Ecrits édités et inédits de Saint Justin De Jacobis

Ecrits édités et inédits de Saint Justin De Jacobis

P. Giuseppe Guerra

Province de Naples

Saint Justin a beaucoup écrit. Alors que, pour la première période de sa vie, qu'il passa dans sa patrie (1800-1839), nous ne possédons que des lettres, nombreuses il est vrai, c'est dans sa période la plus difficile, lors de sa mission en Abyssinie (1839-1860), tandis qu'il manquait de tout ce qui eût pu faciliter son travail (commodités, instruments, etc.) que, poussé par les urgences apostoliques, il produisit page sur page.

Les biographes de Mgr De Jacobis, lorsqu'ils parlent de ses écrits, commencent par dire que tout est resté inédit, mis à part le Catéchisme Amharique imprimé à Rome, par les soins de la Congrégation de la Propagation de la Foi, en 1850. Cette année, à l'occasion du deuxième centenaire de sa naissance, la Province de Naples s'est chargée de l'impression du Journal, qu'elle a fait publier comme premier volume des Écrits, qui seront donc édités l'un après l'autre.

Nous nous contentons aujourd'hui de donner une liste de ces Écrits, en y ajoutant quelques notes qui aideront à en saisir le contexte et la valeur.

1. Le Catéchisme

Le titre du catéchisme en langue amharique (la couverture est en italien) publié à Rome est le suivant:

La Doctrine Chrétienne en langue amharique à l'usage des Catholiques abyssins, texte composé par Mgr. De Jacobis, Vicaire Apostolique d'Abyssinie et Evêque de Nicopolis (sic), et Monsieur Biancheri, Lazariste et missionnaire apostolique en Abyssinie. Imprimé à Rome aux frais de la S. Congrégation pour la Propagation de la Foi, sous les auspices de S. Em. le Cardinal Franzoni (sic) Préfet de ladite Congrégation et de S. Exc. Mgr Barnabò Secrétaire de la même Congrég. (sic). Fait à Rome, typographie de la S. Congrégation pour la Propagation de la Foi, 1850.

Le livre fait partie de l'“Elenchus” des Écrits et autres documents rassemblés en vue de l'introduction de la Cause de Béatification, et dans l'“Attestation sur les Vertus” (du futur Bienheureux), 1931, numéro 162.

Bibliothèque des Missions (aux bons soins de R. Streit omi), au volume XVII, Verlag Herder Fribourg 1952, cité à la page 429, au n° 6799.

Dans Vincentiana 37 (1993) p. 560-593 sous le titre : Le texte italien du “Catéchisme amharique” DeJustin De Jacobis, nous avons publié le texte italien, que nous avions retrouvé à la S. Congrégation pour la Propagation de la Foi et que nous ne considérons pas tellement comme une traduction en italien, mais comme le texte de base ayant servi pour la rédaction du texte amharique.

Dans les Archives de la Congrégation pour la Propagation de la Foi nous trouvons ensemble avec le manuscrit italien, le texte en amharique muni de l'Imprimatur.

La longueur du titre laisse à entendre que le livre fut composé avec la collaboration de son confrère Biancheri, que Justin De Jacobis ordonna plus tard Evêque et qui devint son successeur comme Préfet Apostolique d'Abyssinie.

Mgr De Jacobis reçut certainement aide et collaboration de son disciple Ghebre Michael: c'est de lui qu'il parle (cf. Journal VI, 48) lorsqu'il dit que Une bonne partie de la version faite par Monsieur Biancheri du Catéchisme de la Théologie Dogmatique et de la morale en Ghez, est l'œuvre exécutée sous sa direction

Les témoins du Procès de Béatification ont raconté comment notre saint expliquait, le soir, le catéchisme; il travaillait en collaboration avec ses compagnons à la traduction des textes.

Il écrivait au Père Guarini le 12 avril 1840 (voir Lettres, volume II):

“La veille de la fête de saint Jean Chrysostome j'ai inauguré les petits catéchismes, la première fois, avec dix personnes seulement: j'espère bien que le nombre des auditeurs ira en augmentant un peu plus chaque jour. La traduction que j'ai exécutée en langue amharique m'est du plus grand secours.

Mgr De Jacobis connaissait certainement l'amharique, comme aussi le ghez (la langue classique et liturgique), et le tigréen: il avait consacré beaucoup de temps et d'efforts à l'étude.

Á la fin du manuscrit, un post-scriptum signale que le travail est de Monsieur Montuori: Traduction en Abyssin du catéchisme réalisée par le Missionnaire M. Montuori. Mais si l'on compare la calligraphie de ce document (cf. par exemple une lettre de lui du 19 décembre 1839), il semble bien que ce texte n'est pas de sa main, mais plutôt de M. Biancheri (voir les Lettres de ce dernier à la Congrégation de la Propagation de la Foi, Scritture riferite nei Congressi, Etiopia Arabia, V). En outre, la lettre du Consulteur qui a préparé le Nil Obstat, dit au tout début: J'ai donc communiqué mes réflexions à cet excellent prêtre... Lequel en toute docilité et avec empressement fit un nouvel effort pour améliorer ce Catéchisme italien ...; en fait, peu de temps auparavant on avait parlé de M. Biancheri.

Les auteurs parlent de traductions existantes, mais ce n'est pas exact.

En ce qui concerne le tigréen, nous avons expliqué dans l'article cité ci-dessus que les divers catéchismes existants dans cette langue ne sont pas une traduction du texte préparé par Mgr De Jacobis.

Une traduction présumée en oromo (langue Galla ) est signalée par erreur par le P.Pane. Voici ce qu'en dit le P. Betta : “... ce catéchisme, nous l'avons retrouvé traduit en langue Oromo (Galla), augmenté de diverses prières, sous le titre suivant: Katechismos Joki Barsisa Nama Kristian, Bija Oromo Gedeti. Abuni Jakobi, Aba Kitabe”. En réalité, il s'agit du catéchisme de Mgr Taurin Cahagne, successeur du cardinal Massaia en 1881, auteur d'autres ouvrages en langue oromo et que la population avait surnommé également Abuni Jakobi.

En fait nous n'avons retrouvé aucune traduction du catéchisme amharique de Mgr De Jacobis. L'origine du malentendu est peut-être tout simplement née d'une idée initiale de Mgr De Jacobis qui avait parlé lui-même dans une lettre du 7 mai 1840 adressée à Mgr Cadolini, Secrétaire de la Congrégation pour la Propagation de la Foi, de la possibilité d'autres traductions en dehors de l'amharique:

J'avais songé également à remettre entre vos mains une version achevée de la Doctrine Chrétienne du Cardinal Bellarmin, en langues amharique et tigréenne, mais je n'en possède qu'un seul exemplaire dont je me sers pour les missions que, grâce à Dieu j'ai déjà lancées. Et aussi parce que je pense qu'il vaut mieux, avant d'envoyer tant de lettres, que certains Sages pourraient juger inutiles, attendre votre avis. Je me suis donc abstenu.

Le Catéchisme dont parle Mgr De Jacobis est divisé en deux sections: 1) Doctrine pour tous les Chrétiens (Les Mystères principaux de la Foi et les Prières fondamentales du Chrétien) et 2) Explication de la Doctrine des Chrétiens (où est reprise l'explication précédente mais d'une façon plus articulée et plus ample, en quatre parties: le Credo, les Sacrements, les Commandements, le Notre Père).

Sœur Micael Neghesti, Fille de la Charité, en a fait un commentaire , dans lequel elle souligne comment Mgr De Jacobis se révéla être un pionnier de l'inculturation moderne.

2. Le Journal

Á l'occasion du bicentenaire de la naissance (9 octobre 1800) de Justin De Jacobis, et également du vingt-cinquième anniversaire de sa canonisation (26 octobre 1975), la Province de Naples de la Congrégation de la Mission s'est préoccupée de publier le Journal (1839-1860) écrit pendant les années passées en Abyssinie jusqu'au moment de sa mort.

Le “Journal” - c'était le terme utilisé par Mgr De Jacobis - est la chronique que le saint missionnaire composa selon les habitudes de la communauté. On se demande avec surprise comment et quand le saint missionnaire a pu trouver la possibilité de noter ses observations et ses souvenirs, sans aucune des commodités ni aucun des instruments que nous trouvons dans nos pays; il n'est guère aisé d'écrire “en brousse” et la transcription de ces notes n'a pas dû être facile. Ce n'était certainement pas l'intention de l'auteur de s'adresser à un vaste public. Il entendait laisser à ses successeurs une chance de garder précieusement l'expérience de la mission. Il s'agit souvent, dans ce Journal, de simples remarques, de minutes de lettres, de mémos ou de documents à conserver; à l'origine il devait s'agir de fascicules et de cahiers, réunis plus tard, nous ne savons trop comment, en 6 volumes reliés. Malgré cela, la chronologie de l'an 1849 à l'an 1860, époque de la mort de Mgr De Jacobis, se déroule normalement, mis à part quelque saut ou quelque inversion qui, dans l'édition nouvelle présentée en un volume unique, divisé en six parties, a été ponctuellement signalée.

Au début du premier volume, on nous explique comment ce texte se trouvait alors à Paris (en français dans le texte): Ce volume vient de Naples. M. de Dominicis l'envoie (août 1893) en disant que Mgr Spaccapietra l'avait soustrait à Mgr De Jacobis. De la même manière, au commencement du troisième volume, une note initiale ajoutée signale que le premier volume : “se trouve chez M. Vincenzo Spaccapietra, prêtre de la Congrégation de la Mission à Naples. Le second est conservé à la Bibliothèque des Prêtres de la Congrégation (sic) de la Mission à Adowa d'Abyssinie." Mgr Bel, dans son Journal en français, à la date du 11 mai 1866, raconte que :

M. Mille, un Français habitant à Massaoua depuis quelques mois et sur le point de retourner en Egypte à bord du Victoria, a pris en consigne notre correspondance, avec, en plus, 5 cahiers du journal de Mgr De Jacobis, à partir de l'année 1843 jusqu'à l'année 1860 avec quelques-uns de ses discours que j'ai envoyés à M. Devin, Secrétaire Général, auteur de la vie de ce saint Prélat; il m'avait demandé ces documents qu'il conservera dans les archives de la Maison Mère.

Comme il est naturel au cours des enquêtes de la Cause de Béatification et de Canonisation, ces volumes ont été mis à la disposition du Postulateur Général à Rome (Cf. Positio super Introductione Causae, 1902). Puis les originaux sont retournés à Naples.

Le Journal constitue une source précieuse pour la connaissance de la vie et de la spiritualité du saint missionnaire; c'est même souvent une source indispensable, parce qu'unique. Nous pouvons rappeler les émouvants adieux et les salutations adressés aux confrères Sapeto et Montuori à Axum (1, 17 suivants); le 11 sept. 1842 il rappelle le second anniversaire de la mort de J.G. Perboyre (II, 125); sa dévotion envers la Médaille Miraculeuse et les efforts qu'il fit pour sa diffusion, mise en route après les apparitions à Paris en 1830 (IV 39; IV 55; V 15, 108). Il y a surtout les fameux Discours (I, 84 suivants.), dont le premier est rapporté dans la Liturgie des Heures, le jour de la fête du saint (30 juillet).

3.Correspondance

Les lettres sont très nombreuses, et la Province de Naples s'occupe de les publier, comme IIème volume des Ecrits. Quelques-unes seulement ont déjà été publiées dans les Annali della Congregazione della Missione, par exemple 11 (1846) 59-71; 72-80; 12 (1847) 286-321 (mais le texte en a été reproduit avec des coupures et des adaptations). Nous trouvons 23 lettres publiées dans le Bollettino Giustino De Jacobis (Bulletin Justin De Jacobis) de Naples (Annales 1933-35). Dernièrement les Annales de la Mission 106 (1999) 251-255 ont publié la lettre du 2-2-1847 au Préfet de Propaganda Fide.

Il est possible de recenser diverses catégories :

- Lettres Manuscrites de Mgr De Jacobis.

Il s'agit de deux volumes reliés sans numérotation cohérente, conservés dans les Archives de la Curie Générale de la CM, à Paris jusqu'à 1964 et maintenant à Rome, qui comprennent dans le Ier tome 148 lettres adressées presque toutes à Mme Elena d'Antoglietta des Marquis de Fragagnano (Tarante) de 1826 à 1839, et dans le tome II jusqu'à 1860, 280 lettres au P. Général, au Procureur Général, et à d'autres personnes: on en trouve un index dans la Positio super Introductione Causae.

Une quinzaine d'autres lettres adressées à divers correspondants, non reliées, se trouvent dans ces deux volumes, et donc conservées également dans les Archives de Paris.

  • Lettres à la Congrégation de Propaganda Fide

L' “Archivio Storico di Propaganda Fide” contient de nombreuses lettres envoyées au Dicastère du Saint Siège dont dépendait Mgr De Jacobis. Des copies manuscrites d'environ soixante-dix de ces lettres se trouvent dans les services de la Postulation Générale CM à Rome.

  • Lettres conservées dans les Archives d'Etat à Naples.

  • Au Roi Ferdinand II et au Gouvernement de Naples.

  • Lettres conservées dans les Archives de la Province de Naples de la Congrégation de la Mission.

Ce sont 22 lettres (de 1833 à 1841) adressées à Madame Giuseppina Vernaleone, devenue plus tard clarisse du monastère de S. Claire de Galatina (LE), une copie authentiquée par la Curie Episcopale de Lecce se trouve dans les services de la Postulation Générale CM à Rome.

En plus quelques autres lettres adressées à d'autres personnes, se trouvent dans les mêmes Archives.

  • Lettres envoyées à l'œuvre de la Propagation de la Foi de Lyon.

Certaines de ces lettres ont été publiées au cours des dernières années dans les Annalli della Propagazione della Fede.

  • Lettres aux Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris. Le P. S. Pane en dresse une liste dans sa biographie.

4. Livre Liturgique

A la fin du Volume I du Journal ont été insérées 160 pages intitulées:

Introduction au livre liturgique éthiopien. Il s'agit d'une traduction en italien de la Liturgie ghez, accompagnée de notes fréquentes, qui forment un commentaire intéressant de Mgr De Jacobis.

Le saint missionnaire avait ainsi rempli son devoir de réponse à l'invitation qui lui avait été faite par la Congrégation de la Propagation de la Foi de faire un tableau exhaustif de la situation liturgique telle qu'il l'avait trouvée en Abyssinie.

5. Ouvrages de Théologie en amharique ou en ghez

Les Biographes recensent divers ouvrages, composés par Mgr De Jacobis avec ses collaborateurs italiens et indigènes:

Missel Ethiopien, avec traduction et commentaire

Rituel Ethiopien, avec traduction et commentaire

Théologie Morale en ghez

Histoire des Hérésies, en amharique

Chronologie d'Abu-Sakir

Au sujet de ces deux derniers écrits, le P. S. Pane cite M. Chaine, Catalogue des manuscrits éthiopiens etc. Je pense qu'il fait référence au Catalogue des manuscrits éthiopiens de la collection Antoine D'Abbadie Paris 1912. On trouve mentionné en effet un manuscrit di Mgr De Jacobis et d'un Prêtre abyssin, Ghebre Micael qui contient une exposition des principales hérésies: d'abord une préface, puis seize chapitres. Quant à l'autre manuscrit, la Chronologie...... le P. Pane signale qu'il a été offert au S. Père Pie XI à l'occasion de la Béatification de Ghebre Micael précisément comme étant l'œuvre du Bienheureux Ghebre Micael.

Les biographes sus-mentionnés affirment que ces traductions devraient se trouver dans les Archives de la Propaganda Fide, mais les indications sont imprécises. Quant à nous, nous pensons que la base de leur argumentation s'appuie sur les affirmations même de Mgr De Jacobis, telles qu'on les trouve dispersées dans son Journal et dans ses lettres. Par exemple, il dit dans le Journal (Diario) (I, 300):

En attendant, l'étude de la langue, de la Liturgie Ethiopienne, et celle de la controverse propre aux Abyssins, mis à part ce qui avait été déjà traité dans le Catéchisme, occupaient tout le reste de mon temps. Le vocabulaire amharique s'enrichit alors, ainsi que les dissertations sur la Liturgie; même chose concernant le Dialogue Amhara historico-dogmatique, ainsi que la version en Amharique du Catéchisme du Cardinal Bellarmin.

Á la page 30, il avait parlé de tout cela comme d'un projet. Il écrivait alors :

Le travail le plus utile pour le Catholicisme en général, serait de se préoccuper du bien des protestants, travail auquel pourrait s'adonner un missionnaire abyssin : il s'agirait de démontrer que ces hérétiques ont conservé la foi en presque tous les dogmes, qui avaient été niés par eux. La traduction des livres liturgiques, dont j'espère pouvoir m'occuper serait la manière la plus facile, et la plus incontestable de rendre ce grand service à notre sainte Mère, et pour l'avantage de nos frères éloignés de nous.

Et dans une lettre au Cardinal Préfet de Propaganda Fide: (Journal I, 226):

J'expédie à l'intention de Votre Eminence un pli contenant une dissertation sur la Liturgie Ethiopienne: il s'agit d'un Dialogue Historico-Dogmatique en langue Amharique, sur la Controverse qui retient les Ethiopiens éloignés des Catholiques, et un Catéchisme complet tout entier en Amharique. Dans l'incertitude où je suis de devoir ou non me rendre là-bas, j'ai jugé bon d'envoyer ces écrits ensemble pour mieux faire connaître à Votre Eminence, en tout état de cause, le genre d'études auquel ici nous donnons la préférence, et la méthode d'instruction que nous avons adoptée. La Dissertation Liturgique est encore trop incomplète. Quant aux notes que j'ai récoltées d'autre part, je crois qu'elles pourront la rendre plus intéressante, à moins que Votre Eminence ne juge inutile de m'en occuper par la suite.

J'ai ajouté au Dialogue la version littérale d'une seule page afin d'indiquer aux connaisseurs de la langue amharique le genre d'état d'esprit où l'on se trouve là-bas pour en saisir le sens exact. Du reste j'ai avec moi la traduction en son entier, que je pourrai vous envoyer une autre fois, si tel était le bon plaisir de Votre Eminence.

Le Catéchisme en question n'est autre que celui même du Cardinal Bellarmin.

Au P. Giovanni Guarini, le Procureur Général à Rome, il écrit le 30 sept. 1859:

Pour le moment il convient de se rappeler que cette lettre a pour but d'accompagner le Traité qui manquait au Livre ghez des Institutions Morales à l'usage des Abyssins, et qui porte en tête quelques mots de dédicace du Livre tout entier à l'Eminentissime Barnabò avec notre.......

Je vous envoie également la partie principale du Missel Abyssin avec sa version en regard, et en bas de page les variantes et les notes. Ce second manuscrit comporte aussi quelques mots de dédicace pour le Saint Père. Quand par la suite ces deux manuscrits que j'enverrai enfermés dans une petite boîte et adressés, pour des raisons économiques, à Votre Excellence seront arrivés en vos mains, selon l'adresse ci-dessus, je demanderais alors à votre charité, mon cher Seigneur, d'offrir à Son Eminence tout le traité de Morale, en tant qu'œuvre à Elle dédiée, et de m'excuser de ma hardiesse auprès de la même Eminence.

Il se peut que ces manuscrits fassent partie des écrits qui, comme le P. Betta l'a souligné, n'ont peut-être plus d'intérêt immédiat et général, mais ils démontrent l'engagement linguistique et surtout l'effort consenti par Mgr De Jacobis pour s'imprégner de la culture des abyssins.

La publication sous peu de la Correspondance, qui suivra celle à peine achevée du Journal, illuminera d'une nouvelle lumière la vie de notre saint missionnaire, et soulignera la valeur prémonitoire de son œcuménisme et de son inculturation.

(Traduction: FRANÇOIS BRILLET, C.M.)

Cf L. Betta, En feuilletant les écrits de Justin De Jacobis dans Annali de la Mission 82 (1975) p. 26-46. Repris par L. Betta, Communication au sujet des principales biographies de saint Justin De Jacobis dans Actes de la Session d'Etudes (3-4 oct. 1987) : 12ème anniversaire de la canonisation de S. Justin De Jacobis, Valsele Tipografica, Naples 1989, p. 152-165.

L'Ethiopien ancien (ou Gheez, transcrit en français, soit par ghez ou ghèze, ou même guèze), langue sémitique dérivée du sud-arabique et apparentée à l'hébreu et à l'arabe, a donné naissance à trois langues - ou trois dialectes si l'on préfère -: le”tigré”, disparu, le tigrigna (tigréen, en français) [ces appellations viennent du nom (Tigré) de la province Nord-Est de la partie éthiopienne de la “Corne de l'Afrique”], et l'amharigna (ou amharique en français), dialecte de l'ethnie “Amhara”, résidant sur les Hauts-Plateaux du Centre. Cette dernière, grâce à l'école et principalement sur l'insistance du dernier Empereur (le “Négus”) Hailé Sellassié, d'ethnie Amhara, s'est répandue dans tous le pays, et est employée un peu partout comme langue véhiculaire. Les langues éthiopiennes ont leur alphabet propre, une dérivation du syro-phénicien qui fut aussi à l'origine des alphabets grec et latin. Avec une grosse différence, les Ethiopiens, sémitiquement, ayant choisi l'écriture syllabique, chaque lettre ( chaque consonne seulement en fait) modifiant légèrement sa forme pour indiquer la vocalisation à utiliser (ses voyelles). La trentaine de consonnes originaires (nos 26 lettres avec en plus quelques aspirées et explosives) aboutissent ainsi à un ensemble de près de 300 caractères. L'amharique s'est adouci en perdant une bonne partie de ses aspirées. En choisissant un alphabet syro-phénicien, les langues éthiopiennes ont simultanément choisi - à l'opposé de l'arabe et de l'hébreu - l'écriture de gauche à droite.

Traditionnellement, les Sémites de la “Corne de l'Afrique” ont revendiqué le nom d'Ethiopiens - qui veut dire en grec, “gens au visage brûlé”-- de préférence à celui d'Abyssins que les Européens, vraisemblablement après les Arabes, leur donnaient. Une des raisons invoquées, est le sens, à leur avis, péjoratif du terme Abyssin, qui dériverait d'une racine arabe signifiant “mélange de races” (cf. la racine “habesh” en arabe, qui signifie “réunir”, avec pour dérivé “houbash” signifiant “troupe de diverses tribus”). Une autre raison est la fréquence de l'épithète “éthiopien” dans la Bible juive pour laquelle ces populations d'origine sémitique ont le plus grand respect. Venus vraisemblablement d'Arabie saoudite (royaume mythique de Saba), ils sont fiers de s'attribuer les gloires de Salomon et revendiquent le fils qu'aurait eu la reine de Saba de ses amours avec le roi d'Israël.

Documents écrits mentionnés dans les Congrès, Ethiopie Arabie V, 205-169

Né à Borghetto (Ventimiglia) le 31 déc. 1804, mort à Massawa le 11 sept. 1864, ordonné Evêque à Halai le 2 oct. 1853: renseignements dans E. Lucatello - L. Betta, C.M., L'Abuna Yacob Mariam (S. Giustino De Jacobis), Rome 1975, p. 220-221.

Positio super Introductione Causae, Rome 1902. Cf. Summarium, p. 15, p. 24, p. 39.

Ibidem, p. 291, p. 309. Cf. aussi Lettre au P. Etienne du 26 avril 1840 (Archives de la Curie Généralice CM Rome, Lettres Manuscrites de Mgr De Jacobis, vol. II), S. PANE, Vita del Beato Giustino De Jacobis, Napoli, 1949, p. 303; Abba Técla-Haimanot, Abouna Yacob Paris, 1914, p. 16.

Voir aussi le Journal I, 55 : “Ministère du 26 janvier 1840. La veille de la fête de saint Jean Chrysostome, et un jour après la Conversion de saint Paul, je commençai à faire le Catéchisme en langue amharique à un petit groupe de dix personnes. L'ignorance est grande, surtout chez les femmes en ce qui concerne tous les domaines de la Doctrine Chrétienne. Le plus instruit de mes auditeurs me dit qu'il y avait trois dieux.

Né à Praiano (Salerno) le 17 octobre 1798, mort à Naples en 1856. Il s'était rendu à Rome avec M. Biancheri en 1848. Des renseignements sont disponibles dans le livre de E. Lucatello - L. Betta, C.M., Abuna Yacob Mariam (S. Justin De Jacobis) Rome, 1975, p.222.

Dans les Archives de la Curie Généralice de la Congrégation de la Mission, Rome.

Scritture riferite nei Congressi Etiopia Arabia (Rapports des Congrès Ethiopie-Arabie) , V, 181.

L. Betta, Spigolando fra gli scritti del Beato Giustino De Jacobis (En feuilletant les écrits de Justin De Jacobis) dans les Annali de la Mission 82 (1975) p. 29. La Bibliothèque des Missions (R. Streit Omi, 1953 Verlag Herder Freiburg XVIII, p. 735 dit ceci: (Ghebre Michael) Rédigea avec Mgr De Jacobis un catéchisme dans les 3 Dialectes abyssins.- le ghez, l'amharique et le tigréen; et il cite P. Coste, Ghebra Michaël dans Annales de la Congrégation de la Mission 91 (1926) p. 512-548. Le P. Coste dit en fait à la p. 533: Il rédigea, de plus, avec ce dernier (Mgr de Jacobis), un catéchisme dans les trois dialectes abyssins: le ghez, l'amharique et le tigréen. On cite également B. Coulbeaux qui, à la p. 157 de son Vers la Lumière: le Bienheureux Abba Ghèbrè-Michael, parle d'un livre de Ghèbrè-Michael, disant: Ce fut d'abord un livre ayant pour but de présenter la religion catholique de la manière la plus simple et la plus claire… , mais il s'agit d'un autre ouvrage, comme le dit le P. Coulbeaux concluant: Ce livre écrit en amharique, en ghez et en tigréen, ne nous est pas parvenu.

Ethnie hamitique très répandue dans le centre de l'Ethiopie.

L. Betta, Spigolando fra gli scritti del Beato Giustino De Jacobis (En feuilletant les écrits de Justin De Jacobis) dans les Annales de la Mission, 82 (1975) p. 29, déjà cité.

S. Pane, Vita del Beato Giustino De Jacobis, Napoli, 1949, p. 903.

Cf. M. L. Mazzarello - Neghesti Micael, Giustino De Jacobis. Inculturarsi per comunicare. LAS, Roma 1997, p. 75, n° 29.

Cette manière de procéder nous renvoie aux prophètes d'Israël de la Bible: on parle ainsi d'un “Deuxième Isaïe”.

Dans le Journal (I, 143) nous trouvons les minutes de cette lettre, datée du 7 avril 1840: J'avais pensé vous remettre le texte de cette doctrine traduite en amharique, et dans la langue du Tigré, qui sont deux langues vraiment différentes, langues toutefois parlées par tous dans cette région. Mais je me suis décidé à attendre d'abord votre avis, Monseigneur, si vous estimez que cette traduction, une fois multipliée et répandue entre les mains de tous pourrait être avantageuse à la Mission d'Ethiopie, je vous enverrai sans tarder les manuscrits

M.L. Mazzarello - Neghesti Micael, o.c.

Au début du 1er volume nous trouvons en fait l'inscription: Congreg. Missionis Ad usum De Jacobis Justini 1839.

J. de Jacobis, Scritti, vol. I Diario CLV, Rome 2000, Préface du P. R. Maloney, Introduction du P. G. Guerra.

Scritture riferite nei Congressi Etiopia Arabia (Rapports des Congrès Rethiopie-Arabie)

19 L. Betta, Spigolando fra gli scritti di Giustino De Jacobis (En feuilletant les écrits de Justin De Jacobis, déjà cité) dans Annali della la Missione 82 (1975) p. 28, dit qu'elles se trouvent aux Archives d'Etat de Naples, mais nous ne les y avons pas trouvées. Pas plus que dans les Archives Borbone, ni au Ministère de l'Ecclésiastique, ni dans le Fonds Externe.

S. Pane. Vita del Beato Giustino De Jacobis ( Vie du Bx Justin de Jacobis) Naples 1949, p. 855 n° 3.

L. Betta, a.c.; e S. Pane, o.c., p. 902, n.1.

Cf La cronaca della solenne cerimonia (Chronique de la cérémonie solennelle). Annali della Missione 33 (1926) p. 286.

Sans date, mais dans le Journal nous sommes (déjà) en 1841.

Lettres Manuscrites, vol. II.

L. Betta, Spigolando fra gli scritti di Giustino De Jacobis (En feuilletant les écrits de Justin De Jacobis, déjà cité) dans Annali della Missione 82 (1975) p.29.

11