Rapport de l'Assistant Général pour les Missions

Rapport de l'Assistant Général

pour les Missions

Par Victor Bieler, C.M.

Assistant Général

La Mission dans la Congrégation

Les missions Ad Gentes sont mentionnées dans nos Constitutions et Statuts, C.16, S. et S.6. En fait la plupart de nos provinces ont effectivement des missions ad gentes en dehors de leur propre pays, mais plusieurs de nos provinces ont également des missions ad gentes dans leurs pays. Je pense ici à la Colombie, Fortaleza, Costa Rica, l'Inde, l'Indonésie, l'Erythrée. Beaucoup de provinces qui n'ont pas ou n'ont plus de missions ad gentes et envoient de l'aide pour celles qui en ont et ainsi vivent en accord avec nos Constitutions et Statuts.

Les missions que j'ai visitées.

Durant les six dernières années j'ai visité nos confrères engagés dans la mission ad gentes dans trois continents:

- En Afrique: le Cameroun, le Congo l'Erythrée, Madagascar, le Nigéria et la Tanzanie.

- En Amérique: El Alto en Bolivie, Fortaleza au Brésil.

- En Asie et dans le Pacifique: la Chine, l'Inde, l'Indonésie, les Îles Fidji, les Îles Salomon et Taiwan.

Chaque continent possède ses caractéristiques propres, ses difficultés et problèmes communs et il en est de même pour chaque province, vice-province et région.

Problèmes et difficultés.

Il n'est pas possible, bien sûr, de donner une évaluation objective du travail réalisé par les confrères dans les missions ad gentes. Quel critère pourrait être utilisé pour estimer l'efficacité des méthodes utilisées et comment pouvons-nous mesurer les résultats accomplis par nos confrères en tant qu'évangélisateurs des pauvres ?

D'une manière générale je peux dire que, dans ces missions, les confrères travaillent avec des personnes qui souffrent de grande pauvreté, d'instabilité, d'insécurité et de communications difficiles, du fait de la situation sociale, politique et économique dans leur pays. D'une manière générale, nos confrères méritent notre admiration pour leur courage, leur zèle, leur mortification, leurs sacrifices et leur grande générosité. Ayant été moi-même missionnaire, je sais ce que signifie la vie missionnaire.

Dans ces missions, nos confrères ont à vivre de nombreuses tensions du fait des situations politiques, sociales et économiques qui sont loin d'être favorables pour répandre ou approfondir la foi, sans parler des difficultés qui viennent du fait que des confrères appartiennent à des groupes de milieux socio-culturels différents.

Dans ces missions nous avons un bon nombre de candidats qui désirent devenir membre de notre Congrégation. D'un autre côté le nombre de formateurs est faible, et beaucoup parmi eux ne sont pas qualifiés comme ils le devraient. Le grand nombre de soi-disant formateurs sont en réalité des enseignants de matières ecclésiastiques. Cependant, être un bon enseignant ne veut pas dire nécessairement être un bon formateur.

Il faut remarquer que plusieurs des maisons de formation que j'ai vues dans les missions sont de belles bâtisses avec du terrain entourant de grands bâtiments. Je me sens toujours mal à l'aise en voyant de tels bâtiments. Ne contribuent-ils pas à séparer nos candidats du peuple et spécialement des pauvres. D'un autre côté, il est presque impossible aujourd'hui pour une bonne formation de ne pas avoir certains équipements à notre disposition. Dans la plupart des maisons de formation la nourriture est simple mais bonne, meilleure que dans une famille de classe moyenne dans le pays, sans parler des voitures et du confort comme l'électricité et l'eau courante. Pouvons nous faire à moins? Dans la plupart des maisons de formation il y a, certes, des bibliothèques avec des livres et magazines, mais elles ne sont pas de première qualité.

Un autre problème est que la plupart de nos provinces en Afrique et en Asie n'ont pas beaucoup de ressources financières, et ne bénéficient pas d'un important patrimoine dans leur pays. Jusqu'à maintenant, ils ont été capables de survivre grâce à l'aide de l'étranger. Dans un certain sens, ils doivent partir de zéro. Les bienfaiteurs dans le tiers-monde ne sont pas très riches comparés à ceux des pays développés. Il peut y avoir un nombre important de Catholiques qui vont à l'Eglise, mais les quêtes ne donnent pas assez pour les dépenses liées à la vie des missionnaires. La plupart de ces missions peuvent fonctionner grâce aux intentions de messes venant de l'étranger, et ces intentions sont en très forte diminution. Une telle situation pourrait être une raison expliquant que, dans les consultations pour la nomination du Visiteur, beaucoup de confrères autochtones souhaitent avoir un Visiteur expatrié, dans l'espoir que de cette façon l'aide financière ne tarira pas.

Les provinces plus anciennes ont accumulé des ressources pendant de nombreuses années. Les provinces du Tiers-Monde commencent tout juste. Elles ne bénéficient pas du soutien d'une économie développée. L'attention pour de telles missions va en diminuant. Cela est dû au fait qu'il n'y a plus beaucoup de missionnaires de l'étranger. Les bienfaiteurs sont disposés à aider ceux de leur propre région. Ce n'est pas le peuple évangélisé qui est l'objet principal et direct de leur aide.

Mais il y a encore un problème plus important: le problème de l'inculturation. Spécialement en Afrique, les autochtones recherchent leur propre identité. Reçoivent-ils une aide suffisante de la part de leurs frères expatriés à cet égard? Dans ce processus d'inculturation, il est facile d'être mis sur la touche par des ressentiments et des antipathies. Je suis conscient que ce que je dis pourrait être considéré comme une accusation. Ce n'est pas le cas. Il s'agit seulement de faire état d'un fait. Plus encore, nous devrions garder en mémoire qu'être un missionnaire, après Vatican II, signifie que nous sommes invités par les Églises locales pour les aider dans leurs besoins. En d'autres termes, nous sommes des “invités”, certainement non payant et non payés, mais très honorés, considérés comme des amis. Mais néanmoins nous sommes des invités et nous ne devrions jamais nous imposer à nos hôtes.

Que faudrait-il faire?

On nous demande une grande générosité, parce que les aides en personnel et en argent sont les moyens les plus importants pour aider les missions.

La congrégation apportera une aide si des confrères d'autres provinces, bien qualifiés comme formateurs, acceptent d'apprendre une nouvelle langue et de venir aider pendant quelques années aider les provinces qui en ont besoin. Une province pourrait offrir le personnel d'un centre de formation, ou former des équipes tournantes qui iraient de province en province pour donner des sessions d'études vincentiennes, des séminaires de formation, etc. La formation de nos candidats devrait retenir toute notre attention, mais il faudrait pour cela faire davantage au niveau de la formation des formateurs. Si nous ne pouvons pas faire tout en même temps pendant une année ou plus, il nous faut chercher d'autres manières de faire. Il est possible, par exemple, de faire chaque année des sessions régulières de deux semaines pour les formateurs en Afrique, en Amérique Latine et en Asie. Il est également possible de former des équipes intervenantes qui iraient de province en province pour faire des sessions.

Ce serait très intéressant si nous pouvions permettre à nos formateurs dans le tiers monde de se rassembler chaque année pour réfléchir à leur travail, et de cette façon de se former eux- mêmes et de créer des liens d'amitié.

Il est vraiment nécessaire d'intensifier le processus d'inculturation de la spiritualité vincentienne. Cela est, bien sûr, très difficile et nécessite beaucoup d'étude et de prière. Mais le plus important c'est de mettre vraiment le processus en route, de pas attendre plus longtemps, car c'est très urgent.

Il faudrait plus d'argent pour les missions, non seulement pour la formation au sens strict du terme, mais aussi pour des constructions qui sont nécessaires pour la formation. De l'argent aussi pour les paroisses et les écoles, parce que c'est à partir d'elles que nous avons des vocations. Si nous n'accentuons pas nos efforts pour évangéliser les pauvres, nous pourrions perdre nos chances par rapport à l'avenir. En fait, il y a toute une infrastructure qui doit être changée.

Remercions le Seigneur qui nous donne l'occasion d'être des agents de changement dans une période de développements rapides et continuels.

(Traducteur: Noël Kieken, C.M.)