Père José Oriol Baylach (1914-1995)

PERE JOSE ORIOL BAYLACH (1922 - 1995)

André Sylvestre, cm

Au mois de septembre dernier, j'ai revu à Quito, avec beaucoup de plaisir le père José-Oriol Baylach dans l'antique maison provinciale de la Calle Rocafuerte. Il allait mal car il souffrait d'un cancer, mais il avait gardé sa vivacité d'esprit. Il me parla très peu de sa maladie, mais il m'entretint surtout de ses travaux historiques. Il était en train de rassembler toute la documentation possible pour écrire la vie de notre confrère Mgr Schumacher, une des grandes figures de l'épiscopat équatorien. Il manifesta un grand intérêt pour l'avancement de la cause du bienheureux Perboyre. Quand nous nous sommes quittés, j'eus le sentiment, vu son état de santé et son âge, que nous nous reverrions seulement dans la Céleste Jérusalem!

Il était né le 27 avril 1914 à Mas de Cabrils - en Catalogne, entre Barcelone et Gerone - dans une famille chrétienne qui a donné à l'Eglise deux Prêtres de la Mission, José-Oriol et Jorge son frère, et une Fille de la Charité.

José-Oriol fit partie de ces confrères espagnols venus surtout de Catalogne faire leurs études secondaires au Berceau de saint Vincent de Paul, comme les regrettés PP. Masjuan et Parès, ce qui leur valait d'être parfaitement bilingues. Quand je fis mon Séminaire Interne à Saint-Lazare en 1938-1939, José-Oriol était aux études, mais nous avions peu de contacts avec les étudiants. Du fait de la guerre, il a achevé sa préparation au sacerdoce en Espagne. Ordonné prêtre en 1941, il fut envoyé en Equateur dés que cela fut possible, comme y furent alors envoyés également MM. Masjuan et González de Rivera ainsi que quelques confrères français.

En Equateur, il travailla dans les séminaires, car c'était alors la seule oeuvre de la Province. Il se spécialisa dans la sociologie religieuse et, dans ce domaine, il rendit de grands services à la Conférence Episcopale de l'Equateur. Il fut appelé à Rome pour y remplir, à la place du P. Cid décédé, le rôle de directeur des publications vincentiennes à la Curie. Sa connaissance des langues lui facilita grandement la tâche. J'eus plusieurs fois le plaisir de le revoir pendant son séjour à Rome, en particulier lors des funérailles, à Figueras en Catalogne, de notre ami commun le P. Masjuan.

Il lui tardait de revenir en Equateur. Il y revint définitivement en 1989. Il se remit alors aux travaux de sociologie et d'histoire. Mais au cours de cette année le Visiteur le P. Soria déjà atteint par la maladie mourut à son retour à la fin de l'année. Pour lui succéder en ce moment d'épreuves les confrères de la province élirent alors en 1990 José-Oriol Baylach. Son âge et son expérience lui donnaient toute autorité pour reprendre les affaires en main. C'est sous cette sage conduite pendant trois ans que la province se remit peu à peu à envisager l'avenir ave confiance (s'il plaît à Dieu, il y aura dans quelques mois quatre nouveaux prêtres).

Comme Visiteur, le P. Baylach participa à l'Assemblée Générale de 1980, à Rome. Il nous étonna par l'intérêt qu'il portait à toutes les questions et par ses interventions judicieuses.

A la fin de son mandat, il reprit ses travaux d'histoire. Il n'a malheureusement pas eu le temps d'y mettre la dernière main. Et la vie de Mgr Schumacher, c'est un autre qui devra l'écrire.

De bons et savants missionnaires sont, disait saint Vincent, les trésors de la Compagnie. C'est un de ces trésors que la province d'Equateur et tous ses amis viennent de perdre.

POST-SCRIPTUM du P. Robert P. Maloney, cm, Supérieur Général

Je voudrais ajouter un bref post-scriptum à l'hommage à José-Oriol Baylach rendu par André Sylvestre. J'ai bien connu Oriol, ayant vécu avec lui pendant trois ans, ici à la Curie Générale. Il était d'une extraordinaire vivacité d'esprit.

Il avait aussi un amour profond pour la Congrégation. Ce fut certainement au prix d'un grand sacrifice qu'il accepta l'office de Visiteur à un âge plutôt avancé. Il était l'un des membres les plus âgés de l'Assemblée Générale de 1992, mais je suis certain que tous ceux qui étaient présents se souviennent de ses interventions pleines de vie.

Oriol était très "original". Comme David il était capable de danser devant l'Arche. Je me souviens de lui avec affection, marchant de long en large dans la salle de communauté, une cigarette allumée pendant à sa bouche (alors que nous attendions tous que la cendre tombe), racontant une histoire et, à l'occasion, commençant à chanter ou à faire quelques pas de danse. Il nous surprenait souvent avec des informations ou des données qu'il avait rassemblées sur la Congrégation.

Il habitait à côté de moi. Une fois, j'ai cru qu'il avait brûlé vif, voyant de la fumée sortir de dessous la porte de sa chambre. J'ai fait irruption dans la pièce pour découvrir qu'il n'y était pas, mais que son bureau brûlait (une de ses cendres pendantes était à l'évidence tombée dans la poubelle à papier!). Quand Oriol retourna dans sa chambre, manifestement affecté par ce qui était arrivé, la première chose qu'il fit fut d'allumer une autre cigarette!

J'étais à Paris lorsque j'ai appris la nouvelle de la mort d'Oriol. De nombreux et beaux souvenirs me sont venus à l'esprit durant la journée. J'ai été frappé également de voir combien de confrères sont venus nombreux vers moi pour m'exprimer leur tristesse face à cette perte pour la Compagnie. Qu'il repose en paix.