La Société de Saint-Vincent de Paul

La Société de Saint-Vincent de Paul

par César Nunes Viana

Président International de la

Société de Saint-Vincent de Paul

1. Fondée par Frédéric Ozanam en 1833, la Société de Saint-Vincent de Paul est une association laïque vivant en fidélité à l'Eglise et à l'esprit de saint Vincent. Au moment de sa fondation, les répercussions de la Révolution française étaient encore fortes dans la vie quotidienne: le chômage et la misère étaient partout répandus. C'est à l'initiative de son fondateur, avec six autres compagnons, que la première Conférence a été fondée. C'est la cellule de base de tout travail vincentien. Grâce à elle, il a été possible de réfléchir sur la situation sociale du moment et développer des activités importantes auprès de ceux qui étaient malades et qui avaient faim.

Ce fut une initiative prophétique. Elle s'est rapidement répandue, non seulement en France, mais aussi à l'extérieur. Aujourd'hui, la Société de Saint-Vincent de Paul est présente dans 135 pays, dans lesquels 900.000 vincentiens travaillent dans environ 50.000 conférences.

L'identité de la Société de Saint-Vincent de Paul s'inscrit bien dans le cadre de la famille vincentienne, puisque son travail, inspiré par l'Evangile, a toujours été accompagné par la pensée de saint Vincent de Paul et les enseignements de Fréderic Ozanam.

Toute son action ou celle de ses membres commence par un dialogue interpersonnel avec ceux à qui on rend une visite. Pour que celle-ci soit réussie, il faut qu'il y ait un esprit de pauvreté d'une part et d'autre. Remarquons qu'aucune forme de pauvreté, matérielle ou spirituelle, n'est méconnue de la Société de Saint-Vincent de Paul et que le relation interpersonnelle avec les pauvres que l'on visite doit être relue entre confrères et consoeurs.

Les conférences ont pour base la paroisse, bien que quelques-unes se développent dans des écoles et des universités, et même dans des entreprises. La visite à domicile suppose une spiritualité et une formation générale et spécifique, ainsi qu'un partage entre les confrères et les consoeurs sur les difficultés trouvées pendant la visite hebdomadaire. Cela signifie qu'on essaye de trouver de bonnes solutions et une entraide pour surmonter les difficultés.

L'objectif ultime des visites consiste toujours à trouver la solution la meilleure aux situations de pauvretés, matérielles ou spirituelles, en étant attentif aussi à toutes les situations d'urgence qui peuvent se présenter.

2. Quant aux relations de la Société de Saint-Vincent de Paul avec les autres branches de la Famille Vincentienne, on essaye de faire en sorte qu'elles soient toujours les meilleures possible, non seulement au niveau de la création d'un climat fraternel entre tous, mais aussi au niveau de l'échange mutuel d'expériences positives et de la mise en oeuvre de projets en communs. Cette collaboration avec les différentes branches de la Famille, fait surgir des attentes en vue d'une amélioration des rapports et crée une espérance pour l'avenir.

Ces caractéristiques prennent des formes diverses sur le terrain. Nous tenons pour essentielle l'existence de journées de prière et de réflexion, dans des moments où nous nous efforçons de nous réunir. Avant tout, on souhaite que le 27 septembre, fête de saint Vincent de Paul, soit partout célébré conjointement avec toutes les autres branches de la Famille Vincentienne. Nous, membres des Conférences, après la béatification d'Ozanam l'an dernier, nous aimerions voir souligné d'une façon semblable le 9 septembre, fête d'Ozanam. Nous aimerions aussi pouvoir nous réunir le week-end le plus proche du 23 avril pour réfléchir à notre travail ensemble, de telle sorte que nous soyons de plus en plus unis avec nos frères et soeurs qui vivent dans des pays où les difficultés matérielles et spirituelles sont énormes.

3. Par rapport au troisième millénaire, sous l'inspiration de la béatification de Fréderic Ozanam, nous sommes conscients que nous sommes en train de vivre une époque révolutionnaire peut-être plus dramatique, sous certains aspects, que du temps de notre fondateur. Nous aurons une assemblée générale à Fatima l'an prochain, après Pâques. Dans cette assemblée, nous réfléchirons sur les problèmes contemporains qui nous tiennent à coeur. Nous ne saurions oublier que, au temps d'Ozanam, la machine a remplacé une partie du travail physique de l'homme. Aujourd'hui, elle remplace même une partie du travail intellectuel. Il est donc nécessaire que nous trouvions des points de repère qui puissent permettre de découvrir la justice sociale, en tenant compte des nouveaux vecteurs de développement technologique du monde contemporain.

Les problèmes sont innombrables, tels le chômage, les sans-abris, la disparition de l'esprit de famille, les nouvelles maladies et pauvretés comme le SIDA, le cancer, la drogue, la prostitution des jeunes, les prisonniers et l'exploitation des pays et des gens plus riches sur les pays et les gens plus pauvres. Tout cela demande que l'action des vincentiens soit ordonnée dans le sens de la charité chrétienne, afin de mieux nous aimer, collaborer et nous découvrir une fraternité chrétienne toujours plus vivante.

(Traduction: Gil José Pereira, C.M.)