Enfin une Équipe Saint Vincent est née sur notre secteur à la suite d'un pèlerinage paroissial au Berceau. Cette équipe s'est donné pour objectif l'accompagnement des détenus à leur sortie de prison; elle se propose de faciliter leur réinsertion en leur trouvant emploi et logement.

C'est bien toute une petite communauté qui assure ainsi une présence d'Église auprès des prisonniers et à leur service. Cette présence est également renforcée par le Secours Catholique qui nous permet d'apporter aux plus démunis d'entre eux un soutien pécuniaire non négligeable et ceci, de façon permanente et régulière. Vincent de Paul ne demandait pas autre chose aux dames de Montmirail: «L'association aura soin de visiter les pauvres prisonniers et leur faire quelques aumônes et faire changer de chemises tous les samedis». (Coste XIII, 462). Ce ne sont pas seulement des chemises que nous leur apportons mais tout le vestiaire dont ils ont besoin.

Soutien matériel, présence fraternelle, réconfort spirituel, nous pensons ainsi répondre à ces questions que posaient saint Vincent:

«Des pauvres criminels délaissés d'un chacun, qui est-ce qui a pitié? … N'est-ce pas honorer la grande charité de Notre Seigneur qui assistait tous les misérables pécheurs, sans avoir égard à leurs forfaits? …» (Coste X, 114)