Parcours pastoral de Jean-Gabriel Perboyre en France

Parcours pastoral de Jean Gabriel Perboyre en France

par Philippe Lamblin, C.M.

Province de Paris

« Supposons le lieu de notre résidence et notre point de départ dans le diocèse de Cahors. Faisons là d'abord quelques missions ; ensuite allons en faire d'autres dans les diocèses d'Albi, du Puy, d'Autun, d'Orléans, de Versailles et d'Amiens … »  

1. Montauban

Il y eut dans le courant de l'automne 1817, une grande mission prêchée à Montauban. Les élèves du pensionnat ecclésiastique fondé par Jacques Perboyre y assistèrent. On écoutait ce jour-là un sermon passionnant de l'abbé de Chièzes. L'un des jeunes auditeurs, Jean-Gabriel Perboyre, ressent en son cœur la flamme vibrante de l'appel de Dieu qui lui fait dire : Je veux être missionnaire. Allant partager sa joie avec Jacques Perboyre, son cher oncle, il se heurte à un rire quelque peu moqueur. A la rentrée, Jean-Gabriel en est à peine à la classe de cinquième, il allait avoir seize ans et pour l'oncle, l'urgence n'est pas là mais se trouve dans le rattrapage scolaire. Cependant l'appel est solidement ancré dans le cœur de l'adolescent.

Les efforts que fournit Jean-Gabriel sont considérables. A seize ans passés, il est déjà en classe de seconde et a en partie comblé son retard. Il confie ses préoccupations spirituelles secrètes à saint François-Xavier, patron des Missions. Petit à petit la lumière se confirme : non seulement il serait missionnaire mais en plus, il irait en Chine !

Insistant une nouvelle fois auprès de son oncle, Jean-Gabriel, impétueux, se fait plus persuasif. L'oncle Jacques aurait bien aimé lui-même aller en Chine. La Chine représente à cette époque l'idéal missionnaire, comme Madagascar l'avait été du temps de Vincent de Paul pour ses premiers confrères : donner sa vie pour la cause de Dieu sur des terres lointaines et "infidèles". Jacques perçoit, maintenant, dans le regard clair et assuré de son neveu, un signe manifeste de l'action de Dieu. Il en informe ses supérieurs et c'est ainsi, que le plus naturellement du monde, le jeune homme est admis officiellement, le mardi 15 décembre 1818, au Séminaire Interne de la Congrégation de la Mission à Montauban, en compagnie d'un jeune Sarladais du nom de Rossignol. Jean-Gabriel poursuivra en même temps ses études inachevées et on lui confiera aussi le soin de faire la classe à quelques enfants.

A force de volonté, et Dieu aidant, Jean-Gabriel s'attelle à cette tâche sans coup férir. Le compagnon qu'il a au noviciat voit déjà en lui « l'idéal de la perfection d'un novice. » Soutenu par la force tranquille et efficace d'un saint Vincent, comme lui bien ancré dans ses sabots ruraux, Jean-Gabriel fixe sa vie sur celle du Christ et se forge une solide spiritualité doctrinale, appuyé encore par des maîtres tels que saint Bonaventure, saint Bernard et sainte Thérèse. A cette école de la vie, il apprend pour toujours à aimer Dieu pour lui-même et à aller de l'avant par amour pour vivre pleinement de sa miséricorde salvatrice :

Priez Dieu qu'il me pardonne mes péchés, qu'il me fasse connaître sa volonté et qu'il me donne la force de la suivre. 

A la fleur de ses dix-neuf ans, Jean-Gabriel est appelé à l'émission des vœux au sein de la Congrégation de la Mission, le jeudi 28 décembre 1820 à Montauban.

2. Paris

Les supérieurs convoquent Jean-Gabriel à Paris pour une nouvelle étape. Avant ce long voyage vers la capitale, l'oncle Jacques permet à son neveu de faire escale, durant deux petits jours, au grand Séminaire de Cahors pour y voir ses parents et les embrasser chaleureusement.

Puis, l'heure vient de prendre place dans la diligence qui, en cinq-six jours, le transporte vers les rues pavées de la Grande Ville. Le petit provincial de Montgesty ouvre des yeux ébahis devant cette capitale qui n'était jusque là qu'un nom à apprendre et à réciter à l'école.

Le long voyage se termine devant les portes de l'Hôtel de Lorges, 95, rue de Sèvres, devenu depuis 1817 la Maison-Mère des Lazaristes. Cette maison, quoique imposante, rivalise d'indigence avec l'étable de Bethléem, selon les dires du futur Père Général, Monsieur Etienne. Les membres de la Congrégation qui y habitent à l'époque sont de vénérables vieillards usés par les chemins parfois pénibles de la Mission mais vraies pierres de refondation de la « petite compagnie » comme aimait l'appeler saint Vincent.

L'enseignement que l'on dispense au séminaire est basé en grande partie sur la réflexion thomiste. Saint Thomas s'avère être un bon maître pour mieux connaître Dieu, mieux l'aimer et le servir, tel que saint Vincent en a donné lui même l'exemple. L'humilité et la prière sont aussi professées et vécues ; elles deviennent le moyen simple et efficace pour procurer une meilleure connaissance de Dieu et de sa volonté et par conséquent, avancer en sainteté.

C'est le samedi 3 avril 1824, que Jean-Gabriel reçoit l'ordre du sous-diaconat dans la chapelle de l'archevêché des mains de Mgr de Quélen.

Jean-Gabriel achève maintenant son cycle de théologie. Il y a grandi spirituellement et son esprit a acquis une maturité réelle. Néanmoins, âgé de vingt-deux ans, il est encore trop jeune pour être appelé au presbytérat. Il faut lui trouver un pied-à-terre pour les deux années à venir. C'est rapidement chose faite avec le Collège Saint-Vincent à Montdidier dans la Somme.

3. Montdidier

Cette sous-préfecture possédait un collège tenu depuis 1818 par les pères lazaristes. C'était le premier collège lazariste ouvert après la Révolution. M. Pierre Dewailly en assurait la direction avec comme supérieur M. Pierre Vivier. A l'arrivée de Jean-Gabriel, le nombre d'élèves approchait les deux cents. On confie au jeune homme une classe de sixième qui ne compte que huit élèves. L'impression qu'a faite Jean-Gabriel, à son arrivée, n'est pas en effet des meilleures. Comment, se demande-t-on, lui qui est petit de taille, de caractère réservé à la limite du taciturne, pourra-t-il prendre en charge une grande classe ?

Dès les premiers mois, le nouveau professeur de la classe de sixième sait se faire respecter et apprécier. Dès la retraite de rentrée, il est choisi par ces mêmes élèves, comme directeur d'une petite association qu'ils viennent de créer à l'image de celle des plus grands : la Congrégation des Saints-Anges.

Une grande joie inonde le cœur du jeune sous-diacre lorsqu'il est appelé à Paris pour y recevoir le diaconat au mois de mai 1825. Le samedi 28 du même mois, Jean-Gabriel reçoit donc des mains de l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, l'ordination diaconale en l'église de Saint-Sulpice, proche de quelques pas de la Maison des Lazaristes.

Lors de la rentrée scolaire 1825, Monsieur Vivier, supérieur du Collège de Montdidier confie au nouveau diacre le cours de philosophie nouvellement reconnu par l'Université. Baigné néanmoins par les divers courants de pensées déjà effectifs à son époque, il n'est pas absent du monde de son temps ni de sa recherche intellectuelle. C'est ainsi qu'il écrira à son jeune frère Louis :

Ce n'est pas une petite affaire que d'être professeur de philosophie dans un temps où chacun se fait sur cette science les idées qu'il lui plaît ; où chacun a son système, ses opinions : où il y a autant d'écoles que de maîtres !

Et en essayant de recentrer la pensée de son cadet et de promouvoir auprès de lui le bien fondé de la philosophie thomiste, il lui indiquera encore :

vous trouverez dans Le Traité de l'existence de Dieu par Fénelon et dans celui de la Connaissance de Dieu et de soi-même par Bossuet, plus de métaphysique, et surtout de saine métaphysique, que dans toutes les philosophies du monde. 

Le jeune professeur passe ses journées à travailler pour éveiller les consciences à la Divine Providence ; cela a quelques fâcheuses conséquences sur sa correspondance personnelle qui accuse malheureusement du retard. Ainsi, il écrit à son père :

les jours pour nous commencent régulièrement à 4 heures et ne finissent jamais qu'à 9 ou 10 heures cependant nos occupations nous forcent assez souvent à les prolonger jusqu'à minuit.

Le diacre Jean-Gabriel sait que le collège assiste, par des bonnes œuvres, des prisonniers séjournant au Palais de Justice tout proche et quelques familles nécessiteuses des faubourgs de Montdidier en contrebas du collège. Il met alors en place, pour compléter ces aides, des quêtes et il mobilise les élèves pour donner de leur personne et de leur temps auprès de ces nécessiteux. A ce propos, on l'entend dire : Je viens de faire ce que faisait notre saint Fondateur.

La fin de l'année scolaire tarde, puisqu'il est encore à Montdidier le 24 août 1826. Durant ce séjour montdidiérien, Jean-Gabriel s'est peut-être rendu à pied à Folleville au cours d'une longue promenade. Sans doute est-il allé admirer la Cathédrale Notre-Dame d'Amiens et rendre visite aux Pères Jésuites du collège Saint-Acheul à Amiens, où saint Firmin, premier évêque, est enterré depuis le III° siècle. Le clergé diocésain local a bénéficié sans aucun doute de ses connaissances théologiques et de son agilité intellectuelle au cours des rencontres décanales qui se déroulaient au collège Saint-Vincent.

Dès le mois d'août, Jean-Gabriel sait qu'on le demande à plusieurs endroits, notamment son oncle Jacques qui ressent déjà la fatigue des vieux jours et à qui il voudrait bien fournir une réponse positive :

j'avais eu quelque espoir d'aller à Montauban ; mon oncle a fait les plus vives instances pour m'avoir, mais je sais à présent que je n'y serai pas envoyé. Il paraît néanmoins certain que je serai changé, et même s'il faut ajouter foi à quelques petits bruits qui sont parvenus jusqu'à mes oreilles, je serais destiné pour un endroit qui avoisine le Quercy.

En haut lieu, il est décidé que Jean-Gabriel, après son ordination, sera destiné à l'enseignement dans un grand séminaire.

A l'approche de la prêtrise, il écrit à son père :

il est donc déterminé, mon très cher père, et il n'est plus loin le jour où le Seigneur doit imposer sur ma tête le joug du sacerdoce ! Ce jour sera le plus grand jour de ma vie ! Il faut que la miséricorde de Dieu soit bien grande pour se choisir des ministres aussi indignes ! Vous savez combien j'avais peu mérité cette insigne faveur !

Fidèle à sa vocation de lazariste, il reprend le témoignage de saint Vincent : « Si j'avais saisi, avant de recevoir le sacerdoce, ce qu'est un prêtre aux yeux de la foi, je n'aurais jamais pu consentir à ce que l'on m'imposât les mains. »

Le samedi 23 septembre 1826 est un grand jour. On commémore le jour anniversaire de l'ordination presbytérale de saint Vincent de Paul. Ils sont 12 jeunes hommes, dont 9 irlandais à recevoir des mains de Mgr Louis-Guillaume Dubourg, évêque de la Nouvelle-Orléans mais nouvellement nommé à l'évêché de Montauban, l'ordination presbytérale en la Chapelle de la Maison-Mère des Filles de la Charité, au 140 de la rue du Bac à Paris, au sein de laquelle, on gardait encore les restes du Saint Fondateur.

Ses deux amis Jean-Baptiste Torrette qui partira en Chine dès 1829, et de Pierre-Jean Martin sont ordonnés en même temps que lui. La famille Perboyre habite trop loin pour ce déplacement, seul le jeune Louis assiste à l'imposition des mains.

Le lendemain, dimanche 24 septembre, le nouveau prêtre célèbre dans l'action de grâce sa première messe, en la fête de Notre-Dame de la Merci, sur l'autel même où repose le corps de Vincent. Enfin, il reçoit des mains du Supérieur Général son ordre de mission pour le grand séminaire de Saint-Flour, dans la Haute Auvergne.

4. Saint-Flour

Saint-Flour est une petite ville de près de cinq mille habitants. A quelques pas de la Cathédrale, surgit le grand séminaire qui fut confié à la Congrégation de la Mission dès 1674. Les lazaristes en furent chassés en 1791 et le retrouvèrent en 1820. Le supérieur en est M. Grappin, un prêtre de la Mission âgé de 35 ans. Il accueille Jean-Gabriel dans les premiers jours d'octobre1826. Confiné dans une chambre exiguë, il se voit confier la charge de l'enseignement de la théologie dogmatique. Le programme de cette première année a pour thème les Traités de la Grâce et de l'Incarnation.

Malgré sa jeunesse, il marque ses élèves par sa connaissance biblique, notamment en ce qui concerne les textes de saint Paul. Un des séminaristes se plaira à retenir :

je me souviens toujours, dira-t-il, d'une magnifique préface qu'il nous fit au sujet du traité de l'Incarnation, par le seul développement du texte suivant de la première Épître à Timothée : “Assurément, il est grand le mystère de piété. Il a été manifesté dans la chair, justifié par l'Esprit, contemplé par les anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, exalté dans la gloire” .

Placé à Saint-Flour, le désir pour Jean-Gabriel de voir sa famille se fait plus pressant :

J'ai déjà écrit à Paris pour demander la permission d'aller vous voir. J'espère qu'elle ne me sera pas refusée.

L'année scolaire est lourde à assumer : Quoique je ne sois pas malade, je me sens très fatigué . Gardant les soucis de la ferme familiale et de ses affaires courantes, il essaye de vendre le vin de la propriété sur place mais :

Je ne vois pas grande apparence à ce que votre vin soit placé par ici ; on le trouve fort bon, mais le transport offre trop de difficultés.

L'enseignement qu'il dispense se veut d'une fidélité exemplaire à celui de l'autorité ecclésiale. Il est heurté par les idées gallicanes qu'il pense néfastes pour l'Église. On peut l'entendre dire à ses élèves :

Gardons-nous bien, Messieurs, de jamais attaquer les prérogatives du Saint-Siège. Ne croyons pas que jamais il dépasse ses pouvoirs dans les décisions qu'il prend, reconnaissons-lui toute l'autorité qu'il s'attribue dans toutes les questions quelles qu'elles soient.

Néanmoins, il éprouve de la sympathie pour les idées de Lamennais quand celui-ci défend les libertés chrétiennes, notamment celle de l'enseignement. Le paradoxe qu'il semble soulever en approuvant cela, ne lui pose pas question mais ne nuit en rien, d'après ses dires, à sa qualité d'enseignant. Quand le pape Grégoire XVI fera savoir, plus tard en 1832, que les idées de Lamennais sont condamnées, Jean-Gabriel s'y pliera sans mot dire :

Prions Dieu qu'il nous préserve de jamais trouver à redire aux paroles du Souverain Pontife. C'est à lui que Jésus a dit : « Vous êtes Pierre et sur cette pierre j'établirai mon Église et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas sur Elle.

Cette vie trépidante de jeune professeur exige du repos. C'est enfin une chose possible durant l'été 1827, à la fin de l'année scolaire. Il espérait débuter son congé le 10 août. La permission de retourner au Puech a sans doute tardé puisque ses vacances commencent à Saint-Flour vers le 23 août. Du 26 août au 7 septembre, il a séjourné à Montauban chez l'oncle Jacques, à cette occasion, il assiste à une remise des prix de fin d'année au petit séminaire. De là avec ses frères Jacques et Antoine, il rejoint Jean-Baptiste Torrette, compagnon d'ordination, au séminaire de Cahors pour 3 jours. Enfin, il arrive avec ses compagnons de voyage pour passer dix jours au Puech où il retrouve sa famille et ses connaissances après 7 ans d'absence. Après un passage à Toulouse, le voilà à Carcassonne, où il retrouve Pierre Martin, autre compagnon d'ordination, et à Montolieu pour 4 à 5 jours d'où il regagnera les montagnes de l'Auvergne vers les tous derniers jours de septembre. Au cours de son mois de vacances, il a parcouru très certainement un peu plus de 1.100 kms.

De retour à Saint-Flour, il arrive en pleine contestation. Après pas mal de tergiversations, il est choisi parmi trois candidats pour devenir directeur du petit séminaire de la ville. Il fait part de sa nomination au Recteur d'Académie à Clermont en décembre 1827 :

Le Supérieur général des Lazaristes vient d'appeler à Paris M. Trippier… A la sollicitation de Mgr l'évêque de Saint-Flour, le même supérieur m'a placé à la tête du pensionnat que Mr Trippier dirigeait… J'ai cinq ans d'exercice dans l'enseignement, ayant professé successivement les classes inférieures, la philosophie, les mathématiques et la théologie, au petit séminaire de Montauban, au collège de Montdidier, au grand séminaire de Saint-Flour.

A la rentrée d'octobre 1827, on compte trente-quatre pensionnaires qui poursuivent leurs études au collège Royal de Saint-Flour et logent au pensionnat ; ce chiffre augmentera les années suivantes pour avoisiner la centaine à la rentrée de 1829.

Deux prêtres diocésains lui sont donnés comme collaborateurs. C'est insuffisant face à l'ampleur de la tâche et aux difficultés qui ne manquent pas de se dresser : la précarité des ressources, les oppositions du Collège Royal qui espère voir la fin de ce pensionnat, la crainte des parents devant la jeunesse du nouveau directeur, les surcharges de travail. Au printemps 1828, il écrit d'une plume lasse à son frère Louis se plaignant de l'absence de nouvelles :

Obligé de faire 4 ou 5 classes ou répétitions par jour. Obligé, en qualité de directeur, d'économe etc., etc. d'être toujours à tous et à tout, et partout à la fois, comment pourrais-je aller de temps en temps me recréer avec vous à Paris ?

L'été 1828 arrive. Aura-t-il le loisir de prendre quelques jours de congé ? Si peu … le 11 juillet, à 10 heures du soir, il écrit à Louis tout en montant la garde auprès de deux garnements. On le sent fatigué. Le 19 juillet, il rédige une courrier pour son petit frère Antoine, son cadet de 11 ans, appelé à prendre un jour la succession du père à la tête de l'exploitation. Le 16 août, il envoie une lettre à Louis au sujet de la prise en charge des frais d'entretien de son frère Jacques et de sa sœur et filleule Antoinette. Le 22 septembre, à la veille de repartir de Cahors pour Saint-Flour, il donne à Louis un compte-rendu de son temps de repos : 15 jours au Séminaire de Cahors, où il a fait sa retraite annuelle et 4 jours au Puech auprès de sa famille.

Le 23 octobre 1828, M. Pierre Dewailly, Supérieur Général, décède. Pour désigner le 12° Supérieur Général de la Congrégation, la 17° Assemblée Générale doit se tenir à Paris le 15 mai 1829. La communauté des lazaristes de Saint-Flour se réunit le Mardi 14 avril 1829 pour une assemblée domestique présidée par M. Grappin, supérieur de la maison de St Flour, et composée des confrères du Grand et du Petit Séminaire selon l'invitation de M. Cochet, visiteur de la Province de Lyon. Jean-Gabriel, directeur du petit séminaire, est le secrétaire de cette assemblée. Dans son compte-rendu, il note :

… que d'après le premier scrutin M. Hersent, notre cher confrère, a réuni la majorité des suffrages qui le portent à la susdite députation, et que foi et droit doivent lui être accordés dans l'exercice de cette importante fonction, quoique le présent acte ne soit peut-être pas rédigé selon l'ancienne formule prescrite par la règle, n'ayant pu en retrouver aucune copie.

Dans sa lettre du 21 avril 1829 à son frère Louis, Jean-Gabriel fait aussi allusion à cette désignation. Il lui fait en même temps des reproches concernant le peu de lettres qu'il lui écrit et des fautes d'orthographe et de grammaire :

Je sens qu'il n'est pas trop flatteur pour un écrivain de la capitale de recevoir les leçons d'un petit pédagogue de province.

Car Jean-Gabriel est soucieux d'une bonne éducation pour tous, il déplore l'obligation qu'ont ses jeunes de suivre les cours au collège de la ville,

où ils voient tous les jours les turpitudes les plus abominables, hélas ! Cependant ils sont pleins de piété et animés du meilleur esprit ; ce que je regarde comme un vrai miracle dans l'ordre de la grâce, étant exposés comme ils sont aux plus terribles dangers. Mon Dieu, ayez pitié de nous et accordez-nous la liberté d'enseignement. 

Je suis accablé de besogne. Je suis extrêmement fatigué d'esprit et de corps. Je ne sais où aboutira un malaise général que j'éprouve depuis longtemps et qui est progressif.

Épuisé, Jean-Gabriel ne sait plus où donner de la tête. Indirectement, Louis lui redonne du baume au cœur. Il ressent en lui l'appel à suivre Jésus-Christ en Chine. Jean-Gabriel se réjouit du choix missionnaire de son cadet :

Je ne saurais qu'approuver et admirer votre belle résolution d'aller évangéliser les Chinois… C'est dans la vertu de Dieu qu'est la puissance d'un missionnaire,  

lui assure-t-il, tout en poursuivant :

Tâchez donc surtout de détruire entièrement en vous tous les restes du vieil homme, afin de vous revêtir uniquement de Jésus-Christ, de vous bien pénétrer, de vous bien remplir de son esprit .

Et se retournant sur son propre chemin, il regarde d'un œil mélancolique :

Je crains beaucoup, mon cher frère, d'avoir étouffé par mon infidélité à la grâce les germes d'une vocation semblable à la vôtre. Priez Dieu qu'il me pardonne mes péchés, qu'il me fasse connaître sa volonté et qu'il me donne la force de la suivre.

Durant l'été 1830, Paris connaît la Révolution de Juillet. La peur s'empare une nouvelle fois de beaucoup de gens d'Église. On craint que les restes de saint Vincent ne soient jetés dans la Seine. Jean-Gabriel est dans les transes mortelles jusqu'au moment où il append que son frère est en sécurité :

puisse le Seigneur continuer à favoriser de sa divine protection et vous et tous les Enfants de Saint Vincent !

Jean-Gabriel loue le courage de son frère. Il souhaite emprunter le même chemin missionnaire : « je désire ardemment d'avoir l'occasion de vous voir avant votre départ pour la Chine. Quoique je ne sois pas très éloigné de prendre la même route que vous, je ne suis pas assez prêt ni assez décidé de moi-même pour m'embarquer cette année. » L'appel est entendu. Néanmoins, il écrit :

Je crains de n'avoir pas été fidèle à la vocation que le Seigneur vous a donnée. Priez-le de me faire connaître sa volonté et de m'y faire correspondre. Obtenez-moi de sa miséricordieuse bonté le pardon de mes misères et l'esprit de notre saint état afin que je devienne un bon chrétien, un bon prêtre, un bon missionnaire. 

Louis s'embarque au Havre, le 3 décembre 1830, en compagnie de 6 séminaristes chinois et quatre prêtres de la Société des Missions Étrangères de Paris. Il emporte avec lui une dernière lettre de son frère qui est conscient des conséquences de ce départ sans retour :

Je puis adresser de nouveaux adieux à ce tendre frère, qui va s'éloigner de nous sans doute pour longtemps, qui va sacrifier sa vie pour le salut des âmes que Jésus-Christ a rachetées de son sang… En Dieu seul notre espoir, notre unique ressource. Il est notre tout, puisse-t-il l'être éternellement.

Parmi les incertitudes qu'exprime Jean-Gabriel, il y a également l'inquiétude qui règne dans la société française toujours soumise aux soubresauts d'une possible nouvelle révolution.

Louis ne devait pas voir les rivages de la mystérieuse et envoûtante Chine. En mars 1831, le bateau dut faire escale à Saint-Denis de l'Île Bourbon (aujourd'hui la Réunion) sous une chaleur inhabituelle pour des Occidentaux. On changea d'embarcation pour mettre le cap sur l'île de Java. Un vent glacial vint du sud et la fièvre s'empara de Louis. Il mourut en mer le 2 mai 1831. La nouvelle ne parviendra en France qu'au début 1832. Jean-Gabriel écrit alors à son père et à sa mère dès l'annonce du décès. Sa lettre mêlant tristesse et espérance est un appel à renouveler la confiance en Dieu qui peut faillir en de tels moments :

Quelle douloureuse nouvelle pour vous, pour moi, pour toute la famille !... Une courte vie a eu pour lui tout le prix d'une longue carrière, et à la fleur de la jeunesse, il a été jugé mûr pour le ciel… La Providence de Dieu est bien douce, bien admirable à l'égard de ses serviteurs, et infiniment plus miséricordieuse que nous ne pouvons le concevoir… attachons-nous à Dieu seul et à son service.

Peut-être le même jour, il prend la plume pour confier à son oncle Jacques sa douleur et son désir de remplacer Louis :

Je ne doute pas que Louis ne jouisse déjà de la gloire céleste… Que ne suis-je trouvé digne d'aller remplir la place qu'il laisse vacante ! Hélas, j'ai déjà plus de trente ans, qui se sont écoulés comme un songe, et je n'ai pas encore appris à vivre ! Quand donc aurai-je appris à mourir ?

La mort de Louis, si difficilement acceptée, le rapproche de son autre frère Jacques, étudiant à Montdidier, et devient comme une lumière nouvelle apportant une certitude à Jean-Gabriel : il ira en Chine, quels qu'en soient les dangers et les persécutions. Durant l'été 1832, il fait un séjour au Puech. Ce temps est plus triste que les précédents mais sa décision est prise, enfin. C'est la dernière fois qu'il voit ses parents et ses amis de Montgesty.

Il va voir l'oncle, à Montauban, lui avoue son désir arrivé maintenant à maturité. Jacques lui objecte sa santé qui donne rapidement des signes de fatigue, sans parler de ce climat difficile à supporter et enfin du risque non moins considérable de la mort par persécution :

C'est tout ce que je souhaite, aurait-il alors rétorqué, puisque Dieu a voulu mourir pour nous, nous ne devons pas craindre de mourir pour lui !

Lors de son retour à Saint-Flour, il trouve un mot de ses supérieurs de Paris. En raison de son état de santé, mais aussi de ses qualités intellectuelles et pédagogiques, Jean-Gabriel se voit confier la charge de sous-directeur du séminaire interne de la Congrégation, à Paris. C'est là, estime-t-on, en haut lieu, sa juste place. L'évêque de Saint-Flour, qui apprécie beaucoup le directeur de son pensionnat, emploie tous les moyens de persuasion possibles, mais en vain, pour le retenir dans son diocèse. Jean-Gabriel est resté près de six ans à Saint-Flour et a marqué à jamais l'histoire et la terre de ce diocèse de Haute-Auvergne.

5. Paris

Mon nouvel emploi est plus favorable que l'ancien à ma santé qui va assez bien maintenant .

Jean-Gabriel se réjouit de sa nomination comme sous-directeur du séminaire interne avec quelques cours d'Écriture Sainte aux novices et aux étudiants. Il excelle dans le commentaire de l'Evangile de saint Jean et de la Lettre aux Romains. C'est un poste de premier plan qui lui est confié. En effet, comme le directeur en titre du noviciat est un prêtre âgé et maladif, le poids de la charge va retomber sur les épaules de son adjoint, déjà bien rodé par l'expérience de Saint-Flour. Sa mission première est de préparer de nouvelles générations de missionnaires. Parmi les candidats à l'entrée dans la Congrégation de la Mission encore peu nombreux en cette époque, on trouve quelques jeunes gens venant des grands séminaires diocésains mais aussi des prêtres de tous âges désireux de s'agréger à la Compagnie. Il s'agit là, d'une population bien différente de celle qui peuplait le pensionnat ecclésiastique de Saint-Flour et qui, par conséquent, réclame une autre pédagogie. Il continue d'écrire régulièrement à son oncle Jacques tout en lui demandant de petits services comme de lui fournir des vieux écrits de la Congrégation qui auraient échappé à la révolution :

Si par hasard vous avez d'anciens cahiers relatifs à la Congrégation, comme coutumiers, règlements, circulaires, etc…, je vous prierais de vouloir bien m'en faire cadeau. Dans ma position où j'ai besoin de tant de grâces, je réclame vos bons avis. 

A trente ans à peine, il lui faut déployer tout son charisme et son énergie pour s'affirmer. Un prêtre, candidat à l'admission, le rencontre chez le procureur général des lazaristes, M. Jean-Baptiste Etienne, et croyait qu'il s'agissait d'un frère coadjuteur. Jean-Gabriel, vêtu très simplement, en effet, ne dit mot et a un air effacé et reculé. Quelle n'est pas sa surprise en apprenant qu'il est en présence de son futur sous-directeur. Ce prêtre de treize ans son aîné, a vite fait de le connaître, et dit-on de l'apprécier en voyant en lui… un saint. Sous l'aspect frêle de l'homme, se cache en fait, une volonté résistante à l'épreuve et un caractère d'acier. Dans les couloirs de Saint-Lazare, on dit de Jean-Gabriel, qu'il a du respect pour tous mais qu'il est difficile, voire impossible de le faire fléchir, lorsqu'il juge qu'il lui faut être ferme et inébranlable dans les décisions. Il peut être incisif dans ses répliques et autres réparties, tant il est vif de tempérament. Introverti sans aucun doute, il ressent comme une douleur poignante, la contrariété et le reproche. Néanmoins, sachant dominer sa vivacité, sans tarder, Jean-Gabriel se rend compte de la lourde responsabilité qui lui incombe et fait tout ce qui est en son pouvoir pour acquérir sur son caractère une maîtrise de haute lutte.

Lorsque Adolphe Dubois, séminariste reçu à Paris le 4 octobre 1833, éprouve de la difficulté à avancer dans la voie lazariste et a quelques problèmes de santé, au point de sortir du Séminaire interne pour rentrer chez lui à Breteuil, Jean-Gabriel le secourt sans faillir comme si ce soutien le concernait aussi au plus haut point :

Courage… Ne craignez ni la maladie ni la mort, dites seulement : « Je sais que ceci tournera à mon salut… selon mon attente et l'espoir que je ne serai pas trompé. J'ai confiance que Jésus-Christ sera glorifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort, comme toujours ; car Jésus-Christ est ma vie et la mort m'est un gain » (Phil.1, 19)

Il conclut sa lettre :

Plus votre âme sera pure, plus elle désirera de sortir de ce monde et de se réunir à son Dieu ; et plus elle éprouvera ce désir, plus elle travaillera à se purifier.

Le jeune Adolphe sera réadmis quelques années après dans la Congrégation pour y faire ses vœux en 1846 et il décèdera à Château-l'Evêque le 7 octobre 1884.

Auprès de ses novices, Jean-Gabriel se montre un vrai serviteur du Maître de la Moisson et de ses jeunes ouvriers qui portent en eux un appel. Ainsi, il a des paroles d'encouragements envers l'un de ses anciens élèves, M. Martin :

Vous persistez donc toujours dans votre premier dessein ; vous êtes donc toujours plein d'ardeur pour les missions étrangères… Pour ne pas manquer une vocation telle que celle à laquelle vous aspirez , il faut travailler à devenir saints. Si Deus pro nobis quis contra nos ! 

Jean-Gabriel a été appelé de Saint-Flour pour être sous-directeur, puis directeur du séminaire interne de la Congrégation de la Mission de l'automne 1832 au printemps 1835. Durant cette courte période, les candidats pour la mission ad gentes ont été admirablement accompagné par leur directeur. Il savait faire résonner cette fibre de la vocation vincentienne à travers les événements qui se déroulaient à la Maison-Mère. Le 23 août 1833, il annonce à son oncle que des confrères partent rejoindre M. Poussou à Tripoli et que deux confrères : un compatriote de Figeac, Joseph Mouly, futur évêque, qui passera plus de trente ans en Extrême-Orient et un ancien élève du collège de Montdidier, François-Xavier Danicourt, futur évêque également, qui reviendra le 6 janvier 1860 avec les restes de Jean-Gabriel, s'embarquent pour les missions de Chine. En mars de l'année suivante, c'est le père Jean-Henri Baldus qui s'embarque à son tour. Jean-Gabriel profite de l'occasion pour écrire à son confrère d'ordination, Jean-Baptiste Torette, en place à Macao (passage obligé des missionnaires). Il lui transmet ces mots de regret :

Je me flattais que je pourrais aller vous rejoindre plus tard ; mais le peu de solidité de ma santé et surtout mon indignité semblent m'interdire à jamais cette belle destinée… Je seconderai de mon mieux les vocations qui se manifesteront pour la Chine… St Vincent attire sur sa famille bien des bénédictions. Elles s'étendent jusqu'à la Chine, puisque de temps en temps vous voyez arriver de dignes missionnaires.

La Chine fait battre le cœur du missionnaire. Ses rivages lointains attirent les hommes de Dieu. Cette terre se présente comme le prototype des terres à évangéliser. Il faut aller par delà les mers pour porter le Christ aux "infidèles". Il s'agit de vivre à fond le don de soi fait à Dieu. Participer à un tel mystère fécondant est le désir secret de Jean-Gabriel qui ne cesse d'invoquer les saints pour en prendre le chemin.

Qui ne tente rien n'a rien. Jean-Gabriel s'essaye à demander pour lui même l'envoi en Chine. Il n'y tient plus de voir ses confrères partir sans lui. Les novices avaient eu vent de ce désir lorsque leur directeur leur parlait d'un martyr lazariste de Chine, présenté comme une véritable figure emblématique : le Père François-Régis Clet, martyrisé le 18 février 1820, l'année où Jean-Gabriel était lui même novice. Une fois en Chine, Jean-Gabriel écrivant au Père Jean-Baptiste Nozo rappellera :

et il y a peu d'années, M. Clet, après une carrière également longue et pleine de mérites, a eu le bonheur de mourir martyr : tous les chrétiens qui l'ont connu ne peuvent se lasser de publier ses bienfaits et ses vertus. Nous ne manquons ni d'exemples ni de motifs pour nous exciter et nous soutenir. Cependant, tant je suis faible, tout me paraîtrait insuffisant si je ne pouvais compter sur le puissant secours de vos prières et de celles de tous nos confrères et de nos Sœurs de la Charité. 

La déception de Jean-Gabriel est grande lorsque le refus de la mission en Chine se fait entendre de la bouche de son directeur de conscience : six mois d'insistance acharnée pour un refus clairement exprimé. Et voilà qu'un jour, las de cet entêtement hors norme, il cède enfin : Jean-Gabriel peut maintenant s'adresser au Père Général Dominique Salhorgne. L'avis du Conseil est pourtant négatif, excepté celui du Procureur Général, Monsieur Etienne. Jean-Gabriel est un bon directeur des novices, on a besoin de lui et de toutes les façons, sa santé, précise le médecin, est fragile et incertaine. Une telle mission comporte des risques trop importants : le voyage est long et périlleux ; le climat difficile à supporter. Souvenons-nous de la mort de son frère Louis. Mais après une nuit d'insomnie, le médecin se ravise. Il n'a plus d'objection pour le départ du Père Jean-Gabriel Perboyre pour la Chine.

L'affaire ne reste pas secrète. La Maison-Mère s'anime soudain. Le cœur brûlant d'une joie nouvelle, le futur missionnaire de Chine annonce sans tarder la nouvelle à son oncle :

Le bon Dieu vient de me favoriser d'une grâce bien précieuse et dont j'étais bien indigne. Quand il daigna me donner la vocation pour l'état ecclésiastique, le principal motif qui me détermina à répondre à sa voix fut l'espoir de pouvoir prêcher aux infidèles la bonne nouvelle du salut. Depuis je n'avais jamais tout à fait perdu de vue cette perspective, et l'idée des missions de Chine surtout a toujours fait palpiter mon cœur. Eh bien ! mon cher oncle, mes vœux sont aujourd'hui exaucés. Ce fut le jour de la Purification que me fut accordée la mission pour la Chine, ce qui me fait croire que, dans cette affaire, je dois beaucoup à la Sainte Vierge .

Et poursuivant avec assurance, il écrit encore :

Je vais donc partir avec deux de nos jeunes confrères et plusieurs prêtres des Missions Étrangères

Soucieux de la peine prévisible de ses parents, il demande à l'oncle :

Je viens d'écrire à mes parents ; j'espère qu'ils sauront faire leur sacrifice en bons chrétiens. Vous voudrez bien, quand l'occasion s'en présentera, les consoler et les aider de vos bons conseils .

Les préparatifs du départ s'accélèrent. Il est impossible de retourner une dernière fois au Puech pour y embrasser ses parents. Il a cependant l'opportunité de revoir avec grande joie son jeune frère Jacques, alors frère dans la Congrégation et sa sœur et filleule Antoinette, Fille de la Charité à Paris. Jean-Gabriel est prêt pour les adieux à ses confrères et ses novices. L'un d'eux, Mr Peschaud racontera plus tard :

Jean-Gabriel voulut faire ses adieux aux séminaristes, mais saisi par l'émotion, il put à peine leur dire quelques mots, puis il se mit à genoux pour leur demander pardon de ses mauvais exemples et des peines qu'il aurait pu nous faire, mais tous tombèrent eux aussi à genoux et lui demandèrent sa bénédiction.

Les derniers adieux se font dans la cour d'entrée de la Maison-Mère. En présence de M. Salhorgne, supérieur général, on demande à Jean-Gabriel et ses confrères la bénédiction de Dieu et on les laisse enfin partir pour rejoindre l'Edmond, le navire qui les transportera du Havre jusqu'aux rivages de la Chine.

Saint Jean-Gabriel Perboyre, Prêtre de la Mission : Correspondance, Annotée et publiée par Joseph Van den Brandt, Frère Lazariste, Pékin 1940; Nouvelle édition revue et corrigée ; Congrégation de la Mission, Rome, Detti, 1996. Cf Lettre N° 89 du 25 septembre 1837 adressée à Pierre Martin, C.M.

Evêché et Préfecture du Tarn et Garonne

Jacques Perboyre : oncle de Jean-Gabriel, né à Catus le 10 avril 1763 ; reçu au séminaire de Cahors le 30 août 1783 ; ordonné prêtre le 22 septembre 1787 ; décédé le 8 mars 1848

cf lettre de M.Thyeis à Jacques Perboyre dans La vie du Vénérable Perboyre, p 28 à 31, Paris 1853, Ed Librairie Adrien Le Clere

cf Lettre N° 23 du 8 octobre 1830 adressée à son frère Louis, Lettre N° 56 de Février 1835 et 64 du 13 septembre 1835 adressées à son oncle Jacques

Rossignol : cf Lettre du 21 septembre 1850 de M. Harang, habitant Craon (Mayenne), publiée dans les Annales de la Congrégation de la Mission, T.94, année 1929, N° 2, professeur au petit séminaire de Montauban.

Lettre N° 19 du 28 novembre 1829 adressée à son frère Louis.

Cahors : évêché et préfecture du Lot. Les Lazaristes sont présents au séminaire depuis 1643. Sur la route qui mène les voyageurs de Perpignan à Paris, la diligence traversait Montauban, Cahors, Brive, Limoges

Jean-Baptiste Etienne : né le 10 août 1801 à Longeville-lez-Metz, reçu au séminaire à Paris le 4 octobre 1820, fait les vœux le 18 octobre 1822, ordonné prêtre le 24 septembre 1825, élu Supérieur Général le 4 août 1843, décédé à Paris le 12 mars 1874

Mgr Hyacinthe-Louis de Quélen,, archevêque de Paris 1778-1839

Montdidier, sous-préfecture de la Somme,

Pierre-Joseph Dewailly : né le 25 janvier 1759, reçu au séminaire à Paris le 6 décembre 1778, 11° supérieur général par un bref du pape Léon XII le 16 janvier 1827, décédé le 23 octobre 1828.

Pierre-Nicolas Vivier : né 12 octobre 1792, reçu au séminaire le 1er janvier 1821, fit les vœux le 17 janvier 1823, décédé à Paris le 9 août 1870.

1er Acte. L'an Mil huit (cent) vingt cinq, le 2 du mois de Janvier Mr Vivier, supérieur du collège et les professeurs, à la suite de la retraite donnée par M. M. Redon et Lacarrère tinrent conseil au sujet de l'établissement de la congrégation des Sts Anges parmi les enfants qui s'étaient fait inscrire pour entrer dans la congrégation. On choisit pour en être les premiers membres les 24 suivants… (suivent 24 prénoms et noms) … Mr Perboyre fut désigné pour être père de cette congrégation. (signatures) A. Liermont, secrétaire, Frédéric Forest, préfet, Perboyre. Suivent 13 actes d'assemblées où J. G. Perboyre a signé. La 14° assemblée s'est déroulée le 15 août 1826. La fin du livret comporte les Règles pour la Congrégation des Saints Anges rédigées certainement par J.G. Perboyre. Registre aux archives de la Maison-Mère.

Lettre N° 11 adressée à son frère Louis le 24 mai 1828

Ibid.

Lettre N° 5 du 24 août 1826 adressée à son père

Ibid.

Cf. Lettre N° 8 du 2 septembre 1827 adressée à son frère Louis

Lettre N° 5 du 24 août 1826 adressée à son père

Lettre N° 5 du 24 août 1826 adressée à son père

Louis-Guillaume du Bourg : né le 13 février 1766 à Saint Domingue, ordonné évêque à Rome en 1815, évêque de la Louisiane puis évêque de Montauban.

Jean-Baptiste Torrette : né le 28 novembre 1801 à Brioude en Haute-Loire ; reçu au séminaire interne le 9 décembre 1824, ordonné prêtre le 23 septembre 1826, fait les vœux le 17 décembre 1826, économe au Grand Séminaire de Cahors, arrivé à Macao le 18 octobre 1829 où il décède le 12 septembre 1840

Pierre-Jean Martin : né le 26 juillet 1802 à Sainte-Marie, près de Saint-Flour, reçu au séminaire à Paris le 9 décembre 1825, fait les vœux à Carcassonne le 16 avril 1827, successeur de Jean-Gabriel au Séminaire Interne à Paris, décédé le 7 août 1853 à Dax.

Louis Perboyre : né le 23 novembre 1807, reçu au séminaire interne à Paris le 9 septembre 1925, fit les vœux le 23 septembre 1827, ordonné prêtre le 3 octobre 1830 ; embarque pour la Chine le 2 novembre 1830, décède en mer le 2 mai 1831.

Cf. Lettre N° 6 du 2 novembre 1826 adressée à son père.

Cf. Lettre N° 8 du 2 septembre 1827 adressée à Louis

Jean Grappin : né le 8 décembre1791, reçu au séminaire interne à Paris le 1er novembre 1816, fit les vœux le 27 septembre 1819, supérieur du grand Séminaire de St Flour, assistant général, décédé à Bordeaux le 4 novembre 1846.

cf Lettre N° 6 du 2 novembre 1826 adressée à son père.

1ère Lettre à Timothée 3, 16.

cf Lettre N° 7 du 14 juillet 1827 adressée à son père.

Ibid.

Ibid.

cf Vauris p 289

cf Vauris p 290

Cf. Lettre N° 7 du 14 juillet 1827 adressée à son père

Cf. Lettre N° 8 du 2 septembre 1827 adressée à Louis « Vous ne sauriez vous imaginer comme je me refais vite, écrit-il à son frère Louis, alors à Paris, à la Maison-Mère, mon oncle, les dames Ursulines chez lesquelles je vais dire la messe tous les jours ont tant de soin de moi ! »

Cf. Lettre N° 9 du 31 décembre 1827 adressée à Louis : « Mon voyage a été long quoique court en durée, utile, agréable, peu dispendieux »

Cf. Lettre N° 9 : « Promu au pouvoir, j'en suis déchu et cependant m'y revoilà ; on pourrait faire sur tout cela une tragédie. »

Cf. Lettre N° 11 : Obligé en qualité de directeur

Cf. Lettre N° 9 et Vauris p 75

Cf. Lettre N° 10

Cf. Vauris p 90

Cf. Lettre N° 20 du 28 novembre 1829 adressée à son frère Louis

Cf. Lettre N° 11 du 24 mars 1828 adressée à son frère Louis

Cf. Lettre N° 12

Antoinette Perboyre : née le 3 mars 1815 au Puech, Fille de la Charité en 1833, décédée à Shanghai le 2 octobre 1898.

Jean Grappin, né le 8 décembre 1791, reçu au séminaire interne à Paris le 1er novembre 1816, fit les vœux le 27 septembre 1819, décédé à Bordeaux le 4 novembre 1846

Cf. Registre des Procès verbaux et actes concernant les prêtres de la Congrégation de la Mission, dirigeant la Maison de Saint-Flour qui se trouvent aux archives de la Maison-Mère. Ce registre est fort intéressant pour la congrégation car il contient aussi les engagements définitifs de plusieurs confrères et des formulaires de convocations et de procès-verbaux.

Jacques-Philippe Hersent, né le le 17 septembre 1796 à Abbeville, reçu au séminaire interne le 17 août 1818, fit les vœux le 24 septembre 1820 et rentra dans le diocèse d'Amiens en octobre 1836.

Cf. Lettre N° 17 du 21 avril 1829 adressée à Louis..

Cf. Lettre N°28 du 20 janvier 1832 adressée à son cousin Caviole.

Cf. Lettre N° 19 du 28 novembre 1829 adressée à son frère Louis

Cf. Lettre N° 19

Ibid.

Ibid.

Cf. Lettre N° 22 du 24 août 1830 adressée à Louis

Ibid.

Cf. Lettre N° 23 du 8 octobre 1830 adressée à Louis.

Cf. Lettre N° 24 du 27 octobre 1830 adressée à Louis, au Havre

cf Lettre N° 29 du 15 février 1832 adressée à son père et à sa mère.

Cf. Lettre N° 30 de février 1832 adressée à son oncle Jacques

Jean-Jacques Perboyre : né le 21 mai 1810 ; reçu au séminaire interne à Paris le 25 septembre 1825 comme frère ; ordonné prêtre en octobre 1843 ; décédé à Paris le 16 août 1896.

Cf. Lettre N° 31 du 23 février 1832 adressée à son frère Jacques

Cf. Vauris p. 106

Cf. Lettre N° 32 du 12 janvier 1833 adressée à son père

Cf. Lettre 38 du 23 août 1833 adressée à son oncle Jacques Perboyre.

Cf. Lettre 49 du 30 juin 1830 adressée à Adolphe Dubois et Vauris p. 113.

Cf. Lettre du 2 janvier 1835 adressée à M. Martin.

Marc-Antoine Poussou : né le 2 juin 1794 à Ste Victoire près de Cahors , reçu au séminaire interne le 26 mars 1818, fit les vœux le 21 novembre 1822, décédé à Paris le 19 octobre 1860.

Joseph-Martial Mouly : né le 2 août 1807 à Figeac, reçu au séminaire interne le 18 octobre 1825, fit les vœux le 19 octobre 1827, ordonné prêtre le 2 avril 1831 à Amiens, missionnaire en Chine en 1834, décédé le 4 décembre 1868 à Pékin.

François-Xavier Danicourt : né le 18 mars 1806 à Authies, reçu au séminaire interne le 8 septembre 1828, fit les vœux le 27 septembre 1830 à Montdidier, ordonné prêtre le 24 septembre 1831 à Amiens, missionnaire en Chine en 1834, évêque le 7 septembre 1851, chargé de ramener en France le corps de Jean-Gabriel en 1859, arrive à Paris le 6 janvier 1860, décède le 2 février 1860 à Paris.

Cf. Lettre N° 38 du 23 août 1833 adressée à son oncle Jacques

Jean-Henri Baldus : né le 26 janvier 1811 à Ally, reçu au séminaire interne le 11 juin 1829, fit les vœux le 12 juin 1831, ordonné prêtre en mars 1834, missionnaire en Chine en 1834, évêque le 19 octobre 1845, décédé le 29 septembre 1869 à Kiou-kiang.

Cf. Lettre N° 45 adressée à Jean-Baptiste Torrette, le 10 mars 1834

Cf. Lettre N° 70 du 19 décembre 1835 adressée au Père J.B. Nozo.

Cf. Lettre N° 56 de Février 1835 adressée à Jacques Perboyre.

Joseph Gabet et Joseph Perry.

Louis Delamare, Jean Gauthier, Dominique Lefèbvre, Joseph Callery et Joseph Renier.

Cf. Lettre N° 56 de Février 1835 adressée à Jacques Perboyre.

Cf. Lettre N°56 de Février 1835 adressée à Jacques Perboyre.

Pierre Peschaud : arrivée en Chine le 29 août 1837

Dominique Salhorgne : né à Toul le 3 septembre 1757 ; reçu au séminaire interne le 27 octobre 1772, XII° supérieur général, démissionnaire le 15 août 1835, décédé le 25 mai 1836.

Lamblin - Perboyre- 1 -