Histoire de la Conférence des Visiteurs d'Afrique et de Madagascar (COVIAM)

Histoire de la Conférence des Visiteurs d'Afrique et de Madagascar (COVIAM)*

par Janusz Zwolinski, C.M.

Province du Congo

L'origine de COVIAM remonte à plusieurs années, et se rattache à la multiplication des vocations africaines à la CM, qui débuta en gros dans les années 80. À cette époque-là, certaines de nos missions avaient déjà lancé des projets de collaboration en matière de formation de nos candidats, comme le Congo (qui s'appelait alors Zaïre) et le Cameroun. Les Vincentiens du Cameroun avaient déjà envoyé quelques jeunes gens au séminaire interne de la vice-Province du Congo à Bokongo, et d'autres au scolasticat Saint Vincent à Kimwenza. Mais, ils souhaitaient faire encore plus au niveau de toute l'Afrique et, dans ce but, ils patientaient tout en recherchant les meilleures façons de collaborer.

Au cours de la réunion des Visiteurs de la Congrégation de la Mission à Rio de Janeiro, en juillet 1989, les Visiteurs avec leurs confrères africains tentèrent d'établir certaines structures qui permettraient des échanges et une collaboration entre les Lazaristes travaillant en Afrique dans le domaine de la formation. Dans ce but, et avec les encouragements de la Curie Générale, les Visiteurs d'Afrique et de Madagascar décidèrent d'organiser une réunion de formateurs Vincentiens en 1990 à Kinshasa (Congo). La réunion se tint effectivement dans les locaux du “Theresianum” des Pères Carmes, du 19 au 22 avril 1990. Ce fut la première réunion importante des Vincentiens au travail en Afrique qui ait été consacrée à la formation de nos candidats.

Participèrent à cette réunion les Pères Léon Lauwérier, Assistant Général pour les missions, et les représentants de sept provinces ou régions. C'étaient, pour le Cameroun : Claude Lautissier, Visiteur, et Hubert Lignée, Supérieur de la mission au Cameroun ; pour Madagascar : Pedro Opeka, Directeur du scolasticat d'Antananarivo ; pour l'Éthiopie : Leonardus Dobbelaar, vice-Visiteur, et Berhane Meskel, Directeur du scolasticat de philosophie à Asmara ; pour l'Érythrée : Hagos Tewolde, Directeur du séminaire interne de Hébo ; pour le Mozambique : Luciano Costa Ferreira, vice-Visiteur ; pour le Nigeria : Matthew Barry et Urban Osuji, respectivement Directeur et vice-Directeur du séminaire interne d'Ogobia ; pour le Zaïre : Jan Van Broekhoven, vice-Visiteur, Henk de Cuijper, Assistant Directeur du séminaire interne de Bokongo ; Stanislaw Szczepanik, Directeur spirituel du scolasticat de Kimwenza et moi-même, alors Recteur de ce même scolasticat.

Au cours de cette réunion les participants eurent l'occasion de faire connaissance, d'échanger leurs opinions sur les questions relatives à la formation de nos candidats en Afrique. Ils ont exprimé avec force leur désir de collaborer dans ce domaine. Ils insistèrent spécialement sur les points suivants :

  1. qu'une commission de formation soit créée, et qu'elle soit composée de l'Assistant pour les missions et des représentants de chaque province et de chaque région ;

  1. que les membres de cette commission se mettent au travail en vue d'établir, en partant de Kinshasa, d'un théologat commun pour toute l'Afrique, pour nos étudiants Africains qui étudient actuellement la théologie chez les OMI (Oblats de Marie Immaculée).

En vue de répondre à ces désirs, le Père Général, à l'époque le P. Richard McCullen, demanda que l'on organise une réunion des Visiteurs les plus intéressés par le projet d'un théologat interafricain, notamment le Nigeria, le Cameroun, le Zaïre (le Mozambique était aussi intéressé, mais pour le moment cette vice-Province n'avait pas encore d'étudiants en théologie). Le but serait d'étudier avec plus de précision les moyens à prendre pour réaliser son implantation. La réunion se tint à Paris le 16 décembre 1990 avec, comme participants : les Pères Léon Lauwérier, Assistant pour les missions, Claude Lautissier, Visiteur de Paris et Jan Van Broekhoven, vice-Visiteur du Zaïre. Mark Noonan, le Visiteur d'Irlande, n'assista pas à la réunion. Il fit savoir par fax que le Nigeria ne pouvait pas participer au projet du fait que le théologat des OMI n'était pas affilié à une université Romaine.

Les participants à la réunion furent mis au courant des mesures prises par le Zaïre (l'acquisition d'un terrain constructible dans la proximité du scolasticat de Kimwenza avec l'accord de l'évêque local) et prirent les décisions qui suivent (mais sans grande conviction, vu l'absence du Nigeria) :

  1. la construction à Kimwenza d'un théologat autonome séparé du scolasticat, avec la capacité d'accueillir 40 étudiants ;

  2. une mise en route progressive ; en 1993 les étudiants de première année de théologie commenceraient leurs études, et fréquenteraient les cours du théologat des OMI ;

  3. que le Supérieur Général endosse l'ultime responsabilité de ce scolasticat (théologat) interprovincial, et qu'il prenne en charge la nomination des formateurs.

Un peu plus tard, en février 1991, le Père Myles Rearden, d'Irlande, chargé de la mission du Nigeria, visita Kinshasa et fut enthousiasmé par le projet. Il apprit que le théologat des OMI avait entrepris des démarches en vue de son affiliation à une université romaine. En fait, la décision finale a été laissée au Conseil Provincial d'Irlande.

Alors qu'on attendait la décision, ce n'est que le 28 février 1992 que l'Assistant Général pour les missions, rejeta l'idée. En réponse la Province du Zaire proposa ce qui suit :

  1. que les Visiteurs concernés proposent au Supérieur Général les noms des candidats au poste de membres de l'équipe de formateurs ;

  2. que, par la suite, le Supérieur Général nomme le Recteur, qui pourrait alors, sans tarder, mettre en route le développement du programme de formation et contacter les provinces en vue de constituer un fonds pour la construction et le fonctionnement ;

  3. finalement, que la construction des locaux démarre par la construction d' une petite maison d'une douzaine de chambres, pour que les séminaristes puissent commencer leurs études en octobre 1993.

Pendant l'assemblée générale de 1992, les Visiteurs et vice-Visiteurs d'Afrique et de Madagascar discutèrent de nouveau le projet et cherchèrent à clarifier les moyens de le réaliser. C'est aussi au cours de cette assemblée qu'ils décidèrent de créer la COVIAM (Conférence des Visiteurs d'Afrique et de Madagascar) et qu'ils me donnèrent la responsabilité de président, avec la tâche spécifique de préparer les statuts de cette organisation.

Le 1er mai 1993, après lecture des statuts d'associations similaires (CLAPVI, CEVIM) et après consultation de quelques Visiteurs, j'ai rédigé et envoyé un brouillon de statuts aux Visiteurs, vice-Visiteurs et Supérieurs régionaux d'Afrique et de Madagascar, leur demandant leurs réactions et les amendements qu'ils proposaient. Dans la même lettre, je les mettais également au courant de l'initiative du Père Victor Bieler, Assistant pour les missions : il proposait de planifier la prochaine réunion des Visiteurs intéressés par le projet d'un théologat commun, en vue de confirmer ou non la réalisation de ce projet, en raison de la situation socio-politique très confuse et très incertaine qui s'était développée depuis quelque temps dans la République du Zaïre.

Cette réunion fut organisée par le Supérieur Général, le P. Robert P. Maloney, et par l'Assistant pour les missions, le P. Victor Bieler, le 29 juin 1993, à Paris. Malheureusement, vu la situation difficile où se trouvait alors le Zaïre, on décida de remettre à plus tard le lancement du théologat, tout en continuant à étudier d'autres possibilités de collaboration.

Au cours de cette réunion, le Père Général exprima le désir de réunir à Kinshasa, en juin 1994, les Visiteurs d'Afrique et de Madagascar afin de discuter des problèmes auxquels la Congrégation était affrontée dans cette région du monde.

Cette toute première assemblée de la COVIAM se déroula à Kinshasa du 24 au 30 juin 1994. Les participants furent : Robert P. Maloney, Supérieur Général, Victor Bieler, Assistant pour les missions, et les représentants des Provinces, vice-Provinces et Régions suivantes : Cameroun : Yves Danjou, Visiteur de Paris ; Mozambique : Luciano Costa Ferreira, vice-Visiteur ; Nigeria : Timothy Njoku, Supérieur régional et Michael Edem ; Madagascar : Gonzague Danjou, Visiteur, et François Benolo ; Érythrée : Zerajohannes Weldemariam, vice-Visiteur, et Yosief Zeracristos ; Éthiopie : Theo Van Ruijven ; Zaire : Janusz Zwolinski. Plusieurs conférenciers développèrent le thème de l'identité Vincentienne en Afrique et à Madagascar.

Au cours de cette réunion, on adopta les statuts de la COVIAM et on élut, comme membres du conseil exécutif : les Pères Janusz Zwolinski, président ; Timothy Njoku, vice-président ; et Yosief Zeracristos, secrétaire. Ce conseil exécutif reçut la tâche de mettre en route un certain nombre de décisions qui pourraient favoriser l'inculturation du charisme vincentien en Afrique ainsi que la collaboration entre les Vincentiens travaillant sur le continent. C'est la raison pour laquelle, dans une lettre datée du 30 juin 1994, ce conseil demanda aux Visiteurs, vice-Visiteurs et supérieurs régionaux en Afrique et à Madagascar :

a)de réfléchir aux moyens d'inculturer le charisme vincentien dans chaque province ou région et d'envoyer le résultat de leurs réflexions à une commission, composée des Pères J. Baptiste Nsambi, François Benolo et Michael Edem, responsables de la préparation d'une synthèse. Ce document était destiné à servir de base pendant la prochaine assemblée de la COVIAM, en juin 1996 ;

b)de confier aux formateurs le soin d'étudier soigneusement un point particulier de l'inculturation, à savoir la vie de communauté dans le contexte africain ;

c)de favoriser la connaissance mutuelle entre les confrères en échangeant des nouvelles et des formateurs, et en entreprenant des efforts missionnaires communs.

Cette commission sur l'inculturation du charisme vincentien en Afrique et à Madagascar, établie durant l'Assemblée Générale de la COVIAM en 1994 rencontra beaucoup de difficultés. Elle réalisa toutefois le travail qui lui avait été confié et en présenta les résultats pendant l'assemblée de 1996. Laquelle assemblée eut lieu à Rome les 30 et 31 mai. Les participants étaient : le Père Victor Bieler, Assistant pour les missions, Thomas Davitt, traducteur et Luigi Elli, Visiteur de Madagascar, Luciano Costa Ferreira, vice-Visiteur du Mozambique, Jan Ermers, Visiteur d'Éthiopie, Zarajohannes Weldemariam, vice-Visiteur d'Érythrée, Yves Danjou, Visiteur de Paris (pour le Cameroun), Chacko Panathara, Supérieur de la Tanzanie et Janusz Zwolinski, Visiteur du Zaïre. Le Père Timothy Njoku, Supérieur du Nigeria était absent. Le Supérieur Général, Robert P. Maloney, prit également part à l'assemblée dans la matinée du 31 mai et y donna une conférence intitulée : « C'est aujourd'hui le temps de l'Afrique pour l'Église, un temps de grâce ». Dans sa conférence, il souligna les défis auxquels nous sommes confrontés :

  1. que l'Afrique soit pleinement missionnaire ;

  2. que nos vies soient cohérentes ;

  3. que nous donnions gratuitement.

Une bonne part du temps de l'assemblée fut consacrée à l'inculturation. Après étude des divers aspects de notre vocation et de notre mission, l'assemblée décida de livrer les suggestions suivantes aux responsables de la formation dans les diverses provinces. Il était suggéré à ces derniers d'étudier ces questions en équipe et de transmettre, avant la fin de l'année, leurs idées au Père Jan Ermers, lequel, avec l'aide des confrères d'Éthiopie, préparerait un programme pour la réunion des formateurs prévue à Addis Abéba au début de 1997.

Parmi les diverses recommandations de l'Assemblée, nous pouvons citer :

  1. l'encouragement à poursuivre et à développer l'échange de bulletins de nouvelles ;

  2. l'invitation à développer une collaboration interafricaine du genre de l'expérience d'aide mutuelle entre le Zaïre, le Cameroun et le Mozambique, ou entre le Cameroun et Madagascar ;

  3. l'insistance sur l'apprentissage de l'anglais et du français par les Lazaristes africains.

Finalement, l'assemblée élut un nouveau conseil exécutif : les Pères Janusz Zwolinski, président pour un second mandat de trois ans, Jan Ermers vice-président. Le secrétaire, cependant, une fois modifié l'article 7 des statuts, serait nommé par le président (le Père J. Robert Bonenge du Zaïre fut choisi).

Pendant l'Assemblée Générale de 1998 à Rome, les Visiteurs, vice-Visiteurs et Supérieurs régionaux d'Afrique et de Madagascar se rencontrèrent à plusieurs reprises. Leurs échanges portèrent essentiellement sur la possibilité d'organiser soit un séminaire interne ou un théologat interafricain, dans la ligne des propositions de la réunion des formateurs à Addis Abéba en 1997, mais sans parvenir à une solution satisfaisante. Les Visiteurs intéressés préférèrent ralentir le mouvement, le moment ne semblant pas favorable.

Il fut prévu qu'on demanderait à la prochaine réunion des formateurs de bien vouloir réfléchir à l'opportunité de définir un programme commun de séminaire interne pour l'Afrique et Madagascar, programme que chaque province suivrait en lui adaptant son propre programme de formation. En plus, ils s'engagèrent à soutenir les initiatives partielles déjà prises (ou qui pourraient être prises) dans ce domaine et exprimèrent, par exemple, leur intention de procéder à des échanges de formateurs et d'étudiants entre les provinces. La formation permanente fut également prise en considération. Plusieurs confrères désiraient une structure genre celle du CIF, bien que plus modeste, pour l'Afrique et Madagascar.

Les Visiteurs discutèrent aussi leurs expériences en matière de développement de la collaboration entre provinces. Simultanément, ils exprimèrent le souhait de voir ces expériences se multiplier et s'intensifier. Finalement, ils entreprirent de reconsidérer la structure du conseil exécutif de la COVIAM, en offrant la présidence au Père Urban Osuji et la vice-présidence au Père Girmay Abraha.

Au cours de cette assemblée, on nous donna l'occasion d'essayer de faire un bilan des dix dernières années. S'il m'est permis d'exprimer mon point de vue, je pense que ― même si les objectifs de la COVIAM sont encore loin d'avoir été atteints ― nous avons enregistré des progrès. Les contacts entre les Lazaristes d'Afrique et de Madagascar sont en voie d'augmentation. Visiteurs et formateurs se rencontrent régulièrement et, donc, nous nous connaissons mieux les uns les autres que dans les débuts des années 1990. La province du Congo proposerait, durant la prochaine assemblée, d'autres réunions intéressantes pour les Lazaristes qui travaillent avec la Famille Vincentienne. Les initiatives de collaboration continuent à se développer. Certaines sont déjà en cours de réalisation, d'autres seraient à établir dans le futur proche, et d'autres enfin sont à l'étude. L'utilisation croissante d'Internet et du courrier électronique (émail) de par le monde, et même en Afrique, faciliteront, dans les mois à venir, les échanges de nouvelles et nous aideront à nous rapprocher les uns des autres. Bien que les essais d'établissement d'un théologat interafricain ou d'un séminaire interne commun à toutes les provinces n'aient pas réussi à aboutir, je suis convaincu que nous devons pas cesser le combat. Bien au contraire, nous devrions continuer à penser ensemble. Peut-être arriverons-nous à créer une structure pour les formateurs Lazaristes du genre CIF, idée déjà suggérée au cours de la dernière Assemblée Générale en 1998, et que notre province a bien l'intention d'envisager de nouveau sous la supervision des Visiteurs, vice-Visiteurs et Supérieurs régionaux présents ici.

(Traduction : FRANÇOIS BRILLET, C.M.)

* Cette conférence a été donnée à Enugu (Nigeria), lors d'une réunion de la COVIAM (2-6 mai 2000), par le Père Janusz Zwolinski, à l'époque Visiteur du Congo et président de la COVIAM. Le président actuel de la conférence des Visiteurs est le Père Dominique Iyolo, Visiteur du Congo. Ceux qui seraient intéressés par la question de la COVIAM et par son évolution depuis l'an 2000 peuvent toujours consulter les éditions de Nuntia: mars 2002, juin 2001, juillet-août 2001, mai 2000, juillet-août 2000.

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