Les martyrs d'Espagne - 3. Martyres de l'Association des Enfants de Marie Immaculée

3. Martyrs de l'Association des Enfants de Marie Immaculée

1.- Don Pédro Gambín Pérez, aumônier, né le 17 juillet 1886 à Cartagène (Espagne) et mort le 15 août 1936 à Murcia.

Il était prêtre. Directeur de l'Association. Il fut arrêté le 20 juillet 1936 et conduit à l'Hôtel de Ville. Puis, sous les injures et les mauvais traitements de la foule, il fut conduit à la prison Saint Anton.

À la prison, il fut exemplaire, édifiant les autres par sa patience et sa résignation chrétienne. Il exhortait les détenus à pardonner les injures qu'ils recevaient. Il priait tous les jours durant plusieurs heures, et, le soir venu, il réunissait les plus humbles pour prier le saint rosaire en faveur de l'Eglise et de l'Espagne. On lui offrit quelques commodités, qu'il n'accepta pas. Il partageait avec ceux qui étaient le plus dans le besoin la nourriture qu'on lui apportait de la maison.

À l'aube du 15 août, alors que tous dormaient, le grincement bruyant de la serrure les réveilla en sursaut. Don Pedro se redressa sur sa paillasse, regarda la montre et s'écria : “Mon Dieu, deux heures et demie. Que me veulent-ils?” Obéissant, il s'habilla rapidement, se mit à genoux devant un de ses compagnons de prison pour recevoir l'absolution de ses mains. Ligoté avec des lanières de couvertures, ils le frappèrent de coups de crosse. Il encouragea les sept autres martyrs qui l'accompagnaient. Et dans les cols de la route de Cartagène à Murcie, cinq coup de feu mirent fin à son existence. L'un d'eux pénétra sur le côté, mais lui donner la mort sur le champ.

Le matin, un charretier entendit ses gémissements, s'approcha pour l'aider et, en le voyant perdre son sang par les cinq blessures, il voulut lui porter secours, mais Don Pedro lui répondit: “Je n'ai besoin de rien ; mon âme va s'unir bientôt à Dieu.” Et il en fut ainsi. Avant de mourir, il avait donné une croix à l'un de ses assassins, en lui disant : “Prends-la, tu en auras bientôt besoin!”

2. Don Antonio Gutiérrez Criado, aumônier, né à Toledo (Espagne) et mort le 7 août 1936 à Cerro de los Angéles, Madrid.

Il avait été ordonné prêtre à Tolède, et envoyé à Cartagène, de 1925 à 1931, comme aumônier militaire, tâche qu'il partageait avec l'apostolat auprès des jeunes de l'Association, dont il était membre actif.

Étant donné le caractère laïque du Gouvernement de la République, il dût quitter l'aumônerie militaire et retourna à Tolède, où il fut nommé conseiller diocésain de la Jeunesse Catholique, à laquelle il se consacra avec le même enthousiasme qu'à Cartagène. En 1933, il organisa un Congrès national qui, malgré une grève générale organisée pour l'empêcher, eut un grand succès, certains y venant à pied.

Au moment de la persécution, il alla se réfugier à l'Alcazar, comme le firent quelques jeunes de l'Action Catholique, parmi lesquels, Antonion Rivera, appelé “L'ange de l'Alcazar”. Mais il disait : “J'ai décidé de ne pas me cacher. Si Dieu veut que je meure, que sa volonté soit faite.”

Le sept mars 1936, des militants de la CNT vinrent le chercher. Ils l'accusèrent d'être le président du fascisme de Tolède. Il le nia en disant: “Je suis le conseiller de la jeunesse de l'Action Catholique.” Ils l'amenèrent au Cerro de los Angeles. Et le corps de ce Fils de Marie tomba, criblé de balles, face aux ruines du monument gigantesque dédié au Sacré Cœur de Jésus.

3.- Don José Sánchez Medina, aumônier, né le 3 août 1900 à Archena, Murcia (Espagne) et mort le 17 octobre 1936 à Archena, Murcia.

Ordonné prêtre, il fut nommé Official de l'Évêque et exerça son ministère à Cartagène. Il fut membre de l'Association des Enfants de Marie Immaculée et organiste de l'église de la Charité, patronne de la ville. Il est l'auteur du populaire “Salve Cartagenera”.

Il allumait la ferveur dans les âmes qui venaient chercher conseil. Il savait orienter la jeunesse qu'il captivait par sa sympathie pleine d'optimisme et de sainte joie. Il mourut pour Dieu à qui il avait offert son existence.

Don Antonio Riquelme, prêtre, témoin de son apostolat, dit de lui : “Durant son séjour à Cartagène, il fut un véritable apôtre, qui rendit grande gloire à notre Seigneur. Sa mort laisse, dans l'archiprêtrée, un vide qui ne sera pas facile à combler” et “Il avait une conscience très droite et délicate, propre à un élu de Dieu”.

Son père, qui l'accompagnait au moment de mourir, demanda aux assassins d'être tué le premier, car il ne voulait pas voir mourir son fils. Ils n'acceptèrent pas et lui réservèrent la dernière place.

4.- Don Cayetano García Martínez, aumônier, né le 6 janvier 1995 à Jumilla (Espagne) et mort le 15 août 1936 aux abords de Jumilla.

Ce fut un prêtre zélé, remplis de vertus et de fervente charité, qui savait toucher les cœurs de l'humble peuple.

Au début de la guerre civile, il était chez ses parents, à Lorqui. Il était protégé par le maire. Mais le 15 août, des individus du Comité de Jumilla, prétendant avoir un mandat gouvernemental, l'amènent en tant que détenu dans son village natal, pour “témoigner”.

On l'amena à l'Hôtel de Ville où il y avait déjà d'autres détenus. Après plusieurs heures de délibérations (car tous ne voulaient pas les condamner à mort), ils furent conduits dans les environs de l'ermitage de Saint Augustin, en dehors de la ville où ils furent exécutés.

Le jour de sa mort, il put communier en cachette et dit à ses parents: “La vie, on ne peut la donner qu'une fois. Quel plus grand bonheur y a-t-il que la remettre pour le Christ?

Don Cayetano donna à tous l'absolution et il bénit les bourreaux. Il commença un “Vive le Christ Roi!” qu'il ne put terminer, car une décharge le fit tomber à terre inanimé.

En l'apprenant, le maire de Jumilla s'écria: “Je n'ai pu l'éviter, ils m'ont laissé seul”.

5.- Francisco Roselló Hernández, né en 1907, à Cartagène (Espagne) et mort le 18 octobre 1936 à Cartagène.

C'était un homme d'une piété exemplaire. Il était agent commercial de sa profession.

Membre de l'Association, il avait un sens religieux très profond qui se manifestait par des communions très ferventes qui stimulaient ses compagnons. Il était sérieux et avait un jugement droit. Il était une personne aux vertus remarquables dont ses compagnons étaient fiers.

En juillet 1936, à la veille de se marier, il fut emprisonné et resta à la prison Saint Anton de Cartagène, parmi des marins, des militaires et des civils, emprisonnés à cause de leurs idées politiques et religieuses.

Lorsque, le 18 octobre, le parti adversaire réalisa le premier bombardement sur la ville, il y eut un acte de représailles. Sans aucun jugement, on fit sortir de la prison 49 détenus et ils furent exécutés.

Ses restes, jetés dans une fosse commune, furent reconnus par une médaille de la Vierge de la Charité à laquelle il avait grande dévotion et qui était un cadeau de sa fiancée.

6.- Modesto Allepuz Vera, né en 1906 à Cartagène (Espagne) et mort le 22 septembre 1936 à Cartagène.

Il était employé chez “Contrataciones e Industrias, S. A.”. Durant sa vie, il fit montre de piété et de vertus. Il fut secrétaire de l'Association, avec le soutien de tous. Il fut un dirigeant idéal, donnant un exemple constant de piété et d'édification. Tandis que l'Espagne s'épuisait dans une lutte politique sans merci, lui prêchait toujours la doctrine de l'amour de Jésus-Christ.

Quand éclata la révolution, il partit avec son épouse et ses enfants dans un village proche, dans l'intention de se soustraire aux miliciens.

Finalement, arrêté en août 1936, il fut emprisonné et, plus tard, condamné à mort. Le 22 septembre de cette même année, il tombait sous les balles au cimetière de Cartagène, en compagnie d'Enrique Gonzalvez et José Ardil.

Ses qualités chrétiennes se révèlent dans une déclaration qu'il fit conjointement à dix autres condamnés. L'un d'entre eux, au nom du groupe, eut des paroles de pardon à l'égard des auteurs de leur mort, leur demandant de se considérer satisfaits avec leur sang et que ce soit la dernière fois que l'on verse du sang. Il fit ses adieux en embrassant ses geôliers avant de partir pour le martyre, comme cela apparaît dans l'acte notarial.

Invité à tourner le dos, il répondit que cela n'était pas nécessaire, et, encouragé par la médaille de la Vierge, il reçut la décharge qui devait lui ôter la vie. On conserve la médaille qu'il portait au cou au moment de sa mort, trouée par la balle qui lui mit fin à ses jours.

Il mourut comme seuls les martyrs savent le faire, le sourire aux lèvres, assuré que son sacrifice en cette vie le conduisait à la demeure éternelle des bienheureux

7.- Henrique Pedro Gonzálvez Andreu, né le 15 juillet 1910 à Cartagène (Espagne) et mort le 22 septembre 1936 à Cartagène.

Il était Clerc de notaire. Il remplit plusieurs postes de direction dans l'Association, étant successivement secrétaire et vice-président. Serviable, doté de qualités morales et de discrétion, il était d'un abord affable.

Son amour et sa fidélité pour l'Eglise l'amena à protester courageusement contre la destruction de monuments religieux et contre la loi du gouvernement concernant les confessions et les congrégations religieuses. Il défendit toujours le monde ouvrier, en se basant sur les sages orientations données par la doctrine sociale de l'Eglise, et en repoussant les violences des éléments agitateurs ainsi que les égoïsmes et incompréhensions des classes aisées.

Au début du conflit, il se cacha chez des parents. Les menaces contre sa mère l'amenèrent à se livrer volontairement.

Il fut arrêté avec 24 autres personnes et jugé par un Tribunal populaire. La sentence fut la peine de mort. Face à cette décision, il accepta ce que Dieu disposait. En prison, il édifia par son exemple apostolique. Sa dernière heure étant arrivée, il n'eut que des paroles de pardon. Avant de partir pour être exécuté, l'un des dix condamnés eut, au nom de tous, des mots de pardon à l'adresse des auteurs de leur mort et d'autres ennemis, demandant qu'ils se contentent de leur sang de manière à ce que ce soit la dernière fois qu'il en soit versé. Tel est ce qui apparaît dans l'acte notarial.

Invité à tourner le dos, il répondit que cela n'était pas nécessaire, et, encouragé par la médaille de la Vierge, il reçut la décharge qui venait lui ôter la vie.

Il mourut, comme seulement savent le faire les martyrs, le sourire aux lèvres, assuré que son sacrifice en cette vie, le conduisait vers l'éternelle demeure des bienheureux.

8.- José Ardil Lázaro, né en 1913 à Cartagène (Espagne) et mort le 22 septembre 1936 à Cartagène.

Jeune catholique, membre de l'Association, il était d'une conduite exemplaire. Au début de la guerre, il partit pour Murcia, afin d'éviter l'inévitable.

Sa sœur fut arrêtée, mais lui-même se présenta aux chefs de la révolution pour sauver sa famille. Ce fut un sacrifice désintéressé, noble et beau. Il savait ce qui allait arriver et n'hésita pas. Il avait un cœur noble aux racines chrétiennes profondes.

Vers la mi-août, il entra en prison, serein, comme il en sortira quelques semaines plus tard pour d'avancer vers la mort.

Ses dispositions chrétiennes se remarquent d'une déclaration qu'il fit avec dix autres condamnés. Selon ce qu'il apparaît dans l'acte notarial, l'un d'entre eux, au nom du groupe, eut des paroles de pardon envers les auteurs de leur mort, leur demandant de se considérer satisfaits avec leur sang et que ce soit la dernière fois que l'on en verse. Il fit ses adieux en embrassant ses geôliers, avant de partir pour le martyre.

9.- Isidoro Juan Martínez, né le 10 mai 1899 à Cartagène (Espagne) et mort le 18 octobre 1936 à Cartagène.

Il était avocat de profession. Membre de l'Association, il en avait été vice-président. Puisque c'était la règle, il quitta l'Association au moment de se marier. Cependant, quand il fut permis aux membres mariés d'en faire partie, il fut un des premiers à revenir.

Peu après le commencement de la guerre civile, en juillet 1936, il fut incarcéré dans la prison de Saint Anton de Cartagène, en compagnie de marins, de militaires et de civils arrêtés à cause de leurs idées politiques et religieuses.

Il fut assassiné, en même temps que 48 autres hommes, donnant sa vie totalement et sans renoncer à ses convictions, fier de tomber pour la cause de Dieu.

10.- Francisco García Balanza, mort le 25 septembre 1936 à Cartagène.

Il fut président de l'Association à Cartagène, durant plusieurs années. Sa vie privée, pleine d'abnégation et de sacrifice, lui attira d'innombrables sympathies, car il était le père des pauvres et des humbles. Les besoins des autres l'affectaient personnellement, et il luttait pour l'amélioration des classes humbles, avec des moyens justes, inspirés par la doctrine chrétienne.

Il fut envoyé sur le bateau Jaime I. La garde rouge de ce même bateau l'obligea à le quitter le 25 août. Il fut assassiné de dos. Son corps resta sur la route, comme cela se voyait dans ces jours tragiques.

11.- Antonio Gil Muñoz, né en 1916 à Daimiel, Ciudad Real (Espagne) et mort le 5 mars 1939 à Cartagène.

Il était membre de l'Association, où il se forgea un esprit chrétien. Sa foi ardente et clairement affichée fut le motif pour lequel il eut à souffrir les honneurs de la persécution et à pratiquer sa religion n cachette.

Sa bonté naturelle et son caractère humble et exempt de haine, unis à la force de ses convictions, faisaient de lui l'ami idéal et unique avec qui on pouvait travailler dans ces circonstances difficiles. Sa joie était grande quand il pouvait participer à l'Eucharistie et communier avec celle qu'il avait l'intention d'épouser, ainsi qu'avec sa mère. Avec un zèle remarquable, il s'offrait à porter, si nécessaire, la sainte communion à qui en avait besoin.

Il tomba entre les mains des miliciens. Des témoins direct le virent recevoir un grand coup sur la tête, qui fut le commencement de son supplice. Plus tard, son corps mutilé fut reconnu, parmi ceux de ses compagnons de martyre, par sa mère, à cause du scapulaire qu'il portait, cousu, à l'intérieur de son manteau.