L'Oeuvre des vocations dans la Province Occidentale des Etats-Unis

L'Oeuvre des vocations

Dans la Province Occidentale des Etats-unis

par Jeffery Harvey, C.M.

Province U.S.A.-Eastern

Au cours du Jubilé de l'an 2000, la Province Occidentale des Etats-Unis a célébré son 25° Anniversaire en tant que province autonome. Durant les 25 dernières années, l'activité vocationnelle de la province a beaucoup varié. Entre 1975 et 1987, la Province a mis en oeuvre un programme de Séminaire au niveau de la High School ; l'oeuvre vocationnelle visait le recrutement d'élèves de huitième A en vue de les intégrer dans ce programme de Séminaire. Il était prévu que le directeur des vocations visiterait les écoles Catholiques et s'informerait sur les programmes paroissiaux d'éducation : il profiterait de ces visites pour s'adresser tout particulièrement aux adolescents des classes de 7° et de 8°. On prévoyait que les visites et les entretiens déboucheraient sur ce qu'on nommait des « Week-ends vocationnels » au cours desquels les jeunes garçons auraient la possibilité de passer deux jours et deux nuits au séminaire. Le « Week-End  vocationnel » comportait des causeries par les séminaristes du niveau de la High School, des temps de prière et d'activités variées, du genre matches de volley-ball, de basket-ball ou de foot-ball. Le principal souci du directeur des vocations pendant ces années était de toucher, dans le milieu scolaire, d'éventuels candidats capables de suivre le programme du Séminaire au niveau de la High School. Il faut souligner également que, au cours de ces années-là, la majorité des jeunes étudiants étaient d'origine européenne.

Evolution des méthodes

De nos jours, l'oeuvre des vocations ne s'adresse plus, comme c'était le cas par le passé, à des adolescents que l'on chercherait à recruter en vue de les intégrer à un programme de Séminaire du niveau de la High School. La plupart des candidats ont de nos jours entre 23 et 45 ans. Non seulement, mais ils proviennent de nombreux groupes ethniques différents, en particulier de la communauté asiatique. Le plus grand nombre de ces jeunes hommes étaient enrôlés dans quelque type de programme éducatif, soit dans un collège, soit dans une université ou dans quelque établissement d'enseignement supérieur préparant à des diplômes ; certains ont terminé leurs études générales, beaucoup même sont des professionnels, déjà au travail à plein temps ou à temps partiel. Un grand nombre parmi ces jeunes hommes sont impliqués dans un ministère paroissial, soit comme lecteurs, comme membres d'une chorale, comme accompagnateurs de jeunes ou coordinateurs adultes dans les œuvres de jeunesse, voire comme catéchistes, ou employés par le clergé de leur paroisse pour porter la communion.

D'autre part, l'oeuvre vocationnelle est abordée, de nos jours, d'une façon très différente : il ne s'agit plus uniquement de faire du “recrutement”, mais d'inaugurer un lent processus de discernement, au cours duquel le principal souci est passé d'un simple racolage à une assistance proposée à des personnes individuelles dans le but de les aider à découvrir la vocation à laquelle Dieu les appelle. Cela suppose une entrée en dialogue avec les candidats éventuels et un examen soigneux, mené à deux, des diverses options possibles en matière de vie de communauté et de vie ministérielle dans l'Eglise, le tout basé sur les souhaits d'un individu - en général adulte - qu'il s'agit d'amener à mieux se connaître lui-même afin de le mettre en mesure de comparer cette découverte de soi avec l'expérience qu'il a de Dieu, de l'Eglise et du monde actuel : le tout devant déboucher sur le choix de ce qu'il jugera être vraisemblablement la volonté de Dieu sur lui B.

Tous ces efforts de la Province Occidentale de Etats-Unis en vue de trouver des vocations se déroulent dans un milieu dont la culture semble sacraliser l'individualisme : fais ce qui te plait, sois toi-même. Nos gens baignent aujourd'hui dans une société de consommation où le désir d'appropriation et de promotion est roi, et où l'argent est - en général - considéré comme le facteur déterminant du bonheur : il s'agit partout et toujours de proposer le plaisir et la promotion comme les buts principaux de la vie.

Grande diversité culturelle

La partie occidentale des Etats-Unis est très diversifiée culturellement. J'ai visité au cours des dix dernières années, en tant que directeur des vocations, beaucoup de paroisses ; et j'ai rencontré des gens de nombreux groupes culturels différents. Des Africains, des Afro-Américains, des Mexicains, des Américains du Centre et du Sud, des Coréens, des Chinois, des Vietnamiens, des Philippinos et tant d'autres. A travers les nombreux diocèses et archi-diocèses de la Californie, elles sont nombreuses les manifestations qui célèbrent la diversité culturelle de l'Eglise locale. J'ai eu à participer à ces célébrations culturelles ; par exemple, Sinbang Gabi et le Jour de fête de St. Luis Ruiz (Philippino), la célébration des Martyrs Vietnamiens, la Célébration du Nouvel An Chinois, la Fête de Notre Dame de Guadalupe/ Journée des Posadas C (Mexicain, Amérique Centrale et Amérique du Sud), Fête de St. Jean Baptiste (Porto-Ricain), célébration de Martin Luther King, Fête de St. Martin de Porres (Afro-Americain). Et bien d'autres. Grâce à ma participation à ces célébrations, en plus de l'occasion de distribuer de la littérature sur la Congrégation de la Mission, j'ai pu faire savoir à divers groupes que les Vincentiens, Pères et Frères de la Province de l'Ouest, s'intéressaient à eux; à leur vie, à leurs soucis, à leurs joies et à leurs peines.

Par le moyen de ma participation à ces événements culturels, je m'efforce de démontrer que Pères et Frères Vincentiens ne se contenteront pas d'ouvrir leurs portes aux gens de cultures et de races différentes. Notre intention n'est pas seulement de réunir quelques groupes symboliques mais d'aboutir à créer des communautés réellement multiculturelles.

La Mission Paroissale des Vocations

Parmi nos nombreuses activités, il y en a une que j'aimerais souligner : c'est la Mission Paroissiale des Vocations. J'ai choisi ce titre parce qu'il s'agit d'activités basées sur la paroisse, au cours desquelles on insiste sur les vocations à la Congrégation, et qui se déroulent dans le style d'une mission. Ces missions sont données chaque année dans les paroisses Vincentiennes et diocésaines à travers tout le territoire de la Province Occidentale. Elles sont dirigées par le directeur des vocations et par des séminaristes Vincentiens, en anglais et en espagnol ; elles durent cinq jours, et comportent toujours un week-end. Au programme de la mission, on note une réunion de la jeunesse et des jeunes adultes de la paroisse, la prédication à toutes les Messes du week-end, diverses activités à l'école paroissiale et un programme d'éducation religieuse. La Mission paroissiale des Vocations stimule et, en quelque sorte provoque la paroisse en son entier, l'amenant à une prière plus intense et par le fait même fonctionne comme un appel d'air qui suscite des vocations.

Pendant la durée de la mission, on établit une liste des noms de ceux qui seraient intéressés à des informations sur les Pères et les Frères Vincentiens. Puis, une fois la mission terminée, on maintient le contact par téléphone et par e-mail. J'invite alors les curieux à participer à un ”Andrew Dinner” ou à un week-end ”Venez et Voyez” D. C'est une occasion pour ceux qui voudraient en savoir plus long de se réunir pour prier, pour trouver support et aide en vue de discerner ce que Dieu attend d'eux. C'est dans cette atmosphère qu'ils ont la possibilité d'écouter des confrères leur raconter l'histoire de leur propre vocation et de s'entendre décrire ce que veut dire ”être un Père ou un Frère Vincentiens”. Les membres de la communauté locale trouvent là une occasion d'expliquer aux visiteurs en quoi consiste leur vie quotidienne et les nombreuses manières de se retrouver ensemble en communauté. Les curieux sont invités à poser les questions qui leur viennent à l'esprit.

L'engagement communautaire

Comment faire pour impliquer la communauté dans l'effort en vue des vocations ? Ce fut une des nombreuses questions qui se présentèrent à mon esprit quand j'entrepris mon activité vocationnelle. Au cours des quelques premiers mois que je passai comme directeur des vocations, je visitai plusieurs de nos communautés locales, je réunis les membres des maisons, et les invitai à réfléchir sur quelques questions personnelles :

  1. Comment Dieu m'a-t-il présenté son invitation à devenir un Vincentien ?

  2. Pourquoi suis-je resté Prêtre ou Frère Vincentien ?

  3. Jusqu'à quel point notre “charisme“ Vincentien est-il apparent aux yeux des gens avec qui nous travaillons, spécialement les jeunes, dans nos postes de mission ?

  4. Est-ce que la communauté où je vis est ouverte aux étrangers qui auraient envie de  “venir voir “ ?

J'ai alors invité chaque confrère à échanger ses réflexions avec l'ensemble de la communauté. Puis j'ai suggéré que chaque communauté locale établisse une vue d'ensemble de ses activités pour ensuite les inclure dans le Projet communautaire de leur Maison. Après chaque réunion avec les confrères, on se rendait compte qu' il était nécessaire, si nous voulions attirer des vocations, de nous faire connaître comme Vincentiens, de faire savoir aux autres que nous sommes bien vivants, bien dans notre peau et que ce genre de vie représente un choix acceptable pour d'autres jeunes gens. L'œuvre des vocations est un effort communautaire qui implique tous les membres de la communauté, dans chacune de nos maisons, lorsqu'il est question de prière, de témoignage et de service.

Il est clair qu'aucun appareil audio-visuel, aucun pamphlet, programme ou tout autre “instrument” ne peut remplacer le contact personnel. Les efforts consentis par la Province Occidentale des Etats-Unis nous questionnent tous: ils nous stimulent. Continuons à prier et à travailler pour les vocations en mettant d'autres jeunes gens au courant de notre charisme et en les invitant à venir partager nos efforts pour et avec les pauvres. Visons à prier, à inviter, et à encourager les autres à venir partager notre manière de vivre.

(Traduction : FRANÇOIS BRILLET, C.M.)

A La 8° selon le système américain correspond à notre 5°, et donc l'entrée au secondaire de chez nous se passe aux USA au niveau de la 7°. Au-delà du secondaire, il y a la « High School ». La description de l'œuvre vocationnelle présentée dans ce premier paragraphe comparée à celle faite dans le deuxième souligne le fait qu'aux Etats-Unis comme dans nos pays d'Occident, on ne s'adresse plus à des enfants qu'il s'agirait de « piéger » en quelque sorte (souvenons-nous de la prise de soutane chez des gamins de dix à douze ans, autrefois, dans des pays comme l'Italie), mais des adultes ou au moins des adolescents de 18-19 à 20 ans et au-delà que l'on entreprend de guider dans leurs choix de vie. Même phénomène en Afrique, dû peut-être, dans ce continent, à d'autres causes, comme l'absence de débouchés pour ceux qui ont étudié. L'âge des candidats éventuels abordés désormais explique les changements de méthode dans l'approche.

B L'organisation du curriculum scolaire et de la terminologie étant totalement différent en France et aux U.S.A., beaucoup plus que le mot à mot du texte original, j'ai essayé de rendre l'idée avec le vocabulaire dont on dispose en français. Ainsi la racine « gradué » et « graduation » a été, dans le sens éducatif, complètement perdue en français.

C J'ignore en quoi consiste cette célébration, mais le terme espagnol «posada », signifie « gîte, auberge, pension, hôtellerie ».

D Allusions vraisemblables à un épisode raconté par S. Jean dans son évangile, 1 : 35-42 au sujet de la vocation des premiers apôtres.. ”Andrew Dinner” (le dîner d'André) rappelle la scène au cours de laquelle André amène son frère Simon à Jésus. Tandis que le ”Venez et Voyez” reprend les paroles du Christ à deux disciples de Jean-Baptiste, dont l `un était André précisément, et qui avaient suivi le Sauveur après le mot de Jean: « Voici l'Agneau de Dieu ».

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