Passé par l'épreuve du feu. Brève histoire des Provinces de Pologne, Hongrie et Slovaquie

Passés par l'épreuve du feu

Brève histoire des Provinces de Pologne, Hongrie et Slovaquie

Jan Duka_a, C.M.

A vol d'oiseau

Cet article, qui fait partie d'un dossier sur la Congrégation de la Mission en Europe centrale orientale, veut simplement donner une vue panoramique de l'histoire de ces provinces. Il en évoque les principaux événements, quelques maisons et des dates, ainsi que quelques noms et indications sur les ministères des confrères. Un tel rapport chronologique et statistique sur nos missionnaires en ces pays, permet de présenter les informations indispensables, sans risquer une évaluation qui appartint au Seigneur de l'Histoire.

I. Pologne

Les Lazaristes arrivent en Pologne en septembre 1651, pour répondre à l'invitation de la reine de Pologne, Louise-Marie de Gonzague, l'une des Dames de la Charité, à l'HôtelDieu. Saint Vincent en personne suit les premiers pas des confrères en Pologne. Dans les dernières années de sa vie, 242 de ses lettres parlent de la mission de Pologne. 150 originaux de ses lettres aux Lazaristes en Pologne sont encore aux archives de notre maison provinciale de Cracovie. L'histoire de la Congrégation de la Mission en Pologne peut se diviser en trois périodes: 1651-1792; 1792-1918; 1918-1954.

1. De 1651 à 1792

De 1651 à 1792, il y a une seule province, dont le centre se trouve à Varsovie, près de l'église Sainte-Croix. Ses confrères se consacrent surtout aux missions des campagnes. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, leurs missions durent de 2 à 6 semaines. Les missionnaires y annoncent la parole de Dieu et préparent les fidèles à la confession générale et à la mort. Ils y enseignent le catéchisme, aux enfants et aux adultes. Ils initient au chant liturgique et fondent des Confréries de la Charité. Le plus ancien livre des missions en décrit 169, organisées de 1654 à 1740, par les confrères de Varsovie. En grande partie, les missions ont été prêchées dans la région centrale, mais aussi dans le nord et l'est du pays. Parmi les mieux connus des prédicateurs de missions populaires, il y a les confrères français: Guillaume Desdames, Nicolas Duperroy, Paul Godquin. Parmi les Polonais citons: Joseph Bojanowski, Joseph Rostkowski et le futur évêque de Poznan, Barthélemy Tarlo. A partir du début du XVIIIe, le livre des missions donne surtout des noms de missionnaires polonais. De 1682 à 1782, les confrères de Cracovie donnent 459 missions, en grande partie dans le sud du pays, mais aussi dans l'est et en Silésie. A partir de 1685, Vilnius devient le troisième centre d'activité missionnaire. Selon le Liber Missionum Domus Vilnensis, de 1686 à 1763, 240 missions ont été prêchées en Lituanie et en Biélorussie.

La formation du clergé diocésain est l'autre apostolat des Confrères. En 1676, en Europe occidentale, la Congrégation de la Mission dirige 31 séminaires, dont le Séminaire Papal, à Rome. En France les Lazaristes en dirigent 13. La Pologne du XVIIe, dévastée par les guerres et les épidémies, avec des paroisses pauvres et abandonnées, a un besoin urgent de pasteurs d'âmes de type missionnaire. Les évêques de Pologne entendent parler de ce type de formation durant leurs visites à Rome ou en France. A la fin du XVIIe, il y a en Pologne 20 séminaires diocésains, dont 4 dirigés par nos confrères; en 1730, ils se chargent de la direction de 6 séminaires. En 1770, alors qu'il y a 37 séminaires diocésains, 19 sont dirigés par les nôtres. Ce sont des séminaires de grands diocèses: Varsovie, Plock, Wloclawek, Gniezno, Vilnius, Cracovie, Lublin, Przemysl, Lvov, mais aussi de diocèses plus petits: Kraslaw, Brzozow, Krasnystaw, Sambor...

2. De 1792 à 1918

De 1772 à 1918, la Pologne a été partagée entre la Prusse, la Russie et l'Autriche. Au début il y a deux provinces de la Congrégation de la Mission: celle de Varsovie et celle de Lituanie. 17 maisons ont fait partie de la province de Varsovie. En 1864 le gouvernement russe a liquidé cette province, au cours de la répression de l'insurrection nationale. La province de Lituanie, avec Vilnius pour centre, érigée en 1794, a compté 16 maisons. Le gouvernement russe l'a supprimée en 1842. En 1865 se fonde la troisième province, à Cracovie. En 1918 elle se compose de 11 maisons en Pologne, 4 aux Etats-Unis d'Amérique du Nord et 7 au Brésil .

Au cours de cette seconde période, malgré les frontières imposées par les agresseurs, l'activité missionnaire continue. C'est le gouvernement russe qui la gêne le plus. Les missionnaires sous domination autrichienne jouissent de plus de liberté. Vers la fin du XIXe siècle, les confrères se chargent de la pastorale parmi les émigrants saisonniers (avril-octobre) en Prusse, au Danemark et aux Pays-Bas.

Plus tard ils commencent l'apostolat permanent parmi les émigrés: au Brésil et au nord-est des Etats-Unis. L'enseignement de la religion aux enfants abandonnés ou orphelins, à Cracovie, lancé par M. Casimir Siemaszko et des confrères, vers la fin du XIXe siècle, se transforme en prise en charge permanente d'environ 400 garçons, en 3 établissements.

En ce temps d'asservissement de la nation, les Confrères travaillent encore, -durant plus ou moins d'années-, en 20 séminaires diocésains et 7 séminaires de la Congrégation. 12 de ces séminaires se sont trouvés sur le territoire actuel (1995) de la Lituanie, de la Biélorussie et de l'Ukraine.

Dans ces mêmes pays, de la fin du XVIIIe jusqu'à la moitié du XIXe siècle, les confrères dirigent 15 écoles paroissiales et régionales. Entre 1821 et 1842, ils ont la direction de 27 écoles paroissiales en Russie, jusqu'à Saratov. Ils ont aussi 3 écoles apostoliques (Zaslaw, Smilowicze, Cracovie), puis 2 autres encore, à Vilnius et Bydgoszcz. Ces écoles, qui forment aussi des garçons de familles pauvres, sont une bonne source de vocations.

3. De 1918 à 1954

Dans la patrie renée, la Province de Pologne, selon une liste de 1939, a 18 maisons dans le pays même, 4 aux Etats-Unis, 2 en Chine et une en Roumanie. La Province compte alors 250 prêtres et frères, 130 étudiants et 28 séminaristes à Vilnius. Les confrères continuent à prêcher missions et retraites paroissiales. Les retraites consistent en 4 à 6 jours de prédications, surtout en avent et carême, pour approfondir la foi et préparer à la confession. Cependant l'accent se déplace vers les missions ad gentes en Chine et vers la pastorale parmi les émigrés. L'école apostolique de Cracovie est agrandie. Le soin des enfants pauvres et des orphelins est renforcé. Des confrères sont aumôniers d'hôpitaux et de prisons. Comme directeurs, aumôniers et confesseurs, ils servent les trois provinces de Filles de la Charité: Varsovie, Cracovie et Chelmno. Ils animent les Conférences de Saint Vincent et les Confréries de Dames de la Charité. A cette époque, ils ont la direction d'un seul séminaire diocésain, à Katowice, et dans deux autres ils servent en qualité de directeurs spirituels. A Varsovie, de 1918 à 1939, ils dirigent une maison pour prêtres étudiants. Depuis 1910, le grand séminaire de la Congrégation est devenu Institut de Philosophie et Théologie; il procure la formation intellectuelle aux étudiants provenant de 5 à 9 communautés religieuses.

Au début du XXe siècle, le souci des besoins spirituels du milieu ouvrier conduit les confrères à accepter des paroisses et construire des églises, à Lvov, Tarnow, Pabianice et Bydgoszcz. En 1945 la Pologne est marquée par le déplacement des frontières vers l'ouest et par un important exode de la population des régions orientales, prises par l'Union Soviétique. Les confrères assistent les gens passés de l'est à l'ouest et installés sur les terres quittées par les Allemands. Ainsi, à l'appel de la hiérarchie polonaise, la pastorale des paroisses du nouveau territoire vient à occuper la moitié des confrères de la Province polonaise. Les autres continuent à prêcher missions et retraites, à servir dans deux séminaires diocésains et à l'Institut de Théologie de Cracovie. Ils prêchent des retraites dans les séminaires diocésains et servent comme aumôniers dans les hôpitaux. Dans tout le pays ils collaborent avec les Filles de la Charité. Mais il faut bien reconnaître que la majorité se consacre à la pastorale paroissiale, surtout à enseigner la religion aux enfants, ainsi qu'aux jeunes, dans les écoles moyennes ou dans les universités.

Du milieu du XVIIe au milieu du XXe siècle, 2100 Lazaristes ont trouvé le repos en terre polonaise. En 1954 la Province compte 16 maisons en Pologne, une en Biélorussie et une en France. Deux vice-provinces ont été fondées, au Brésil et aux Etats-Unis. 203 confrères sont en Pologne, 110 à l'étranger. A Cracovie il y a 78 étudiants et 43 séminaristes.

A la mort de Staline, le totalitarisme communiste prend un visage polonais. Sous la protection de la Providence, les confrères déploient et développent des activités multiples. Ainsi continuent le paradoxe et le drame de l'histoire du pays et de la Province.

II. Hongrie

A la fin du XIXe siècle, la Hongrie connaît une renaissance religieuse, inspirée par les changements dans l'Eglise, à partir de Léon XIII. La situation privilégiée au point de vue politique et la prospérité de l'Eglise en Hongrie permettent de suivre les initiatives du pape, de développer les instituts d'enseignement public et l'activité pastorale. Après 150 ans de négligence, les paroisses se réorganisent. Trop faible jusqu'alors, l'apostolat des éditions prend son élan. Le nombre des vocations sacerdotales et religieuses augmente. En pastorale naissent des initiatives adaptées au temps. Des catholiques s'engagent dans la vie culturelle et publique. La vie de foi et la pratique religieuse s'affirment. Le catholicisme hongrois connaît un approfondissement intellectuel.

Les fils de Saint Vincent s'insèrent dans ce courant de renouveau religieux. Le processus d'insertion dans la société et l'Eglise de Hongrie est cependant assez lent. Des Hongrois, citoyens de la Monarchie Austro-Hongroise, entrent au séminaire interne de Graz, où la Province d'Autriche a été érigée en 1853. En tant que membres de la province autrichienne, les confrères hongrois travaillent sur les terres de la Monarchie et hors des frontières, par exemple en France ou même en Chine.

La première maison de Hongrie est fondée en 1898, à Piliscsaba, au diocèse de Székes-Fehérvar. C'est une fondation votive de l'archiduc Joseph de Habsbourg. Selon la volonté du fondateur, la maison devient un centre d'activité missionnaire pour toute la région au nord du lac Balaton. Elle compte 4 prêtres et 3 frères. Déjà au cours de la première année d'existence, elle prêche 18 missions et 13 retraites paroissiales, alors que 11 prêtres et un évêque font leur retraite dans la maison. Dans les 5 ans après la fondation, les confrères prêchent missions et retraites dans toutes les paroisses de Transylvanie. Avec des retraites au clergé et le service des Filles de la Charité, tel reste leur apostolat jusqu'à la première guerre mondiale, en 1914.

L'activité missionnaire de Piliscsaba et son influence sur le clergé diocésain conduisent à la fondation d'une deuxième maison. Michal Bundale prend l'initiative de construire la nouvelle maison et l'église près de Gatutca, à Budapest.

Trois confrères s'y installent dès 1903; ensuite ils seront 5, puis 8 en 1911. Ils s'adonnent à la prédication de missions et de retraites et accueillent des prêtres retraitants. Michal Bundal est apprécié comme directeur spirituel au Séminaire Général de Budapest.

1904 voit la fondation de la province hongroise des Filles de la Charité. Ferdinand Medits devient leur directeur. Le besoin se fait sentir d'avoir encore plus de confrères à Budapest, pour servir aussi d'aumôniers aux Soeurs. Une maison est construite en 1909, près de Nagyboldogasczony-utca. Quatre prêtres et 4 frères s'y établissent. Ils sont au service des Soeurs et donnent missions et retraites. Près de la maison, une église est consacrée en 1913. Encore avant l'éclosion de la guerre, une école apostolique s'y construit pour les candidats à la Congrégation. Même s'ils n'ont pas l'intention d'entrer dans la Compagnie, l'école accueille aussi des garçons de familles pauvres.

Durant les 70 premières années, les confrères hongrois, venus en grande partie du clergé diocésain, reçoivent leur formation spirituelle et intellectuelle à Graz.

Au cours de la première guerre mondiale, les Lazaristes servent comme aumôniers militaires ou comme infirmiers dans les hôpitaux. Vu les méfaits de la guerre et l'appauvrissement de la population dans tout le pays, ils organisent des Conférences de Saint-Vincent et des Confréries de Dames de la Charité. A la veille de la deuxième guerre mondiale, ces sociétés vincentiennes comptent plus de 1000 membres.

Peu après la première guerre mondiale, l'histoire des Lazaristes de Hongrie prend un tournant important. D'octobre 1918 à août 1919, les confrères vivent sous la menace de la révolution communiste de Béla Kun. En avril 1919 les maisons de la Congrégation sont supprimées. La dictature des communistes ne dure pas longtemps, mais les contacts avec le centre de la province, Graz, ne sont pas faciles. En 1919, M. François Aronffy est nommé vice-visiteur de la vice-province hongroise nouvellement fondée. Avec le député Georges Tutz, il participe à l'assemblée provinciale à Graz, en septembre 1919. Deux ans après, ils ont déjà prêché 43 missions et 57 retraites. En Juin 1923, M. François Verdier, supérieur général, visite les confrères et les Filles de la Charité. Trois ans plus tard, le 19 mars 1926, est érigée la province lazariste de Hongrie. M. François Aronffy est nommé visiteur. La nouvelle province comprend 3 maisons, 27 prêtres et frères, 6 étudiants et 20 séminaristes. L'école apostolique de Budapest est fréquentée par nos candidats et par des garçons pauvres. La croissance de la Province est modérée, mais sans crise. En 1934 les confrères disposent de 4 maisons pour exercer tous leurs ministères. La maison des études se trouve hors de Budapest, à Szob, près de la frontière tchécoslovaque; elle compte 15 étudiants. En 1939 la Province Hongroise comprend 5 maisons, avec 67 confrères, 26 étudiants et 7 séminaristes.

La Providence et les événements épargnent les confrères hongrois au cours de la deuxième guerre mondiale. La province se développe. Deux maisons sont fondées en Transylvanie (en 1940 Oradea, en 1941 Clui), une grande maison est ouverte près de Budapest, à Csepel, où se trouvent une école apostolique, des oeuvres charitables et sociales, une paroisse en milieu ouvrier. En 1946 une maison est ouverte dans le sud du pays, à Szeged. En 1949 il y a 76 confrères en 7 maisons. Mais il y a seulement 5 étudiants et 5 séminaristes. A l'exception de la formation du clergé dans les séminaires, les Lazaristes hongrois exercent tous les ministères conformes à la fin de la Congrégation.

Au moment où le pouvoir communiste donne un coup mortel aux communautés religieuses, la province a atteint une belle expansion. Les familles religieuses vivent alors les trois étapes de l'internement, de l'emprisonnement et de la dispersion de leurs membres: en décembre 1949, à la mi-juin et à la mi-juillet 1950. Mille membres de communautés d'hommes et 2500 Soeurs sont internés dans des camps de travail. C'est le jeudi saint de notre province hongroise. Les confrères doivent passer à la clandestinité. Certains trouvent refuge dans les paroisses, en servant comme organistes, chantres, sacristains ou Jardiniers. D'autres prennent du travail ou un emploi dans les entreprises de l'Etat. Suivis de près par les agents secrets, ils ne peuvent pas se rencontrer souvent. Qui sait, combien d'entre eux gardent l'espoir en la résurrection de la Province à laquelle leur coeur reste attaché ?

La résurrection a lieu en 1991. Il reste alors 24 prêtres et 6 frères. Leur moyenne d'âge est de 75 ans. La Province prend le long chemin de l'avenir.

III. Slovaquie

En quelques semaines de l'automne 1918, se désagrège l'Empire austro-hongrois, qui comprend la Slovaquie depuis 1526. Le 30 octobre 1918, le Conseil National Slovaque décide l'indépendance de la Slovaquie et son union avec les Tchèques. Selon la convention de Pittsburg, au sein de l'état tchécoslovaque, la Slovaquie doit jouir d'une pleine autonomie et avoir son propre parlement. Mais l'autonomie n'est pas respectée. Cela revient à étouffer l'aspiration nationale la plus importante, à jeter les Slovaques dans l'opposition politique au pouvoir centralisateur de Prague. L'opposition est le principal courant idéologique, à travers tous les événements d'après la première guerre mondiale. Elle reste liée à l'histoire récente de l'Eglise catholique en Slovaquie.

C'est précisément à la fin de cette guerre que la Congrégation de la Mission s'insère dans l'histoire du peuple et de l'Eglise en Slovaquie. En 1918 il y a sur le territoire tchécoslovaque 32 maisons de Filles de la Charité, qui ont appartenu à la Province Hongroise. 298 Soeurs travaillent en 7 hôpitaux, 14 écoles et 11 maisons de charité. En 1922 est fondée en Slovaquie la Province des Filles de la Charité, avec maison provinciale à Trnava. M. Joseph Danielik est nommé directeur. Il a reçu sa formation spirituelle et intellectuelle à Budapest et à Graz; il connaît bien les confrères autrichiens et hongrois et leurs oeuvres. L'évêque de Trnava prie J. Danielik d'accepter, en plus du service des Soeurs, l'office de directeur spirituel au séminaire diocésain. Le ministère au séminaire et de bons contacts avec le clergé ouvrent la voie à la prédication de missions. En 1933, sur demande de M. Danielik, pour assurer l'aumônerie des Soeurs, arrive à Trnava M. Joseph Haring. A l'occasion, les deux confrères donnent missions et retraites. En 1924 la maison provinciale des Soeurs est transférée à Ladce, au nord-ouest de la Slovaquie. A peu près en même temps y arrivent deux confrères. En 1929 une école apostolique est ouverte à Banska Bystrica. Ses élèves suivent les cours au lycée voisin. L'école est dirigée par François Kuchar, venu d'Autriche. Ainsi est rendue possible la fondation de la maison de la Mission à Ladce. En 1933 les premiers élèves de l'école apostolique passent l'examen de maturité et sont reçus au séminaire interne, à Graz. En 1935 il y a déjà 6 confrères en Slovaquie et la seconde maison est érigée à Banska Bystrica, d'où l'école apostolique a été transférée à Ladce. Les Lazaristes sont engagés dans la direction de l'Institut Svoradov, la plus importante maison de Bratislava pour étudiants ecclésiastiques, où vivent aussi les scolastiques de la Congrégation. A la mort de M. Danielik, en 1938, la Vice-Province compte 6 prêtres, 4 frères, et 5 étudiants à la faculté de théologie de Bratislava. Les confrères servent les Filles de la Charité, dirigent l'école apostolique, prêchent des retraites et des missions.

En 1941, M. Edouard Robert, vicaire général, confie au visiteur de Hongrie la visite de la famille vincentienne en Slovaquie. Durant la deuxième guerre mondiale, sous la présidence de Mgr. Jozef Tiso, les confrères jouissent d'une paix relative, si bien qu'en 1947 ils sont assez nombreux pour ouvrir une quatrième maison à Belusska Slatina, au nord-est du pays. La vice-province a établi son propre séminaire interne à Ladce. Outre le service des Filles de la Charité, les confrères continuent à prêcher missions et retraites, à diriger l'école apostolique, à procurer l'assistance pastorale à la jeunesse universitaire de Bratislava.

A la première persécution communiste, les Lazaristes sont forcés de quitter Bratislava. En effet, la première vague de persécution de l'Eglise déferle dès février 1949. En juillet, Genaro Verolino, chargé d'affaires du Vatican, reçoit l'ordre de sortir de Tchécoslovaquie au plus vite. Dans la nuit du 5 avril 1950, la police envahit toutes les maisons de communautés d'hommes en Slovaquie, pour déporter leurs membres, -un millier-, dans des camps de travaux forcés. Le même sort est infligé, peu après, à 11.000 Soeurs. Nos confrères, 16 prêtres et 7 frères, sont ou emprisonnés ou in ternés.

Dans la suite, des confrères quittent la Slovaquie. En Autriche ils fondent la maison de Salzbourg. D'autres fugitifs s'engagent dans la pastorale de leurs compatriotes, en France et en Angleterre. Le vice-visiteur, Jan Hutyra, passe beaucoup d'années en prison. D'autres, une fois libérés des camps ou des prisons, dans la mesure du possible, continuent leur service pastoral dans la clandestinité et gardent des contacts entre eux. L'esprit de Saint Vincent continue de rayonner parmi eux. Comme touristes, quelques uns entrent en relation avec les missionnaires en Pologne. A partir de 1972, des confrères et des aspirants de Slovaquie peuvent rencontrer assez régulièrement des jeunes de Cracovie. Par l'intermédiaire de Cracovie et de Salzbourg, les Lazaristes slovaques entrent en relation avec le supérieur général et le centre de la Congrégation. Par la même voie passent les lettres, les documents des assemblées générales. En 1989, la Vice-Province Slovaque peut se rétablir en plein jour. Elle compte 4 maisons dans le pays et celle de Salzbourg en Autriche; elle a 29 prêtres, 4 frères et 12 étudiants. Leur moyenne d'âge est de 51 ans. Ainsi commence en Slovaquie la seconde jeunesse de la Congrégation de la Mission.

"Evangéliser les pauvres ...", "Allez, enseignez toutes les nations ..." La présence de la Congrégation de la Mission, en Pologne à partir du milieu du XVIIe siècle et en Hongrie et Slovaquie depuis la moitié du XIXe est une réponse à l'appel du Christ. Les confrères lui ont répondu aux temps de ministère sans histoires et aussi durant les épreuves et les persécutions. Leur réponse dans ces pays a fait sourdre de l'héroïsme, sans supprimer la faiblesse des personnes et des groupes. La mission des confrères s'est nécessairement inscrite dans le ministère de l'Eglise de l'Europe centrale orientale, troublé par bien des tempêtes. En même temps les missionnaires ont enrichi cette activité ecclésiale avec le patrimoine de Saint Vincent de Paul.

(Traduction: Paul Henzmann, C.M.)