Le rôle de la Soeur dans l'équipe missionnaire

Le rôle de la Sœur

dans l'équipe missionnaire

Sr. Monique Kharouf, FdlC

Province du Moyen-Orient

Expérience et Réflexion sur la Mission

Dans l'histoire de l'Église, le dynamisme missionnaire a toujours été un signe de vitalité, la foi s'affermit lorsqu'on la donne.

Ensemble prêtres, sœurs et laïcs, nous sommes envoyés auprès de nos frères pour les rencontrer dans leurs recherches du sens de la vie, dans leur découverte de Dieu, pour les servir avec intelligence et les aimer avec passion. Dans une équipe missionnaire, chaque membre a sa place, son rôle. En tant que Fille de la Charité, je partage avec vous ma petite expérience comme membre d'une équipe missionnaire, en signalant le rôle de la sœur dans la mission et à l'intérieur de cette équipe missionnaire.

Je parle d'une expérience vécue lors d'une mission en été 1996, une mission de 15 jours dans deux villages voisins au nord du Liban, Bazoun et Bkerkacha. Groupe formé de 27 jeunes filles et jeunes gens, 2 prêtres Lazaristes et 6 Filles de la Charité; notre local était l'ancienne école du village. Pauvre matériellement, mais riche par l'accueil des gens et par leur présence.

Un camp mission: il s'agit de porter témoignage de sa foi, par sa vie, sa joie, sa parole et son action, de vivre un temps fort de montée spirituelle dans le climat communautaire d'une équipe animée d'un idéal évangélique.

Je me suis occupée avec deux jeunes filles, d'un groupe de jeunes du village de 15 à 18 ans, plusieurs sujets étaient discutés: la mode, la télévision et son influence, les sectes, le sacrement de Mariage et de Pénitence, les difficultés rencontrées dans leur vie. Un temps était aussi consacré à préparer les chants de la messe et les veillées, une sortie était organisée ensemble, une amitié vécue dans la joie et la simplicité.

Ce que la sœur peut apporter à une équipe missionnaire et à la mission:

*Mon rôle comme Fille de la charité, servante de Dieu et des pauvres, c'est d'être présente à celui qui a besoin d'un geste, d'un encouragement, d'un coup de main. La sœur fait le lien entre les membres du groupe, les gens des villages et les prêtres. En rencontrant et en accompagnant des jeunes, plusieurs parmi eux demandent à voir le prêtre pour solliciter un conseil et recevoir le sacrement de Pénitence.

*A l'intérieur du groupe, on a souvent recours à la sœur pour les besoins matériels ou spirituels: face à une difficulté, les jeunes filles, surtout, s'approchent de la sœur avec confiance, heureuses de se sentir accueillies.

*À l'exemple de Marie à Cana, son rôle est de suivre Jésus et d'amener à lui les autres et ceci par une attention continuelle à leurs besoins. Sa nature féminine, sa délicatesse, sa tendresse, sa prudence et son attention favorisent son entrée en relation avec les autres d'une manière simple et vraie. Plusieurs jeunes filles et jeunes gens, particulièrement ceux qui font partie du groupe missionnaire, ont exprimé leur besoin de parler avec la sœur , pour lui raconter une difficulté, poser des questions ponctuelles: "questions de choix de vie, de mariage, problèmes avec les parents, en société, recherche du sens de vie, plusieurs inquiétudes et soucis sont racontés et partagés". J'ai veillé à organiser mon temps de façon à être à l'écoute de ces jeunes, cette présence discrète à côté d'eux m'a permis de découvrir l'importance de ces moments de partage et de rencontre durant la mission.

*La présence de la sœur est efficace en particulier pour les visites aux gens des villages, elle facilite l'entrée du prêtre et des membres du groupe missionnaire. Les visites aux familles ont créé des contacts humains, elles m'ont permis de découvrir leurs aspirations et leurs besoins. Dans ces missions, les gens nous disent: "Restez chez nous, éduquez nos enfants, faites-nous connaître notre religion. Tout ce que vous nous dites nous fait du bien." Quelle soif de découvrir davantage le Christ! Au moment des adieux, certaines larmes témoignent des liens créés et de la joie du Christ présent au milieu des siens tout au long de la mission.

*En fait l'attitude de la sœur est à la fois celle "de Marie et de Marthe". Une vie de prière qui se traduit par le service, par la charité concrète. Elle reste attentive au groupe et l'aide à préparer cette atmosphère qui se traduit par la prière en commun et le partage des services humbles; en mettant la main à la pâte.

*La présence de la sœur est un témoignage de la joie d'une vie consacrée, d'une appartenance à l'Église , à la Compagnie, et aux pauvres, d'un engagement de vie dans le don et dans le service, d'une "réponse d'amour à un appel d'amour" C.2.6. Sa vie et son service posent question pour l'entourage. Durant la mission, plusieurs questions ont été posées quant au sens de vocation, j'ai rencontré des jeunes qui ont osé parler de leur recherche pour vivre un engagement solide, ils ont aussi exprimé leur inquiétude face à l'exigence d'une vie consacrée. La présence de la sœur était parmi eux l'occasion de partager leurs souhaits et leurs inquiétudes, ainsi que leur espérance chrétienne qui les pousse, malgré tout, à vouloir créer la "civilisation de l'amour" comme aime à le répéter le Pape Jean-Paul II!

Les problèmes rencontrés

En tant que Fille de Charité les difficultés rencontrées relevaient non de ma personne ou de mes liens, mais de celles, ressenties et vécues par le groupe missionnaire en tant que tel à savoir:

- Difficultés venant du curé du lieu. Bien qu'ils aient accepté la mission dans leur village, certains prêtres font obstacle quand ils perçoivent l'impact du groupe sur leurs paroissiens; d'où parfois chez eux, une lutte de pouvoir: ils croient qu'ils perdent leur place ou leur autorité.

- Difficultés à l'intérieur du groupe. Parfois, certains membres du groupe ne sont pas assez conscients de leur engagement missionnaire, ils risquent d'être cause de désunion ou d'indifférence, et cela influence mal la vie du groupe et est regrettable pour la mission; heureusement que tout s'arrange à partir de la réflexion et de la révision faites en commun.

- Difficultés venant des personnes auxquelles s'adresse la mission. Certains jeunes se désintéressent des questions relevant de la foi au Christ, d'autres prennent de la distance et refusent l'invitation à venir nous rejoindre, nous essayons quand même d'entrer en contact personnel avec eux, pour les encourager à venir participer à nos rencontres tout en respectant leur liberté de choix!

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Une vie authentique, une vie appelante, un témoignage de vie, de partage, de joie, est très nécessaire pour les gens qui nous entourent aujourd'hui et surtout pour ceux qui abandonnent l'Église .

L'Évangélisation n'est pas d'abord un programme ou un discours, elle est présence, engagement et ouverture au Christ.

Merci Seigneur, car vivre ces jours si riches de mission, parmi nos frères les plus nécessiteux est une grâce, j'ai mieux compris que chaque personne, que tout homme a son rôle, a sa responsabilité pour étendre Le Royaume dans le monde d'aujourd'hui.

Ensemble, continuons le chemin, pleins de confiance, pour, comme dit Saint Vincent,

"Faire toujours davantage".