La catéchèse des jeunes

par Yulianus Astanto Adie, C. M.

de la Province d'Indonésie.

Introduction

Je vais commencer ma présentation par une rapide description de la situation sociale, économique et politique en Indonésie. Cela servira de toile de fond à cet aspect particulier de la Mission Populaire dont je vais parler: le Catéchése des Jeunes. Dans les parties suivantes, je vous ferai part de quelques informations relatives au catéchisme que nous utilisons pour catéchiser les Jeunes et à son contenu. Finalement, je vous partagerai quelques réflexions et vous exposerai les difficultés auxquelles nous sommes affrontés dans notre Mission Populaire.

I. Situation sociale et ecclésiale

l. Situation sociale, économique et politique

L'Indonésie est un pays en voie de développement. C'est dans presque chaque aspect, social, économique, culturel et religieux de notre vie que se manifeste ce développement, particulièrement pour nos frères et soeurs musulmans. Nous traversons une période de transition qui nous fait aller d'un mode de vie fondé sur l'agriculture à un mode de vie industriel. Outre ce changement interne, nous accueillons également bien volontiers les investisseurs et les touristes étrangers. Aussi nous profitons de nombreuses commodités qui favorisent un style de vie aisé.

Il y a en Indonésie cinq religions: l'Islam, majoritaire, les deux branches catholique et protestante du Christianisme, l'Hindouisme et le Bouddhisme. Nous avons de bonnes relations avec les différentes religions. Toutefois, ces temps derniers, cette vie pacifique et ces relations appréciables ont été marquées par des incidents de coloration politique qui ont donné l'impression que la situation n'était pas tout à fait aussi bonne qu'elle le paraissait. Les Eglises chrétiennes semblent être toujours les victimes. Les apparences semblent indiquer que les Musulmans dominent notre pays dans tous les aspects culturel, économique, politique et social de notre vie.

Dans une telle situation, nous nous trouvons face à plusieurs problèmes:

a. Une sécularisation de la vie, une compartimentalisation de la vie profane et de la vie religieuse.

b. Une négligence des principes moraux tels que les droits des Pauvres, les droits de l'Homme, etc..

c. Une sorte de crainte, chez les chrétiens, de proclamer leur foi et leur identité chrétienne.

2.Situation de l'Eglise

L'Eglise indonésienne est en croissance. Chaque année, nous baptisons beaucoup d'adultes et d'enfants. Depuis la fin des années 60, nous avons adopté une attitude qui nous présente comme “pleinement chrétiens et pleinement indonésiens”. Dans la mise en oeuvre de l'esprit du Concile Vatican II, notre Eglise cherche à pousser les laïcs à prendre une part active dans tous les aspects de la vie de l'Eglise, y compris dans la catéchèse. Il y a eu une formation au leadership chrétien à la fois en faveur des responsables politiques qui se trouvent en position de décision et à l'intention des laïcs impliqués dans l'exécution et le développement des oeuvres pastorales.

Aujourd'hui, de nombreux mouvements d'action sociale sont conduits par l'Eglise catholique ou par des particuliers catholiques. Notre dessein est d'en arriver à ce que ces derniers fassent usage tout simplement de l'analyse sociale comme d'une base pour leur action plutôt que de se servir de principes théologiques ou scripturaires, même solides.

II. La catéchèse des jeunes dans notre mission populaire

Le déroulement actuel de la Mission Populaire se fait sur une période de 7 à 10 jours. Au moment de la mission elle-même, nous partageons les gens en 3 catégories: adultes, Jeunes et enfants. Je ne vous parlerai que des Jeunes.

l. Objectifs de la catéchèse aux jeunes.

Ces objectifs sont les suivants :

a.Motiver et animer nos jeunes pour qu'ils vivent leur christianisme dans tous les aspects de leur vie;

b.leur assurer un fondement spirituel et psychologique pour les aider à atteindre leur maturité;

c.leur permettre d'acquérir les capacités qui sont importantes pour leur maturation psychologique et spirituelle.

2.Nature et processus de la Catéchèse.

Nous utilisons un Catéchisme qui s'appelle "Catéchèse des Peuples" (en indonésien: Katekese umat). Ce catéchisme s'efforce d'intégrer une approche théologique et une approche anthropologique. L'histoire du salut se réalise dans la vie concrète des gens. Aussi l'histoire humaine se comprend comme une manifestation de l'histoire du salut. Cela engage tous les chrétiens à réaliser que, en tant qu'êtres humains, nous devons mener nos vies sur la base de l'histoire du salut, c'est-à-dire de la Révélation, des Ecritures. D'autre part, nous croyons que la Révélation divine atteint réellement la vie des gens aujourd'hui.

Pour cette catéchèse, nous puisons les thèmes dans la vie concrète des gens (aspect anthropologique) et dans les Ecritures (aspect théologique ou scripturaire). La vie réelle consiste en expériences personnelles, en événements naturels et en expériences communes aussi bien qu'en expériences historiques. Dans les Ecritures, nous trouvons beaucoup de ces thèmes: la création, le péché, la grâce, la vocation, la conversion etc., pour l'Ancien Testament et, pour le Nouveau, la charité, la miséricorde, un Père aimant, la communauté primitive, etc.

Cette catéchèse s'appelle "catéchèse des peuples" parce que c'est le peuple qui en est la source. Elle est pour eux, pour l'actualisation de leur foi et elle est accomplie par les gens eux-mêmes. En employant ces mots: 'le peuple en est la source', je fais référence à la situation actuelle des gens. Les mots 'pour eux' font référence à l'idée que la foi va avec la vie. Nous espérons que, grâce à cette catéchèse, les gens actualiseront leur foi dans leur vie.

La catéchèse se déroule en 3 étapes. Pour la première étape, nous signalons d'abord un fait de vie actuel (social, politique, ecclésial, culturel, religieux, etc.) ou un récit scripturaire dont nous faisons matière à débat. Nous demandons aux gens de commenter ce sujet. Pour la deuxième étape, nous en venons à l'approche théologique et, ici, nous pouvons utiliser une méthode ou intégrer ensemble deux méthodes. Nous pouvons employer l'approche scripturaire pour aborder le problème ou une approche qui insiste sur l'enseignement de l'Eglise. Ou bien, nous pouvons nous servir d'une méthode qui recourt en même temps à l'enseignement scripturaire et à celui de l'Eglise. Nous demandons aux gens de réfléchir à ce que le Christ dirait s'il vivait aujourd'hui. Nous leur demandons aussi comment ils relèveraient les défis à la lumière de ce que l'Eglise enseigne. Pour la troisième étape, nous les entraînons dans un processus de réflexion et de discernement de la volonté de Dieu dans telle situation spécifique. Puis nous leur recommandons d'établir un plan d'action, car "la foi sans les oeuvres est une foi morte" (Jacques 4).

Pour ajouter quelque chose au sujet du renforcement des compétences des Jeunes, je dirai que notre désir est d'augmenter leurs capacités pratiques. Dans la formation qui s'y rapporte, nous mettons en oeuvre des activités spécifiques pour l'apprentissage de techniques critiques. Parfois nous intégrons l'enseignement des techniques avec celui des valeurs dans la diversité des activités. Par exemple, nous demandons à un groupe de six personnes de jouer une pièce se rapportant à un événement tiré de leur expérience actuelle. En jouant cette pièce, ils pratiquent l'expression personnelle, ils améliorent leur façon de parler en public, ils imaginent le comportement d'autres personnes. La pièce jouée leur inspire la confiance en eux-mêmes, etc.

3.Contenu de la catéchèse.

Nous partageons le contenu de notre catéchèse aux Jeunes en trois domaines:

a.La dimension du savoir: avec l'enseignement du Concile Vatican II au sujet de la vision et de la mission de l'Eglise, avec aussi le rôle des laïcs, l'évangélisation, l'enseignement social de l'Eglise, les situations politiques locales et nationales, etc.

b.La dimension de la spiritualité et de la personnalité du chrétien: avec la spiritualité du laïcat, l'Eglise dans le monde, être lumière et sel de la terre, qui suis-je ? Construire une saine personnalité, etc .

c.La dimension des compétences pratiques: avec des principes de gestion, l'organisation, la direction, la conduite des assemblées, la facilitation, la prise de parole en public, etc.

4.Remarques

Le processus de la Mission Populaire adopte la structure suivante:

a.Avant-Mission : inventaire de la situation et préparation;

b.Mission proprement dite : de 7 à 10 jours;

c.Après-Mission, durant laquelle le suivi est assuré par:

- la fourniture de tout le matériel nécessaire pour les rencontres régulières des gens;

- l'évaluation et la formation ou les ateliers, une fois tous les 3 mois,

- des missions de 7 à 10 jours une fois par an, pendant 3 ans.

III. Réflexion.

l. Résultats obtenus

Dans la mesure où nous le savons à partir du suivi de nos missions, nous avons découvert que certains jeunes se sont déjà associés à la catéchèse des enfants ou se sont impliqués dans les activités des jeunes. Quelques-uns d'entre eux se sont proposés comme coordinateurs et ont présenté des projets pour améliorer leurs groupes. D'autres ont participé à des organisations sociales.

2.Problèmes et difficultés

A côté de ces résultats, nous avons eu un certain nombre de difficultés que je partage en trois catégories :

a. Concernant l'équipe :

- nous n'avons pas la même vision de la catéchèse des jeunes;

- nous avons besoin d'une approche psychologique pratique et de la connaissance de la dynamique de groupe;

- nos effectifs sont insuffisants, comparés au nombre des jeunes, surtout si nous orientons notre catéchèse vers le développement humain.

b.Concernant les Jeunes:

- les préoccupations des jeunes sont vraiment très différentes des nôtres: ils visent à profiter de la vie et des choses du monde. Nous trouvons qu'il est très difficile de les motiver de façon à ce qu'ils se joignent à la mission

- la plupart des Jeunes vont à la ville pour les études ou le travail; nous ne pouvons guère leur demander de s'impliquer dans les activités paroissiales.

c.Concernant les ressources:

- nos ressources sont limitées mais nous essayons de travailler avec ce que nous avons et d'être inventifs.

3. L'enseignement que i'ai tiré de la Mission vincentienne

a.Je suis persuadé que saint Vincent a fait ce que l'Eglise l'avait appelé à faire. Il voulait revitaliser l'Eglise avec la participation de tous ses membres: prêtres, religieuses, laïcs. C'est ce que la Mission Populaire fait maintenant.

Il est temps d'éveiller tous ces membres pour qu'ils vivent chrétiennement dans leurs situations concrètes. Je pense que c'est vraiment ce que veut Notre Seigneur. Chacun de ceux qui ont entendu la Bonne Nouvelle doit répandre à travers le monde la joie qu'il en ressent. C'est notre devoir vincentien.

b.La croissance économique et la vie moderne affectent notre mode de vie. Les gens deviennent individualistes. En même temps, nous réalisons que personne ne peut vivre seul. Chacun a besoin de contact personnel et de relations personnelles. Un dialogue personnel et chaleureux et le contact humain ramèneront ceux qui se sont éloignés de notre Eglise. Notre Mission Populaire doit actualiser le dialogue personnel et chaleureux et le contact humain comme une sorte de Nouvelle Evangélisation.

(Traduction: Emile Toulemonde, C.M.)