L'apostolat parmi les immigrants polonais aux Etats-Unis. Province de Nouvelle-Angleterre

L'apostolat parmi les immigrants polonais aux États-Unis

Province de Nouvelle-Angleterre

par Edward P. Gicewicz C.M.

Province de Nouvelle-Angleterre

Premiers débuts

Le jour du nouvel an, 1 janvier 1904, M. George Glogowski, Prêtre de la Mission, fut installé curé à l'église Saint-Stanislas évêque et martyr, à New Haven, dans l'état du Connecticut.

En tant que supérieur du groupe de confrères, M. Glogowski organisa aussi la paroisse Saint-Michel, à Derby, Connecticut, dès 1905. Il accepta trois paroisses dans l'état de Pennsylvanie : en 1906 celle de Sainte-Marie à Conshohocken et celle du Sacré-Cœur à Swedesburg, en 1908 Sainte-Hedwige à Philadelphie.

En ce temps-là, au terme de la guerre russo-japonaise de 1904 et après la révolution de 1905, le tsar Nicolas II se laissa fléchir et fit des concessions, d'abord dans le domaine de l'éducation ; elles valurent aux Polonais un certain degré de liberté religieuse et culturelle. Il permit aux missionnaires de faire du ministère parmi les fidèles de la part de Pologne occupée par la Russie.

Le projet de s'étendre dans le nouveau territoire des États-Unis fut abandonné et le Visiteur en rappela ses confrères.

La lune de miel avec le gouvernement russe dura seulement deux ans. Quand le gouvernement tsariste revint sur ses promesses, on retomba sous la poigne de fer. Les régions sous occupation russe furent de nouveau fermées et les missionnaires furent expulsés. Un par un ils retournèrent aux États-Unis. Le projet d'une école supérieure pour garçons polonais fut repris et devint prioritaire. Aux yeux des Vincentiens, la meilleure suite à donner à la mission paroissiale était une bonne école secondaire avec pensionnat, possible source de vocations pour leur communauté. Ils se mirent à prospecter en ce sens.

L'École Préparatoire Saint-Jean de Kenty éduque des garçons et en fait des hommes

L'idée d'un petit séminaire était présente dès le début. Il fut bâti en 1912, dès que le prélat Ignasiak, d'Erie en Pennsylvanie, fit don d'un vaste terrain pour y établir une école. Le séminaire prospéra jusqu'à sa fermeture en 1980.

Voici quelques résultats des 68 ans (1912-1980) d'activité de l'École Préparatoire Saint-Jean de Kenty. Parmi les 1214 diplômés qui continuèrent à se former en vue de leur profession, il y a 164 prêtres, dont 38 de la Mission, 17 prélats, 3 frères religieux, 34 dentistes, 51 docteurs en médecine, 4 médecins spécialistes en ostéopathie, 23 avoués, 3 juges, 3 docteurs en philosophie et 6 gradés de l'armée de métier.

Naissance d'une paroisse ethnique

Vers la fin du dix-neuvième siècle il y avait à New Haven une soixantaine de familles polonaises. Elles n'étaient pas groupées dans un seul quartier mais dispersées à travers la ville. Déjà en 1896 elles fondèrent l'Association Saint-Stanislas et la firent reconnaître par la loi. Ces familles pratiquaient à l'église allemande Saint-Georges, mais désiraient ardemment une église et un prêtre de leur nation.

Autour de 1900, l'Association Saint-Stanislas envoya une délégation à l'évêque de Hartford pour lui demander une paroisse polonaise. Mgr Michael Tierney chargea le père Stanislas Musial de l'organiser. Le nouveau curé recensa ses paroissiens et se mit à quêter pour louer un lieu de culte.

Publications polonaises vincentiennes

M. Stanislaus Konieczny C.M. éditait le mensuel Le Trésor de la Famille (Skarb Rodziny). Ses œuvres les plus connues sont : Le Catéchisme, Vies des Saints, Récits d'un missionnaire, Histoire d'une âme, et le plus populaire, Le livre de prières polonais.

M. Stanislaus Wlodarczyk C.M., modèle du vicaire de paroisse

Au cours des années, beaucoup de vicaires ont servi à Saint-Stanislas, New Haven. Le Père Wlodarczyk mérite une mention à part. Sans éclat, il a servi la paroisse 21 ans. Jamais il n'a occupé de poste élevé dans la Communauté, tout en se regardant quand même comme le premier de ses soldats. Il évitait tous les emplois impliquant autorité. Il n'a pas bâti d'église et n'a pas amorti de dettes. Mais qui pourrait compter les âmes qu'il a converties ou fortifiées par ses homélies bien préparées et ses avis au confessionnal ? Qui dresserait une liste des innombrables graines de vertus semées dans les cœurs de ses élèves du catéchisme, semences qui ont fleuri et donné de bons paroissiens et de bons citoyens ?

Il n'était pas inconnu du clergé diocésain, car il savait le divertir, le cajoler et, par cette voie, l'instruire indirectement, lors de toutes les rencontres festives, par exemple après les confirmations ou les Quarante Heures.

Origine des immigrants polonais

Entre 1851 et 1890 plus de 500.000 Polonais ont fui la persécution religieuse et politique dans leur patrie. A peu près autant s'enfuirent sous la loi martiale des années 1880. Au début la plupart venaient de la Pologne sous domination prussienne, mais à partir de 1890 commença l'exode des Polonais de Russie.

Les C.M. reçoivent la paroisse Saint-Stanislas, à Brooklyn

Lors d'une mission, M.Anthony Mazurkiewicz C.M. contacta les Pères vincentiens à Saint Johns, Brooklyn, en vue de préparer l'établissement d'une maison de mission dans le diocèse de Brooklyn. M. John J. O'Byrne C.M., un confident de l'évêque, Mgr Molloy, proposa la zone de Whitestone et suggéra de transférer la paroisse aux Lazaristes, puisque sur la demande de l'évêque, depuis la fin de la mission, au départ imprévu du curé, ils administraient cette paroisse. Durant une visite canonique de M. Casper Slominski C.M., Visiteur de Pologne, Mgr Molloy offrit la paroisse Saint-Stanislas Kostka aux Missionnaires. M.Slominski commença par dire qu'il avait besoin de ses prêtres ailleurs. Quand l'évêque lui accorda en plus la permission d'établir une mission dans son diocèse, à Whitestone, le Visiteur accepta.

La prise de possession devait avoir lieu le 9 décembre 1922. Le Père Mazurkiewicz fut nommé administrateur temporaire.

Exercices religieux vincentiens

Certaines de nos coutumes religieuses furent introduites. Tous les jours, les confessions étaient reçues de 7 à 8 heures, le samedi également de 16 à 17 heures trente, et de 19 à 20 heures. La mission était prêchée régulièrement tous les deux ans. Il y avait des retraites pour jeunes gens. Les "Gorzkie Zale" (Psaumes pour les dévotions de carême) et la Neuvaine de la Médaille Miraculeuse furent introduits dans toutes les paroisses vincentiennes.

Les Quarante Heures se célébraient tous les ans dans toutes nos paroisses, donnant l'exemple à celles du diocèse.

Paderewski visite la paroisse Saînt-Stanislas à Brooklyn

Mardi, 1 mars 1916, à 19 heures, les Paderewski visitèrent la paroisse Saint-Stanislas. Le maître pianiste y donna l'un de ses célèbres concerts. Durant la première guerre mondiale, la Pologne fut à nouveau engagée dans une lutte acharnée pour son indépendance. Paderewski († 29 juin 1941) lui chercha des appuis partout. Le point 13 des "quatorze points" du président Wilson est dû à ses efforts. Il demandait le libre accès de la Pologne à la Mer Baltique. L'armée du général Haller fut recrutée ; des 28.000 volontaires polonais immigrés, 80 au moins venaient de nos paroisses d'Upper Greenpoint et Williamsburg.

A la louange de M.Studzinski

Après le brusque départ du curé séculier, il y eut du ressentiment parmi le clergé séculier contre la cession de la paroisse à des prêtres congréganistes. Cela dura jusqu'à l'arrivée de M.Studinski, qui sut rétablir les liens. Il se montra capable d'unir deux traits de caractère apparemment opposés : la douceur et une fermeté stoïque pour s'acquitter de ses responsabilités. Selon le journal polonais CZAS, le Père Studzinski fut un ami de tout le bon et beau dans la vie des personnes et de la communauté de Greenpoint. Le journal met en relief son soutien pour tout ce qui favorisait la culture polonaise et conclut : "La perte de ce serviteur de Dieu, paisible et sans prétention, est sincèrement regrettée par tous ses paroissiens et voisins". L'étendue de son influence est révélée au mieux par l'immense nombre de Messes demandées pour lui et le souvenir rayonnant gardé jusqu'à nos jours.

Un futur pape, le cardinal Wojtyla, visite la paroisse d'Upper Greenpoint

Le cardinal Karol Woityla, archevêque de Cracovie, Pologne, a été l'hôte le plus distingué et célèbre, le 29 septembre 1969. Il y a célébré et prêché à une Messe du soir. Y compris un moment de repos au presbytère, il n'a pu y passer que six heures.

Expansion des missions paroissiales

Des missions ont été données dans presque toutes les paroisses polonaises du nord-est des États-Unis par des équipes venant de quatre maisons : Derby de 1905 à 1922, Erie de 1912 à 1980, Whitestone de 1922 à 1990 et Utica de 1963 à 1996.

Brève présentation

Les paroisses Saint-Michel (Derby, Connecticut, depuis 1905), Saint-Joseph (Ansonia, Connecticut, 1925) et celle des Saints-Cyrille et Méthode, à Brooklyn, récemment acceptée en 1996, sont heureuses de collaborer ensemble. Durant presque cent ans, de 1904 à 2001, les Prêtres de la Mission ont tissé leurs fils d'éducation, de ministère pastoral et de missions paroissiales dans une toile américaine.

Traducteur: P. Paul Henzmann, C.M.