Quatre thèmes de la spiritualité de saint Jean-Gabriel Perboyre

Quatre thèmes de la spiritualité

de saint Jean-Gabriel Perboyre.

Par Robert P. Maloney, C.M.

Les Canonisations sont pour nous. Ces hommes et ces femmes héroïques dont la sainteté est "certifiée" se tiennent déjà dans la présence de Dieu. L'Eglise les canonise dans le but de nous fortifier et de nous encourager, nous qui continuons notre voyage.

Tous, nous avons connu des saints non canonisés. Notre Famille Vincentienne elle-même en a vu des milliers et des milliers, j'en suis sûr. Se trouve-t-il quelqu'un parmi nous qui n'ait jamais connu un prêtre héroïque qui travaillait inlassablement et efficacement au service des plus abandonnés, ou une Fille de la Charité qui apportait la présence de Dieu dans les maisons des malades ou qui arpentaient les couloirs d'un hôpital apportant la paix du Seigneur aux mourants. Parmi les saints non canonisés, je citerais un Frère de la Congrégation qui, peu de temps avant sa mort, parlait avec moi de ce à quoi pouvait bien ressembler le Royaume de Dieu et qui, à travers toute sa vie, en avait témoigné de sa joie. Je pense aussi à un laïc Vincentien, un homme de loi - sage, mortifié, profondément en communion avec Dieu. En fait, je suis heureux de dire que, parmi mes frères et mes soeurs dans notre famille, j'ai connu un certain nombre de saints, dont certains sont toujours vivants.

Mais, de temps en temps l'Eglise canonise des saints, nous les montrant comme modèles. Elle nous dit: regardez attentivement cet homme, méditez sur cette femme, apprenez d'eux ce que c'est que d'être saint. 1

Ainsi en est-il avec Jean Gabriel Perboyre. Le 2 Juin 1996, il fut officiellement proclamé saint. Que nous enseigne-t-il sur la manière de vivre la vie en Dieu?

Peut-être que les choses les plus importantes ont déjà été dites à ce propos. Ces derniers mois plusieurs livres et de nombreux articles ont été publiés relatant les années de travail fidèle de Perboyre au service de la formation des prêtres, son ardent désir de servir comme missionnaire en Chine, ses courts mais difficiles travaux là-bas, ses souffrances durant son année d'emprisonnement et sa mort atroce.

Ici, je tacherai de ne pas répéter ce que d'autres ont déjà écrit. Le but de cet article est modeste. Il pose les questions suivantes: Qu'est-ce qui motivait intérieurement cet homme authentiquement saint? Comment voyait-il Dieu? Comment envisageait-il sa mission? Quelle était son attitude envers ceux qui l'entouraient? De quelle nature était sa vie de prière? L'article sonde ses lettres 2 dans le but d'apporter une réponse, de la même manière que de nombreux autres ont étudié les événements de sa vie et sa mort dans le but de le comprendre plus complètement. 3

Quatre thèmes se détachent plus particulièrement de ses lettres.

1. Dévotion à la Providence

"J'aime beaucoup ce mystère de la Providence"

Perboyre écrit ces mots à Pierre Le Go 4. Ses lettres montrent très clairement la profondeur de son amour. Le mystère de la Providence, en fait, est un leitmotiv qui les imprègne, une mélodie qui joue en sourdine, comme les événements de la vie de Perboyre le révèlent. Son accent sur la Providence est particulièrement évident dans trois circonstances différentes.

En premier lieu, la Providence de Dieu prend la forme d'un thème de voyage dans de nombreuses lettres de Perboyre: Dieu marche à ses cotés, le protégeant. Il demande au Supérieur Général, Dominique Salhorgne, de se joindre à lui et à ses compagnons pour louer "la Providence du Père céleste" pour toutes les merveilles qui sont arrivées pendant leur traversée du Havre à Djakarta.5 Il écrit dans le même sens à d'autres de Surabaya 6 et Macao.7 Mais Perboyre est tout à fait concret au sujet de la Providence. Tandis qu'il attribue tout à Dieu, il reconnaît clairement que Dieu agit à travers les causes secondes.8 Il reconnaît ainsi que les missionnaires doivent leur sécurité, non seulement à la Providence, mais aussi au capitaine! Durant ses voyages à pied à travers la Chine, il était totalement convaincu que Dieu l'accompagnait pas à pas, mais il était reconnaissant aussi à ses guides.9 Pareillement, alors qu'il croyait profondément que c'était la Providence qui avait tracé sa route pour toute son aventure missionnaire en Chine, il était aussi reconnaissant envers ses supérieurs 10 de l'avoir envoyé.

Deuxième, à coté de ce thème de voyage, la Providence a une résonance plus profonde encore dans les écrits de Perboyre. Il la voit comme un "ordre", un plan caché de Dieu. Dans ce sens, comme Vincent de Paul, il ne souhaite pas "enjamber sur elle".11 Juste avant le départ de son frère Louis pour la Chine, il lui dit que Dieu sait bien comment parvenir à ses fins et comment obtenir sa plus grande gloire et la sanctification de ses élus.12 Cette lettre de Perboyre est particulièrement poignante en ce sens qu'elle fut leur dernier contact. Louis mourut au cours du voyage sans avoir jamais atteint son but tant désiré, la Chine. Ayant appris la mort de son frère, Jean Gabriel écrit à ses parents: "La Providence de Dieu est bien douce, bien admirable à l'égard de ses serviteurs, et infiniment plus miséricordieuse que nous ne pouvons le concevoir."13 Quelques années plus tard, il écrit dans les mêmes termes à son cousin, lui racontant la mort d'un jeune homme dont il s'était occupé, et il médite à voix haute sur "les soins amoureux de la Providence envers ses élus, surtout lorsqu'il s'agit du passage à l'éternité."14

Troisièmement, il est évident, d'après les lettres de Perboyre, qu'il voit la souffrance comme une part du mystère de l'amour Providentiel de Dieu. Il est convaincu que "Dieu corrige ceux qu'il aime."15 Il estime que la vie du missionnaire est souffrance pour 50%. 16 De Chine, il écrit au Supérieur Général: "Je ne sais pas ce qui m'est réservé dans la carrière qui s'ouvre devant moi: sans doute, beaucoup de croix, c'est là le pain quotidien du Missionnaire. Et que peut-on souhaiter de mieux, en allant prêcher un Dieu crucifié?"17 Ce thème s'approfondit alors qu'il commence à entrevoir des signes plus précis de ce que pourrait être sa propre mort.

La perspective du martyre n'est pas rare dans ses lettres. Il l'envisage sereinement. Il dit à son père: "Si nous avions à souffrir le martyre ce serait une grande grâce."18 Il écrit à son cousin, "Notre Seigneur a toujours soin de ceux qui abandonnent tout pour lui; c'est lorsqu'ils sont le plus abandonnés des hommes, au moment de la mort surtout, qu'il leur rend au-delà du centuple promis."19 Il aspire à ce que son propre coeur puisse être uni avec les coeurs douloureux de Jésus et de Marie.20 Peu de temps avant sa capture, écrivant à Jean Grappin, Assistant Général à Paris, il réfléchit sur sa mauvaise santé et sur son avenir et conclut, "Du reste, je n'ai pas grande inquiétude de ce côté-là. À la Providence!"21

A travers ses lettres, spécialement lorsqu'il parle de la Providence, l'opinion de Perboyre sur Dieu est claire. Il voit Dieu comme étant bon, doux, aimant. Les trésors de la Providence de Dieu sont “inépuisables."22 Il considère les souffrances comme "des présents du ciel."23 En fait, il en a reçu beaucoup de ces présents. Ses lettres montrent qu'il a souffert presque continuellement d'une mauvaise santé en Chine. Après son arrivée là-bas, il fut malade pendant trois mois et faillit mourir. Il éprouvait souvent beaucoup de peine à marcher.24 Il revient souvent sur les difficultés causées par sa hernie.

Son ultime lettre à ses confrères atteste des souffrances qu'il a endurées pendant son emprisonnement. On l'obligeait à s'agenouiller sur des chaînes, alors qu'il était pendu par les pouces et par sa tresse de cheveux. En plus des autres tortures dont il ne parle pas, il fut roué de coups 110 fois. Il dit discrètement que ses lecteurs découvriront bien d'autres détails par la suite, ainsi qu'ils le firent sûrement lorsqu'il entendirent le récit de sa mort atroce par strangulation.

II. Son amour pour la Mission

"Combien je me sens heureux d'une si admirable vocation!"

C'est son exclamation lorsqu'il annonce à son oncle qu'il est envoyé en Chine. 25 L'enthousiasme de Perboyre pour les missions est évident depuis longtemps. Il est clair que deux missionnaires qui y étaient allés avant lui furent pour lui une source profonde d'inspiration: François-Régis Clet et son propre frère Louis.

Il mentionne fréquemment Clet. Il dit à Pierre Le Go: "Puissè-je ressembler jusqu'à la fin à un vénérable confrère dont la longue vie apostolique a été couronnée par la glorieuse palme du martyre."26 Ses lettres de Chine parlent de Clet avec beaucoup d'admiration. Il espère que sa cause de béatification sera bientôt engagée. Il désire ardemment se rendre sur le lieu de sa sépulture. Il parle des longues années de ministère de Clet, de ses difficultés à parler le chinois, de ses souffrances, de sa mort par strangulation sur une croix.

Voici une très belle lettre écrite de Surabaya à son oncle dans laquelle il parle de son frère:

“ Je ne pouvais faire ce voyage de Chine sans penser souvent à mon cher Louis; j'aimais à le considérer marchant devant moi, et m'indiquant le chemin que je devais suivre. Hélas ! comme l'étoile qui guidait les Mages, il a disparu au milieu de la route... Oh ! de quelle grande joie ne me réjouirai-je pas, lorsque je le reverrai brillant d'une nouvelle clarté, et me montrant où est le divin roi Jésus !”27

Il est clair que, dès Février 1832, 28 Jean Gabriel était impatient de prendre la place de Louis comme missionnaire en Chine. Son frère est souvent mentionné dans sa correspondance.

Après son arrivée sur le continent, Perboyre écrit des récits assez impressionnants sur ses nouvelles activités missionnaires. Il est évident qu'il aime le peuple chinois.29 Qui plus est, aujourd'hui, alors que nous mettons tellement l'accent sur l'inculturation, il est intéressant de noter les différentes façons par lesquelles il essaya de s'adapter à la vie chinoise. Tout d'abord, il prit l'allure et le costume du Chinois. "Si seulement vous pouviez me voir maintenant", écrit-il à son frère Jacques presque en riant, décrivant quel spectacle il offre avec sa tenue chinoise, sa tête rasée, sa longue natte et ses moustaches, et sa manière de manger avec des baguettes. Alors qu'il est sûr que certaines de ces adaptations étaient motivées par la nécessité pour les missionnaires de se dissimuler (depuis que la peine de mort était infligée aux Européens qui entraient en Chine illégalement 30), il est clair aussi que Perboyre désirait être "tout à tous", comme il le dit explicitement à Jacques.31 Il insistait sur le fait que les missionnaires devaient s'adapter aux coutumes chinoises et il faisait une remarque quand ils ne le faisaient pas.32 Il travailla dur pour apprendre la langue; et, de fait, il sentait qu'il réussissait honorablement à parler Chinois. Il affirme qu'il aimait l'étudier. II trouvait cette langue assez fascinante, avec ses tons et ses caractères. "Pour les Chinois", écrivait-il, "lire ou réciter c'est chanter".33

Perboyre était aussi convaincu de l'importance de former des missionnaires Chinois, jugeant qu'ils pouvaient avoir une influence significative sur leurs compatriotes.34 A Houpj, il organisa des conférences dialogues. La méthode était simple. Une semaine à l'avance, le sujet était annoncé; par exemple, une vertu, ou un devoir. Le dimanche suivant, il y avait jusqu'à dix laïcs qui prêchaient sur ce sujet. Il y avait de jeunes étudiants, des catéchistes, ou autres "Chrétiens intelligents." A la fin, le prêtre faisait quelques remarques pour conclure.35

Une mission typique durait de huit à quinze jours. Sa vie de missionnaire doit avoir été très occupée puisque, peu de temps avant sa capture, Perboyre dit à Monsieur Aladel, l'Assistant Général de Paris, qu'il avait donné 17 missions entre la fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie et la Pentecôte. Il parle avec grand enthousiasme de la première mission qu'il prêcha en chinois. Un confrère indigène, Jean Pe, l'accompagnait. Perboyre parle de Pe avec une profonde admiration, disant qu'il portait le fardeau des grosses prédications et qu'il avait d'admirables compétences pastorales.36

Ordinairement une mission se déroulait ainsi. Quand les missionnaires arrivaient dans la communauté, ils établissaient une liste exacte de tous les Chrétiens "grands et petits, bons et mauvais."37 Puis, ils faisaient réciter publiquement le catéchisme aux Chrétiens, en commençant par les enfants et continuant avec les adultes. Perboyre remarque que les gens agissent ainsi sans aucun embarras et que les parents n'hésitent pas à se faire aider par leurs enfants lorsqu'ils se trompent. Puis, il y avait des baptêmes, des confessions, des premières communions, des confirmations, des mariages et l'admission dans diverses confréries. En général, les missionnaires étaient accueillis dans les maisons des habitants. Ils mangeaient ce que les gens mangeaient, du riz habituellement.38

Perboyre remarque qu'il y avait quelquefois un très nombre de confessions. Il assure, en fait, que la plupart des Chinois aiment aller se confesser fréquemment.39

Il affirme que la vie des missionnaires en Chine était "toute apostolique,"40 remplie de difficultés et de dangers. Ils passaient les trois-quarts de l'année allant de village en village, prêchant, catéchisant, donnant les sacrements, vivant frugalement dans un pays où la plupart des Chrétiens eux-mêmes étaient pauvres.41

III. Amour pour la Communauté

"Je donnerais mille vies pour elle"42

Les lettres montrent clairement combien Perboyre était attaché à la Compagnie. Il rappelle à son cousin Gabriel combien ils doivent être reconnaissants à la Congrégation pour tout ce qu'elle leur a donné.43

L'un des thèmes qui revient le plus fréquemment dans ses lettres est combien Dieu bénit la petite Compagnie. Il voit dans la qualité de ses novices un signe des plans de Dieu sur la Compagnie pour l'avenir.44 Il désire ardemment que d'autres deviennent fils de saint Vincent 45. Il est convaincu que saint Vincent continue à attirer les bénédictions de Dieu sur la Congrégation.46

Ses lettres témoignent de sa chaleureuse affection envers ses amis dans la Communauté,47 en même temps que de sa capacité à critiquer avec simplicité ce qu'il considérait comme une erreur dans la Congrégation.48 Ce dernier trait lui valut quelques difficultés avec son supérieur, Jean-Baptiste Torrette, qui était son camarade de séminaire. Jean-Gabriel prend la peine de faire des excuses à Torrette qui lui avait écrit une lettre de reproche assez sévère. Mais, alors que Perboyre écrit une lettre d'excuse, il ne revient pas beaucoup sur le fond. Il a le sentiment que les missionnaires de Chine Continentale sont mal compris et que cela aiderait si, à Macao comme à Paris, il y avait quelqu'un qui ait une réelle expérience de la Chine Continentale. En ceci, j'imagine qu'il se faisait l'écho des sentiments de nombreux missionnaires!

Cependant, même avec ces incompréhensions, il se réjouissait de l'unité entre les missionnaires. Il dit à son cousin M. Caviole que, bien qu'ils viennent de différentes nations, ils travaillent en grande harmonie, "unis par les liens d'un même esprit, également zélés et infatigables à soutenir les mêmes travaux et à porter la même croix."49

IV. Dévotion à la Bienheureuse Vierge Marie

"Toute la terre est remplie de la miséricorde de Marie." 50

Dans la lettre dans laquelle il annonce à son oncle la bonne nouvelle de son envoi en Chine, il ajoute que ses supérieurs lui ont dit son affectation le jour de la Fête de la Purification, ce qui lui laisse croire, qu'il doit beaucoup, à cet égard, à la Bienheureuse Vierge.51 Dans les années qui suivirent, son amour pour Marie prit la forme de la dévotion à la Médaille Miraculeuse.

La lecture des lettres de Perboyre montre de façon évidente que lui-même et d'autres apportèrent la médaille en Chine très tôt après les apparitions de Paris et, à travers elle, développèrent la dévotion à Marie.52 Jean Gabriel connaissait très bien le Père Aladel, le directeur spirituel de Catherine Labouré. Il lui écrit en 1838, lui racontant avec enthousiasme les effets de la médaille en Chine.52

Déjà en 1833, alors qu'il était encore à Paris, il avait écrit à son oncle: "La médaille dont je vous ai parlé est celle qui, en 1830, fut révélée par la Ste Vierge à une séminariste des soeurs de la Charité."54 Il promet à son oncle de lui envoyer quelques médailles, disant que des milliers en avaient été distribuées en France et en Belgique et que de nombreux miracles, guérisons et conversions avaient eu lieu. Ses lettres à son frère Antoine et à son oncle durant les deux années suivantes font de fréquentes références aux médailles et aux miracles. Il envoie souvent des médailles à d'autres personnes pour qu'ils les distribuent et promet d'envoyer un compte-rendu des miracles.55

De Djakarta, il écrit au Supérieur Général, le Père Salhorgne, que, pendant une terrible tempête qui avait éclaté pendant leur voyage, alors que les vagues étaient comme des montagnes, les missionnaires priaient: "O Marie conçue sans péché." Il ajoute qu'à peine avaient-ils levé les mains vers l'Etoile de la Mer que la tempête s'apaisa.56

En Chine il fut un zélé propagateur de la Médaille Miraculeuse.57 Dans une lettre écrite peu avant sa capture,58 il parle d'une jeune femme qui lui avait été amenée d'une des communautés chrétiennes et qui était affligée depuis huit mois de troubles mentaux. Les gens lui dirent qu'elle avait un grand désir de se confesser. Bien qu'il doutait de l'utilité d'entendre sa confession, il le fit par compassion. Lorsqu'ils se séparèrent, il lui donna une Médaille Miraculeuse. A partir de ce jour-là, elle commença à aller mieux. Au bout de quatre ou cinq jours, elle était complètement transformée.

Une dernière réflexion

Ce n'est sûrement pas par hasard si ces quatre thèmes tiennent une si grande place dans les lettres qui nous restent de Perboyre. Ils sont tous importants dans la tradition qu'il avait reçue en tant que membre de la Famille Vincentienne et qu'il transmit aux autres, aussi bien comme directeur de séminaire en France, que comme missionnaire en Chine. Chacun de ces thèmes se trouve dans les Règles59 que saint Vincent donna à ses prêtres et frères, tout comme dans les actuelles Constitutions de la Congrégation.60

La dévotion à la Providence est, dans le fond, la foi en la présence attentive d'un Dieu personnel qui chemine avec chacun de nous, tout au long des expériences extraordinairement variées de la vie humaine: lumière et obscurité, grâce et péché, projet et rupture, paix et trouble, bonne santé et maladie, vie et mort.

L'amour pour la mission se trouve au coeur de l'expérience vincentienne: une profonde aspiration à suivre le Christ Evangélisateur et Serviteur des pauvres, en atteignant effectivement les plus démunis, les servant "spirituellement et corporellement," 61 "en parole et en acte."62

L'amour pour la Communauté se manifeste essentiellement par la fidélité à nos engagements et dans notre manière de vivre et de travailler les uns avec les autres "ainsi que font les amis intimes entre eux."63 Une de ses manifestations les plus claires est un esprit de reconnaissance pour tout ce que Dieu nous a donné dans et à travers la Compagnie, nous évitant ainsi la perpétuelle tentation d'ingratitude, "le crime des crimes," comme saint Vincent l'appelle.64

La dévotion à Marie s'exprime aujourd'hui de multiples manières - la célébration de ses fêtes, le rosaire, la Médaille Miraculeuse - mais, spécialement, ainsi que saint Vincent nous y exhortait, dans notre union avec elle dans l'écoute de la parole de Dieu. "Mieux que nul autre, déclare saint Vincent, elle en a pénétré la substance et montré la pratique."65

Si les canonisations sont pour nous, alors il est certain que ces quatre thèmes si frappants dans les lettres de Jean-Gabriel Perboyre, nous donnent beaucoup à réfléchir.

NOTES

1 Constitution Apostolique Divinus Perfectionis Magister, introduction

2 Je voudrais remercier le P. Emeric Amyot d'Inville, Sr. Ann Mary Dougherty, Sr. Alicia Muñoz et Mme Anna Carletti, qui m'ont aidé à analyser les thèmes des lettres de Perboyre. Sans leur aide cet article n'aurait pas été écrit.

3. Un total de 102 lettres ont été annotées et publiées par Joseph Van Den Brandt dans une édition très limitée à Pékin, en 1940.

4 Lettres, p.119

5 Lettres, p.101

6 Lettres p.107

7 Lettres, p. 116

8 Lettres, p. 116

9 Lettres, p. 172.

10 Lettres, p. 211

11 Lettres, p. 23

12 Lettres, p.41

13 Lettres p. 53

14 Lettres p. 258

15 Lettres p. 61

16 Lettres p. 98

17 Lettres p. 141

18 Lettres p. 214

19 Lettres p. 259

20 Lettres p. 260

21 Lettres p. 284

22 Lettres p. 211

23 Lettres p. 61

24 Lettres p. 185

25 Lettres p. 95

26 Lettres p. 119

27 Lettres p. 110

28 Lettres pp. 54-55

29 Lettres p.138 et p. 150

30 Lettres pp. 171-172

31 Lettres p. 145

32 Lettres p. 203-204

33 Lettres p. 223

34 Lettres p.175

35 Lettres pp.255-256

36 Lettres pp. 217-218

37 Lettres p. 237

38 Lettres p. 225

39 Lettres p. 282

40 Lettres p. 224

41 Lettres pp. 224-225; cf. p. 175

42 Lettres p. 123

43 Lettres p. 73

44 Lettres p. 81; aussi pp.88-89

45 Lettres p. 23

46 Lettres p. 81

47 Cf. Lettres p. 127, 133, 155, 209, 230, 241

48 Lettres p. 269

49 Lettres p. 254

50 Lettres p. 281

51 Lettres p. 95

52 Quand j'ai visité la Chine continentale, il y a plusieurs années, j'ai été surpris de voir que, presque cinquante après la prise de pouvoir par les communistes, tant de signes visibles de dévotion à Notre Dame de la Médaille Miraculeuse subsistaient. Je vois maintenant clairement, après la lecture de Perboyre, combien rapidement la médaille s'implanta dans ce pays et s'y propagea.

53 Lettres p. 281

54 Lettres p. 69

55 Lettres pp. 76, 79, 83, 85, 89 et 94

56 Lettres p. 100

57 Lettres pp. 165, 198

58 Lettres p. 281

59 Règles Communes II, 3; I, 1 et XI, 10; VIII, 1- 2; X, 4

60 Constitutions 6, 10,19-25, 49

61 SV IX, 59; IX 593; XI, 364; XI, 592

62 SV XII, 87

63 Règles Communes, VIII, 2

64 SV III, 37

65 SV XII, 129