Chronique - Rencontre des Économe Provinciaux (04-11-2002)

Deuxième Rencontre des Économes Provinciaux de la CM

Casa Maria Immacolata - Rome, 4-9 novembre 2002

Chronique

Par Hugh O'Donnell, C.M.

Province de Chine

Fondements de bases

Le premier jour fut évidemment consacré à poser les bases, étendues et solides, du travail devant être accompli les jours à venir. Durant l'Eucharistie de ce jour, l'évangile de Luc nous mit au défi, défi évangélique, d'inviter à notre table les plus pauvres parmi les pauvres, allant ainsi symboliquement au cœur de notre sujet. Le Père Robert Maloney présenta quatre convictions fondamentales de saint Vincent ainsi que neuf principes pour une administration responsable selon nos Constitutions et Statuts. Il ajouta quelques commentaires sur des sujets délicats, mettant particulièrement l'accent sur la nécessité d'accepter la responsabilité personnelle des oublis et des décisions incombant au poste d'économe provincial. Les confrères sont partis convaincus de l'importance de notre tradition, solide et riche, dans leur travail d'administration du patrimoine des pauvres. Ensuite, le Père Elmer Bauer exposa aux confrères les grandes lignes des ses responsabilités en tant qu'Économe Général. Son exposé sur les Missions Internationales fut particulièrement détaillé et instructif. Il y ajouta cinq suggestions pratiques, touchant la réalité des situations dans les provinces.

Dans l'après-midi, l'exposé du Père Philippe Lamblin insista sur la spiritualité, partie intégrante du travail de l'économe provincial. Il utilisa l'image de Marthe et Marie pour mettre en valeur les pôles dynamiques des défis de l'économe. Il nous montra ensuite à quel point pouvaient être concrètes les questions que saint Vincent posait à Mathurin Gentil, premier économe de St Lazare.

Investissements - Conseil pour les Affaires Économiques

L'exposé du Frère Joseph Hess le matin et les témoignages de l'après-midi, basés sur l'expérience et les performances des quatre provinces représentées, furent clairs et stimulants. Les groupes de travaux et la session générale révélèrent de grandes différences parmi les provinces. Certaines provinces investissent sur les marchés boursiers, ont des structures et des procédures bien développées et peuvent compter sur les conseils d'experts. Un certain nombre de provinces ont adopté un mode alternatif d'investissement, principalement en immeubles et en location de propriétés. Par contre, certaines provinces ne sont qu'en mesure de répondre aux dépenses courantes et dépendent parfois des aides de la Curie, d'autres provinces, d'organismes de financement ou de bienfaiteurs. Ces dernières furent encouragées, poussées, à commencer à mettre un peu de côté pour les besoins à venir, même si la somme reste modique. Ces mêmes provinces s'enquirent sur les possibilités de se grouper pour investir à travers la Curie. À cela, le Père Bauer répondit que cette possibilité existait déjà.

Dans l'après-midi, les exposés des Pères Cyril Mbata, Stefano Anguili et Bernard Meade sur le rôle, le fonctionnement et l'importance vitale du Conseil pour les Affaires Économiques pour les provinces reçurent un large écho. La portée des responsabilités du Conseil et son mode opérationnel semblèrent tout particulièrement utiles.

Le Frère Hess conclut son exposé du matin en soulignant l'importance de diversifier les investissements. Les interventions de la journée révélèrent la grande diversité des provinces.

Comptabilité - Rapports

Le sujet du matin, présenté par le Père José Luis Fernandez, était « la Conservation des comptes-rendus, comptabilité et responsabilité ». Chaque confrère reçu une brochure résumant l'exposé et pouvant être utilisé plus tard comme manuel et guide. Le contenu de l'exposé était minutieux et professionnel.

Dans l'après-midi le Père Meade commenta le rapport provincial à la Curie Générale, intervention suivie d'un temps de discussion par groupe linguistique. Le rapport contient un plan comptable considéré comme réaliste et approprié à la situation des provinces. Une discussion tout entière fut consacrée aux programmes informatiques de tenue de compte, de comptabilité et de rapport, ainsi qu'à la manière de les présenter et de les utiliser efficacement. Certains confrères utilisent des programmes leur permettant d'établir des rapports très proches du rapport annuel à la Curie Générale. L'expérience partagée par chacun des participants fut très bénéfique.

Prise en charge de la santé/problèmes des retraites - Relations avec le Visiteur

Le programme de la journée fut modifié de façon à ce que les deux présentations soient exposées le matin afin de libérer l'après-midi pour visiter Rome. Le Père Victor Groetelaars présenta l'expérience de la Province de Hollande sur « la Prise en charge de la Santé, la Sécurité Sociale et les Problèmes des Retraites ». La Hollande dispose d'une excellente couverture sociale et médicale, par l'intermédiaire du service public, à condition d'en supporter les charges. La Province de Hollande a une histoire missionnaire caractéristique et prend en charge les missionnaires revenant de mission au même titre que les confrères vivant dans le pays. En collaboration avec les Filles de la Charité, les confrères de Hollande ont aménagé leur ancien séminaire en maison médicalisée pour les confrères et consœurs aînés ou malades. Cet établissement leur permet également de procurer des soins temporaires jusqu'à 600 jours. Ils prirent conscience très tôt des problèmes qu'allait causer le vieillissement de leur population et se donnèrent les moyens d'y répondre. Ce travail d'attention aux aînés et aux missionnaires rentrant fut mené de manière créative et progressive et est un exemple pour les autres. La discussion en petit groupe qui suivie révéla les différences existantes entres jeunes et anciennes provinces. Ce qui ressortit des comptes-rendus est la réticence des confrères à prendre leur retraite et à intégrer les maisons de retraites ou médicalisées mises à leur disposition par les provinces.

En fin de matinée le Père Jaime Vergara présenta un exposé sur les relations entre l'Économe Provincial, le Visiteur et son Conseil. Il y fut clairement établi que l'Économe Provincial a son rôle propre et n'est pas un simple vicaire. Il est responsable de la gestion des biens de la Province, tout en sachant que le Visiteur est l'ultime responsable du bien-être de la Province et des décisions qui la gouvernent. La communication est essentielle, tout comme la confiance mutuelle. Lors des discussions qui suivirent, il ressortit une attente générale pour un Guide Pratique de l'Économe Provincial, tout en admettant de manière consensuelle que le travail et l'expérience des autres communautés pouvaient d'ores et déjà être utilisés. Une des attentes serait que l'Économe Provincial fasse partie du conseil ou s'il n'en fait pas partie, qu'il soit consulté pour toute décision importante. De manière générale, aucune difficulté majeure entre l'Économe et le Visiteur ne fut exprimée dans les évaluations.

Demande d'Aides - l'Office de Solidarité Vincentienne (VSO)

Le Frère Allen Sherry FMS, directeur du Bureau International de Solidarité des Frères Maristes à travers le monde, fut invité, en tant qu'intervenant extérieur, à nous parler des « Demandes d'Aides - Collectes de Fonds ». Son analyse et sa disposition fraternelle à partager son expérience ainsi que des suggestions pratiques reçurent un large écho de la part de tous. Il insista particulièrement sur deux points : premièrement, être réaliste, reconnaître et accepter les procédures, les directives et les singularités de chaque donneur, parce qu'ils ont l'argent dont nous avons besoin ; deuxièmement, être conscient de l'importance capitale de la communication, de la relation personnelle et du contact permanent avec le donneur concernant les progrès et l'état du projet.

En parallèle avec l'exposé du Frère Sherry, le Frère Peter Campbell, récemment nommé administrateur de l'Office de Solidarité Vincentienne par le Père Maloney, présenta les raisons pour lesquelles est créé le VSO et en expliqua les procédures et les directives. Il disposera également de son propre site internet. Son but est d'aider les provinces les plus pauvres à obtenir des fonds de la part d'organismes internationaux pour des projets spécifiques. Dans ce sens, le Frère Peter identifia des critères opérationnels pour soumettre des projets. L'anglais est la langue utilisée pour soumettre un projet et pour toutes communications ultérieures. L'intérêt que suscita cet Office chez les économes indique bien qu'il y en avait grand besoin et qu'il vient à point nommé.

Dans l'après-midi, le Père Bauer expliqua comment devait être compris le rapport qu'il envoie à chaque province ainsi que quelques clefs de lecture : un total positif sur le rapport indique ce que doit la province, un total négatif indique la somme dont le compte de la province est crédité.

Économes Locaux - le Patrimoine de la Province

La présentation du Père Oabel, « Relations entre l'Économe Provincial et les Économes Locaux et la Formation des Économes Locaux », fut claire, concise, approfondie et superbement imagée grâce à PowerPoint. Il dit que les économes provinciaux et locaux partagent une même vision de l'engagement, à savoir, l'engagement de la Province à la libération intégrale des pauvres, qui guide leur manière de gérer les biens de « leurs maîtres ». La formation des économes locaux est assurée de manière régulière et est complétée de stages dans des écoles de comptabilité. Cette initiative fut très valorisante pour la province et constitue un exemple pour les autres. D'un point de vue relationnel, le Père Oabel insista sur les valeurs d'écoute, de témoignage et d'assistance. Dans les petits groupes, les confrères firent mention de difficultés dans deux domaines particuliers : recevoir des maisons leurs surplus pécuniaires ainsi que les rapports dans les temps. Ce qui aide les économes provinciaux dans certaines provinces est la régularité des communications avec les économes locaux ainsi que la cohérence des schémas. Généralement, là où les communications entre l'économe provincial et les économes locaux sont régulières, les progrès sont significatifs.

Dans l'après-midi, les Pères Philip Robson et Roberto Lovera parlèrent de la conservation et de l'aliénation du patrimoine. Chacun d'eux parla du développement et des soins apportés au patrimoine de leurs provinces respectives. Il est apparu clairement que l'histoire particulière, le déclin des vocations et le changement des situations comptables ont rendu importante, sinon urgente, la question du patrimoine et l'attention à lui apporter. Quelques éléments clefs furent mentionnés : la formation, un comité comprenant des professionnels, le soin des documents essentiels, un plan stratégique et la rénovation des immeubles pour assurer des revenus. Depuis quelques années, l'attention au patrimoine, son importance pour les missions à venir des provinces et de la Congrégation, ont été au centre des préoccupations de la communauté. L'exposé de cet après-midi en accrût encore l'importance. Les discussions qui suivirent furent vives et des plus intéressantes. Fut particulièrement soulevée la question du patrimoine historique de la Congrégation, comme les lettres de St Vincent et autres documents inestimables, souvent négligés, vendus ou perdus. Dans ce sens, fut pointé du doigt le fait que les Archives de Paris devraient être de la responsabilité de toute la Congrégation.

La dernière session fut consacrée à l'évaluation et aux recommandations, ainsi qu'aux remerciements de tous les participants et organisateurs qui firent le succès de cette rencontre.

(Traduction : ERIC RAVOUX, C.M.)

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