Mois Vincentien 2002: Chronique

Mois Vincentien des Conseillers « Assesseurs » de la Famille Vincentienne

(Paris, du 7 au 26 juillet 2002)

Chronique

par Bernard Schoepfer, C.M.

Province de Paris

Pour la première fois, un rassemblement international des Conseillers -« Assesseurs » de la Famille Vincentienne, est réuni du 7 au 26 Juillet 2002 à Paris, Maison Mère des Filles de la Charité (140 Rue du Bac) (environ 120 participants de 46 pays ). C'est le Père Benjamín Romo CM, délégué du Père Général pour la FV, qui nous invite à vivre ce temps fort pour un meilleur service des pauvres et une réelle collaboration entre les diverses branches de notre Famille.

Dimanche 7

14ème dimanche du temps ordinaire (Mt 11, 25-30) : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. 

Les participants arrivent des quatre coins de l'horizon. Chacun prend connaissance des lieux et commence à s'apprivoiser à l'ambiance, malgré certaines difficultés de compréhension dues au langage. Déjà, plusieurs services se mettent en place pour prévoir le bon déroulement de ce rassemblement.

PREMIERE SEMAINE :

LES CONSEILLERS DES GROUPES DE LAÏQUES VINCENTIENS FIDÈLES À L'ÉVANGILE, À L'ÉGLISE ET À SAINT VINCENT

Lundi 8

À 8h30, nous nous rassemblons dans la belle salle de conférence, de la Maison Mère des Filles de la Charité. Chaque participant prend place, au sein de son groupe linguistique. Nous constatons que la langue espagnole est majoritaire. Les trois langues officielles ( anglais, espagnol, français ) seront utilisées tout au long de la session. Ce qui n'empêche pas de parler d'autres langues comme l'italien, le slovaque, le polonais et bien d'autres.

Après avoir salué et remercié pour la réalisation de cette rencontre, Sœur Juana Elizondo, Supérieure Générale des Filles de la Charité, nous encourage à entrer dans nos travaux, par une méditation sur le Notre Père. Elle nous assure de la prière de l'ensemble des sœurs de la communauté de la Maison Mère (160 sœurs), et tout particulièrement des sœurs aînées. Elle nous invite aussi, à ne pas nous contenter d'apprécier les méthodes de nos travaux, mais à nous revêtir de l'esprit du Christ, manifesté dans les Béatitudes. Puis, nous célébrons l'Eucharistie, présidée par le Père Robert Maloney, notre Supérieur Général. Comme nous le rappelle le livre d'Osée, nous sommes appelés à entrer dans le désert. Pendant ce temps de session, Dieu veut nous séduire pour nous donner sa confiance. Puis quelques indications de méthodes, d'objectifs, d'avis pratiques et nous allons déjeuner.

Après une promenade, une sieste ou ce qui convient à chacun, nous reprenons le travail, à 15h30. Nous nous asseyons selon notre groupe d'appartenance à la FV en tant qu'accompagnateurs : AIC, SSVP, JMV, AMM, MISEVI et autres. Pendant plus d'une heure nous nous présentons rapidement ; la vidéo permet de voir chaque membre sur l'écran. Vers 17h00, nous faisons un premier partage en petit groupe (linguistique), et de présentation en présentation nous exprimons nos attentes quant à cette session. Nous terminons la journée par la prière de la FV.

Mardi 9

8h45, une nouvelle journée commence, déjà la salle résonne de « Buenos días, Good morning, Bonjour, … », nous sommes invités à faire silence et à prier. Le Père Maloney introduit cette deuxième journée. Avec méthode et simplicité, en utilisant l'informatique (Power Point), il nous propose de réfléchir sur « Les qualités d'un bon formateur » (en tant que conseiller - assesseur ). La méthodologie est interactive : réflexion - silence (fond de musique) - questions. Nous sommes convoqués à faire une méditation personnelle et communautaire. Différentes questions nous stimulent dans cette démarche. Une pause, et nous rejoignons nos groupes de partage. Nous reprenons les éléments reçus. La discussion est riche, parfois difficile à cause des langues. La prière de l'Angélus conclut notre matinée.

La reprise de la séance des travaux sera chaque jour à 15h30. Aujourd'hui, c'est le Père Jean Landousies, Supérieur de la Maison Mère des Lazaristes, à Paris, qui prend la suite de notre réflexion. Il nous rappelle l'enseignement fondamental sur « Les laïcs dans l'Église d'aujourd'hui ». Plusieurs questions nous sont données. Je vous fais part de celle-ci : « Appel à la sainteté et appel à la mission. Comment est vécue l'unité de ce double aspect de la vocation chrétienne ? ». À 18h30, nous nous séparons pour faire quelques pas avant de dîner.

Mercredi 10

Nous débutons la journée par la prière, avant de donner la parole au Père John Prager, CM. Son exposé nous invite à réfléchir sur « Les laïcs dans l'expérience de Saint Vincent ». Marqué par son travail missionnaire au Panama, il nous livre plusieurs aspects de la sensibilité vincentienne. Après un temps de travail en groupe, Sœur Andrée Menu, FdlC, témoigne de son expérience missionnaire avec des laïcs (AIC) au Cameroun. Elle nous donne quelques convictions : nous centrer sur Jésus Christ, accepter les échecs, ne pas faire à la place des laïcs mais les encourager à faire eux-mêmes et prendre une place secondaire. L'après-midi est libre, plusieurs prennent le temps de découvrir Paris.

Jeudi 11

Fête de saint Benoît, nous sommes appelés à unifier : prière et travail pour vivre dans la paix. Le Père Prager nous propose une autre intervention sur « Le service corporel et spirituel des pauvres ». Parmi une des caractéristiques de notre service, retenons celle-ci : « Il nous faut entrer dans le monde des pauvres, écouter leurs préoccupations, avec respect et humilité ; sans croire que nous avons toutes les solutions. Une pause, un temps de reprise en petits groupes permettent d'accueillir les paroles du Père John.

Après le déjeuner et un temps de repos, nous poursuivons nos travaux, par groupes linguistiques. Vers 17h00, nous nous réunissons en assemblée plénière. Chaque groupe fait part des points forts qui ressortent de son partage. Puis, quelques indications sont formulées pour le vendredi : « Journée particulière - moment de récollection ». Avant de partir, nous reprenons la prière de la FV.

Vendredi 12

Aujourd'hui, nous accueillons Eva Villar avec son mari Juan et leurs deux petites filles. Elle est membre de JMV et présidente de MISEVI. Son expérience aux Honduras et en Bolivie, colore son témoignage. Avec le Père Felipe Nieto, CM, assistant international de MISEVI, Eva nous éclaire sur la manière de nous laisser évangéliser par les pauvres. Plusieurs principes guident cette nouvelle manière de vivre : une vie marquée par l'austérité, la confiance en la Providence, une attitude de partage vraie avec les pauvres, un réalisme actif. Seule l'expérience permet de ne pas réduire la phrase de Saint Vincent : « Les pauvres sont nos seigneurs et nos maîtres » en un couplet spirituel ; la vie avec les pauvres nous transforme, nous évangélise. Dans une deuxième partie de notre matinée, Sœur Sharon Richardt, FdlC, nous introduit à la réalisation de notre réflexion apostolique. Il s'agit de dire comment nous rencontrons, aujourd'hui, Dieu dans nos vies, et plus particulièrement dans les personnes que nous servons. Cette réflexion nous était suggérée comme travail préparatoire à ce mois vincentien. Vers 11h00, nous nous dispersons pour prendre le temps de reprendre cette démarche dans la prière et la relecture.

Pour débuter notre rencontre de l'après-midi, nous nous rassemblons par groupes pour témoigner de notre réflexion apostolique. Le partage terminé, nous retenons les points forts, par un mot, une phrase nous notons ce qui sera communiqué à l'assemblée, lors de la célébration qui suivra. Ce temps de célébration est simple, enrichissant et source d'enthousiasme. Nous nous donnons la paix et, le « ministre de la culture et des loisirs » nous donne rendez-vous à 20h30 pour une soirée de divertissements. Des danses, des chants, des projections, des histoires drôles nous invitent à rêver et à nous amuser.

Samedi 13

Par un temps de prière mariale, avec projection de textes, nous débutons notre dernière journée de cette première semaine. Aujourd'hui, c'est le Père Corpus Delgado, CM, qui nous transmet un petit traité sur « La spiritualité mariale dans le charisme vincentien », une intervention doctrinale, enrichissante. Un temps de débat, et nous rejoignons nos groupes de partage. Voici la question étudiée : Si la spiritualité mariale consiste à trouver en Marie de l'inspiration pour suivre le Christ, quels sont les caractéristiques d'une catéchèse, d'une célébration mariale dans nos associations vincentiennes ?.

Dans l'après-midi, nous nous rassemblons pour un dernier travail en équipe. Quelques explications, en salle de conférence, puis nous essayons de relever trois réalités, trois convictions et trois engagements sur le thème de la semaine : «Fidèles à l'Évangile, à l'Église et à Saint Vincent ». Les secrétaires des groupes transmettent les données à la Commission de Synthèse, en vue d'un document final de ce mois vincentien. Nous concluons notre journée par une méditation sur le Magnificat. Avant de partir, nous regardons quelques photos sur grand écran, et nous faisons ainsi, mémoire de l'expérience vécue, en cette première semaine.

Dimanche 14

Temps libre : repos - détente - visite - Fête Nationale en France : défilé sur les Champs Élysées - Feux d'artifices vers 23h00 - 15ème dimanche du temps ordinaire (Mt 13, 1-23 ) : Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est l'homme qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

DEUXIEME SEMAINE :

ÊTRE ET TRAVAIL DE LA FAMILLE VINCENTIENNE

Lundi 15

La prière du matin nous invite à accueillir chaque personne comme un cadeau de Dieu, puis Sœur Margaret Barrett, FdlC, nous présente le déroulement de cette deuxième semaine de travail. Tout au long des jours qui vont suivre, nous allons consacrer nos forces à mieux connaître les différentes branches de la FV. Nous essayerons de saisir l'évolution de la charité à travers l'expérience diversifiée de notre Famille spirituelle. Nous souhaitons la bienvenue aux présidents et à leurs proches collaborateurs des diverses instances vincentiennes : AIC, SSVP, JMV, AMM, MISEVI. Après plusieurs consignes pratiques, nous entrons dans le vif du sujet de cette journée. C'est Monsieur le Professeur Asdrubal J.Baptista, originaire du Vénézuela, docteur en droit et en économie qui nous guide magistralement vers le thème de ce jour : « L'engagement des laïcs dans le monde et dans l'Église aujourd'hui ». En deux parties, l'une en début de matinée et l'autre dans l'après-midi, nous entrons par le chemin de la description et de l'analyse dans l'univers complexe de l'économie, et du rapport entre pays riches et pays pauvres. « Aucune génération n'a un temps facile à vivre. Accepter cela permet d'avoir l'esprit en paix pour agir ». Agir et espérer, c'est là que se rencontrent l'ordre temporel et spirituel. En Jésus, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, nous trouvons la clé du regard qui nous aide à lire l'histoire. Notre engagement doit se situer sur deux fronts : social et personnel. C'est par un temps de partage en groupes sur l'enseignement social de l'Église, et par un débat en assemblée plénière que chaque participant a pu s'approprier les éléments d'analyse et les principes exposés par l'intervenant. En soirée, Mère Juana Elizondo présente la Compagnie des Filles de la Charité à travers le monde, en ce début du 21ème siècle.

Mardi 16

« Amérique Latine réveille-toi, sur tes sommets brille la lumière d'un jour nouveau », ce refrain nous entraîne à prier pour les femmes et les hommes de notre temps, et tout particulièrement pour le peuple de l'Amérique Latine. C'est Madame Patricia P. de Nava, Présidente Internationale de l'A.I.C, qui anime notre journée. Elle nous livre une première conviction : Si nous sommes ici, c'est parce que nous croyons que nous pouvons participer aux changements des conditions de vie des pauvres. Déjà, nous pouvons affirmer que derrière tout bon bénévole, il y a un bon assesseur, depuis le temps de Monsieur Vincent jusqu'à nos jours, la manière d'exercer la « charité » a évolué. Ce qui demeure, c'est l'expérience des pauvres. Nous devons passer de l'assistanat à la participation des pauvres. Voilà le chemin vers l'autopromotion et la dynamique d'une vraie solidarité. Il nous faut renoncer aux attitudes de complaisance et de paternalisme envers les plus petits. Après un temps de débat et une pause, nous avons pris connaissance de la méthode pour entrer dans cette évolution de la charité. Sur l'écran, « Le travail sous forme de projets » nous est expliqué. Les étapes du projet sont classées selon un ordre établi par l'expérience de service, pour aboutir à une réelle transformation de la situation de pauvreté. L'évaluation du projet est l'une des étapes essentielles.

Dans l'après-midi, nous travaillons en groupes. Pour faciliter l'expression et le résultat, la dynamique du « Chapeau de Debono » est mise en œuvre. Trois inquiétudes, trois attentes et trois suggestions quant au rôle des conseillers « assesseurs » sont partagées en salle de conférence. Retenons cette autre remarque de Patricia : Nous ne travaillons pas avec les pauvres parce que nous sommes bons, mais parce qu'ils le méritent. Nous avons une dette de justice envers eux.

Vers 17h30, Sœur Marie-Geneviève Roux, FdlC, nous conduit vers les sources de notre esprit, incarné en Louise de Marillac, Vincent de Paul et Frédéric Ozanam. Par un montage de diapositives, elle nous parle des origines de « l'arbre vincentien » à Paris. Demain nous irons en pèlerinage sur les lieux de vie des fondateurs de la FV. Un livret nous est donné comme support.

Mercredi 17

Une belle journée s'annonce, le soleil brille sur Paris. Le circuit que nous allons faire est très riche en souvenirs de famille. La veille, Sœur Marie Geneviève nous disait que la vie spirituelle rentre par les yeux, les oreilles et aussi les pieds. Si la physionomie de Paris est complètement transformée depuis trois siècles - à l'exception de quelques églises où nous faisons halte - nous essayons de reconstituer les épisodes évoqués, sur les lieux où ils se sont déroulés. C'était « le temps des carrosses » qui rendaient déjà difficile la circulation ! De lieu en lieu, nous prenons le temps de découvrir, de faire mémoire, de prier. Ce pèlerinage, veut être « un retour aux sources » ... À saint Nicolas des champs, nous venons évoquer le souvenir de cette grâce intime que Louise de Marillac a appelée « la grâce de la Pentecôte » (4 Juin 1623). Nous lisons le récit qu'a fait Sainte Louise de cette « illumination intérieure ». Comme elle, nous demandons à Dieu de nous éclairer pour accomplir sa volonté.

Dans l'après-midi, nous nous dirigeons vers Clichy. Les commentaires nous aident à connaître la capitale, le soleil fait éclater la splendeur de Paris. À 16h00, nous célébrons l'Eucharistie en l'Église de Clichy. Saint Vincent construisit la petite église qui existe encore et qui est reliée à la grande paroisse Saint Vincent de Paul actuelle. Sur son chemin vers les pauvres, Monsieur Vincent a eu la joie d'expérimenter, en ce lieu, que vivre avec un peuple est source d'épanouissement de toute vocation. C'est le 2 mai 1612 que Monsieur Vincent prit possession de sa cure de Clichy. C'était la première fois depuis quinze ans qu'il se retrouvait au milieu des braves gens simples des champs, il avait 31 ans ! À la suite du Christ, à la manière de saint Vincent, nous demandons à Dieu notre Père, dans l'Eucharistie, de nous donner persévérance, courage et patience, dans nos rencontres auprès des blessés de la vie. Pour terminer, les photographes mémorisent l'événement que nous vivons. Nous reprenons la route du retour. Dans les bus l'ambiance est joyeuse, les chants rythment notre trajet. Nous faisons une dernière halte sur l'esplanade du Trocadéro. Nous admirons la Tour Eiffel et le Champ de Mars, c'est splendide !

Jeudi 18

Une belle mélodie, d'un chant brésilien, ouvre notre journée. Après un moment de recueillement, nous débutons notre travail par des informations concernant la fin de cette deuxième semaine. Aujourd'hui, nous prenons le temps de nous informer sur les fondements, l'esprit, les objectifs et l'organisation des différentes branches de la FV. Chaque représentant des diverses branches (AIC, SSVP, JMV, AMM, MISEVI) nous fait part, pendant une vingtaine de minutes, et selon sa méthode propre, de la composition de l'association. Il est évident que tous désirent servir les pauvres, que tous veulent vivre la collaboration. Cependant, comme dit un théologien des temps modernes : « La vérité est symphonique » et, nous pourrions paraphraser en disant : « La charité, avec ses multiples acteurs de la FV, peut devenir une belle symphonie ». Plusieurs sons en forment l'harmonie : « L'A.I.C veut être une force de transformation dans la société, envers les femmes et avec les femmes du monde entier ; mais aussi une force critique pour donner pour valoriser leur dignité. » « À la suite de Frédéric Ozanam, nous désirons enserrer le monde entier dans un réseau de charité, par la prière, l'action et la pensée. » « Une aventure pour les jeunes et avec les jeunes, en vue de créer des lieux de vie, de partage et d'éducation, choisissant Marie comme compagne de la route. » « Celui qui porte la Médaille Miraculeuse est déjà membre de l'AMM. Rien n'est fait, tout commence. Par la communication, la formation et la collaboration nous développons cette manière de vivre la charité. » « MISEVI se déclare benjamine de la famille. L'expérience missionnaire entre jeunes est une orientation privilégiée pour un service avec et pour les plus petits. À midi, nous prions l'Angélus en portugais.

Vers 15h00, nous nous rassemblons, dans le jardin de la Maison Mère des Filles de la Charité, pour une photo. Nous poursuivons, en assemblée plénière, par un débat avec les présidents des associations de la Famille. Le Père Romo remercie le Seigneur pour cette rencontre et, au nom du Père Général, il dit sa reconnaissance, aux responsables internationaux pour leur présence active : « En tant que conseillers, vous nous formez et nous vous en remercions ».

À 17h00, nous célébrons l'Eucharistie dans la chapelle de la Rue du Bac. Déjà, nous nous souvenons de la première apparition de la Vierge Marie, à Catherine Labouré, dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830. Le Père McCullagh nous invite à entendre les sons du silence. Le silence nous mène vers la contemplation. Nous avons besoin d'écouter des sons nouveaux, de nouvelles voix dans un climat de silence contemplatif. Nous demandons trop souvent ce que nous voulons, mais pas suffisamment ce que Dieu veut dit Sainte Catherine à une compagne.

En soirée, au cours d'une célébration, la communauté des Filles de la Charité de la Maison Mère nous invite à prier avec Marie et comme Catherine. La chapelle est pleine, les pèlerins demeurent longuement dans le silence. « Oui, je veux chanter pour toi Marie, cette prière. Je veux porter vers toi le cri de tous mes frères et sœurs ».

Vendredi 19

« Nous demandons au Seigneur d'envoyer des ouvriers, des serviteurs à sa moisson », c'est par ces mots que nous adressons notre prière à Dieu. Avec nos différences, nos fragilités et nos talents nous pouvons suivre Jésus Christ, il est la règle de la mission. Un beau chant en Libanais conclut ce temps de méditation. « Éléments d'union de la Famille Vincentienne », voilà le propos de notre matinée. Le charisme vincentien est allé plus loin que ce que pouvaient imaginer nos fondateurs. Il ne s'épuise dans aucune des branches de notre Famille. Il s'agit de conjuguer unité et diversité. Le Père Romo nous offre des éléments de réflexion pour mieux réaliser l'unité, sans tomber dans l'uniformité. On ne peut pas enfermer le charisme vincentien dans une théorie. Un travail en groupes prend le relais de cette intervention simple et éclairante. Nous nous retrouvons par régions ou par pays, pour partager sur nos manières de vivre la collaboration entre les diverses branches de la FV.

C'est avec Sœur Elisabeth Charpy, FdlC, que nous continuons la journée. Elle fait part de l'un des aspects de la vie de Louise de Marillac : « Sainte Louise, Animatrice des Charités ». Trois qualités ressortent de la capacité d'animation de celle-ci : une écoute attentive, un respect envers tous, une large compétence. Mais il faut ajouter aussi quelques possibles écueils : l'activisme et le découragement. À nouveau, nous partageons par groupes, nous suggérant des solutions pour une meilleure animation des équipes que nous accompagnons. En soirée, nous prenons le temps de nous réjouir ; l'ambiance est aux « éclats de rire ». Le « ministre de la culture », le Père Diego Luis, s'est transformé en éminent professeur !

Samedi 20

Les langues polonaise, slovaque, slovène et ukrainienne nous introduisent dans la prière. Nous prions avec Marie. Les Noces de Cana et le chant à la Vierge « noire » constituent ce temps de recueillement. Il nous faut bénir davantage les autres et il y aura plus de paix à travers notre humanité. Le Père Mikhaylo Talapkanych, nous fait part d'un proverbe ukrainien : « Lorsqu'un prêtre bénit, tout l'enfer tremble ! » Le Père Orlando Escobar, CM, nous présente alors, la page Web (www.famvin.org). Il nous fait prendre conscience que cet instrument est pour le service des pauvres. Par cette toile d'informations, nous pouvons créer des pages locales, envoyer des informations et des documents de formations, mettre en place des liens entre les pages locales, … Nous avons là une synthèse, de ce qu'est et peut être, la FV. Le défi est de donner accès à ce moyen de vivre en relation (en réseau) au plus grand nombre de personnes (riches et pauvres). Le Pape Jean Paul II, lors de la Journée mondiale 2002 des Communications sociales, nous interroge : Internet fait apparaître des milliards d'images sur des millions d'écrans d'ordinateurs partout dans le monde. De cette galaxie d'images et de sons, le visage du Christ ressortira, et la voix du Christ sera-t-elle entendue ?. La projection de plusieurs photos de notre deuxième semaine, nous aident à nous émerveiller de la richesse de notre vie en famille. Les groupes sont recomposés pour un dernier partage entre membres d'une même branche de la FV : trois réalités, trois convictions et trois engagements pour améliorer le travail de notre Famille sont étudiés.

Dimanche 21

Une journée ensoleillée - Temps libre - 16ème dimanche du temps ordinaire (Mt 13, 24-43) : Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ…

troisième semaine :

le rôle du conseiller

Lundi 22

Nous voici partis pour la dernière ligne droite. Pendant cette troisième semaine du Mois Vincentien, nous allons étudier le rôle du conseiller. Nous commençons par la prière. Un chant, en Hindi, nous convoque à la louange : « Le Seigneur vient habiter chez-nous, apportons-lui des fleurs, notre invité le mérite. Chantons lui des chants de louange ». Sœur Magarett Barrett se réjouit de cette session exceptionnelle : un chemin d'une réelle promotion du charisme vincentien est annoncé. C'est par un entretien, simple et clarifiant, que le Père José Antonio Ubillús, CM, Assistant Général, nous donne des repères pour exercer notre rôle de conseiller dans les groupes de la FV. Entrer dans l'esprit de Jean Baptiste est l'attitude vraie pour tout conseiller : « Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue » (Jn 3, 30). La pédagogie de Jésus, en tant que conseiller des douze, ouvre nos cœurs et nos intelligences pour accomplir ce « ministère d'accompagnement ». Une pause pour profiter du soleil et nous désaltérer et, nous rejoignons nos groupes de travail. Réunis par conseillers d'une même branche, nous partageons sur des réalités, des difficultés et des suggestions inhérentes à notre service.

Il fait bon à Paris, le temps est chaud, mais il nous faut reprendre nos travaux. Edurne Urdampilleta, membre du Conseil Iinternational de la JMV, nous fait réfléchir sur « Le conseiller et la vie spirituelle ». L'essentiel est de développer la foi en Jésus Christ et non en l'assesseur. Après une analyse de notre ère d'informations et de ses répercussions sur la vie des personnes, plusieurs éléments de discernement et d'accompagnement nous sont livrés. À nouveau, nous nous rassemblons par groupes pour une discussion sur la fonction du Conseiller dans la vie spirituelle du groupe et des personnes dans le groupe. Dans la joie, nous nous séparons pour dîner. Pour beaucoup, la nuit sera réparatrice ; hier, certains ont fait du tourisme, et la fatigue se fait sentir.

Mardi 23

Avec la liturgie de l'Église, nous célébrons, Sainte Brigitte, copatronne de l'Europe. Suite à une série d'annonces, nous entamons notre matinée par une réflexion méditative sur « Le conseiller et la formation ». Voici quelques éléments émis par Edurne, concernant le rôle du conseiller : veiller à l'application d'un bon programme de formation, encourager les animateurs, aider à élaborer le projet de vie personnel, accompagner le processus de l'équipe, … Afin d'approfondir notre compréhension du thème, nous partageons en groupes sur la fonction du conseiller relativement à la formation intégrale des membres.

La séquence de l'après-midi s'ouvre par une rapide présentation des Sœurs de la Charité de Strasbourg. Sœur Denise Baumann nous fait connaître aussi, la Fédération des 11 congrégations de langue allemande qui vivent et travaillent selon l'esprit vincentien. Nous poursuivons par une intervention du Père Jaime Corera, CM, conseiller spirituel international de la SSVP : « Le conseiller et la mission apostolique des laïcs vincentiens ». Ce service d'accompagnement et d'animation demande une capacité d'écoute et d'attention à l'égard de ceux qui nous sont confiés. Notons ces paroles de conclusion : Le conseiller doit aussi être ouvert pour apprendre et se laisser interpeller par les membres de l'institution ou du groupe vincentien qu'il accompagne. Une pause, quelques pas dans le jardin, et nous nous regroupons par branches pour analyser notre fonction par rapport à l'apostolat des laïcs. Vers 18h00, les divers représentants de la FV mènent un débat, en s'appuyant sur les questions déposées dans une boîte. Après cet éclairage simple et concret, nous prions et nous nous souhaitons une bonne soirée.

Mercredi 24

Déjà nous rendons grâce pour ce mois vincentien. C'est par le « Notre Père » que nous concluons notre remerciement. Diverses indications nous sont données pour réaliser le travail de cette fin de session. Puis, le Père Alberto Vernaschi, CM, nous expose les points forts de « La dimension juridique, canonique des associations ». Il nous éclaire avec simplicité et justesse sur le statut des associations par rapport à l'Église. Les statuts sont des moyens et non pas une fin en soi. Les catégories associations publiques et privées ont leur utilité pour la communion ecclésiale et la fécondité apostolique.

Aujourd'hui, nous allons partager pour la dernière fois avec les différentes branches de la FV. Chaque groupe peut débattre des points abordés, ou non, lors des interventions. Eh ! Oui, la session va vers sa fin. Demain nous aurons encore un moment très riche. Pour clore la journée, le Père Roberto Lovera, CM, nous communique le bilan financier de ce mois vincentien. Les frais, les aides financières reçues, les multiples services gratuits et ce que chaque participant devra prendre en charge font l'objet de ce compte-rendu économique. Nous remercions le Père Lovera pour ses explications et pour son service. Il est aussi le photographe officiel de notre assemblée, mais ce soir, le Frère John l'a surpris, il nous fallait une photo de notre « Père Économe ! »

Jeudi 25

Nous souhaitons une bonne fête à nos frères et sœurs d'Espagne, en ce jour où nous célébrons saint Jacques. Les participants des États-Unis nous invitent à prier avec Louise de Marillac : « Seigneur, donnez-moi d'imiter votre manière de vivre et d'agir. Enseignez-moi à conserver toujours une grande estime de mon prochain ». Nous arrivons presque au terme de notre mois vincentien, il est temps de relire l'expérience de ces trois semaines d'enthousiasme, et de renouvellement pour envisager nos engagements. Le Père Romo nous guide dans cette reprise : « Comment pouvons-nous communiquer, dans nos pays, l'expérience vécue ? » À partir de cette question, nous pouvons faire émerger les éléments importants à communiquer dans nos pays. Comme nous le disait le Père Maloney, au début de cette session : « Un bon formateur est quelqu'un qui communique son expérience ». Une phrase de saint Vincent peut être mise en parallèle : « Il ne suffit pas d'aimer Dieu, si mon prochain ne l'aime ». La richesse du charisme vincentien nous porte non seulement à vivre notre vocation mais aussi à permettre à d'autres d'y participer. Pour relire ces journées de formation, nous nous groupons par pays pour un premier travail, puis, pour un deuxième travail nous nous rassemblons par continent. En fin de matinée, nous partageons en assemblée plénière. Il nous est proposé d'envoyer, au nom des participants à ce mois vincentien, une lettre de remerciements et d'encouragement, aux différents responsables et à leurs conseillers afin d'approfondir ensemble, notre vie en FV. Une seconde suggestion est de réaliser à notre niveau (continents, pays, régions) une telle rencontre, sur une semaine par exemple. Avant d'aller déjeuner, nous prions l'Angélus, en langue anglaise.

C'est la dernière après-midi de travail de notre session ; dans un premier temps nous écoutons le Père Gherardo Armani, CM., dans le cadre du projet de la FV : « La mondialisation de la charité : lutte contre la faim » proposé à travers le monde, depuis le 27 septembre 2001, et dont plus d'une centaine de projets sont déjà en route. Ce projet nous présente une réalisation de cette action contre la faim, avec la FV d'Italie et le Congo, à la périphérie de Kinshasa. L'étude de l'ébauche de la Synthèse finale de ce Mois Vincentien et l'évaluation des trois semaines passées sont le programme de notre fin de journée.

Vendredi 26

C'est dans le silence que se réalise le rêve de Dieu sur chaque personne. Ici, à la Maison Mère des Filles de la Charité, la Vierge Marie nous a reçus pendant ces trois semaines de session : merci pour ce temps de grâce ! Par la prière, nous remercions le Seigneur pour son amour et pour le travail accompli. Tout a une fin, même le Mois Vincentien, cette dernière rencontre dans la salle de conférence, nous permet de prendre connaissance de l'ébauche du la Synthèse Finale, qui sera communiquée aux participants de la session, et aux différentes instances de la FV. L'ensemble nous est projeté sur l'écran. L'assemblée prend acte de l'immense travail réalisé par la commission de synthèse ; nous leur disons notre reconnaissance. Puis, commence une série de remerciements pour le bon déroulement de notre rencontre. Les différents services sont applaudis. Un « merci » particulier aux 14 traductrices pour les différentes langues représentées, à Sœur Sharon Richardt pour son rôle de « facilitatrice ». Et, une reconnaissance infinie à chaque membre de la commission préparatoire est manifestée par l'assemblée : « Les mots ne peuvent exprimer ce que vous avez fait pour nous depuis deux ans ».

Après quelques dernières informations, nous nous dirigeons vers la chapelle saint Vincent, pour célébrer l'Eucharistie, présidée par le Père Romo. Retenons ces paroles de l'homélie : Jésus et saint Vincent nous invitent à incarner l'attitude du Bon Samaritain. Dans notre service auprès des laïques, nous sommes appelés non seulement à nous rendre proche et à soigner le blessé, mais encore à faire que d'autres apprennent à prendre soin de tous ceux qui croisent leur chemin de vie. Une belle procession des offrandes, sous fond de musique africaine, traduit déjà notre action de grâce pour tous les dons reçus au long de ce mois vincentien. C'est par des salutations, des « merci » et des éclats de rire que nous nous dispersons pour regagner notre quotidien et vivre maintenant, notre rôle de conseiller dans la FV, avec patience, persévérance, et certainement… une dose d'humour !

original français

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