Les martyrs d'Amérique Latine - 2. Panama (1989)

2. Panama (1989)

Introduction

Les militaires prirent le contrôle du Panama en 1968. Le dictateur Omar Torrijos dirigea le pays jusqu'à sa mort dans un accident d'avion en 1981. Après des luttes internes, le Général Manuel Noriega pris le contrôle du pays en 1983. Tout d'abord allié des Etats-Unis, il se les aliéna de plus en plus. Un embargo fut imposé au Panama par les Etats-Unis en 1988, ruinant l'économie du pays. Noriega se lança dans une répression qui devint de plus en plus brutale. En 1989, des élections étaient prévues. Les évêques et quelques membres du clergé (et en particulier les confrères) parlèrent avec force contre les abus de pouvoir, la violence et la répression. Le P. Nico van Kleek fut assassiné le jour des élections, le 7 mai 1989.

On voulut couvrir ces événements tragiques, les témoins furent menacés et l'enquête judiciaire suspendue jusqu'à la fin du régime. La procession de ses funérailles fut perturbée: les chauffeurs de bus recevaient des menaces s'ils transportaient des gens qui voulaient participer au cortège funèbre, des soldats étaient disposés tout le long de la route, la procession funèbre fut perturbée par le vrombissement des avions militaires qui la survolaient à basse altitude.

Après l'arrivée des troupes des Etats-Unis au Panama qui mit fin au régime, le soldat qui avait tué le P. Nico fut condamné pour crime. Les confrères demandèrent la clémence, mais aussi que des clarifications soient faites sur les événements. Mais aucun détail (pourquoi il avait été tué, qui avait couvert le crime, etc.) n'a jamais été tiré au clair. (John Prager, C.M.)

Martyr de la Congrégation de la Mission

1.- Père Nicholas van Kleef, C.M., membre de la Province Orientale des Etats-Unis, né le 18 avril 1937 à Woerdan (Pays-Bas) et mort le 7 mai 1989 à Panama.

Peu après son ordination, le P. Nicolas van Kleek fut envoyé comme missionnaire au Guatemala. En 1965, il fut affecté à San Pedro del Pino, au Panama, mais un an plus tard il eut un accident de voiture sur la grand-route et, sérieusement atteint à la colonne vertébrale, il se retrouva paralysé des membres inférieurs à partir de la taille.

A la demande de ses supérieurs il accepta de retourner en Hollande pour y suivre une thérapie à la condition expresse qu'on lui permettrait de revenir à Veraguas, parce que les pauvres avaient besoin de lui. Pendant son séjour en Hollande on lui offrit une voiture spécialement adaptée à son état. A son retour à Veraguas la communauté s'arrangea pour qu'un jeune l'accompagne dans ses tâches pastorales, l'assistant pour passer de sa voiture au fauteuil roulant et l'aidant dans ses déplacements. En dépit de son handicap, le Père Nico accomplissait fidèlement son ministère, célébrant la liturgie et administrant les sacrements, enseignant le français et les mathématiques en classe, s'occupant de ceux qui venaient le consulter au presbytère, visitant les fermes et montrant des films religieux, promouvant les sports parmi les jeunes, rédigeant et imprimant le bulletin paroissial, participant, en tant que membre, au Conseil Diocésain et présidant la Commission de Pastorale Diocésaine. Il était célèbre pour une phrase qu'il disait souvent: "Je désire être la Bonne Nouvelle."

Le Père Nico fut martyrisé sous la dictature du Général Manuel Antonio Noriega au Panama. Les jours précédant le martyre, la dictature militaire organisait l'élection présidentielle et la situation au Panama était tendue. Les droits de l'homme étaient violés et devant cette réalité, la réaction évangélique des Lazaristes du Panama fut de prendre la parole pour défendre la dignité de la vie humaine. Dans sa dernière homélie, le Père Nico proclama: "Dans une communauté où l'on combat le mal, la fourberie, le mensonge, le scandale....où la justice, la paix et la vérité sont défendues, dans une telle communauté la foi en la résurrection est mise en pratique."

Le 7 Mai 1989, le jour de l'élection, le Père Nico en route pour aller célébrer l'Eucharistie dominicale, appelait, selon son habitude, les gens à la messe, au moyen du haut-parleur fixé à sa voiture. Un membre de la Garde Nationale Panaméenne arrêta la voiture du P. Nico, entra dedans et s'assit derrière lui, tenant un fusil sur sa tête. Bien que ce jour-là le P. Nico fut empêché de proclamer la Parole de Dieu de son pupitre, il la proclama par son propre sacrifice et par son martyre. Sur la route qui menait au quartier général de la police, le soldat tira sur le coté de la tête du Père Nico. Le jour suivant il mourut.

Il y eut de nombreux témoignages de ce que le Père Nico signifiait pour les hommes et les femmes qu'il servait. Un témoignage résume la réalité de sa mort: "Dans le royaume de Dieu, il y aurait respect, paix, justice. Au Panama Il n'y a rien de tout cela. Nous avons un martyr, nous chercherons à promouvoir le règne de Dieu.”