Les statistiques de la C.M., bilan s'une crise et chances pour l'avenir

LES STATISTIQUES DE LA C.M.,

BILAN D'UNE CRISE

ET CHANCES POUR L'AVENIR

Emeric Amyot d'Inville, C.M.

Je voudrais présenter les statistiques 1995 et proposer une réflexion sur les chiffres. Je me placerai successivement à trois niveaux: 1) les membres incorporés, 2) les jeunes en formation et 3) les aspirants. Je mettrai en relation ces différents niveaux les uns avec les autres et je prendrai appui sur les statistiques des années passées pour, d'une part, comprendre les lignes de force qui traversent la Congrégation de la Mission depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui et, d'autre part, envisager des perspectives d'avenir.

I. Les membres incorporés

a. Je présenterai en premier lieu les chiffres globaux pour l'année 1995 (au 31 décembre) en les comparant à ceux des années 1966 (où la C.M. a atteint son plus grand nombre), 1980 et 1990 (au 31 décembre), pour voir les tendances qui se dégagent:

1966198019901995

Evêques:24323129

prêtres:4510361232803195

diacres permanents:410

frères:556340252207

étudiants incorp.:766110131126

TOTAL:5856409436983567

Si l'on ajoute les membres seulement admis, qui sont, pour l'année 1995, au nombre de 438 (il s'agit de ceux qui sont entrés au Séminaire Interne, mais qui n'ont pas fait les voeux et qui peuvent être étudiants en philosophie ou en théologie), on arrive ainsi au chiffre global de 4005 membres dans la Congrégation de la Mission pour l'année 1995. (Pour l'année record 1966, il y avait 497 membres “admis”, ce qui donnait un chiffre total de 6353 membres.)

b. Evolution de nos effectifs “adultes” de 1966 à 1995. Pour comparer des choses comparables, j'ai éliminé les étudiants avec voeux, car, dans les chiffres de 1966, sont inclus ceux qui ont fait les voeux triennaux (disparus en 1969), qui étaient émis généralement en début de formation, ce qui explique leur grand nombre. D'ailleurs, depuis 1980, le nombre des étudiants incorporés est assez stable. La comparaison portera sur les membres “adultes”, c'est-à-dire sur les évêques, prêtres, diacres et frères.

1966_1980

1980_1990

1990_1995

1966_1995

nombre

par an

nombre

par an

nombre

par an

nombre

par an

Evêques

+8

-1

-2

+5

Prêtres

-898

-64

-332

-33

-85

-17

-1315

-45

Diacres

+4

+6

+10

Frères

-216

-15

-88

-8,8

-45

-9

-349

-12

TOTAL

-1106

-79

-423

-42

-126

-25

-1649

-56

c. Evolution de la diminution des “adultes” depuis 1966.

Les chiffres qui nous intéressent essentiellement sont ceux des prêtres et des frères qui sont les deux principales composantes de la C.M. (les évêques représentent un très petit nombre de confrères et les diacres aussi, dont 4 sont ceux du Vietnam qui attendent la permission du gouvernement pour être ordonnés prêtres). Voyons leur diminution en pourcentage:

Prêtres

Frères

Membres “adultes”

% pour la

période

% par an

% pour la

période

% par an

% pour la

période

% par an

1966_1980

-19,9 %

-1,4 %

-38,8 %

-2,8 %

-21,7 %

-1,5 %

1980_1990

-9,19 %

-0,9 %

-25,8 %

-2,6 %

-10,6 %

-1 %

1990_1995

-2,6 %

-0,52 %

-17,8 %

-3,5 %

-3,5 %

-0,7 %

1966_1995

-24,5 %

-0,84 %

-62,7 %

-2,16 %

-32,4 %

-1,11 %

On peut faire trois observations sur ce tableau:

1) La C.M. a diminué de près du tiers de ses membres “adultes” depuis 1966, son sommet. Les chiffres seraient beaucoup plus élevés si on prenait en compte les étudiants avec voeux.

2) les effectifs des prêtres, qui ont baissé de près du quart en 29 ans, voient leur diminution se ralentir singulièrement au fil des années.

3) les effectifs des frères ont, d'une part, proportionnellement beaucoup plus diminué que ceux des prêtres puisqu'il ont perdu nettement plus de la moitié de leurs effectifs et, d'autre part, leur diminution s'est encore accrue proportionnellement au cours de ces 5 dernières années. Ce phénomène s'explique essentiellement par le fait qu'il y a très peu de vocations de frères actuellement et qu'ils ne se renouvellent pas.

.

d. Analyse de la diminution des membres incorporés de 1980 à 1995

Nous avons eu une diminution de 527 membres incorporés en 15 ans, diminution qui, nous l'avons vu, tend à s'atténuer nettement au fil des années. D'où vient-elle?

1. Ses composantes. Elle vient en partie du fait qu'il y a plus de confrères qui meurent (1162 du 31 décembre 1980 au 31 décembre 1995, soit une moyenne de 77,4 par an) que de confrères qui sont incorporés par les voeux (1006 du 31 décembre 1980 au 31 décembre 1995, soit une moyenne de 67 par an), ce qui fait un déficit de 156 confrères pour la période envisagée. Mais le plus gros du déficit vient des départs de la C.M.. En effet, il y a chaque année un certain nombre de membres qui quittent la Congrégation (371 de 1980 à 1995, soit une moyenne de 24,7 par an): ayant obtenu la dispense des Voeux (souvent pour entrer au service d'un diocèse) ou la réduction à l'état laïc, ou ayant été renvoyé (dans plupart des cas, il s'agit d'un renvoi ipso facto, pour mariage civil), ou aussi étant partis irrégulièrement. On peut ainsi résumer la situation:

Entrées et sorties de la C.M. du 31 décembre 1980 au 31 décembre 1995

nouveaux incorporés:1006, soit 67 par an

morts:1162, soit 77,4 par an (= un déficit de 156)

départs:371, soit 24,7 par an

Déficit total:527, soit 35,1 par an

2. Les lieux où la C.M. diminue. Si la diminution des effectifs de la Congrégation est variable selon les années et tend à ralentir, elle est également très variable selon les provinces, puisqu'il y a au contraire 19 provinces ou vice-provinces qui ont augmenté en nombre durant ces 15 dernières années: les 5 provinces d'Asie (+ 31,3 %), les 5 (vice)provinces d'Afrique (+35,3 %) (le Mozambique, qui avait beaucoup baissé du fait de la guerre, a progressé parce que le Supérieur Général lui a envoyé du renfort), 7 sur les 14 (vice)provinces d'Amérique Latine (dont Cuba, qui, après avoir beaucoup baissé, a progressé grâce aux renforts envoyés par le Supérieur Général) et 2 provinces d'Europe de l'Est (La Pologne et la Slovaquie). Les provinces qui ont le plus diminué sont celles d'Europe Occidentale (-23 %), quoique certaines aient peu bougé (Saragosse - 2,9 % en particulier), les provinces des Etats-Unis (-31,8 %), ainsi que celles du Venezuela (-30,2 %) et du Brésil (-18;7 %) pour l'Amérique Latine qui en tout a baissé de 4 %.

19801995solde %

Etats-Unis739504-235-31,8 %

Europe Occidentale16351258-377-23 %

Océanie7762-15-19,5 %

Europe de l'Est383383 0 0 %

Asie262344+82+31,3 %

Afrique136184+48+35,3 %

TOTAL (+Curie Gén.)40943567-527-12,87 %

II. Les jeunes en formation par province.

a. Chiffres pour 1995. J'ai modifié sur certains points le formulaire des statistiques de manière à avoir des informations plus précises, en particulier par rapport aux jeunes en formation. C'est ainsi que nous avons maintenant des chiffres par niveaux de formation (Séminaire Interne, philosophie et théologie), qu'ils soient “admis” ou non. Voici les chiffres pour 1995:

Candidats prêtresCandidats frèresTOTAL

Séminaire interne16315178

Philosophie436436

Théologie355355

Frères en formation4242

TOTAL954571011

Faisons 3 remarques: 1) Le chiffre global des jeunes en formation est assez satisfaisant. 2) Cependant, on remarque que les candidats frères sont très peu nombreux. 3) Ces chiffres globalement positifs recouvrent des réalités très diverses selon les provinces ou les pays.

b. Vous trouverez en annexe un graphique représentant les jeunes en formation par province. Il est assez différent de celui de l'an dernier qui ne s'intéressait qu'aux “scholastici admissi” (admis au Séminaire Interne) et “incorporati”, alors que cette année je me suis intéressé à tous les jeunes en formation quelque soit leurs niveaux (Séminaire Interne, philosophie et théologie). Or il y a des provinces qui font le Séminaire interne après la philosophie. Tous ces étudiants en philosophie non “admis” étaient, jusqu'à l'an dernier, exclus de ces chiffres, alors que cette année ils y sont inclus. Cela explique que la Colombie et les Philippines, qui font le séminaire Interne après la philosophie, passent devant l'Indonésie ou la Pologne, qui commencent la formation par le Séminaire Interne.

c. Evolution du nombre des jeunes en formation. Il est difficile de comparer les chiffres qui ne représentent pas exactement la même chose, en particulier parce que le Séminaire Interne, qui fait les “admissi”, a eu lieu à des moments différents de la formation selon les années. Actuellement, il a tendance à être retardé. Cependant, nous pouvons donner les indications suivantes:


- 1956: 1597 (sommet historique des jeunes en formation)

- 1966: 1263 (année du sommet historique des membres incorporés)

- 1981: 478 (année du “creux de la vague” des jeunes en formation)

- 1989: 724 (remontée progressive depuis 1981)

- 1995: 1029 (chiffre qui inclut tous les jeunes en formation)

III. Un point de méthode: les statistiques par province ou par pays?

Nous avons vu que la situation est très différente selon les provinces et les régions du monde. En effet certaines régions du monde ont beaucoup de vocations depuis déjà un bon nombre d'années et augmentent en nombre, tandis que d'autres ont peu de vocations depuis longtemps et vieillissent et décroissent en nombre. Cependant, si on s'en tient aux chiffres bruts par province, comme on l'a fait jusqu'à maintenant, on a une vision de la réalité qui est quelque peu faussée du fait qu'une province peut avoir des missions ou des régions dans diverses régions du monde. En effet, si l'on prend l'exemple de la Province de Paris, où les vocations françaises sont peu nombreuses, mais qui a cependant des confrères dans des régions du monde où les vocations sont nombreuses (au Vietnam et au Cameroun notamment), cela tend à donner des chiffres singulièrement élevés pour les jeunes en formation de cette province (63! ce qui la met au 4e rang des provinces qui ont le plus de jeunes), alors qu'il n'y en a que 8 qui viennent de la France, mais 36 du Vietnam, 18 du Cameroun et 1 d'Algérie. Nous assistons au même phénomène pour la Province d'Irlande avec le Nigéria ou pour la Province de l'Est des Etats-Unis avec le Panama.

Cette année, en plus des chiffres par province, je me suis donc intéressé aux chiffres par pays et par région du monde. Cela permet de voir ce que représente réellement la Congrégation sur chaque continent, comptant les régions comme le Nigéria ou le Cameroun avec l'Afrique, le Vietnam avec l'Asie, le Panama avec l'Amérique Latine, etc. Et cela permet d'avoir une vision beaucoup plus exacte des lieux où la Congrégation se recrute et donc des régions du monde où il y a le plus grand potentiel de forces pour l'avenir.

Précisons que la Congrégation, qui compte 45 provinces et 3 vice-provinces, est répartie dans 80 pays du monde: 13 en Afrique, 2 en Amérique du Nord (Mexique non compris), 22 en Amérique Latine, 12 en Asie, 17 en Europe de l'Ouest, 11 en Europe de l'Est et 3 en Océanie. Beaucoup de provinces sont donc présentes en plusieurs pays et même sur plusieurs continents.

IV. Le rapport jeunes en formation / Membres incorporés

Le rapport entre le nombre des membres incorporés dans une région du monde et le nombre des jeunes en formation est intéressant car il révélateur du dynamisme de cette région et de ses chances pour l'avenir. Or le contraste entre régions du monde est saisissant.

On remarque qu'il y a des provinces ou des pays qui ont même plus de jeunes en formation que de confrères incorporés, comme c'est le cas des Philippines ou du Vietnam, alors que d'autres n'ont absolument aucun jeune en formation. Plus important encore, on remarque qu'il y a un contraste très fort entre les différentes régions du monde: certaines ont un excellent rapport membres incorporés / jeunes en formation et d'autres en ont un qui est mauvais, c'est-à-dire qu'il y a très peu de jeunes en formation par rapport aux nombre des membres incorporés et donc l'avenir n'est pas assuré. Voyons brièvement les chiffres par région du monde:

- L'Europe Occidentale, qui compte 1192 membres incorporés, soit 33,4 % de la C.M., a proportionnellement peu de jeunes en formation (78), soit 7,7 % des jeunes en formation dans la C.M. Elle connaît cependant une assez grande variété de situations avec, d'un côté, des pays qui maintiennent un certain nombre d'étudiants comme l'Espagne (27) ou l'Italie (20) et, de l'autre, des pays comme les Pays-Bas ou la Belgique, qui n'en ont aucun, avec tous les cas intermédiaires.

- L'Europe de l'Est (Pologne, Slovaquie, Hongrie et Slovénie, etc), qui compte 354 membres, soit 9,9 % de la C.M., a proportionnellement un nombre satisfaisant de jeunes en formation (101), soit 10 % des jeunes de la C.M. Toutefois, il faut noter que presque tous les jeunes en formation appartiennent aux Provinces de Pologne (61) et de Slovaquie (25), alors que la Slovénie (8) à proportionnellement peu de jeunes en formation.

- L'Amérique du Nord (je ne compte que les Etats-Unis et le Canada, et non le Mexique que je mets avec l'Amérique Latine), qui compte 509 membres, soit 14,3 % de la C.M., a peu de jeunes en formation (10), tous aux Etats-Unis, soit 1 % des jeunes de la C.M..

- L'Amérique Latine qui, du Mexique au Chili, compte 886 membres, soit 24,8 %, a un bel avenir devant elle avec 362 jeunes en formation, soit 35,8 % des jeunes de la C.M. Il y a cependant une grande diversité de situations: la Colombie est très bien placée avec 85 jeunes en formation, tandis que l'Argentine n'en a que 8.

- L'Afrique, qui compte encore un petit nombre de confrères avec 235 membres, soit 6,6 % de la C.M., a un nombre très important de jeunes en formation, avec 192 jeunes, soit 19 % des jeunes en formation dans la C.M. Il y a un grand dynamisme à peu près partout. Seul le Mozambique, qui se relève d'une très longue guerre, a encore des effectifs réduits.

- L'Asie, qui compte 323 membres, soit 9 % de la C.M., a proportionnellement un nombre très important de jeunes en formation avec 255, soit 25,2 % des jeunes en formation dans la C.M.. Cependant le Liban accuse un peu la crise avec 9 jeunes en formation et Taïwan n'en a aucun.

- L'Océanie, qui compte seulement 68 membres, soit 1,9 % de la C.M., compte 13 jeunes en formation, dont 9 aux Îles Fidji, soit 1,3 % des jeunes en formation dans la C.M. L'Australie elle-même n'a que 4 jeunes.

Le rapport membres incorporés / jeunes en formation est le suivant:

- Amérique du Nord : 1,96 %

- Europe Occidentale: 6,54 %

- Océanie: 19,11 %

- Europe de l'Est: 28,53 %

- Amérique Latine: 40,85 %

- Asie: 78,94 %

- Afrique: 81,70 %

- Le rapport moyen pour la C.M. est de 28,34 %

Les chiffres sont très éloquents! La congrégation de la Mission qui est née et s'est largement développée dans l'hémisphère Nord (Europe et Etats-Unis) devrait logiquement continuer à diminuer dans ces parties du monde et, au contraire, connaître un développement important vers le Sud et l'Est. On peut remarquer encore que ce sont les pays les plus développés sur le plan économique (Etats-Unis, Europe de l'Ouest, Australie, Taïwan) qui connaissent la crise des vocations la plus forte et, donc, où l'avenir de la C.M. est le plus incertain. Ces statistiques sont d'ailleurs corroborées par les tendances générales que l'on note dans l'Eglise.

V. Aspirants.

En nous appuyant sur les chiffres, nous pouvons dire que nous ne manquons pas de réserves puisque, derrière ces étudiants, il y a un bon nombre d'aspirants (953 recensés).

Nous avons des informations sur les “filières” que suivent ces aspirants (petits séminaires, groupes vocations et année propédeutique). Les chiffres globaux donnent ceci:

Candidats prêtrescandidats frèresTOTAL

Groupes vocations35313367

petits séminaires4668466

année propédeutique11010120

TOTAL92132953

On peut remarquer que, massivement, les jeunes aspirants sont attirés par le sacerdoce et que très peu se déclarent attirés par la vie de frère.

On observe également que le nombre de ceux qui sont dans les petits séminaires demeure plus important que ceux qui sont dans les groupes vocations.

L'année propédeutique n'est pas développée partout et probablement ne recouvre pas toujours la même réalité.

Les chiffres, bien sûr, varient beaucoup d'une région du monde à l'autre. Ils sont significatifs pour certains pays du monde, mais pas pour d'autres, car certaines provinces (comme celles d'Europe de l'Est par exemple), qui ont chaque année beaucoup de jeunes en formation, n'ont pas indiqué de chiffres pour les aspirants, ce qui est, de toute évidence, inexact. Nous ne pouvons donc pas nous faire une idée d'ensemble de la situation de la C.M.

Donnons un rapide aperçu des principaux résultats. Les chiffres de l'Asie avec seulement 105 aspirants sont manifestement en-dessous de la réalité également (le Vietnam, par exemple, n'en indique aucun, ce qui est inexact). La région du monde qui indique le plus d'aspirants est l'Amérique Latine qui en compte 490, dont 205 pour la Colombie. Puis, l'Europe occidentale avec 187 aspirants, dont 104 en Espagne et 79 au Portugal. Enfin, l'Afrique totalise 146 aspirants, dont 55 pour l'Ethiopie et 37 pour l'Erythrée. Espérons que l'an prochain nous aurons des chiffres plus exacts qui nous permettrons de nous faire une idée plus précise de la situation par rapport à ces “aspirants”.

VI. Tableau récapitulatif par région du monde pour l'année 1995

INCORPORÉS

JEUNES EN FORMATION

Nombre

% / C.M.

Nombre

% / C.M.

Europe Occidentale

1192

33, 4 %

78

7,7 %

Europe de l'Est

354

9,9 %

101

10 %

Amérique du Nord

509

14,3 %

10

1 %

Amérique latine

886

24,8 %

362

35,8 %

Afrique

235

6,6 %

192

19 %

Asie

323

9 %

255

25,2 %

Océanie

68

1,9 %

13

1,3 %

TOTAL

3567

100%

1011

100%

Pour conclure.

1. Les grandes tendances qui se dégagent dans la C.M.:

a. D'un point de vue global, après la grande crise des années 60-70, qui a vu fortement diminuer nos effectifs, la diminution tend nettement à ralentir au fil des années, sauf pour les Frères qui continuent à diminuer de façon inquiètante.

b. On assiste par ailleurs à une augmentation sensible des jeunes en formation. Si cette tendance se confirme, on peut espérer une stabilisation, puis une augmentation de nos effectifs globaux dans un avenir assez proche.

c. Cependant, la réalité est très variable selon les régions du monde, certaines ayant beaucoup de vocations et augmentant en nombre et d'autres ayant peu de vocations et continuant à diminuer. Si ces tendances se confirment dans les années à venir, on assistera à un déplacement de la Congrégation du Nord et l'Ouest vers le Sud et l'Est.

2. Si nous faisons partie des régions où le Seigneur nous fait la grâce d'avoir des vocations nombreuses, et elles sont à recevoir avec une humble reconnaissance, il faut nous savoir payer le prix d'une bonne formation, en étant prêts à dégager le personnel de formation ainsi que les moyens matériels de formation nécessaires. A ces deux niveaux, le Supérieur Général ne cesse de nous inviter à la coopération interprovinciale.

3. Si nous faisons partie des régions du monde où les vocations sont peu nombreuses, loin de nous décourager, ces statistiques doivent nous stimuler à deux choses: d'une part, à mener une réflexion sur les raisons pour lesquelles les vocations n'arrivent pas chez nous ou n'y restent pas et à avoir une pastorale des vocations qui soit active, et, d'autre part, à mener une action missionnaire adaptée aux besoins des gens et visant à constituer des communautés chrétiennes ferventes et dynamiques qui sont un terreau favorable à l'éclosion et à la maturation des vocations.

4. La réalité du monde et de l'Eglise est mouvante. Il ne faut pas crier victoire parce qu'on a beaucoup de vocations dans certaines régions du monde, ni se désoler parce qu'on n'en a pas. Car, en effet, on a vu des pays qui, jusqu'à il y a peu d'années, avaient beaucoup de vocations, comme certaines régions de France, les Pays-Bas ou l'Irlande, où elles ont tari en quelques années. Et, inversement, on a vu des pays d'Afrique ou d'Amérique Latine, qui avaient eu très peu de vocations pendant de nombreuses années, démarrer tout d'un coup. La situation dans un pays peut changer très rapidement, en positif ou en négatif. Il faut donc être vigilant.

5. La diminution de notre nombre, avons-nous vu, vient en bonne partie des confrères qui sortent de la Congrégation (dispensés des voeux, réduits à l'Etat laïc par le Saint-Siège, renvoyés ou partis irrégulièrement). Ce serait une erreur de penser que ce phénomène touche seulement ou principalement les jeunes confrères ou les provinces jeunes. Cela touche en fait des membres de tous les continents et de tous âges, avec semble-t-il, une accentuation du phénomène chez les confrères de 40 à 50 ans. Il est donc important de réfléchir aux causes de ces départs pour y chercher des solutions, car il est inutile d'avoir des jeunes qui arrivent si une partie d'entre eux partira au bout de quelques années de ministère. Là encore je laisse ce point à votre réflexion.