Spiritualité mariale et charisme vincentien

Spiritualité mariale et charisme vincentien

par Corpus Delgado, C.M.

Province de Saragosse

13.VII.2002

Introduction

J'ai jugé bon de centrer notre travail sur deux axes qui constituent les deux parties de cette présentation.

1.- Dans le charisme vincentien, quelles sont les sources inspiratrices de la spiritualité mariale ?

2.- Comment donner forme aujourd'hui, à une spiritualité mariale vivante dans les Associations de laïcs vincentiens ?

Préalablement, je vais énoncer quelques réflexions sur le concept de la spiritualité mariale.

Spiritualité mariale

Le P. Robert Maloney décrit ainsi la spiritualité : C'est, d'une part, la manière personnelle de chacun d'être relié à Dieu et, d'autre part, la manière personnelle de chacun d'entrer en relation avec la création. C'est l'inspiration, comme source d'action. C'est une vision qui est source de dynamisme et qui la canalise dans une direction particulière, permettant ainsi à l'être humain de se dépasser. Pour le chrétien, c'est une façon de voir le Christ et d'être uni à lui, qui l'amène à se mettre généreusement au service du Royaume.

La spiritualité exprime la relation à la vie selon l'Esprit, à la suite du Christ, à une nouvelle façon d'être et de vivre dans le Seigneur.

Par conséquent, parler de spiritualité mariale ne revient pas à revoir les pratiques de dévotion à la Vierge Marie. Parler de spiritualité mariale, c'est trouver en Marie l'inspiration pour suivre le Christ. Car le christianisme ne consiste pas en des formules, en une idéologie ou en des concepts. Il s'agit principalement de don, de présence, d'expérience, de vie. La figure de Marie est interpellation et inspiration pour incarner les attitudes et les valeurs chrétiennes. Marie nous est proposée comme la disciple du Christ la plus parfaite et la première chrétienne, par ses attitudes, parce que dans les conditions concrètes de sa vie, elle a adhéré totalement et librement à la volonté de Dieu, elle a accueilli la parole et l'a mise en pratique, elle a été inspirée dans son action par la charité et l'esprit de service : en résumé, elle fut la première et la plus parfaite disciple du Christ. Tout cela a une valeur universelle et permanente.

Marie est la parfaite incarnation de la spiritualité chrétienne. Maîtresse de vie spirituelle, selon l'expression de Paul VI. Dans ce sens, l'Église l'appelle modèle du chrétien et modèle de l'Église : Selon l'enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ. Ainsi Marie, fille d'Adam, donnant à la parole de Dieu son consentement, devint Mère de Jésus et, épousant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l'œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption. Marie est la parfaite disciple de Jésus, elle le suit depuis l'annonce de l'ange jusqu'au pied de la croix. Cette union de Marie avec son Fils dans son œuvre du salut est manifestée dès l'heure de la conception virginale du Christ jusqu'à sa mort. Marie s'est laissé conduire par l'Esprit, sans réserve : elle était remplie de l'Esprit Saint ; sa vie a été une vie dans l'Esprit.

Au sein de l'Église, la spiritualité mariale a fleuri spontanément dès les premiers siècles. Les chrétiens des différentes époques ont proposé des formes, des motifs et des expressions en accord avec les particularités de chaque période. Marie est une grâce qui nourrit continuellement la vie spirituelle des fidèles. Il en est de même pour la Famille Vincentienne. C'est pourquoi il est indispensable de nous approcher des sources inspiratrices de la spiritualité mariale dans le charisme vincentien et voir, dans un deuxième temps, comment nous pouvons promouvoir, au sein des associations vincentiennes, une spiritualité mariale qui soit vivante pour aujourd'hui.

I. Les sources inspiratrices de la spiritualite mariale

dans le charisme vincentien

Nous n'allons pas nous attarder, en ce moment, sur le contenu et la portée de l'expression charisme vincentien. Permettez-moi de vous rappeler trois précisions utiles pour notre travail.

  1. Nous entendons par charisme vincentien le don de l'Esprit suscité par Dieu dans son Église à Vincent de Paul et Louise de Marillac ; don de l'Esprit partagé par tous ceux et celles qui les suivent dans les différentes institutions et associations surgies sous leur inspiration et qui s'efforcent de le vivre, de le garder, de l'approfondir et de le développer constamment en harmonie avec le Corps du Christ qui est en croissance permanente »

  2. Bien que le mot vincentien vienne étymologiquement du nom Vincent (Vincentius), nous ne pouvons pas seulement référer la particularité du charisme vincentien à la personnalité de Vincent de Paul. Il ne peut se comprendre sans la contribution originale de Louise de Marillac. Plus on étudie la relation entre Vincent de Paul et Louise de Marillac, plus il est difficile d'attribuer à un seul les inspirations du charisme vincentien.

  3. La configuration du charisme vincentien ne correspond pas d'une manière exclusive à l'époque des Fondateurs. Le charisme est une réalité dynamique, recréée à chaque époque, approfondie et enrichie constamment par la vitalité des réponses de chaque personne, chaque communauté et chaque association en fidélité à l'Esprit.

Ces précisions étant formulées, nous allons nous centrer à présent sur notre thème. Dans le charisme vincentien, quelles sont les sources inspiratrices de la spiritualité mariale ?

Je vais en développer quatre : 1. La vie de Marie, telle que l'Évangile nous la raconte. 2. La foi de l'Église qui nous montre Marie comme son membre le plus éminent. 3. L'expérience de Vincent de Paul et de Louise de Marillac. 4. L'expérience de la FV à partir des manifestations à Catherine Labouré. Bien qu'appartenant à des domaines différents, je crois que c'est à ces sources que la FV puise sa spiritualité.

1. La vie de Marie

À l'époque de saint Vincent et de sainte Louise, à celle des manifestations à Catherine Labouré, ainsi que de nos jours, l'authentique spiritualité mariale doit se nourrir de la rencontre personnelle et sincère avec Marie, à partir du contact constant avec l'Évangile : Nous voudrions enfin souligner que notre temps, comme les précédents, est appelé à vérifier par la parole de Dieu sa propre connaissance de la réalité et… à confronter ses conceptions anthropologiques et les problèmes qui en découlent avec la figure de la Vierge, telle qu'elle est proposée dans l'Évangile .

Les textes du Nouveau Testament sur Marie ne sont pas nombreux. Dans les épitres, nous ne trouvons qu'un passage, celui de Gal 4,4. Il y a aussi une référence dans les Actes des Apôtres en 1,14. Deux allusions dans l'Évangile de Marc : 3,31-35 et 6,3. Deux scènes dans l'Évangile de Jean : 2,1-12 ; 19,26-27. Les détails les plus abondants sont repris par les Évangiles de l'enfance : Mt 1-2 ; Lc 1-2.

Le « kérygme » primitif est centré sur l'événement de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ sans aucune référence directe à Marie. Mais l'ensemble du Nouveau Testament reconnaît la fonction de Marie comme mère et modèle dans l'histoire du salut, méritant d'être louée et accueillie.

  1. Marie dans l'histoire du salut

Le rôle de Marie dans l'histoire du salut peut être présenté à travers deux expressions que nous trouvons dans l'Évangile de Luc :

  • Servante du Seigneur (Lc 1,38). Marie est l'instrument choisi par Dieu pour l'accomplissement de ses desseins, demeurant fidèle à sa mission d'une manière inconditionnelle.

  • Bénie entre les femmes (Lc 1,42). Marie n'est pas simplement la préférée parmi ses contemporaines. La bénédiction montre la participation aux biens messianiques et une contribution à l'œuvre du salut. Cela ne peut être réduit à la mise au monde du fruit de ses entrailles, mais implique, à la lumière des épisodes de l'Ancien Testament où il est question d'actions libératrices, toutes les conséquences que comporte le fait d'être la mère du messie libérateur.

La mission de Marie dans l'histoire du salut peut être approfondie également à partir de la prophétie de Siméon (Lc 2,35), de la scène du recouvrement de Jésus au Temple (Lc 2,48) ou des deux épisodes de l'Évangile de Jean relatifs à « l'heure » (Jn 2,1-12 et Jn 19,26-27).

  1. Marie, modèle pour le peuple de Dieu

Durant la vie publique de Jésus, les Évangiles nous présentent Marie comme la mère qui devient disciple (Lc 8,19-20 ; 11,28).

Ce sont les évangélistes Luc et Jean, surtout, qui nous présentent les traits de la personnalité de Marie comme parfaite chrétienne et modèle pour tout le peuple de Dieu, pour l'Église. Toutes les dimensions spirituelles caractéristiques de la ligne mystique des pauvres de Yahvé dans l'Ancien Testament, qui seront approuvées ultérieurement par les Béatitudes évangéliques, se concentrent en Marie et constituent son portrait spirituel : pauvreté (Lc 1,48), service (Lc 1,38, 48 ; Jn 2,5), crainte de Dieu (Lc 1,29, 50), conscience de sa propre fragilité (Lc 1,52), sens de la justice (Lc 1,35), solidarité avec le peuple de Dieu (Lc 1,52-55), joie (Lc ,28, 47), ouverture et disponibilité au dessein de Dieu (Lc 1,35, 51), confiance dans la réalisation des promesses de Dieu fidèle et miséricordieux (Lc 2,19, 51). Toutes ces attitudes montrent la profondeur de la religion de Marie en harmonie avec la dévotion biblique de l'Ancien Testament. Le cantique du Magnificat est le chant des pauvres, réunis de tous les points de l'histoire biblique, du vrai et spirituel Israël, héritier des bénédictions messianiques. Il présente Marie comme la fille de Sion, le « petit reste » de la communauté d'Israël qui est arrivé à la perfection, prêt à accueillir la joie messianique et à réaliser la présence salvifique de Dieu au milieu de l'humanité.

  1. Marie, digne d'être louée

L'Évangile de Luc invite les chrétiens à louer Marie : Désormais toutes les générations me diront bienheureuse (Lc 1,48) ; à s'unir à Israël pour l'appeler « bénie » (Lc 1,42), reconnaissant en elle l'action de Dieu qui l'a choisie pour participer d'une manière décisive à son plan de salut.

  1. Marie, accueillie comme mère

L'Évangile de Jean invite tous ceux qui suivent Jésus à accueillir Marie comme Mère : « De cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui » (Jn 19,27). Quant au disciple de Jésus, l'accueil de sa Mère, dans la foi, se trouve parmi tous les biens, toutes les choses qui découlent du fait d'être en communion avec Lui.

Comme nous le voyons, le Nouveau Testament nous procure les éléments essentiels pour façonner la spiritualité mariale : La lecture des divines Écritures, faite sous l'influence de l'Esprit-Saint et sans oublier les acquisitions des sciences humaines et les situations variées du monde contemporain, conduira à découvrir que Marie peut être considérée comme le miroir reflétant les espérances des hommes de notre temps.

2. La foi de l'Église

L'Église est le sacrement du Christ et de ceux qui le suivent. C'est le lieu primordial et le plus authentique de la rencontre avec le Père. L'Église est la patrie, le lieu privilégié où se trouve et agit l'Esprit-Saint.

À toutes les époques de l'histoire, réapparaît la tentation d'un christianisme et d'une spiritualité sans l'Église et sans l'expérience qu'elle nous offre. Néanmoins, c'est le critère de la communauté ecclésiale qui confronte notre expérience chrétienne personnelle avec l'Évangile et avec la pratique de Jésus, pour qu'elle ne soit ni sectaire ni subjective. C'est aussi la communauté ecclésiale qui met à notre portée la grande tradition spirituelle du christianisme et nous propose des témoins vivants qui suivent Jésus, suscités par l'Esprit-Saint. C'est dans la célébration commune de la foi, dans l'approfondissement de la Parole de Dieu, dans la réponse partagée des engagements chrétiens, que la communauté ecclésiale guide ses membres à vivre en Dieu, en s'entraidant.

Le Concile Vatican II consacre le chapitre VIII de la Constitution Lumen Gentium à Marie : La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l'Église. « Comme c'est le fruit de deux tendances, la présentation que ce chapitre fait de Marie est très belle, positive, équilibrée, biblique, œcuménique et ecclésiale. Vraiment, il est difficile d'écrire avec un plus grand fondement des Écritures, une plus grande solidité théologique et une plus grande onction. On y souligne le rôle incomparable de Marie dans l'histoire du salut mais toujours en relation avec le Christ et l'Église ».

Paul VI publie en 1974 l'Exhortation Apostolique Marialis Cultus. Il actualise la doctrine du Vatican II sur la Vierge, clarifie la relation essentielle de la Vierge avec le Sauveur et signale les lignes de la spiritualité et le culte marials, proposant Marie comme modèle : la Vierge qui écoute, la Vierge qui prie, la Vierge qui offre, la Vierge Mère.

Jean Paul II publie en 1987 l'encyclique Redemptoris Mater pour promouvoir une lecture nouvelle et approfondie de ce que le Concile a dit sur la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l'Église… Il s'agit ici non seulement de la doctrine de la foi, mais aussi de la vie et donc de l'authentique `spiritualité mariale'.

Une authentique spiritualité mariale doit aller puiser à cette source qui est la foi de l'Église, constamment pensée et reformulée dans les documents de son magistère. Il n'est pas possible de construire une spiritualité mariale authentique en marge ou en dehors de l'Église et moins encore contre elle.

3. L'expérience de Vincent de Paul et de Louise de Marillac

Pour nous qui faisons partie de la FV, l'expérience de Vincent de Paul et de Louise de Marillac doit être une référence permanente. C'est à nous de vivre, de garder, d'approfondir et de développer constamment le charisme vincentien. Approchons de leur expérience. Cette expérience devra inspirer notre spiritualité mariale.

3.1. L'expérience de Vincent de Paul

A. Dodin, écrit que par rapport à la mariologie de son époque, saint Vincent semble avoir été le parent pauvre de la famille.

L'époque de saint Vincent est caractérisée, notamment, par la réaction des catholiques face aux réformés. C'est pourquoi furent multipliées les manifestations, parfois exagérées, de dévotion à la Vierge Marie. Louis XIII consacra le Royaume de France à la Vierge en 1638 ; Anne d'Autriche confia au frère Fiacre l'accomplissement de plusieurs commissions de dévotion comme les pèlerinages aux centres marials, des cadeaux, etc. Les théologiens et les maîtres de vie spirituelle développent aussi d'abondants traités qui favorisent la dévotion à la Vierge et la reconnaissance de ses privilèges. Quant au niveau populaire, se développent également de nombreuses confréries, surtout celles du Rosaire, les pèlerinages et autres pratiques de dévotion.

Dans ce contexte, la sobriété de la pensée et des manifestations de Vincent de Paul par rapport à la Vierge attire notre attention. Dans les plus de 8 000 pages qui occupent ses lettres et conférences, nous ne rencontrons que deux cents références à la Vierge : Vincent de Paul parle de la Vierge seulement en passant, en des termes classiques et en utilisant un ton modéré.

En 1660, Vincent de Paul célèbre sa première Eucharistie à Notre Dame de Remouille. Il attribue à la Vierge Marie sa libération de l'esclavage. En 1623 fait un pèlerinage avec sa famille à Notre Dame de Buglose. En 1639 il participe aussi à un pèlerinage à Chartres. Habituellement il finit ses lettres par cette phrase en l'amour de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère.

Dès la fondation de la première Confrérie de la Charité à Châtillon-les-Dombes en 1617, il propose Marie comme patronne : Et pour ce que la Mère de Dieu étant invoquée et prise pour patronne aux choses d'importance, il ne se peut que tout n'aille à bien et ne redonde à la gloire du bon Jésus son Fils, les dites dames la prennent pour patronne et protectrice de l'œuvre et la supplient très humblement d'en prendre un soin spécial. Nous trouvons des références semblables dans les règlements des Confréries qui vont s'établir par la suite .

Il accepta que la Compagnie des Filles de la Charité soit consacrée à la Vierge Marie, qui sera considérée comme Mère de la Compagnie. Il exhorte les Sœurs à porter le chapelet et à dire le chapelet et l'angélus. Il recommande aux missionnaires une dévotion particulière à la Sainte Vierge : …un culte spécial à la Bienheureuse Vierge Marie. Nous nous efforcerons de le réaliser à la perfection avec l'aide de Dieu : 1º en honorant tous les jours, d'une dévotion particulière, la très noble mère du Christ et notre mère ; 2º en imitant ses vertus dans la mesure de nos forces, surtout l'humilité et la chasteté ; 3º en encourageant les autres avec zèle chaque fois que l'occasion se présentera, à l'honorer aussi, constamment, largement et, à la servir avec dignité.

Mais Vincent de Paul déconseille la sensiblerie et les excès dans les manifestations d'amour pour la Vierge Marie. Il écrit au P. Lambert : Vous ferez bien de vous débarrasser de cette fille et de lui conseiller de ne se pas amuser à toutes ces vues qu'elle a… Notre-Seigneur ni la sainte Vierge n'avaient point toutes ces vues et s'ajustaient à la vie commune.

Vincent de Paul propose Marie comme modèle : l'exemple de la sainte Vierge vous doit servir, prions la sainte Vierge, qui, mieux que nul autre, en a pénétré la substance (des maximes évangéliques) et montré la pratique. Dans ses conférences et dans ses lettres, apparaissent plusieurs qualités de Marie à imiter : elle est obéissante à la volonté de Dieu, modeste, discrète, sans péché, humble, parfaite, pleine de grâce, pauvre, persévérante, vierge, servante du Seigneur….

Vincent fixe son attention sur trois événements, trois mystères de la vie de Marie : l'Immaculée Conception, l'Annonciation, la Visitation. Ces trois mystères constituent le point d'appui, la lettre et l'esprit des pas fondamentaux de sa progression vers le Christ et de sa vie avec Dieu. La contemplation que Vincent de Paul fait de Marie se situe dans le centre même de l'univers spirituel : se donner à Dieu pour le servir dans les pauvres.

  1. L'Immaculée Conception

Saint Vincent voit dans le mystère de l'Immaculée Conception la Vierge humble et chaste, vidée d'elle-même, pour pouvoir accueillir Dieu et se laisser remplir par Lui. Ce sont des attitudes fondamentales pour tous ceux qui veulent se vider d'eux-mêmes et se revêtir de l'esprit de Jésus-Christ : Il (Dieu) prévit donc que, comme il fallait que son Fils prît chair humaine par une femme, qu'il était convenable qu'il la prît par une femme digne de le recevoir, femme qui fût illustrée de grâces, vide de péchés, remplie de piété et éloignée de toutes mauvaises affections. Il se ramena donc déjà pour lors devant les yeux toutes les femmes qui devaient être et n'en trouva pas une digne de ce grand ouvrage que la très pure et très immaculée Vierge Marie. C'est pourquoi il se proposa donc de toute éternité de lui disposer ce logis, de l'orner des plus rares et dignes biens que pas une créature, afin que ce fût un temple digne de la divinité, un palais digne de son Fils. Si la prévoyance éternelle a jeté la vue si loin pour découvrir ce réceptacle de son Fils et, l'ayant découvert, l'a orné de toutes les grâces qui pouvaient embellir la créature, comme il le fit lui-même déclarer par l'ange qu'il lui envoya pour ambassadeur, à combien plus forte raison devons-nous prévoir le jour et la disposition requise à le recevoir.

Accueillir Dieu, se remplir de Dieu, se revêtir du Christ, se vider de soi-même, comme l'Immaculée, tel est le premier événement que Vincent de Paul souligne dans la Vierge Marie.

  1. L'Annonciation

L'humilité prépare et soutient l'offrande à Dieu. Connaître Dieu et le reconnaître comme le seul Seigneur, se savoir petit devant Lui, se donner à Lui pour servir le prochain, pour réaliser son œuvre, c'est le deuxième mouvement que Vincent découvre en Marie, dans son Annonciation : Il faut reconnaître l'essence et l'existence de Dieu et avoir quelque connaissance de ses perfections avant de lui offrir un sacrifice ; cela est naturel, car, je vous le demande, à qui offrez-vous des présents ? Aux grands, aux princes et aux rois ; c'est à ceux-là que vous rendez vos hommages. C'est si véritable que Dieu a observé le même ordre dans l'Incarnation. Quand l'ange alla saluer la sainte Vierge, il commença par reconnaître qu'elle était remplie des grâces du ciel : Ave, gracia plena ; Madame, vous êtes pleine et comblée des faveurs de Dieu ; Ave, gracia plena. Il la reconnaît donc et la loue pleine de grâces. Et ensuite que lui fait-il ? Ce beau présent de la seconde personne de la Sainte Trinité ; le Saint-Esprit, ramassant le plus pur sang de la sainte Vierge, en forma un corps, puis Dieu créa une âme pour informer ce corps, et aussitôt le Verbe s'unit à cette âme et ce corps par une admirable union, et ainsi le Saint-Esprit opéra le mystère ineffable de l'Incarnation. La louange précéda le sacrifice.

Comme Marie dans l'Annonciation, nous devons nous donner à Dieu pour réaliser son œuvre. Il est donc dit que l'on cherche le royaume de Dieu. Que l'on cherche, ce n'est qu'un mot, mais il me semble qu'il dit bien des choses ; il veut dire de nous mettre en sorte que d'aspirer toujours à ce qui nous est recommandé, de travailler incessamment pour le royaume de Dieu, et non pas demeurer en un état lâche et arrêté…Cherchez, cherchez, cela dit soin, cela dit action.

  1. La Visitation

Vidés de nous-mêmes et donnés à Dieu, notre vie est au service des pauvres : Vous vous êtes donnés à Dieu pour le service des pauvres. Saint Vincent découvre dans la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth ce troisième mouvement du chemin spirituel. Il propose cette promptitude de Marie dans la Visitation comme le modèle pour le service des pauvres : Elles honoreront la visite de la sainte Vierge allant visiter sa cousine allégrement et promptement. Ainsi, il déduira les applications concrètes pour la vie de la Fille de la Charité : La Compagnie des Filles de la Charité est établie pour aimer Dieu, le servir et honorer Notre-Seigneur, leur patron, et la sainte Vierge. Et comment l'honorerez-vous ? Votre règle l'ajoute, en continuant de vous faire connaître le dessein de Dieu en votre établissement : «Pour servir les pauvres malades corporellement, leur administrant tout ce qui leur est nécessaire ; et spirituellement, procurant qu'ils vivent et meurent en bon état.

Quel que soit le chemin que nous prenions, Monsieur Vincent nous conduit indéfectiblement vers les pauvres. Notre vie, comme celle de Marie, est toute donnée à Dieu pour le servir dans les pauvres.

3.2. L'expérience de Louise de Marillac

Contrairement à saint Vincent, la présence de Marie dans la correspondance et les écrits de sainte Louise est riche, abondante et, parfois même mise d'une façon systématique.

3.2.1. La grande dignité de Marie

Nous avons quelques écrits de sainte Louise où elle a noté les fruits de ses méditations et de ses réflexions sur la grande dignité de la Vierge Marie. Elle présente Marie comme :

  1. Collaboratrice de Dieu dans l'Incarnation : « Le Fils de Dieu ayant pris un corps humain au ventre de la Sainte Vierge ».

  2. Très unie au Christ Jésus, qui vit en elle : « un plus grand amour à son Fils et une plus forte liaison à sa divinité humanisée ».

  3. Participant au mystère de Dieu en Jésus-Christ.

  4. Pleine de grâce.

  5. Mère de Miséricorde.

  6. Mère de Grâce.

  7. Collaboratrice, au pied de la croix, dans la Rédemption.

3.2.2. La Vierge Marie, conçue sans péché, Immaculée

Une des réflexions de sainte Louise est centrée sur le mystère de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Il s'agit d'une réflexion très développée et élaborée. Sainte Louise a voulu noter et structurer ses pensées sur l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Elle nous assure, dès le commencement de son développement qu'elle se propose de les écrire « entièrement ». L'Église n'a pas encore proclamé le Dogme de l'Immaculée Conception (elle le fera le 8 décembre 1854) lorsque sainte Louise écrit ce texte, mais on célèbre déjà cette fête qui est très enracinée dans le peuple. Le texte de sainte Louise reprend, à la perfection, ce que l'Église enseignera par la suite unanimement, sur l'Immaculée Conception.

    • On comprend l'Immaculée Conception à partir du Plan Salvifique de Dieu, de son Dessein d'Amour.

    • Marie n'a pas cessé d'appartenir à la descendance d'Adam, par le fait d'avoir été conçue sans péché, mais elle a été préparée pour être la digne demeure du Fils de Dieu.

    • Marie, conçue sans péché, répond par une vie saine à l'élection de Dieu et, étant pleine de grâce, elle continue de croître dans la grâce.

    • Ayant été conçue sans péché, Marie est libre de la concupiscence qui incline au péché.

    • Nous, pécheurs, devons imiter la vie de Marie, l'honorer pour sa grande dignité et demander son intercession car personne n'est aussi unie au Christ qu'Elle.

Cela vaut la peine de lire lentement le texte de sainte Louise et de découvrir le sérieux de son exposé et la richesse de ses intuitions. Cela peut être très suggestif pour la spiritualité mariale dans le charisme vincentien.

3.2.3. Marie, idéal de vie

Sainte Louise de Marillac découvre et propose la Vierge Marie comme idéal de vie.

  1. Modèle de tous les états de vie .

  2. Modèle d'accomplissement de la volonté de Dieu .

  3. Modèle de pauvreté .

  4. Modèle de pureté .

3.2.4. La dévotion à la Vierge Marie

  1. En quoi consiste la dévotion à la Vierge Marie ?:

Il y a un texte de sainte Louise qui synthétise parfaitement en quoi consiste la dévotion à la Vierge Marie. C'est un traité systématique qui peut nous éclairer aujourd'hui.

Tous les chrétiens doivent :

    • avoir un grand amour pour la sainte Vierge Marie.

    • célébrer les fêtes en son honneur, dans la liturgie de tous les jours.

    • imiter ses vertus.

    • choisir quelques « petites pratiques » de dévotion à Marie.

  1. Les « petites pratiques » de dévotion de sainte Louise en honneur de la Vierge

En plus des réflexions et des méditations sur la Sainte Vierge, nous trouvons aussi dans la correspondance et dans les écrits de sainte Louise, des traces très claires de ses petites pratiques de dévotion en l'honneur de la Vierge Marie. Rappelons les plus importantes :

1. Sainte Louise a écrit une prière d'Offrande à la Vierge, se mettant elle-même et son fils sous la protection de Marie, après la mort de son époux, M. Antoine Le Gras.

2. Dans son Règlement de vie dans le monde, sainte Louise énumère plusieurs pratiques de dévotion en l'honneur de la Vierge Marie :

    • L'Office de Notre Dame

    • Un demi-quart d'heure d'oraison, à midi, pour honorer l'instant de l'Incarnation du Verbe au ventre sacré de la Sainte Vierge.

    • Tous les jours, la troisième partie du Rosaire en méditant un de ses mystères.

    • Le renouvellement de ses vœux et bonnes résolutions tous les premiers samedis du mois, et ce le samedi, en témoignage de ce qu'elle a pris la Sainte Vierge …pour être sa protectrice.

    • La prière de l'Ave honorant la Sainte Vierge

    • Le jeûne toutes les veilles des fêtes de la Vierge.

3. Dans le catéchisme rédigé par sainte Louise, elle explique et recommande la prière de l'Ave Maria et du chapelet.

4. Dans une lettre à l'abbé de Vaux, sainte Louise donne son avis sur la façon dont une Sœur peut prier le chapelet : Je vous dirai donc. Monsieur, pour la dévotion de notre Soeur Magdeleine que je crois qu'elle pourrait facilement dire le jour deux dizaines de son chapelet, qui ferait le Rosaire, en disant trois le samedi, par semaine.

5. Sainte Louise prépare et offre des tableaux de la Vierge, comme expression de son amour pour Elle et de son désir qu'elle soit convenablement honorée.

6. Sainte Louise a aussi rédigé un petit chapelet. Elle écrit à saint Vincent : Le petit chapelet est la dévotion que j'ai demandé permission à votre charité de faire il y a trois ans, que je fais en mon particulier; ayant dans une petite cassette quantité de ces petits chapelets, avec les pensées écrites sur un papier, sur ce sujet, pour laisser à toutes nos Sœurs après ma mort, si votre charité le permet; pas une ne le sait. C'est pour honorer la vie cachée de Notre-Seigneur dans son état d'emprisonnement aux entrailles de la Sainte Vierge, et la congratuler de son bonheur durant ces neuf mois, et les trois petits grains pour la saluer de ses beaux titres de Fille du Père, Mère du Fils et Epouse du Saint-Esprit. Voilà le principal de cette petite dévotion. Par la grâce de Dieu, très indigne que je suis, je ne l'ai point discontinuée depuis le temps marque et j'espère la quitter aidée de la même grâce de Dieu, si votre charité me l'ordonne. Ce petit exercice, en mon intention, est pour demander à Dieu par l'Incarnation de son Fils et les prières de la Sainte Vierge, la pureté nécessaire à la Compagnie des Sœurs de la charité et la fermeté d'icelle Compagnie selon son bon plaisir.

Saint Vincent ne l'a certainement pas autorisée à faire cette « dévotion ». Elle y fait allusion dans une lettre : Je crois aussi devoir dire à votre charité que j'ai un peu eu, et ai de douleur, de laisser ces petites prières, dans la pensée que la Sainte Vierge désirait que je lui rendisse ce petit devoir de reconnaissance, et me console avec elle, de lui présenter ce qui m'en empêche, avec résolution d'essayer de lui agréer en quelque autre manière, de la servir avec plus de ferveur….

L'intention de sainte Louise a subsisté cependant dans la prière traditionnelle des Filles de la Charité entre les mystères du Chapelet : Très Sainte Vierge…

7. Dans le Règlement pour les Sœurs des Hôpitaux, sainte Louise cite la pratique du Chapelet.

8. Sainte Louise a l'habitude d'invoquer l'intercession de la Sainte Vierge, dans ses prières : …par ses mérites… et par l'amour que vous portez à la Sainte Vierge.

3.2.5 Marie, Unique Mère de la Compagnie

Sainte Louise de Marillac n'a probablement pas connu sa mère, mais elle a toujours regardé Marie comme Unique Mère et confia à la Sainte Vierge, Unique Mère, ce qu'elle aimait le plus dans ce monde : son fils et la Compagnie des Filles de la Charité. Elle a voulu que cette Compagnie soit consacrée à Marie qu'elle considère toujours comme Unique Mère.

Les textes suivants reprennent ces désirs et convictions, particulièrement ceux qui concernent sa correspondance avec saint Vincent.

1. Sainte Louise demande à saint Vincent la permission d'aller en pèlerinage à Chartres : Je vous supplie très humblement, me permettre de faire le voyage de Chartres, en votre absence, pour recommander à la Sainte Vierge tous nos besoins, et les propositions que je vous ai faites. Il est bien temps de penser à moi et devant Dieu je vous dis que je crois que le bien de notre petite Compagnie y a grand intérêt .

2. Sainte Louise raconte à saint Vincent son pèlerinage à Chartres : … Le lundi (17 octobre 1644) jour de la Dédicace de l'église de Chartres fut d'offrir à Dieu les desseins de sa Providence sur la Compagnie des Filles de la Charité, lui offrant entièrement la dite Compagnie, et lui demandant sa destruction plutôt qu'elle s'établit contre sa sainte volonté, demandant pour elle, par les prières de la Sainte Vierge, Mère et Gardienne de la dite Compagnie, a pureté dont elle a besoin. Et voyant en la Sainte Vierge l'accomplissement des promesses de Dieu aux hommes, et, en l'accomplissement du mystère de l'Incarnation voyant le vœu de la Sainte Vierge accompli, je lui ai demandé pour la Compagnie cette fidélité par les mérites du sang du Fils de Dieu et de Marie et qu'il fût la liaison forte et douce des cœurs de toutes les Sœurs pour honorer l'union des trois divines personnes. Et pour mon particulier, j'ai mis entre les mains de la Sainte Vierge la résolution à prendre…

3. Sainte Louise demande à saint Vincent la consécration de la Compagnie à Marie et l'élection de la Vierge comme Unique Mère : Je n'ai osé témoigner à votre charité, au nom de toute la Compagnie de nos Sœurs, que nous nous estimions bien heureuses que vous nous missiez demain au saint autel sous la protection de la Sainte Vierge, ni supplier votre charité de nous obtenir la grâce que nous puissions à toujours la reconnaître pour notre unique Mère puisque son Fils n'avait pas permis jusques à présent que pas une n'usurpât ce nom en acte public. Je vous demande cette approbation pour l'amour de Dieu et la grâce de faire pour nous ce qu'il faudrait que nous fissions et ferons, si votre charité l'agrée et nous l'enseigne.

4. Saint Vincent de Paul dit la prière qui suit dans sa conférence du 8 décembre 1658 : Puisque c'est sous l'étendard de votre protection que la Compagnie de la Charité est établie, si autrefois nous vous avons appelée notre Mère, nous vous supplions maintenant d'agréer l'offrande que nous vous faisons de cette Compagnie en général et de chacune en particulier. Et parce que vous nous permettez de vous appeler notre Mère et que vous êtes la Mère de miséricorde, du canal de laquelle procède toute miséricorde, qui avez obtenu de Dieu, comme il est à croire, l'établissement de cette Compagnie, ayez agréable de la prendre sous votre protection .

5. Sainte Louise parle à plusieurs reprises de la Sainte Vierge comme Unique Mère : …Honorer davantage la Sainte Vierge, et lui renouveler notre dépendance, en général, de la Compagnie, comme ses plus chétives filles, mais la regardant aussi comme notre très digne et unique Mère . … La Sainte Vierge, notre unique et vraie Mère. comme une vraie Fille de la Charité, vous prendrez tout ce qui vous sera dit par celle que vous regardez sur terre pour vous représenter celle qui l'est véritable au Ciel

6. Dans les dernièrs mots de son Testament Spirituel, sainte Louise insiste pour ses Sœurs : Priez bien la Sainte Vierge qu'elle soit votre unique Mère.

Comme nous avons pu nous en rendre compte, dans l'expérience de sainte Louise, la présence de Marie est abondante, sereine, solide. Dans la FV nous ne pouvons pas manquer de puiser à cette source.

4. L'expérience de la Famille Vincentienne à partir des manifestations à Catherine Labouré

Sainte Catherine Labouré (1830-1876) et le message de la Médaille de la Mère de Dieu ont exercé une influence décisive sur la vie de tous les groupes de la FV et, plus particulièrement, sur l'orientation de leur spiritualité mariale. Il suffit de rappeler quelques données :

À l'époque des manifestations à sainte Catherine Labouré, la CM, ainsi que la Compagnie des Filles de la Charité et les Confréries de la Charité, sont pratiquement dispersées et plus ou moins désagrégées. La Médaille Miraculeuse et sa spiritualité mariale sont décisives pour comprendre la renaissance des plus anciennes fondations vincentiennes.

Jean Gabriel Perboyre (1802-1840) trouva la force pour témoigner du Christ par sa vie, dans la dévotion à la Vierge Marie, il propagea la Médaille Miraculeuse en Chine, convaincu que le monde entier est rempli de la miséricorde de Marie. Il en est de même de tant de témoins du Christ dans la FV.

Plusieurs groupes appartenant à la FV s'enracinent dans ces manifestations à sainte Catherine Labouré : la JMV, l'AMM et les groupes qui ont surgi à partir de ceux-ci.

Frédéric Ozanam (1813-1853) est mort le jour de la fête de la nativité de Notre Dame, pour qui il avait eu une grande dévotion tout au long de sa vie. Lui-même portait la médaille et s'est intéressé à divulguer la conversion de Ratisbonne grâce à l'intercession de la Vierge de la Médaille. Il a établi le jour de l'Immaculée Conception comme fête des Conférences.

Nous pourrions dire que l'histoire de la FV ne peut être comprise sans cette référence à la Vierge Immaculée de la Médaille Miraculeuse.

Les Constitutions des Filles de la Charité et de la CM, les Statuts de la JMV et de l'AMM, ainsi que la pratique des autres groupes, nous montrent la valeur de l'expérience de Catherine Labouré et de la Médaille Miraculeuse comme source pour la spiritualité mariale de la FV.

II. Donner forme aujourd'hui à une spiritualité mariale vivante

dans les associations de laïcs vincentiens

Après avoir considéré les sources où la FV puise sa spiritualité mariale, il est important de centrer notre attention sur quelques propositions qui contribuent lui donner forme aujourd'hui. Nous pensons concrètement aux associations de laïcs vincentiens, étant donné la nature de ce Mois Vincentien.

Nous voulons donner forme aujourd'hui à une spiritualité mariale vivante. Cela voudrait-il dire que la spiritualité mariale n'est pas permanente ? Jésus-Christ n'est-il pas le même hier et aujourd'hui et il le sera à jamais (He 13,8). Alors pourquoi vouloir donner forme aujourd'hui à une spiritualité mariale vivante ? Certes, le Christ est le même, mais ce n'est pas le même type de personne humaine qui doit l'accueillir à chaque époque de l'histoire ; son histoire ne s'inscrit pas dans les mêmes énoncés anthropologiques et culturels. D'où la nécessité de retourner, à chaque époque, aux sources inspiratrices et d'actualiser ses expressions. À toutes les périodes de l'Église, Marie a nourri l'expérience spirituelle des chrétiens, mais sa figure a revêtu des formes très diverses au long de l'histoire. Au commencement du Troisième Millénaire, la FV peut-elle, en puisant aux sources inspiratrices, donner forme à une spiritualité mariale vivante ?

Permettez-moi de vous suggérer quelques propositions :

1. Aimer Marie

Toutes les âmes vraiment chrétiennes doivent avoir un grand amour à la sainte Vierge, et l'honorer beaucoup pour sa qualité de Mère de Dieu, et pour les vertus que Dieu lui a données à ce dessein. Ces mots écrits par sainte Louise, nous offrent une première proposition pour une spiritualité mariale vivante. Les Constitutions des Filles de la Charité l'expriment ainsi : qui cherche à suivre Jésus-Christ, rencontre celle qui L'a reçue du Père, Marie, première chrétienne.

Tout au long de l'histoire et dans chacune de ses institutions ou de ses groupes, la FV a accordé une place de choix à la Vierge Marie. Marie est reconnue et invoquée comme Mère par la FV. Tout chrétien, concrètement chacun de nous, en tant que membre de la FV, est invité à accueillir Marie parmi ses biens personnels . Dans les associations mariales, nous devons donc promouvoir un vrai amour pour Marie, sans oublier l'observation pertinente de S. De Fiores : « Ce que le chrétien d'aujourd'hui désire c'est une rencontre authentique et personnelle avec Marie, libre d'entraves et de visions périmées, basée sur le contact assidu avec l'Évangile et exprimée par un dialogue avec elle, totalement renouvelé ».

Voilà la première proposition : Que, dans toutes nos associations, nous cultivions un amour authentique pour Marie.

2. Vivre comme Marie

De nouveau, c'est sainte Louise qui va nous guider pour formuler notre deuxième proposition : Dans la conduite de nos actions, jetons les yeux sur celles de la sainte Vierge, et pensons que le plus grand honneur que nous lui saurions rendre est d'imiter ses vertus.

Le Concile Vatican II le rappelait clairement : La véritable dévotion ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi, qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d'un amour filial, et à poursuivre l'imitation de ses vertus.

Le grand changement à partir du Concile Vatican II dans la spiritualité mariale a consisté à proposer Marie comme celle que nous devons imiter plutôt que comme celle que nous devons prier. Marie est plus exaltée par ses fonctions que par ses privilèges ; plus par son exemplarité que par sa royauté.

Vincent de Paul et Louise de Marillac sont très clairs en nous proposant Marie comme idéal de vie, comme modèle. La Médaille Miraculeuse est également un résumé de la vie de Marie et un soutien pour la vie chrétienne.

En puisant aux sources inspiratrices de la spiritualité mariale dans le charisme vincentien, nos associations vincentiennes pourraient s'efforcer de donner forme, dans leur propre vie, à ces traits du chrétien et de Marie :

  1. Appelés et choisis

Vincent de Paul et Louise de Marillac ont affirmé sans réserve l'Immaculée Conception de Marie. Les manifestations à Sœur Catherine et la Médaille Miraculeuse proclament aussi ce même mystère d'une manière évidente : Si… la Vierge de Nazareth est aussi saluée comme bénie entre les femmes, cela s'éclaire à cause de la bénédiction dont le Dieu et Père nous a comblés aux cieux, dans le Christ…C'est une bénédiction reportée sur tous les hommes par le Christ Jésus dans l'histoire de l'humanité jusqu'à la fin. Cependant, cette bénédiction se rapporte à Marie d'une manière particulière et exceptionnelle… Dans le mystère du Christ, elle est présente dès avant la fondation du monde, elle est celle que le Père a choisie comme Mère de son Fils dans l'Incarnation et en même temps que le Père, le Fils l'a choisie, la confiant de toute éternité à l'Esprit de sainteté.

Comme Marie, chacun de nous, chrétiens, depuis le jour du baptême, nous sommes appelés à honorer en nous-mêmes l'état de grâce et donc l'amitié avec Dieu, la communion avec Lui, la présence intérieure de l'Esprit, en étant saints et irréprochables dans l'amour.

Saint Vincent et sainte Louise répétaient souvent : appelés d'un Dieu …quelle grandeur de vocation !.

À partir de la reconnaissance de la grandeur du choix que Dieu a fait de chacun de nous le jour de notre baptême, jaillira la générosité de notre réponse et l'urgence de notre dépassement quotidien.

  1. Attentifs et disponibles à la volonté du Père

Marie est introduite d´une manière définitive dans le mystère du Christ à travers l'événement de l'Annonciation. Celle qui s'est déclarée servante du Seigneur à l'Annonciation est restée, durant toute sa vie terrestre, fidèle à ce que ce nom exprime, se confirmant ainsi véritable « disciple » du Christ, qui avait fortement souligné le caractère de service de sa mission : le Fils de l'homme « n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude (Mt 20,28). C'est pourquoi Marie est devenue la première de ceux qui, servant le Christ également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l'humilité et la patience, jusqu'au Roi dont on peut dire que le servir, c'est régner.

L'événement de l'Annonciation a inspiré les membres de la FV depuis le temps de Vincent de Paul et de Louise de Marillac. La vie de Catherine Labouré est l'histoire d'une fidélité à la volonté de Dieu tissée de travail, de simplicité, d'humilité, de charité et de silence. La Médaille Miraculeuse a contribué à écrire des pages héroïques de fidélité à Dieu, d'authenticité chrétienne, de conversion. Comme Marie, nous, membres de la FV, devons vivre ouverts à la force transformatrice de l'Esprit, afin que nous sachions nous donner sans réserve à l'accomplissement de la volonté de Dieu, toujours attentifs et disponibles.

  1. Pour laisser le Christ prendre forme en nous

« Toute l'existence de Marie est une pleine communion avec son Fils… Elle a été la fidèle accompagnatrice du Seigneur sur tous ses chemins. Sa maternité divine l'a conduite à un don total. Ce fut un don généreux, lucide et permanent. Elle a noué une histoire d'amour pour le Christ, intime et sainte, qui culmine dans la gloire ». La Médaille Miraculeuse est une expression plastique de cette unité de la Mère avec le Christ, surtout dans l'union des deux cœurs et la lettre M entrelacée avec la croix, qui figurent sur l'envers. Nous identifier à Jésus-Christ, nous revêtir de l'esprit de Jésus-Christ, pour continuer sa mission, appartient aussi au cœur même du charisme vincentien. Dans ce processus, les membres de la FV ne peuvent cesser de regarder Marie dont toute l'existence est pleine communion avec le Christ.

  1. Pour annoncer l'Évangile de la charité aux pauvres

Marie, la meilleure disciple du Christ, celle qui a vécu la plus grande identification au Christ, est aussi la plus étroite collaboratrice dans son œuvre. Elle ne fut pas du tout une femme passivement soumise ou d'une religiosité aliénante. Elle n'est pas seulement le fruit admirable de la rédemption, mais la collaboratrice active.

Paul VI décrivait l'évangélisation comme un vrai enfantement : L'Église, par l'Évangéliation, engendre de nouveaux fils. Ce processus qui consiste à transformer du dedans, à renouveler l'humanité elle-même, est un vrai renaître à la vie. Paul VI, soulignait aussi l'ampleur du service de Marie et montrait la variété de situations où celui qui suit le Christ doit rendre présente la force de l'Évangile : Marie est une femme forte qui connut la pauvreté et la souffrance, la fuite et l'exil (cf Mt 2,13-13) : situations qui ne peuvent échapper à l'attention de celui qui veut seconder, par esprit évangélique, les forces de libération contenues dans l'homme et dans la société.

L'évangélisation et le service des pauvres constituent la raison d'être de toutes les institutions et associations de la FV. Saint Vincent de Paul propose à plusieurs reprises la promptitude de Marie dans la Visitation, comme modèle pour le service des pauvres : Elles honoreront la visite de la sainte Vierge allant visiter sa cousine allégrement et promptement. Les mains ouvertes de la Vierge Miraculeuse et son manteau qui couvre la terre et embrasse les pauvres ; la visite de Marie à Elisabeth et la spiritualité du Magnificat ; la sollicitude de la Mère qui coopère à la naissance et à l'éducation des frères et des sœurs de son Fils »… Combien de références mariales qui doivent continuer d'inspirer le service évangélisateur et la nouvelle imagination (créativité) de la charité de la FV face à la pauvreté de mille visages !

Nous avons dit au commencement de cette conférence (de ce travail) que parler de spiritualité mariale c'est trouver en Marie l'inspiration pour suivre le Christ. C'est notre deuxième proposition pour une spiritualité mariale vivant aujourd'hui : vivre comme Marie :

  • Appelés et choisis

  • Attentifs et disponibles à la volonté de Dieu

  • Pour laisser le Christ se former en nous

  • Pour annoncer l'Évangile de la charité aux pauvres

3. Célébrer le mystère du Christ avec Marie

En formulant notre troisième proposition pour une spiritualité mariale vivant, aujourd'hui, dans nos Associations vincentiennes, nous avons recours de nouveau à la recommandation de sainte Louise : Cette qualité nous oblige tous les jours à lui rendre quelque honneur ; et le plus grand que nous pouvons lui rendre, est d'unir notre esprit à l'intention de la sainte Église dans l'ordre qu'elle tient en divers temps (liturgiques) pour la saluer.

Les Documents de l'Église, à partir du Concile Vatican II, nous signalent le chemin clairement :

  • La liturgie est le sommet auquel tend l'action de l'Église, et en même temps la source d'où découle toute sa vertu.

  • En célébrant le cycle annuel des mystères du Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie, Mère de Dieu qui est unie à son Fils dans l'œuvre salutaire par un lien indissoluble.

  • Le Christ est le seul chemin vers le Père. Le Christ est le modèle suprême auquel le disciple doit conformer sa propre conduite, jusqu'à éprouver les mêmes sentiments que lui, vivre de sa vie et posséder son Esprit : l'Église a enseigné cela de tout temps, et rien, dans l'action pastorale, ne doit obscurcir cette doctrine. Mais l'Église, enseignée par l'Esprit et riche d'une expérience séculaire, reconnaît que la piété envers la Vierge, subordonnée à la piété envers le divin Sauveur et en liaison avec elle, a également une grande efficacité pastorale et constitue une force pour la rénovation de la vie chrétienne.

  • Marie a été élevée par la grâce de Dieu, au-dessous de son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les hommes comme la Mère très sainte de Dieu, présente aux mystères du Christ ; aussi est-elle légitimement honorée par l'Église d'un culte spécial… Les formes diverses de piété envers la Sainte Vierge, que l'Église a approuvées… font que, à travers l'honneur rendu à sa Mère, le Fils pour qui tout existe et en qui il a plu au Père éternel `de faire habiter toute la plénitude', peut être comme il le doit connu, aimé, glorifié et obéi dans ses commandements.

  • L'Église se sent invitée à s'inspirer de Marie comme modèle de l'attitude spirituelle avec laquelle l'Église célèbre et vit les divins mystères.

  • L'Église, quand elle considère la longue histoire de la piété, se réjouit de constater la continuité du culte ; mais elle ne se lie pas aux schémas des diverses époques culturelles ni aux conceptions anthropologiques particulières qui les soutiennent, et elle admet que certaines expressions du culte, parfaitement légitimes en elles-mêmes, soient moins adaptées à des gens d'époques et de civilisations différentes.

À la lumière de ces principes il faudra, parfois, que nous révisions et actualisions nos formes de piété et de dévotion à la Vierge Marie. Compte tenu de ces critères, nous devrons faire attention aux détails des manifestations de notre dévotion à la Vierge Marie, car ces manifestations ne peuvent pas suivre un chemin différent de celui de notre spiritualité vincentienne.

Conclusion

Dans la Parole de Dieu, dans la vie de la communauté ecclésiale et dans notre tradition spirituelle propre, nous trouvons les sources inspiratrices pour la spiritualité mariale dans le charisme vincentien. La vie à la suite du Christ selon le charisme vincentien trouve l'inspiration aujourd'hui dans celle spiritualité mariale.

(Traduction : CENTRE DE TRADUCTION - FILLES DE LA CHARITÉ, Paris)

R. MALONEY. « Un chemin vers les pauvres. Spiritualité de Vincent de Paul ». Desclée de Brouwer, 1994, p. 13-14.

Marialis Cultus, nº 35.

S. GALILEA. Le chemin de la spiritualité. Bogota, Ed. Paulinas, 1982, p. 104.

Marialis Cultus, 21.

Lumen Gentium, 63.

Lumen Gentium, 56.

Lumen Gentium, 57.

Il faut souligner le lien de Marie avec la vie spirituelle : Si la vie chrétienne est ouverture au Royaume de Dieu, Marie est la vierge pauvre qui s'ouvre totalement à Lui, et d'une manière exemplaire. Si la vie chrétienne est une vie dans le Christ, Marie est la croyante qui participe à l'œuvre du salut du Seigneur sur un chemin de fidélité, d'écoute et de persévérance. Si c'est une vie dans l'Esprit, Marie est la première créature sur laquelle l'Esprit de Dieu s'est répandu afin qu'elle agisse avec un cœur nouveau, pour la stimuler au témoignage du Christ et à la louange de Dieu qui intervient dans l'histoire. S. DE FIORES. Nouveau Dictionnaire de spiritualité (S. DE FIORES, T. GOFFI, A. GUERRA, dir) Madrid, Ed. Paulinas, 1991, p. 1162.

T. GOFFI. Nouveau Dictionnaire de Mariologie (S. DE FIORES, S. MEO, E. TOURON, dir) Madrid, Saint Paul, 1998, p. 668.

De nombreuses études ont été publiées ces dernières années sur le charisme vincentien. Cf. AA.VV. Charisme Vincentien. Mémoire et prophétie. Salamanque, CEME, 200l.

cf. Mutuae Relationes, 11. Evangelica Testificatio, 11. Cf. J. ELIZONDO. Charisme et Esprit Vincentien. VICENTIANA (1998), p. 323-340.

Marialis Cultus, 37.

S. DE FIORES, o.c. p. 1160. Cf. Dt 28,4; Jg 5,24; Jdt 13m18; 15,12.

Ib. p. 116l.

« La scène décrite par Jean a une importante salvifique, messianique, ecclésiale, universelle ; c'est une scène de révélation intimement liée avec « l'heure ». Le disciple a une signification typologique, représentative » S. DE FIORES, o.c. p. 1162.

Marialis Cultus, 37.

Cf. S. GALILEA, o.c. p. 66-68.

F.M. LOPEZ MELUS. Marie de Nazareth, la vraie disciple. Salamanque. Ed. Sigueme, 1999, p. 335.

Redemptoris Mater, 48

cf. Mutuae Relationes, 11. Evangelica Testificatio, 11.

A. DODIN. Le culte de Marie et l'expérience religieuse de M. Vincent de Paul. VINCENTIANA (1975), P. 207-225. D'autres études sur le thème : J.P. RENOUARD. Le sens marial dans la expérience spirituelle de saint Vincent en AA.VV. Les apparitions de la Vierge Marie à Sainte Catherine Labouré. Salamanque, Ed. CEME, 1981. V. de DIOS. “Marianismo Vicenciano”, en AA.VV. Dictionnaire de Spiritualité Vincentienne. Salamanque. Ed. CEME, 1995. Saint Vincent de Paul et la Vierge Marie, en AA.VV. En temps de saint Vincent et aujourd'hui. Vol II. Salamanque, Ed. CEME 1997.

« Si ce n'était pas à cause des abus où le culte à Marie a abouti, je n'insisterai pas pour qu'il ne soit pas totalement abandonné », écrivait Luther en 1523.

V. DE DIOS, o.c. p. 351. cf. A. DODIN, p.c.

Coste I, 7.

Coste I, 38.

Coste XIV, 126. cf aussi p. 419, 446, 487, 527, 539, 823.

Coste IX, 220; X, 570.

Règles communes de la CM X,4.

Coste II, 96.

Coste IX, 87.

Coste XII, 129

cf AA.VV. En temps de saint Vincent et aujourd'hui, o.c. p. 368, où l'on peut trouver les textes.

A. DODIN, o.c. p. 219.

Coste XIII, 35.

Coste XII, 226-227.

Coste XI, 131.

Coste XIII, 419.

Coste IX, 20.

Sainte Louise, Corr. et écrits A 14.

Ib. A 32 bis.

cf Ib. A 32.

cf Ib. A 32.

cf Ib. A. 14 bis.

cf Ib. A. 14 bis.

cf Ib. A. 16 ; 100.

Le texte complet en A. 31 bis. Cf. M. 35 bis.

cf ib. A 4.

cf Ib. A 4; A 10.

cf Ib. L. 461.

cf Ib. L. 303 bis, 333, 639.

Ib. M 33: Toutes les âmes vraiment chrétiennes doivent avoir un grand amour à la sainte Vierge, et l'honorer beaucoup pour sa qualité de Mère de Dieu, et pour les vertus que Dieu lui a données à ce dessein. Cette qualité nous oblige tous les jours à lui rendre quelque honneur; et le plus grand que nous pouvons lui rendre, est d'unir notre esprit à l'intention de la sainte Eglise dans l'ordre qu'elle tient en divers temps pour la saluer; nous réjouissant et la congratulant du choix que Dieu a fait d'elle, pour unir dans son sein la nature humaine à sa divinité, avec désir de ne jamais rompre cette union en nous.Quand nous serons touchés de reconnaissance pour les grâces de Dieu, reçues par le moyen de l'Incarnation, et des exemples de la vie de Jésus-Christ, regardons la sainte Vierge comme le canal par lequel tout ce bien nous a été communiqué, et faisons pour ce sujet des actes d'amour envers elle.Dans la conduite de nos actions, jetons les yeux sur celles de la sainte Vierge, et pensons que le plus grand honneur que nous lui saurions rendre est d'imiter ses vertus; particulièrement sa pureté, puisque nous sommes épouses de Jésus-Christ; son humilité, puisque par elle Dieu a fait en sa personne des choses si grandes; son détachement de toutes choses sur la terre, puisque dès ses premières années elle a été séparée de ses parents. Dédiant aussi à ces trois vertus en elle, toutes les actions de notre vie, et la suppliant de les offrir à son Fils. Nous devons célébrer les fêtes que la sainte Église a ordonnées en son honneur, appliquant notre esprit, tout ce jour-là, au sujet qu'elle nous propose, et la prier chaque jour de nous aider à rendre à Dieu le service que nous lui avons promis, et à faire sa sainte volonté, dans la même soumission qu'elle avait pour elle. Il est bon de faire choix de quelques prières pour lui adresser, et de n'y pas manquer tous les jours; quelquefois faire des actes d'amour pour elle, quelquefois se réjouir en son cœur de la gloire qu'elle a au ciel, avec désir d'y être un jour pour lui rendre tout l'honneur que Dieu voudra que nous lui rendions.

Ib. A 4.

cf. Ib. A 1.

La Compagnie des Filles de la Charité aux origines. Document 823.

Sainte Louise, Corr. et Écrits, L. 55.

cf Ib. L 303 bis. A 85.

Ib. L 303 bis.

Ib. L 304.

Ib. A 88.

Ib. A 26.

Ib. L 110.

Ib. L 111.

Ib. L 602

Coste X, 623.

Sainte Louise, Corr. et Écrits, M 35 bis.

Ib. L 245.

Ib. L 598.

Ib. p. 823.

Comme nous le savons, il existe de nombreux groupes et associations dans la FV. Nous parlons ici des associations de laïcs vincentiens fondées par saint Vincent et sainte Louise (AIC), ou surgies à partir des manifestations à sainte Catherine Labouré (1830) ) (AMM, JMV, MISEVI) ou autour d'elle (SSPV). Cf. Betty Ann McNeil, Monograh I. The Vincentian Family Tree, Vincentian Studies Institue, 1996.

C. 1.12.

cf Jn 19. Redemptoris Mater, 45.

S. de FIORES, o.c. p. 1151.

LG, 67.

T. GOFFI, o.c. p. 671.

Redemptoris Mater, 8.

Marialis Cultus, 57.

Sainte Louise, Corr. et Écrits, A 89 bis ; cf L. 217 ; cf. Saint Vincent, Coste IX, 242.

cf. Ib. A 3.

JEAN PAUL II, Redemptoris Mater, 41.

Marialis Cultus, 25.

« Dans la Vierge, tout se rapporte au Christ et tout dépend de lui ». MC 25.

Marialis Cultus, 37

cf Evangelii Nuntiandi, 18.

Marialis Cultus, 37.

Coste XIII, 419; cf Coste I, 513; II, 247; IX, 258.

cf Redemptoris Mater, 6.

Sacrosanctum Concilium, 10.

SC 103.

Marialis Cultus, 57.

LG 66.

MC 16.

Marialis Cultus, 36.

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