Révélation et Inspiration dans le Christianisme et l'Islam

Révélation et Inspiration dans le Christianisme et l'Islam.

par Emilio Platti O.P.

1. Introduction.

1.1. Pour traiter de la question de la révélation ou de l'inspiration dans ces deux religions, je suis obligé d'aborder en premier lieu la religion qui s'inscrit sur un horizon préexistant qu'est toute la tradition biblique, c'est-à-dire l'islam. Si la Bible est constituée de nombreuses traditions, dès le livre de la Genèse, en passant par la Loi et les Prophètes, et par les Psaumes et les livres de la Sagesse, pour aboutir finalement au Nouveau Testament, qui lui aussi se compose de nombreuses traditions, l'Islam se base sur un Livre unique, le Coran, qui forme en soi une unique tradition écrite cohérente, qui se constitue durant la vie de Muhammad et les vingt années qui suivent sa mort, jusqu'à la collection de toutes les récitations sous le calife `Uthmân. Du moins d'après ce que nous disent les Traditions musulmanes; ce que nous ne mettrons pas en doute ici; nous n'avons pas à aborder ici cette question.

1.2. Il est donc plus facile de déterminer d'abord l'esprit dans lequel le Coran a été conçu, plutôt que d'analyser les différentes traditions bibliques, auxquelles nous seront néanmoins obligés de nous arrêter ensuite, et en particulier à la tradition néo-testamentaire.

1.3. Or, une chose saute aux yeux quand on lit le Coran. On ne peut le comprendre sans connaître la tradition biblique dans certaines de ses composantes importantes - et non pas toutes: il y a des éléments essentiels de la Bible chrétienne que le Coran ignore parfaitement -. D'autre part, le Coran déborde largement la Bible écrite, pour s'inspirer de traditions bibliques qui ne sont pas canoniques, à ce point que les savants ont toutes les difficultés du monde pour en retrouver les sources. Car il est évident que le Coran puise largement de sources chrétiennes et juives préexistantes, la Bible, le Talmud et les midrash, les apocryphes de l'Ancien et du Nouveau Testament, des légendes juives ou chrétiennes.

1.4. Nous n'avons pas ici à chercher ces sources du Coran. Tout en en mentionnant quelques-unes, nous allons plutôt chercher ce que le Coran veut faire de ce "matériel biblique" qu'il adopte. Quel est le message essentiel qu'il veut faire passer. C'est là en effet que nous allons peut-être trouver ce qui - éventuellement - peut s'appeler "révélation" en Islam.

1.5. Nombreux sont ceux parmi vous qui connaissent d'une façon ou d'une autre l'histoire du Coran et de la récitation de Muhammad. Je m'y arrête néanmoins un instant, car c'est le point essentiel de mon exposé.

2. Le contexte dans lequel surgit le Coran.

2.1. Nous savons tous que Muhammad est né à La Mekke dans un contexte de polythéisme. Les sources musulmanes nous décrivent la Ka`ba, centre religieux que gère la tribu des Quraysh, les circambulations autour de la Ka`ba, les stèles représentant un nombre important de divinités qui s'y trouvent, les divers lieux saints des environs qui sont liés à ce centre, les sacrifices qui y ont lieu à certains moments de l'année, les pèlerinages qui rassemblaient de nombreuses tribus de l'ouest de l'Arabie, les trois divinités astrales qu'adoraient les Arabes polythéistes: al-Lât, Manât et al-`Uzza, citées par le Coran pour les récuser, dans la sourate 53. Il s'agit de toute évidence de la dernière région du Moyen-Orient où l'antique religion polythéiste sémitique survit; une religion dont nous rencontrons de nombreux éléments chez les voisins des Hébreux dans la Bible. C'est donc une survivance d'un passé millénaire.

2.2. Survivance, car au sixième siècle après Jésus-Christ, le Moyen-Orient est christianisé. L'Égypte, la Nubie et l'Éthiopie sont chrétiennes, ainsi que la Syrie et pour une large partie la Mésopotamie. La Palestine du sixième siècle est chrétienne. Si le judaïsme n'est plus que sporadiquement présent en Palestine, entre autres à Tibériade, de nombreuses tribus se sont installées en Arabie, fuyant probablement la répression romaine après la défaite de la dernière résistance en 135 après J.C. Ils se trouvent entre autres à Yathrib, qui deviendra Médine, Madînat an-Nabî, "Ville du Prophète". Il y a même des juifs au Yémen, ensemble avec des chrétiens, dont certains sont connus: ce sont les chrétiens de Najrân.

2.3. Tout cela est assez bien connu. Beaucoup moins claire est le type de présence de chrétiens et de juifs en Arabie: ils sont surtout porteurs de traditions bibliques orales et - pour ce qui est des chrétiens - fortement imprégnées d'hétérodoxie, sinon ignorants des éléments essentiels du christianisme. Le père Héchaimé, en analysant la poésie arabe préislamique étudiée par le père Cheikho, conclut que certains étaient bien des chrétiens, mais qu'ils ne connaissaient pas - ou peu - le message essentiel chrétien: l'Incarnation, la Trinité, la Rédemption...

2.4. Autre point essentiel: le contexte social et économique de le Mekke. Nous savons que la tribu de Quraysh avait réussi à concentrer à la Mekke le commerce des caravanes qui reliaient le Yémen - et donc l'Afrique - à la Mésopotamie et le reste du Moyen-Orient. Le départ de ces caravanes était certainement un événement très important, car il est évoqué dans la sourate 106: Les gens de Quraysh s'entendent bien quand il s'agit «de la caravane d'hiver et d'été». Car ces caravanes apportaient richesse et pouvoir. Richesse et pouvoir que le Coran va critiquer à cause de l'auto-suffisance qu'ils engendrent. En plus, ils se savent protégés par le Seigneur de la Ka`ba, leur dieu suprême.

3. Le message essentiel du Coran.

3.1. Voilà donc deux éléments qui se joignent même dans cette sourate 106 du tout premier temps de la récitation de Muhammad: Les caravanes (verset 2) et l'appel à adorer le Seigneur du Temple saint, Rabb al-Bayt (verset 3). On pourrait dire que Muhammad inscrit son message parfaitement dans le contexte de la Mekke où il est né et a grandi.

3.2. Or, il n'en est rien. Et c'est bien le point essentiel.

Lisons ensemble certains versets des plus anciens du Coran, récités au début de la récitation par Muhammad.

Sourate 93, 9-11:

93,9Quant à l'orphelin, donc, ne le maltraite pas.

93,10Quant au demandeur, ne le repousse pas.

93,11Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le.

Sourate 96, 6-8

96,6Prenez garde ! Vraiment l'homme devient rebelle,

96,7dès qu'il estime qu'il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse).

96,8Mais, c'est vers ton Seigneur qu'est le retour.

Sourate 102, 1-6

102,1La course aux richesses vous distrait,

102,2jusqu'à ce que vous visitiez les tombes.

102,3Mais non! Vous saurez bientôt!

102,4(Encore une fois)! Vous saurez bientôt!

102,5Sûrement! Si vous saviez de science certaine.

102,6Vous verrez, certes, la Fournaise.

102,7Puis, vous la verrez certes, avec l'œil de certitude.

102,8Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices.

Sourate 104, 1-9

104,1Malheur à tout calomniateur diffamateur,

104,2qui amasse une fortune et la compte,

104,3pensant que sa fortune l'immortalisera.

104,4Mais non! Il sera certes, jeté dans la Hutamah....

104,6Le Feu attisé d'Allah

104,7qui monte jusqu'aux cœurs.

104,8Il se refermera sur eux

104,9en colonnes (de flammes) étendues.

Sourate 107, 1-3.

107,1Vois-tu celui qui traite de mensonge la Rétribution?

107,2C'est bien lui qui repousse l'orphelin

107, 3et qui n'encourage point à nourrir le pauvre.

3.3. Je viens de citer assez longuement ces versets, car ils nous montrent ce qu'était le tout premier message du Coran. Dès le début apparaissent les contours d'un message de base qui prend forme dans les premières récitations. Et on débouche très rapidement sur un double thème: le rejet de la suffisance, de l'autosatisfaction, et l'affirmation de la responsabilité éthique; l'homme est interpellé, parce qu'il sera jugé sur ses actes.

«Celui qui donne, se prémunit tient la splendeur pour véridique

Nous lui faciliterons l'aise éternelle.

Quant à l'avare, au suffisant quant à celui qui dément la splendeur

Nous lui faciliterons le mésaise éternel

sans qu'à rien ne lui servent ses biens quand il s'abîmera.

(Coran 92, 5-11).

L'image du Jugement dans l'au-delà du Dernier Jour qui exprime ce thème est très proche de l'eschatologie biblique prophétique. On retrouve l'enfer, feu dévorant (167 fois dans le Coran!), le nom hébreux Djahannam pour cet enfer 77 fois dans 39 sourates... Le terme Djanna, les jardins du paradis, 70 fois!

3.4. La conclusion que je tire de cette courte analyse du début du Coran est celle-ci: Dans le contexte socio-économique et religieux de la Mekke, un message prophétique de caractère biblique est soudain proclamé par un citoyen de la Mekke qui a toujours été bien intégré dans sa communauté mekkoise. Les Mekkois en restent tout ébahis.

3.5. Cerner le Kérygme initial du message de l'islam ne me semble donc pas tellement difficile. Il est contenu dans ce refus de l'auto-suffisance dont, au temps de Muhammad, les conci-toyens de la Mekke font preuve. C'est dans le miroir de leur refus de la Récitation, de ce Qur'ân, dont la force d'expression, le rythme et la vision les fascine, c'est dans ce refus qu'on distingue le mieux ce qui pour Muhammad constitue ce flash initial de la révélation, cette lumière, qui pour lui éclaire d'un feu nouveau l'ignorance des Mekkois. Satisfaits d'eux-mêmes et de leurs succès commerciaux, ils préfèrent le confort de leur aisance aux valeurs de solidarité et de transcendance de soi aux-quelles le Prophète les appelle. Trois thèmes sont liés; ils constituent la charnière qui sépare un monde qui touche à sa fin, les derniers vestiges d'un certain polythéisme sémitique, d'un huma-nisme nouveau: [1] Justice et solidarité - [2] Jugement par l'au-delà - [3] L'Unique Seigneur, Maître de tous les mondes et de tous les vivants: Rabb al-'âlamîn. Foi en Dieu, justice et solidarité se joignent, et sont au coeur de la religion.

3.6. Il me semble donc que si on analyse la thématique du Coran des sourates de la Mekke, apparaît clairement une thématique eschatologique importante accompagnant l'affirmation du Dieu Créateur et unique: l'exigence de justice et de solidarité à la lumière du jugement, thème essentiel du Coran qui force l'auditeur à l'interrogation éthique. Or, ce message est de caractère fondamentalement biblique et n'est d'aucune manière lié à l'ancienne religion des Mekkois.

3.7. De ce message, le Coran dit qu'il a une origine divine. Il est descendu d'une façon abrupte:

Sourate 39, 1 et 40, 2:

La révélation du Livre vient d'Allah, le Puissant, (le Sage) [l'Omniscient].

Sourate 41, 2:

C'est une descente [tanzîl] qui vient de la part d'ar-Rahmân, le Miséricordieux.

Notons en passant que nous savons par des inscriptions du Yémen que les chrétiens et les Juifs de cette région appelaient Dieu par le nom propre Rahmân, alors que les Mekkois ne connaissaient que Allâh, dieu suprême et seigneur de la Ka`ba. Or, le Coran identifie ce Dieu Suprême et Seigneur de la Ka`ba au Dieu Créateur, Juge et Miséricordieux qu'est le Dieu de la Bible.

4. L'explicitation du Message.

4.1. Ce message rassemble trois éléments essentiels du message biblique auxquels les Mekkois ne croyaient pas ou qu'ils ne connaissaient pas - et c'est bien là un point essentiel dans notre présentation -: [1] l'eschatologie: le jugement dernier et la rétribution dans la vie future, l'enfer et le paradis, [2] le monothéisme strict, qui réunit en un seul Dieu les attributs essentiels: d'être Créateur et Juge miséricordieux, et [3] le prophétisme, alors que les Mekkois ne connaissaient que des devins - et leurs oracles - et des poètes. Le prophétisme n'étant pas en premier lieu, comme dans l'Ancien Testament chez Amos et la plupart des Prophètes, connaissance de l'avenir, mais avertissement sévère et exigence éthique.

4.2. Or, ce message initial du Coran sera explicité.

D'abord, il prendra la forme de commandements, tels que nous les connaissons dans la Bible. Ensuite, quand Muhammad devra chercher refuge à Yathrib, Médine, et qu'il y deviendra aussi le chef de la cité, les commandements se détailleront en prescriptions concrètes concernant le rituel, la famille, la société, la guerre sainte et d'autres aspects..

4.3. Quant aux commandements fondamentaux, on les retrouve dans les deux sourates 17 et 5 (en résumé). On ne sera donc pas étonné de retrouver dans le Coran une liste de préceptes fondamentaux qui régissent le comportement humain, des préceptes qui dans leur ensemble sont analogues aux dix commandements de la Bible exprimés dans le Livre de l'Exode (20, 1-17); des commandements qui s'imposent sous peine de voir s'éroder ce qui constitue l'humain lui-même. Ces règles de conduite se trouvent au milieu d'une sourate mecquoise, la 17ème (Sourate al-Isrâ', le Voyage Nocturne), aux versets 22 à 39, ainsi que la sourate 6, 151-156, où il est fait mention de Moïse.

On y trouve entre autres cette belle expression des versets 23-24 se rapportant aux parents ayant atteint l'âge de la vieillesse:

“Marquez de la bonté envers les père et mère: si l'un d'eux ou tous deux atteignent la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point "Fi!", et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. Et par miséricorde, abaisse pour eux l'aile de l'humilité, et dis: "Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m'ont élevé quand j'étais petit"....”.

D'autres prescriptions commandent

- d'être correct envers le proche, le pauvre, le voyageur

[al-qurbâ', al-miskîn wa ibn as-sabîl];

- de ne pas tuez les enfants, par crainte de pauvreté;

- d'éviter l'adultère;

- de ne pas “tuer, sauf en droit, la vie que Allah a rendue sacrée”;

- de ne pas s'approprier les biens de l'orphelin;

- de tenir ses engagements, d'être justes, non pas avares...;

- de ne pas “fouler la terre avec orgueil ou insolence....

Voilà ce que ton Seigneur t'a révélé de la Sagesse”!

4.4. Le tout est encadré par le commandement premier de ne placer aucune autre divinité à côté de Dieu (versets 22-23 et 39) comme c'est le cas dans la Bible (Exode 20, 3: “Tu n'auras pas d'autres dieux que moi”): les hommes ne sont pas fondamentalement divisés, avec chacun son dieu, chaque tribu ou chaque nation ses divinités, excluant ceux des autres, adorant ce qu'à chacun il plaît d'adorer. L'Unité de Dieu fonde ainsi l'unité de l'humanité. Et c'est ainsi que ces règles de conduite valent pour tous. Et cette Loi fondamentale, l'homme ne peut impunément la renier.

4.5. Ce qui appert tout de suite, c'est que cette Loi fondamentale ne procède pas de la liberté de l'homme. Cet orphelin dont parlent le Coran, la Bible et l'Évangile, ces parents affaiblis par l'âge, cet indigent, ce voyageur en quête d'hospitalité évoqué par le Coran, le blessé qu'accueille le Bon Samaritain dans l'Évangile, il ne peuvent - de par leur faiblesse même - exercer aucune contrainte pour faire valoir leurs droits! La preuve en est qu'on peut très bien passer outre.

Or, c'est précisément cette faiblesse qui nous ouvre à une dimension de l'être humain que nous dévoilent la Bible, l'Évangile et, dans une moindre mesure, le Coran. Car l'Évangile ira très loin sur cette voie, beaucoup plus loin que le Coran, jusqu'à la mort de Jésus sur la croix. L'homme peut très bien continuer son propre chemin, ne s'occuper de ses affaires à lui, mais alors il passe à côté de ce qui apparemment, constitue une dimension essentielle de l'humanité. Alors que l'homme est habitué à exercer son autonomie, à s'occuper du monde qu'il domine, à développer son activité propre et ainsi à tendre à l'épanouissement de sa personnalité, à s'émanciper, il se trouve confronté à l'altérité qui l'interpelle, qui s'impose à sa liberté et qui ne procède pas de sa liberté.

Les préceptes évoqués ne dépendent pas de sa volonté arbitraire: ils sont hétéronomes. Les religions disent que ce sont des commandements divins. Judaïsme, christianisme et islam se rencontrent ainsi d'une façon primordiale. Ces obligations nous dévoilent une dimension de l'humain qui complète - mais d'une façon tout-à-fait essentielle - la dimension de l'autonomie que l'Occident en particulier chérit, la conquête du monde, le déplacement continuel des frontières de notre connaissance et notre pouvoir, des limites de notre épanouissement propre et du développement du monde que nous faisons nôtre.

Or, le respect de l'autre et de son bien, son accueil, l'hospitalité gratuite, la confiance, la générosité, la gratitude, la réceptivité au don, le pardon et la miséricorde, et surtout la compassion - ar-Rahma - tout ce qu'impliquent les commandements fondamentaux et les vertus que la religion met en avant, sont d'un tout autre ordre que celle de l'autonomie, de la domination et de la lutte pour ses propres droits. Les droits de l'homme, pour l'homme religieux, sont ainsi fondés, non pas sur l'exercice d'une force coercitive qui oblige l'autre à reconnaître mes droits et ceux de mon groupe, mais sur le respect des droits de l'Autre, que parfois, dans sa faiblesse, il ne peut m'imposer.

4.5. Deux choses sont importantes dans ces textes:

1° Le Coran se voit dans une continuité parfaite avec la Torah et l'Évangile qu'il voit tous les deux comme "descendus de la part de Dieu";

2° Les commandements sont hétéronomes: ils viennent de la part de Dieu, les hommes ne peuvent s'en libérer dans un mouvement d'autosuffisance.

5. Commandements et prescriptions du Coran: quel statut?

5.1. Le Message de la Loi est essentiel au Coran. Personnellement, je crois que les théologiens musulmans du réveil l'on perçu avec netteté. Ils ont raison d'affirmer que la judaïsme, le christianisme et l'islam partagent une vision de la Sharî`a de Dieu. Pour autant qu'il s'agit d'interpellation éthique, c'est cet aspect du Coran qui me semble authentique. Seulement, il faut bien souligner une nouvelle fois que la récitation coranique s'est faite en opposition aux Mekkois, premièrement, et qu'elle emploie tout un matériel biblique pour l'exprimer. Ce matériel coranique étant surtout non canonique, c'est-à-dire, qu'il puise, pour l'expliciter, de la tradition orale très large contenant des éléments juifs et chrétiens. Muhammad s'est-il rendu compte qu'il le faisait? Je n'en sait rien: nous savons seulement que le Coran parle de "descente" du Livre de Dieu. Il dit aussi qu'il s'agit de répétition des messages précédents: il est évident que c'est bien le cas. Mais seulement dans une certaine mesure: pour autant qu'il s'agit des commandements fondamentaux et de l'interpellation éthique hétéronome. Le Coran laisse tomber tout le reste.

5.2. Un des grands problèmes des musulmans contemporains est de se positionner par rapport aux commandements fondamentaux et les prescriptions du Coran, auxquels s'ajoute la manière de vivre de Muhammad, la Sunna. Nous savons par ailleurs que le dogme musulman considère le mode de vie de Muhammad impeccable, tout autant qu'il considère le Coran comme Parole divine inimitable. Il ressort de ces dogmes que l'orthodoxie musulmane met Coran et Sunna, commandements fondamentaux et prescriptions coraniques et règles de vie au même niveau: ils sont valables universellement et dans tous les temps. Coran et Sunna deviennent alors le fondement de l'islam politique: un ordre de société universel. Le seul qui convient à Dieu. Or, il est bien évident qu'aussi bien les prescriptions coraniques de Médine et le mode de vie du Prophète étaient liés aux conditions historiques dans lesquelles a vécu Muhammad. Certains musulmans modernes et libéraux font dès lors la différence entre les principes fondamentaux qui expriment l'interpellation divine, et ses concrétisations qui sont liées au temps et aux circonstances; même s'il s'agit de prescriptions coraniques.

5.3. Nous touchons ici les raisons du fondamentalisme contemporain: ne tenant pas compte des circonstances historiques du mode de vie prophétique, il veut l'imposer à tous comme étant la seule culture humaine possible; sans tenir compte de la diversité des cultures humaines issues de contextes humains différents. Il veut aussi en imposer l'universalité dans le temps alors que, comme nous le savons plus que jamais dans ces temps modernes, les temps changent.

L'islam politique devient dès lors un totalitarisme dangereux dont nous avons tous éprouvé les méfaits et les atrocités. Partant du principe faux que les prescriptions coraniques et la Sunna sont l'explicitation de la volonté de Dieu pour tous les temps et tous les lieux, les islamistes militants veulent imposer tous les détails du mode de vie de Muhammad à Médine; ce qui est absurde. Je ne parle pas pour autant des commandements fondamentaux, qui le sont pour les trois religions monothéistes.

5.4. Et je laisse de côté la question si la manière de faire de Muhammad était réellement si impeccable que le dit le dogme musulman. J'en doute fort. Et c'est bien un des obstacles majeurs du dialogue islamo-chrétien. Le Concile Vatican II qui énumère les éléments de rapprochement entre l'islam et le christianisme n'en parle d'ailleurs pas...

6. Relation de l'islam aux deux autres religions, le judaïsme et le christianisme.

6.1. Le judaïsme.

6.1.1. Ceux qui connaissent bien le Coran savent combien le Coran fait allusion aux patriarches de la Bible, tout autant qu'il se réfère à Maria et à Jésus. Ces "histoires des prophètes" -Qisas al-Anbiyâ'-, ou plutôt ces allusions à des histoires de personnages bibliques que le Coran appelle "des prophètes", forment en fait plus de la moitié du Coran. Une première chose nous frappe: ces allusions à ces histoires ne reprennent pas l'histoire biblique, si ce n'est l'histoire de Joseph en Égypte, qui est une histoire structurée, mais qui semble bâtie autour de la profession de foi de Joseph en prison dans la sourate 12, au versets 38 à 41:

12,38Et j'ai suivi la religion de mes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il ne nous convient pas d'associer à Allah quoi que ce soit. Ceci est une grâce d'Allah sur nous et sur tout le monde; mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants.

12,39O mes deux compagnons de prison ! Qui est le meilleur : des Seigneurs éparpillés ou Allah, l'Unique, le Dominateur suprême ?

12,40Vous n'adorez, en dehors de Lui, que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et à l'appui desquels Allah n'a fait descendre aucune preuve. Le pouvoir n'appartient qu'Allah. Il vous a commandé de n'adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas.

Pour autant que je comprenne bien le Coran, celui-ci ne s'attarde pas à l'histoire elle-même du peuple d'Israël et de ses patriarches, mais fait allusion à ces personnages uniquement pour retrouver dans leurs paroles et leurs actes les éléments du message coranique initial: L'exigence de justice et de solidarité, exigence d'obéissance à la Loi de Dieu, à la lumière du jugement du Dieu unique.

Même si d'autres éléments des histoires des prophètes apparaissent, le Coran les réduit à la marginalité; ils n'ont aucune importance. C'est le message eschatologique et le monothéisme qui prévalent.

6.1.2. D'une certaine manière, le Coran cueille les fruits de l'histoire du peuple juif, et affirme la seule Loi de Dieu, sans évoquer, comme le fait la Bible, le long cheminement du peuple qui peu à peu découvre sa relation à Jahweh, ses propres péchés, de nombreux moments privilégiés où Dieu se révèle à son peuple.

Le Coran ne connaît pas cette diversité dans sa révélation: Dieu est déjà présent avec tous ses attributs. Il ne se révèle pas dans l'histoire: Il apparaît ex abrupto avec toute l'exigence de sa Loi. Il ne se révèle d'ailleurs pas lui-même: Il révèle seulement Son Décret immuable, Sa Loi, Son jugement futur et la rétribution qui en découlera. Dieu reste Mystère. Le Coran ne connaît donc pas d'évolution ni d'histoire. L'histoire humaine ne connaît que des péripéties sans importance: tout est lié à l'obéissance de la Loi que connaît déjà Adam et ses descendants:

7,172Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes: “Ne suis-Je pas votre Seigneur?” Ils répondirent: “Mais si, nous en témoignons...” - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection: “Vraiment, nous n'y avons pas fait attention”.

6.1.3. Face à l'Ancien Testament et l'histoire du peuple juif, le Coran va peu à peu prendre une position de refus. Et à Médine, c'est carrément la rupture entre Muhammad et le judaïsme. Ainsi dans Coran 2, 87:

«Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse. Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs [...]. À chaque fois qu'un Messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits, vous vous enfliez d'orgueil. Vous traitiez les uns d'imposteurs et vous tuiez les autres».

Ce qui est le plus surprenant dans ces textes ce ne sont pas tant ces références à l'histoire de Moïse, mais bien plus la critique radicale qui est énoncée au sujet des juifs. La discussion avec les juifs qui avait débuté à La Mecque, prend à Médine de telles proportions qu'on peut bien parler de rupture radicale entre eux et les musulmans, en particulier dans les versets 153 à 161 de la sourate 4. Et on ne peut pas non plus faire abstraction de la situation militaire à Médine, qui amènera finalement les trois tribus juives de l'endroit à disparaître, tantôt par l'exil, tantôt par l'élimination physique.

6.1.4. L'islam qui devient à Médine une religion autonome, avec ses propres rites et ses propres prescriptions, refuse désormais de retrouver dans la Bible et dans le cheminement du peuple juif la manifestation d'une relation avec Dieu. Le Coran dira que la Torah a été corrompue et que seul le Coran est révélation de Dieu.

Du même coup, c'est toute la richesse de la Bible qui est mise de côté, avec tout ce qu'elle contient que le Coran n'a pas repris. La simplicité du message coranique récusera l'image biblique de Job, le péché de David, l'implication de Dieu dans l'histoire...

6.1.5. Il ne retiendra que l'exigence de la Loi de Dieu, qui effectivement, survient abruptement devant chaque homme. Je comprends la descente abrupte du Coran ainsi. Mais Muhammad et le Coran lui-même, avec toute la tradition musulmane, comprennent cette descente du Coran comme si tout mot, chaque verset, chaque expression coranique, chaque terme employé, chaque précepte détaillé, vienne directement de Dieu, sans médiation humaine, sans médiation de l'histoire.

6.2. Le christianisme et le Coran.

6.2.1. Plus grave est ce qui arrive dans la relation du Coran au christianisme, car pour le christianisme, cette médiation, cette incarnation dans l'histoire de la Parole de Dieu a un nom: Jésus-Christ.

Tout en affirmant la sainteté de Jésus et de sa Mère, la Sainte Vierge Marie, le Coran n'aborde d'aucune façon l'histoire de Jésus comme le font les évangiles. Ici aussi, l'histoire n'importe point, quoique le Coran présente quand-même ce qu'on pourrait appeler "un évangile [apocryphe] de l'enfance de Jésus". Car c'est bien ainsi que nous pouvons appeler les éléments de la sourate 19 et ceux de la sourate 3 qui concernent plutôt Marie que Jésus. Mais du Jésus adulte, celui des paraboles, du sermon sur la montagne, de sa relation particulière avec les personnes qui le rencontrent, de ses conflits avec les pharisiens, de sa passion et surtout de sa mort en croix - pour le salut des hommes -, de la signification de celle-ci, pas un mot, ou trop peu pour que la vie et la mort de Jésus prenne tout le sens que les premiers témoins y ont perçu.

6.2.2. En fait, l'image de Jésus dans le Coran s'accorde parfaitement avec la conception de l'identité de la Loi de Dieu à travers les âges, ainsi que du message divin toujours identique. Le message de Jésus n'est donc rien d'autre qu'une nouvelle version du Livre éternel. Jésus transmet le Livre qui est, une nouvelle fois, descendu de la part de Dieu. Il est également à remarquer que le Coran parle de l'Évangile au singulier, et ne fait aucune mention des autres textes du Nouveau Testament, en dehors des quatre évangiles, que ce soit les Actes des Apôtres, les lettres de saint Paul, les autres lettres ou l'Apocalypse. Le Coran présente Jésus de sa propre façon et cette présentation est en parfait accord avec la mission de Muhammad et des autres prophètes. Ce qui fait que les chrétiens du Coran ne deviennent d'authentiques croyants que dans la mesure où ils sont des chrétiens islamisés et professent uniquement le kérygme coranique.

La place centrale de Jésus comme médiateur de la révélation, que les quatre Évangiles présentent, n'a donc pas été intégrée par le Coran, pas plus que l'expression dogmatique de sa filiation divine. Pour le Coran, cette formule de la filiation divine suggère d'ailleurs beaucoup trop les vieilles représentations polythéistes et est donc rejetée. Et c'est presque naturellement que cette critique apparaît déjà dès les sourates mecquoises de la deuxième période, et en particulier dans la sourate Maryam. Et c'est cette incompatibilité apparente des expressions dogmatiques chrétiennes avec le monothéisme strict du message qui a entraîné pour le Coran l'idée d'une "falsification du message original de l'Évangile".

6.2.3. En plus, un des traits les plus caractéristiques du christianisme coranique est l'absence totale de l'interprétation paulinienne de Jésus: celui qui libère l'homme du joug de l'ancienne Loi. Au contraire, toute la tradition musulmane tardive accuse saint Paul d'avoir imaginé une réinterprétation de l'Évangile, déformant ainsi le sens original du message de Jésus en évacuant son message de l'aspect fondamental de la Loi de Dieu, la Sharî`a. Ce n'est qu'en un seul endroit, au verset 50 de la sourate 3, que le Coran laisse filtrer une certaine prise de distance de Jésus par rapport à la Loi ancienne: «...et je vous rends licite une partie de ce qui vous était interdit».

6.2.4. Le signe le plus révélateur de la position de l'islam par rapport au christianisme est le refus catégorique de la Croix, élément signifiant par excellence pour les chrétiens. Ce refus révèle en fait ce point crucial que ce qui est hautement significatif dans la vie de Jésus pour les chrétiens n'est pas pertinent pour l'islam. La "lecture" de la vie de Jésus musulmane étant dès lors radicalement différente, ce qui est médiation et source de la foi en islam doit se trouver ailleurs: il se trouve dans l'interpellation éthique de la récitation, comme nous l'avons dit.

6.2.5. Il s'ensuit qu'on ne peut donc certainement pas affirmer que le Coran est chrétien: l'interprétation qu'il donne de la figure de Jésus dans sa relation à Dieu et à la Loi divine ne s'apparente plus à quelqu'une des versions néotestamentaires de la personne de Jésus. Que la mort de Jésus sur la croix soit mise à l'écart comme insignifiante, nous indique que la "memoria Christi" que les chrétiens tiennent pour essentielle, n'a pas pour l'islam de contenu réel. Le Coran ne contient donc pas de christologie dans le sens chrétien, parce que le Coran ne présente aucun élément qui permettrait de mettre en lumière dans la personne de Jésus-Christ ce qui fait de lui [pour un chrétien] un médiateur de salut. Alors que le contenu du Coran est fondamentalement biblique, comme nous l'avons dit, il n'inclut pas la médiation rédemptrice du Christ, car le Coran se voit lui-même comme la seule médiation de salut.

Chaque tentative à faire concorder le christianisme et l'islam sur ce point est ainsi vouée à l'échec, en tenant compte du rôle attribué dans le christianisme à la vie, l'action, la passion, la mort et la résurrection du Christ, sous le signe de sa relation au Père. Surtout depuis les récitations de Médine, l'islam possède sa propre doctrine religieuse et sa propre sensibilité religieuse, même si des "éléments chrétiens" en rapport avec Jésus y sont intégrés.

7. Jésus, épiphanie de Dieu.

7. 1. Rappelons-nous les paroles de Jésus:

«N'allez pas croire que je suis venu abolir la Loi et les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car en vérité je vous le dis: avant que passent le ciel et la terre un seul iota ou un seul trait ne passera pas de la Loi...» (Matth. 5, 17-19).

Il me semble qu'à la lumière de ce que Jésus a dit et fait, et de ce que ses disciples ont mis en pratique après la Pentecôte, il faut conclure qu'effectivement, Jésus n'a pas voulu abolir les commandements fondamentaux et surtout l'interpellation divine qu'ils expriment. La Loi de Dieu reste un acquis. Au contraire, les exigences sont accrues. Car il a manifesté par sa personne la volonté de salut pour tous les hommes émanant de Dieu, une volonté de salut que l'homme croyant est appelé à partager; ce qui n'est pas une tâche facile et exige un certain renoncement.

7.2. Allant au-delà de ce qui avait été dévoilé de Dieu dans l'histoire d'Israël, Jésus a manifesté ce qui était resté voilé de Dieu, et par le fait même, il a permis de ne plus s'accrocher à la lettre de la Loi, mais à son Esprit. Comme le dit la liturgie de Noël en citant les paroles de saint Paul à Tite : «En ce jour la bonté de Dieu de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes sont apparus..» (3, 4), «car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s'est manifestée» (2, 11).

C'est la manifestation de ce Dieu-là que les prophètes de l'Ancien Testament tels que Isaïe avaient pressentie et avaient annoncée.

7.3. Il s'est fait pourtant que cette vérité de Dieu qui se manifestait en Jésus n'était pas reçue par tous: au contraire, les pharisiens et des docteurs de la Loi se sont opposés farouchement à lui jusqu'à vouloir sa passion et sa mort. Fidèle à la vérité de Dieu qu'il incarnait, Jésus ne s'est pas désavoué, même en agonie au jardin des Oliviers, jusqu'à la croix.

Et c'est à partir du matin de Pâques qu'il est devenu clair que Dieu non plus ne l'avait pas désavoué. Jésus Christ est ressuscité en gloire. Les chrétiens peuvent donc bien suivre ses pas, et vivre dans son esprit qui reste parmi eux.

7.4. La révélation de Dieu en Jésus Christ se fait donc sur le mode de l'épiphanie, de la manifestation, dans la personne humaine de Jésus. Et les évangélistes ont essayé, chacun de sa manière, de décrire la vie, la passion, la mort et la résurrection de Jésus de telle façon, que cette épiphanie apparaît effectivement pour le lecteur ou l'auditeur. Nulle parole divine éternelle n'est descendue sur eux: ils ont, avec des mots à eux, mais inspirés par l'Esprit du Christ, raconté Jésus. C'est lui la Bonne Nouvelle.

Les conciles ont ensuite essayé d'exprimer cette réalité: Jésus, Fils de Dieu, divin et humain; Dieu, Créateur et Juge, Jésus, sa Parole salvatrice parmi nous, l'Esprit de Dieu présent dans la communauté des croyant, dans laquelle on voit l'action de cet Esprit; Jésus, Notre Sauveur...

8. 1. De tout cela, malheureusement, le Coran ne sait rien; il ne se réfère donc pas non plus à ceux-là parmi les prophètes qui avaient pressenti et prophétisé ce que Jésus manifesterait pleinement. Il n'en parle pas. Il s'attarde à des mots qu'il refuse, n'en connaissant pas le sens, craignant de rencontrer chez les chrétiens un polythéisme qu'il avait combattu avec véhémence:

«Il ne convient pas à Allah [à ar-Rahmân] de prendre quelque enfant»:

Une phrase qui revient treize fois dans le Coran, et qui se confirme pour lui dans cet unique verset de Médine: «Les chrétiens ont dit: Le Christ est fils d'Allah» (9, 30).

8.2. N'ayant pas compris le message des évangiles, les musulmans peuvent subir la dérive possible du pharisien et de l'attachement à la lettre de la Loi, du Coran et de la Sunna. C'est malheureusement encore une fois le cas à la fin de ce siècle dans les mouvements islamistes militants.

Il y a néanmoins dans le Coran comme un écho du message évangélique que Louis Massignon, par son expérience religieuse, a perçu et traduit dans ses nombreux ouvrages. Cet écho, c'est la compassion, la transcendance de soi qui va vers l'autre, dans son altérité; c'est vivre la souffrance ou la joie qu'éprouve le prochain. Compassion qui est accueil, hospitalité: c'est la rahma, l'attribut essentiel de Dieu, ar-Rahmân, le nom de Dieu le plus important, qui résonne à chaque sourate, et qui pour les Mekkois venait d'ailleurs…

6,151Dis: “Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit: ne Lui associez rien; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N'approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu'en toute justice la vie qu'Allah a fait sacrée. Voilà ce qu'[Allah] vous a recommandé de faire; peut-être comprendrez-vous.

6,152Et ne vous approchez des biens de l'orphelin que de la plus belle manière, jusqu'à ce qu'il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n'imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s'il s'agit d'un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Allah. Voilà ce qu'Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous.

6,153“Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie." Voilà ce qu'Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété.

6,154Puis Nous avons donné à Moïse le Livre complet en récompense pour le bien qu'il avait fait, et comme un exposé détaillé de toute chose, un guide et une miséricorde. Peut-être croiraient-ils en leur rencontre avec leur seigneur (au jour du Jugement dernier).

6,155Et voici un Livre (le Coran) béni que Nous avons fait descendre - suivez-le donc et soyez pieux, afin de recevoir la miséricorde -

6,156afin que vous ne disiez point: “On n'a fait descendre le Livre que sur deux peuples avant nous, et nous avons été inattentifs à les étudier.

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