Construction d'un écosystème salubre pour la Communauté

Construction d'un écosystème salubre pour la Communauté

par Robert P. Maloney, C.M.

Supérieur Général

4.VI.01.

Très haut survolant la chaîne de montagnes de l'Ouest des États Unis plane le Condor de Californie, le plus grand oiseau d'Amérique du Nord, avec une envergure de neufs pieds (3 mètres). Il s'élance en flèche jusqu'à trois miles d'altitude (4 850m mètres), fonce de temps en temps pour se nourrir de viande rouge et de saumon avec un robuste appétit. Avec son corps noir, sa tête chauve, ses genoux rouges cet oiseau majestueux a survolé les montagnes et les vallées de Californie, du Nevada et de l'Arizona depuis des millénaires. Cependant en 1990 seuls vingt-trois ont survécu dont 6 en Californie et 17 près du Grand Canyon de l'Arizona. C'est une espèce en voie de disparition.

Chaque espèce a besoin de son système écologique spécifique pour survivre. Quand cet environnement est riche, les espèces se développent. Quand cet écosystème est détérioré, peu à peu les espèces diminuent et dans le pire des cas, finissent par s'éteindre. Des millions d'espèces qui autrefois peuplaient la planète terre ont aujourd'hui disparu. Cela peut arriver aussi un jour à la race humaine. Cet écosystème sera-il détruit par un violent cataclysme fabriqué de main d'homme, par une énorme bombe? Sera t-il détruit par un astéroïde géant s'écrasant sur la planète? Sera t-il détruit par la pollution qui progressivement étouffe l'être humain? Qui sait?

Et la vie religieuse? La vie dans la Congrégation de la Mission? La nature nous enseigne une simple leçon : que nous grandirons et fleurirons dans la mesure où l'écosystème crée il y a 376 ans par saint Vincent et renouvelé de temps en temps au long de notre histoire, est plein de vie. Autrement, nous déclinerons et peut-être même qu'un jour nous disparaîtrons.

Le thème de cette rencontre

Le thème de cette rencontre est «l'animation des communautés locales». Animer veut dire donner vie, souffle, âme et esprit. Le Seigneur appelle chacun de nous aujourd'hui à être un animateur - moi et les membres de la Curie Générale, au niveau international de la Congrégation; vous, Visiteurs, dans vos provinces - et il appelle chacun des supérieurs locaux dans chacune de nos maisons à être animateur des hommes qui vivent avec lui. Ce n'est pas une tâche facile. En réalité c'est un énorme défi. Pour moi, dans ce défi, il y a deux données à souligner: sa nature critique et son ampleur. L'une est existentielle et l'autre est juridique.

La donnée existentielle. Environ 300 confrères entre 35 et 50 ans ont maintenant suivi à Paris, la Formation Permanente Vincentienne de trois mois du CIF. Le Père John Rybolt, qui a en charge ce programme depuis sa création, m'a souvent confié que le souci le plus souvent exprimé par les confrères est un certain malaise par rapport à la vie communautaire. Ils sentent que quelque chose manque dans notre vivre ensemble. Au cours de trois dernières décennies, la plupart de nos provinces ont réalisé d'importants progrès dans le renouveau de notre vie apostolique. Petit à petit, la Congrégation s'est orientée sans ambiguïté vers les pauvres et notre nature missionnaire. Mais beaucoup au cours du programme CIF, demandent: Avons-nous trouvé la formule adéquate pour notre vie communautaire? Est-ce que nos communautés fournissent le support de la foi, la solidarité dans l'action, l'encouragement, la compréhension, «la maison» que beaucoup de nos jours, en particulier les jeunes, recherchent quand ils s'engagent dans une société de vie apostolique? Ce malaise exprimé par tant de confrères est le défi de la donnée existentielle que je vous soumets aujourd'hui.

La seconde donnée est juridique et elle est aussi un énorme défi. L'article 129 de nos Constitutions précise que: « La Congrégation se réalise surtout dans les Communautés locales». C'est là, dans la communauté locale, que la Congrégation vit réellement et grandit. C'est là que nous sommes heureux ou malheureux. C'est là que nous prions ou ne prions pas. C'est là que nous trouvons le soutien ou nous ne le trouvons pas. C'est là que nous aimons la compagnie des uns des autres ou que nous la fuions. C'est là que nous nous organisons et agissons en solidarité pour servir les Pauvres; ou simplement considérons-nous la communauté comme une auberge qui nous assure le gîte et le couvert d'où nous repartons le matin comme un apôtre faisant cavalier seul. Cette donnée juridique fait surgir cette brûlante question: pouvons-nous dans nos communautés fabriquer un écosystème salubre où les confrères puissent vivre, grandir et s'épanouir?

Mais il y a plus que cette deuxième donnée. Le second paragraphe de l'article 129 déclare : «Le Supérieur, centre d'unité et animateur de la vie communautaire locale, doit favoriser les ministères exercés par la Maison et avoir le souci, avec toute la communauté, du progrès et de l'activité de chacun». Ce paragraphe nous montre l'importance du rôle du supérieur local. Il est l'animateur clé de la communauté locale. Bien entendu, il n'est pas seul. Les autres aussi partagent cette responsabilité. Cependant, si le supérieur est bon dans ce service il y a de fortes chances que cette communauté locale soit vraiment pleine de vie. Mais s'il est mauvais, la communauté locale aura de grandes difficultés à trouver l'âme, le souffle dont elle a besoin pour vivre en bonne santé.

Mes espérances pour cette rencontre

Qu'est-ce que j'espère voir émerger de cette rencontre?

J'espère, en tout premier lieu, que nous puissions inventer des chemins pour aider les supérieurs locaux à construire, avec leurs confrères, un écosystème favorable à l'épanouissement de leurs communautés. Vos provinces, naturellement, sont différentes les unes des autres, il en est de même à l'intérieur des provinces, les communautés locales sont très variées. Certaines sont grandes. Certaines sont petites. Certaines sont régies autour d'un travail unique. Certaines embrassent de multiples tâches. À mon sens, cette rencontre sera un succès si nous pouvions mettre entre les mains des supérieurs locaux, où qu'ils puissent être et quelles que soient les Maisons où ils sont, des outils qui les aideront à construire un écosystème vigoureux pour leur communauté locale.

Cela me conduit au plan critique et à mon deuxième espoir de ce rassemblement. Nos Constitutions (C. 27) et Statuts (S. 16) proposent le projet communautaire comme un instrument de base dans l'organisation de la vie et du travail de la communauté locale. C'est un contrat, pour ainsi dire, que nous élaborons les uns les autres et dans lequel nous nous engageons concrètement à nous supporter mutuellement dans les tâches apostoliques, dans notre vie communautaire, dans notre prière, dans nos vœux, dans notre formation permanente et dans beaucoup d'autres domaines. Mais j'ai l'impression - et c'est là le problème - que beaucoup de communautés locales ne prennent pas la peine de formuler, d'évaluer, de réviser régulièrement avec sérieux le projet communautaire. Au cours des visites que les Assistants Généraux et moi-même effectuons dans les provinces, nous constatons souvent que les projets communautaires sont mal faits ou sont simplement un emploi du temps. C'est aussi une des plus fréquentes remarques que vous, en tant que Visiteurs, faites dans les rapports que vous m'adressez à l'occasion de vos visites aux communautés locales. Donc, un second résultat concret qui j'espère jaillira de cette rencontre est: tous, tant au niveau général qu'au niveau provincial, nous aurons à cœur d'élaborer sérieusement des projets communautaires et que d'aider les supérieurs locaux à faire de même.

Un troisième souhait. Serait-il possible d'envisager «un guide pratique du Supérieur Local» comme celui du «guide pratique du Visiteur»? Serait-il possible de présenter dans ce guide différents modèles de projets communautaires? Pour de grandes communautés? Pour de petites communautés? Pour des communautés œuvrant pour un même service? Pour des communautés engagées dans des tâches dispersées? Un tel guide pourrait t-il offrir des conseils pour aider les supérieurs locaux à accompagner les confrères, des questions à poser lors des rencontres personnelles avec eux plusieurs fois dans l'année et écouter leurs inquiétudes? Je serais très intéressé de débattre de cette possibilité, ici même pendant ce séjour.

Au cours de ces dernières années, j'ai écrit trois articles sur la communauté locale et le projet communautaire local. Le plus récent traite des différents modèles de communautés. Vous le trouverez dans votre dossier en anglais, français ou espagnol. Je vous demande de le lire durant ces journées. Cet article comprend 15 pages. J'espère qu'il vous suscitera quelques réflexions pour en débattre ces jours-ci.

Cinq moments communautaires

Il me semble toujours important de parler concrètement de la communauté. Dietrich Bonhoeffer disait un jour: «La personne qui aime le rêve qu'elle se fait de la communauté plus que la communauté réelle détruit la communauté».

La communauté existe quand nous la vivons d'une manière concrète et dynamique. Permettez-moi de m'arrêter brièvement sur cinq aspects fondamentaux de l'écosystème de la vie communautaire. Ils sont, pour ainsi dire, l'air, l'eau, le soleil, le feu, la terre des communautés locales.

1.Les repas

Il peut sembler étrange que je commence par parler de repas, quoique bien sûr, le principal acte communautaire laissé par Jésus à ses disciples, est précisément un repas. Cependant mon propos ne porte pas sur la nourriture (bien que saint Vincent ait encouragé les économes à servir du bon vin et du bon pain). Mon propos porte sur les repas pris en commun qui sont l'un des principaux signes d'union. Quand vous demandez quels sont les souvenirs les plus frappants de leurs familles, un nombre incalculable de personnes répondent en décrivant les longs repas de fêtes à Noël ou à Pâques, au cours desquels les membres de la famille étaient assis autour de la table à raconter des histoires, ou les vacances passées ensemble, quand tout le monde mangeait ensemble, se relaxait, jouait et discutait tard jusque dans la nuit. Bien sûr, il ne doit pas en être ainsi à chaque repas. Cependant, les repas sont les moments privilégiés d'une bonne communication. Ce sont des temps où notre tradition s'est enracinée parce que nous rappelons les histoires du passé et nous parlons des hommes et des femmes admirables que nous avons connus. C'est aussi un moment où cette tradition s'est développée car de nouvelles personnes ont donné de nouveaux éclairages et exprimé de nouveaux moyens de répondre aux mêmes valeurs au service des pauvres.

Il y a dix ans la lecture à table nous absorbait. Aujourd'hui, les repas sont une occasion de conversation spontanée et intéressante. Cependant, parfois les communautés mangent rapidement et ont une conversation banale. Dans certaines Maisons il est difficile de se retrouver ensemble même pour un simple repas quotidien.

Ce qui est essentiel dans la conversation humaine qui caractérise les repas c'est l'écoute attentive. Nous devons nous intéresser profondément l'un à l'autre, à nos origines, à nos histoires, à nos dons, aux projets qui nous ont enflammés. Il n'y a rien de pire que d'avoir une expérience passionnante à raconter, de l'amener au moment du repas, et de se rendre compte que cela n'intéresse personne. Je regrette de dire que cela arrive souvent. Il y a environ quelques semaines, moi-même, je me trouvais inquiet parce que j'avais perçu une injustice faite à un prêtre par un évêque. J'ai essayé de raconter mon histoire à deux personnes. Toutes deux, ce jour là, étaient préoccupées par d'autres choses. Quand j'ai commencé à raconter mon histoire, chacun m'a interrompu pour me raconter la leur. À la fin, j'en ai déduit que c'était à mon tour d'écouter, mais ce jour là, je n'ai jamais pu partager ce fait.

Bien évidemment, le repas eucharistique joue ici un rôle primordial dans nos vies. C'est un temps pour écouter attentivement la Parole de Dieu, pour partager sa foi en vérité, pour s'unir à la vie du Seigneur. Certains de mes souvenirs les plus marquants en communauté ont été des célébrations eucharistiques merveilleuses. Cela me conduit au deuxième moment communautaire.

2. La prière

Je voudrais vous présenter ici trois moments distincts.

  1. Notre prière liturgique en commun. Il est très important qu'elle soit bien préparée et célébrée dans la beauté et le recueillement. Si c'est le cas, nous aurons là un des moyens les plus significatifs d'entrer en contact avec Dieu et les uns avec les autres, avec les jeunes qui sont avides de prier avec nous. Ce sera un temps où nous crierons:

Il est bon de rendre grâce au Seigneur

De chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,

D'annoncer dès le matin ton amour,

Et ta fidélité au long des nuits.

  1. Un partage de foi. C'est une des formes contemporaines les plus communes que revêt la traditionnelle «répétition d'oraison». Ce peut être un moyen très fort pour bâtir la communauté si les membres sont capables de partager leur foi avec une grande simplicité. Le partage de foi ne doit pas ressembler à une homélie préparée à l'avance, il n'a pas non plus pour but d'être une catharsis destinée à permettre de se libérer de ses anxiétés refoulées, mais plutôt c'est l'expression spontanée de nos souhaits, de nos doutes, de nos joies, de nos peines quand nous les vivons et les prions devant le Seigneur. Si nous nous débattons avec la vie et nous partageons les uns les autres ce qui donne sens à ce que nous sommes et que nous sommes appelés à être à la lumière de l'Évangile, je suis certain que nous parviendrons à nous connaître et à nous estimer les uns les autres d'une manière plus profonde.

  1. L'oraison. L'oraison peut ressembler à un exercice plutôt solitaire, mais nous, Vincentiens, avons promis de nous y engager ensemble de manière à nous soutenir les uns les autres en réfléchissant sur la Parole de Dieu et en contemplant sa Présence. Personnellement, j'éprouve très fortement ce soutien ; je me sens encouragé quand je me trouve en train de méditer avec mes frères. À l'inverse, je me sens découragé quand je me retrouve tout seul à la chapelle à me demander: où sont donc tous les autres? Si la liturgie est «le sommet vers lequel l'activité de l'Église est dirigée», l'oraison en est une des pierres d'angle. Elle nourrit et fortifie notre foi. Il est donc important, que les membres des communautés locales se soutiennent les uns les autres en y participant.

Souvent, dans des petites communautés, les confrères disent qu'il leur est parfois impossible de prier ensemble à cause du petit nombre et des multiples tâches. Je suis complètement en désaccord avec cette conclusion. J'ai conscience, bien sûr, que la prière dans une petite communauté ne peut pas être la même que dans une grande communauté. Mais, même dans les petites communautés nous devons prier ensemble. Si nous ne trouvons pas le temps de le faire, nous sommes perdus.

3.La détente

Si la prière est la respiration du cœur humain à la recherche de Dieu, l'humour nous aide à nous rappeler que Dieu est imprévisible, comme la plupart d'entre nous, ses créatures!

L'humour est lié à notre perception de l'étrangeté de certaines situations. Il y a dans nos vies des tas de choses étranges dont nous ne nous rendons compte que si nous prenons un peu de distance.

Il est très important de se détendre en communauté. La détente favorise l'harmonie en nous empêchant de nous prendre nous-même trop au sérieux. Comme il est important que les membres de la communauté travaillent ensemble, il est également important qu'ils se relaxent ensemble et rient ensemble de temps en temps et que tous nous ayons de la joie à nous retrouver en compagnie les uns des autres. C'est aussi de cette manière que nous arriverons à connaître les différentes facettes de la personnalité de chacun d'entre nous.

Thomas d'Aquin dit une chose très forte au sujet de la plaisanterie: «L'absolu sérieux dénote un manque de vertu, car c'est entièrement mépriser le jeu qui est aussi nécessaire à une bonne vie que l'est le repos». Vous vous rappelez, j'en suis certain, la lettre dans laquelle saint Vincent disait à sainte Louise d'être bien gaie et de prendre quelque détente quand elle était en compagnie de Madame Goussault toujours de bonne humeur .

La communauté locale doit faire preuve de créativité dans l'organisation des moments de détente. J'ai vécu dans une Maison où, une fois par semaine, le soir, nous regardions ensemble un film-vidéo. Actuellement, nous faisons de même, de temps à temps, à la Curie Générale. D'abord, nous nous mettions d'accord sur le film. Quelqu'un préparait des petites choses à grignoter, et nous restions assis en rond à bavarder au sujet du film que nous avions vu. J'aimais beaucoup cette façon de faire, et tous les autres confrères aussi. Personne n'était obligé de venir, mais tout le monde était là.

J'ai vécu dans une communauté à Panama où nous nous retrouvions ensemble tous les lundis pour prier, pour une réunion et ensuite pour nous amuser le reste de la journée. Dans cette mission, presque personne n'a jamais manqué cette journée!

Il y a beaucoup d'autres possibilités, mais il est très important que nous apprenions à aimer la compagnie les uns des autres, à rire, à nous détendre, et parfois simplement à nous amuser ensemble.

4. Réunions

Bien que les réunions soient parfois la plaie de nos vies, ou comme je l'ai déjà signalé ailleurs, une des formes contemporaines de mortification, néanmoins, elles sont un moment très important de la vie de communauté. Il y a un temps pour les communications plus importantes. Elles doivent être un moment où chacun se sent concerné, où tous se sentent appelés à une responsabilité commune pour partager des valeurs et prendre des décisions.

Je propose deux types de réunion de particulière importance.

  1. La réunion pour l'élaboration du projet communautaire local. Malheureusement, comme je viens de vous le dire, beaucoup de maisons s'en acquittent plutôt mal. Elles tendent à en faire plutôt l'occasion de prendre des décisions sur l'ordre du jour, au lieu de considérer cette rencontre comme un moment idéal pour faire preuve de créativité. Elles sont lentes à mettre en œuvre la flexibilité que prévoient les Constitutions et Statuts. En fait, cette rencontre destinée à l'élaboration du projet communautaire local peut être le temps privilégié où l'écosystème que je décris peut se créer, se développer, s'enrichir et se structurer. Je vous engage, vous responsables provinciaux, à en faire une de vos priorités dans l'année à venir afin d'aider les communautés locales à bâtir leur projet communautaire.

  1. Les réunions d'évaluation ou de révision de vie. Nous sommes désireux d'une conversion commune permanente au sein de la communauté. Les moments destinés à l'évaluation nous offrent une occasion de réfléchir sur notre style de vie et sur notre mission. Il est important que nous le fassions honnêtement et pacifiquement. De telles réunions peuvent être l'occasion de faire de nombreuses suggestions qui pourront aider la communauté locale à progresser. Le point clé est ici l'équilibre, la capacité à intégrer diverses valeurs telles que la mission, la prière, la vie communautaire.

L'essentiel dans nos vies est: le dialogue simple, la capacité à faire dire aux autres quels sont leurs sentiments et leurs pensées, à poser des questions utiles, à exprimer ses réactions sans réserve et sans agressivité.

5.L'apostolat

Nous sommes une société de vie apostolique. Notre apostolat a, donc, une dimension communautaire. C'est pourquoi je vous encourage à aider les supérieurs locaux à élaborer des projets communs avec les confrères, à les évaluer ensemble, et actuellement inciter les confrères à travailler de plus en plus en équipe dans leurs apostolats. Il y a peu de choses qui nous rattachent plus efficacement les uns aux autres que la coopération à un projet commun passionnant. C'est merveilleux, dans le bon sens, lorsque nous sommes fiers de ce que nous faisons ensemble que ce soit dans une mission, dans un séminaire, dans une paroisse, pour «les soupes populaires» ou pour un programme de justice sociale.

Il y a beaucoup de façons de manifester notre solidarité dans l'apostolat. Ecoutons-nous nos frères qui après une journée de travail, rentrant fatigués à la maison, souhaitent bavarder avec nous le soir? Les laissons-nous nous partager les défis qu'ils rencontrent au cours de leurs apostolats? Prions-nous pour et avec nos frères dans leurs apostolats? Pouvons-nous réellement appeler notre communauté une «communauté de vie apostolique»? Ou est-elle plutôt un hôtel? Un intérêt commun pour les tâches de chaque membre de la communauté locale a une puissance d'unité très forte.

Pour conclure. Toutes les communautés ne pourront se renouveler ou atteindre l'idéal proposé par nos Constitutions et Statuts ou présenté dans cette réunion. Un provincial et son conseil ont le difficile travail de tendre progressivement au renouveau des communautés locales. Pour ce faire, je vous demande d'atteler à cette tâche des confrères plus jeunes, seulement dans ces communautés qui s'engagent dans un sérieux processus de renouveau. Ce sont ces communautés qui seront semence pour l'avenir de la vie vincentienne. Une province avec trois communautés où les confrères vivent une vie vincentienne avec vitalité a un réel avenir. Une province de 20 communautés «non renouvelées» où les confrères survivent est complètement stagnante. En fait, à moins qu'une province ne réussisse à construire une communauté réellement participante, elle meurt.

Et le condor de Californie me direz-vous? Je suis heureux de vous annoncer que cette dernière décennie son nombre est remonté de 23 à 120 (une taille idéale pour une province!) Ceux qui aiment cet oiseau majestueux, lui ont recrée un écosystème où il peut vivre et même se développer. Je souhaite que nous fassions la même chose, permettant ainsi à nos communautés locales vincentiennes de se construire, d'être pleines de vie et de santé.

Questions pour aider la réflexion

1. De nos jours quels sont, pour vous, les plus grands défis pour l'animation des communautés locales dans vos provinces?

2. Quelles sont vos espérances concrètes de cette rencontre?

3. Les repas sont-ils un temps de conversation vraie dans les maisons de votre province? Sont-ils des moments de bonne écoute pour les confrères? Sont-ils présents au repas?

4. Comment pouvez-vous évaluer la prière communautaire des maisons de votre province? Est-elle bien préparée? Est-elle belle? Attirante pour les Jeunes?

5. Les confrères dans les maisons de votre province aiment-ils la compagnie les uns des autres? Ont-ils des temps de détente en commun? Sont-ils créatifs dans l'organisation de ces temps de détente?

6. Les membres des communautés locales de votre province travaillent-ils réellement ensemble pour élaborer leur projet communautaire?

Sont-ils fidèles à le vivre? Vos supérieurs locaux sont-ils de bons animateurs des réunions communautaires?

7. Les confrères dans les maisons de votre province travaillent-ils ensemble ou sont-ils plutôt du genre faisant cavalier seul? Les confrères vivant dans la même maison mais travaillant dans des apostolats différents sont-ils réellement intéressés par les tâches des uns et des autres?

D. Bonhoeffer, Life Together (London, 1954) 15

Saint Vincent III, 505

Psaume 92 (91), 2-3

C. 46

Constitutions sur la Liturgie Sacrée, 10.

Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 854.

Saint Vincent I, 502

C.57 - S.16

C.2 ;22 ;27 ; - S 16

10