Préparation de la mission. L'avant mission

Préparation de la mission

John Kennedy, C.M. et Arthur Kolinski, C.M.

de l'équipe missionnaire bilingue

de la Province Orientale des Etats-Unis

Ce texte veut essayer de décrire la manière habituelle dont se déroule la pré-mission, organisée comme préliminaire à une mission qui, elle, est d'ordinaire orientée vers les fidèles d'une paroisse qui compte un bon nombre d'immigrants hispanophones. Le texte comportera deux sections:

l.La préparation de l'équipe,

2.La préparation de la paroisse.

1.Préparation de l'équipe missionnaire.

En janvier 1993, à Bogota, s'est tenue une rencontre des Visiteurs Lazaristes qui eut pour thème principal "Les missions populaires". Il s'y manifesta de façon évidente un intérêt renouvelé à l'égard de notre fonction première en tant que Lazaristes, à savoir l'évangélisation des pauvres. Peu de temps après, la Province de Philadelphie donna corps à ce nouvel intérêt en chargeant quelques confrères de former une équipe de "Renouveau Paroissial" qui connut un succès immédiat. Aussi, en 1995, le Visiteur, le P. Jerry Mahoney, décida que nous nous orienterions vers à l'évangélisation de l'un des groupes chrétiens les plus nombreux et les plus démunis des États-Unis, les immigrants hispaniques. Il demanda aux PP. John Kennedy et Arthur Kolinsky d'entreprendre ce travail, sachant que l'un et l'autre parlaient l'espagnol.

Pour nous préparer à cet apostolat, nous avons d'abord rendu visite au Comité Catholique pour les Hispaniques dans leurs trois centres régionaux qui se situent dans les limites géographiques de notre Province: New York (Nord-ouest), Miami (Sud-Est) et South Bend (Moyen-Ouest).

Ces visites se révélèrent très efficaces. Avant tout, les directeurs de chaque région furent enchantés d'apprendre que les Lazaristes désiraient participer à l'apostolat en langue espagnole. De plus, on nous communiqua une quantité de renseignements utiles et de noms d'évêques dont on savait qu'ils nous feraient bon accueil dans leurs diocèses.

Notre démarche suivante nous conduisit à visiter les diocèses qui nous avaient été recommandés: Brooklyn, Rockville Center, New York, Allentown, Miami, Venice, Tampa et Kalamazoo, diocèses dans lesquels, par la suite, nous avons donné des missions.

La rumeur se répandit au sujet de cette toute nouvelle activité lazariste. Aussi, en réponse à des appels lancés par des confrères d'autres provinces, nous eûmes des missions dans les diocèses de Brownville, Midland Odessa, Chicago et Los Angeles, durant les quelques années qui suivirent. Des invitations nous parvinrent également d'Amérique Latine. Elles aboutirent à un engagement de 6 ans (trois mois par an) à Panama où notre confrère le P. Thomas Sendlein était Directeur national de "La Mission Nationale" qui atteignait toutes les extrémités du pays et impliquait des prêtres, des religieux et religieuses, ainsi que des milliers de laïcs, entre 1988 et 1993. En 1994 et 1995, nous avons organisé des missions dans des régions reculées de la République Dominicaine.

Ainsi, après avoir ciblé les régions pour nos missions, nous avons étudié les techniques en étudiant comment notre équipe anglophone du Renouveau (l'équipe de Thomas Krafinski) opérait. Et, sur la base de rapports en provenance de provinces hispanophones, notamment de Colombie, nous avons jugé que notre propre préparation était suffisante pour commencer à travailler. Et nous nous sommes mis au travail.

2. Préparation de la paroisse

Pour préparer une paroisse à la mission, nous essayons de nous y rendre plusieurs mois à l'avance. Cela n'est pas toujours possible, surtout lorsque la paroisse est très éloignée comme, par exemple, en Californie, lorsque nous sommes pris par des missions à New York. Mais, ordinairement, nous faisons en sorte d'assurer cette visite préliminaire, même si elle ne peut être faite que par un seul d'entre nous, et cela en vue de mettre en route la préparation éloignée.

La première préparation fondamentale s'adresse toujours aux prêtres de la paroisse. Puisque nous nous rendons presque toujours dans des paroisses qui nous ont été signalées par les directeurs diocésains hispaniques, nous avons trouvé un clergé heureux de nous recevoir, bien disposé à prendre connaissance de notre projet de mission et prêt à retrousser les manches et à prendre une part active dans la mission elle-même. Cela change d'avec les jours d'autrefois où certains curés profitaient de la présence des missionnaires pour prendre un peu (ou un peu plus) de vacances.

Ainsi assurés de la coopération des prêtres de la paroisse, et avec leur collaboration, nous précisons les grandes lignes du projet de mission, en mettant l'accent sur le rôle des laïcs et nous lançons une invitation pour une réunion avec les membres de la paroisse. Nous leur expliquons qu'il s'agit de leur mission et non pas de la nôtre et que ce sont eux, et non pas nous, qui peuvent la réaliser ou la manquer.

Si nous avons la chance de faire cette première visite au cours d'un week-end, à toutes les messes dominicales nous annonçons la Mission, nous donnons les dates et nous faisons appel aux volontaires. Comme tous les paroissiens ne souhaitent pas être des collaborateurs actifs de la Mission, nous proposons un choix. Nous faisons circuler des cartes et nous demandons aux gens de les signer, de leur nom et d'y indiquer leur adresse et leurs choix. Ils peuvent choisir d'être des missionnaires qui vont aller par les rues visiter les maisons avec nous. Ou bien ils peuvent être les "priants de la mission", auquel cas ils promettent de prier, tous les jours de la mission, pour leurs amis et voisins qui vont faire les visites à domicile en tant que "pécheurs d'hommes", pour reprendre les termes de Jésus.

Aux États-Unis, les Catholiques ont l'habitude d'entendre leurs sonnettes secouées par les Évangélistes, les Mormons ou les Témoins de Jéhovah, mais point par d'autres Catholiques. Aussi quelques bonnes sessions de formation et d'animation sont nécessaires pour mettre les affaires au clair. Nous les engageons vivement à faire le point de leurs connaissances concernant la doctrine catholique de base, pour le cas où ils se trouveraient en face de chercheurs exigeants; mais nous leur recommandons de ne point polémiquer avec qui que ce soit. On leur rappelle que l'objectif principal de notre campagne de porte-à-porte est d'inviter les gens à la Mission et non pas de faire du prosélytisme. Ils font les visites, en tant qu'amis ou voisins; et ces rencontres préliminaires sont destinées à les imprégner de cette conviction.

Comme nous ne pouvons pas, habituellement, être sur la paroisse au moment de la préparation, nous demandons au curé de trouver un bon laïc ou une bonne laïque, un religieux ou une religieux, pour prendre l'affaire en mains; ou bien même, nous lui demandons de le faire lui-même. Nous n'avons jamais essuyé de refus et, presque toujours, lorsque nous nous rendons à la paroisse pour la mission, nous trouvons un groupe enthousiaste de missionnaires qui nous attendent à notre arrivée. La plupart des endroits ont de 40 à 60 volontaires prêts à "battre le pavé". Il y eut même des endroits où plus de 80 volontaires nous ont apporté leur aide pour la mission.

Préparation finale. Nous nous efforçons toujours d'arriver dans la paroisse où aura lieu la mission quelques jours avant le début de celle-ci et nous rassemblons chaque soir l'équipe missionnaire pour les dernières séances préparatoires. Comme notre équipe vise les paroisses où les Hispaniques sont nombreux, et souvent même majoritaires, le nombre des volontaires pour la mission reflète d'ordinaire la composition ethnique de la paroisse. La mission elle-même doit tenir compte de ces considérations statistiques. Nous préparons les missionnaires à rencontrer des familles aussi bien hispanophones qu'anglophones et à leur dire qu'il y aura du grain à moudre pour tous pendant la durée de la mission.

Ces ultimes préparations ressemblent souvent à des rallies de jeunes des collèges. Nous avons même quelques animations prêtes à servir, comme, par exemple, de petites pièces comiques destinées à illustrer la façon de procéder lors des visites à domicile. On demande à certains des volontaires de jouer le rôle de certains types de familles et de leurs membres: de bons catholiques, des catholiques indifférents, des chrétiens de nom, des protestants, des parents célibataires, des ivrognes, des fainéants, des gens qui n'aiment pas les catholiques, etc... D'autres jouent le rôle de l'équipe missionnaire en visite, frappent à des portes imaginaires, saluent les familles et continuent la scène. Il est apparu que c'était là une façon efficace et amusante de préparer des gens essentiellement très timides à aborder avec des inconnus le sujet de la religion.

Le sommet de la phase préparatoire de nos Missions se situe le dimanche d'ouverture de la Mission, avec la cérémonie d'envoi. A chaque messe, nous faisons connaître les missionnaires laïcs volontaires. Après la Communion, nous demandons à ces derniers de s'avancer afin que les paroissiens présents puissent voir de qui il s'agit. Il vaut mieux faire cela à chaque messe plutôt que de regrouper tous les missionnaires ensemble pour une seule cérémonie. De cette façon, chacun se rend compte qu'il va se passer quelque chose de particulier et d'extraordinaire dans sa paroisse. Chaque missionnaire reçoit une croix de mission, en bois, qu'il portera suspendue au cou. C'est toujours, pour tous, un formidable temps fort et, très souvent, de nouveaux volontaires se présentent et demandent à se joindre à l'équipe.

Même si ce texte veut se limiter à la phase préparatoire de nos missions, nous devons faire au moins allusion à l'ébauche de la mission elle-même; car, pour bien préparer nos volontaires, il faut qu'ils aient conscience de ce à quoi ils invitent les gens.

La paroisse est divisée en secteurs, formés de quelques pâtés de maisons. Les volontaires sont répartis par groupes de trois et chaque équipe comporte hispanophones et anglophones. Ils reçoivent des fiches relatives aux catholiques connus comme tels dans le secteur qu'ils vont visiter. Ces visites s'effectuent de 18 à 21 heures, quand les gens sont rentrés du travail. En entrant les volontaires se présentent comme délégués de l'Église catholique locale et invitent ceux qui les reçoivent à venir à la mission.

"Et qu'est-ce que cette mission ?" - Le missionnaire répond : "Demain soir, à 7 heures, une messe sera célébrée par le père Untel un peu plus bas dans la rue, en face de chez les Rodriguez. Pouvez-vous venir ?"

Cet événement inédit attire d'ordinaire beaucoup de monde, car c'est quelque chose de nouveau. Des hauts-parleurs ambulants font arriver notre message à de nombreuses oreilles. Souvent la police nous aide à contrôler la circulation ou même à bloquer une rue de sorte que les voitures ne viennent pas troubler notre messe.

Ainsi, tous les missionnaires apprennent en quoi consistera exactement la mission: visites à domicile le lundi soir; messes par secteurs le mardi; nouvelles visites, en d'autres rues, le mercredi; nouvelles messes par secteurs le jeudi. Le vendredi soir, se tient une réunion des missionnaires pour discuter de l'activité de la semaine écoulée.

Ce plan d'action se déroule durant trois semaines avec, en plus, les samedis consacrés aux activités avec les jeunes. Enfin, une dernière semaine se déroule à l'église avec diverses liturgies, la sacrement de Réconciliation, les prédications, une procession mariale et elle se termine par une fête de clôture avec un temps de musique, de danse, etc ...

(Traduction: Emile Toulemonde, C.M.