Le Collège Alberoni hier et aujourd'hui

Le collège Alberoni hier et aujourd'hui

par Alberto Vernaschi, C.M.

Province de Rome

« Une fabrique de Cardinaux » : c'est ainsi que quelqu'un avait appelé le Collège Alberoni il y a quelques années, quand le diocèse de Piacenza avait eu plusieurs cardinaux, dont le plus grand nombre avait fait ses études de philosophie et de théologie dans ce collège. Ce qu'on vient de mentionner est un fait voyant et certainement significatif dans l'histoire de l'institution albéronienne, même si elle n'a pas été fondée dans l'intention de fournir des cardinaux à l'Eglise, mais seulement « de bons curés et confesseurs ».

Le projet d'un Cardinal et d'un Prêtre de la Mission

Le document officiel de fondation du Collège Alberoni est la bulle Clericalem vitam eligentibus du Pape Clément XII qui porte la date du 13 juillet 1732. Mais le mérite de l'initiative revient au Cardinal de Piacenza Giulio Alberoni (21 mai 1664 - 26 juin 1752).

A la mort du cardinal Collicola, à la fin de 1730, le Pape avait nommé Alberoni administrateur et commendataire de l'hôpital S. Lazare à Piacenza. Le lazaret était en pleine décadence. Durant les années de sa retraite à Rome après son expulsion d'Espagne en 1718, Alberoni avait eu moyen de connaître convenablement les Prêtres de la Mission et en particulier le visiteur de la province de Rome de la Congrégation de la Mission, le P. Bernardo della Torre. Par amour de sa ville, dont il était absent depuis 1706, Alberoni prit à cœur la charge reçue du Pape et, avec l'aide du P. Della Torre, qui était aussi architecte, il conçut un grandiose projet de transformation du lazaret en un collège pour la formation du clergé. A la direction, à l'enseignement et à l'administration même des biens, le fondateur voulut que soient placés à perpétuité les Prêtres de la Mission de S. Vincent de Paul, appelés par vocation à l'évangélisation des pauvres et à la formation du clergé. Pour cela, il obtint du Pape Clément XII la bulle Clericalem vitam eligentibus, dont on a déjà parlé.

Il faut reconnaître qu'Alberoni n'aurait pas conçu et réalisé son Collège s'il n'avait pas eu une grande estime pour la vie sacerdotale et s'il n'avait pas été convaincu de la nécessité pour l'Eglise d'avoir de « bons curés et de bons confesseurs ». Il s'est préoccupé non seulement de le construire, mais aussi de l'équiper de façon à rendre possible l'accès au sacerdoce à de nombreux jeunes qui, bien qu'ayant les qualités intellectuelles et morales nécessaires pour devenir ministres de Dieu, ne disposaient pas des moyens économiques correspondants, et de leur garantir une formation solide et continue.

Les travaux commencèrent aussitôt… On en était presque à la fin quand Alberoni fut nommé Légat en Romagne. Charge qu'il acquitta avec une grande énergie. Elu Pape sous le nom de Benoît XIV, en 1740, Prosper Lambertini confia à Alberoni la légation de Bologne en un moment très délicat de l'histoire européenne. Pendant ce temps, le cardinal continuait aussi à s'occuper de son Collège de S. Lazare, qui était pratiquement prêt en 1746. Mais pendant la guerre entre les franco-espagnols et les autrichiens l'édifice fut miné par ces derniers et il sauta presque entièrement. D'autres auraient renoncé à l'entreprise. Alberoni non ! Il se remit à l'œuvre, le reconstruisit et le meubla, l'ouvrant au premier groupe de 18 jeunes le 28 novembre 1751. Il aurait désiré suivre plus longuement la vie de sa création. Mais il mourût le 26 juin de l'année suivante dans son palais de la ville, instituant le Collège comme son héritier universel.

La formation de générations de bons prêtres

Selon la volonté du fondateur, son collège devait recevoir des clercs pauvres, fils «d'honnêtes gens,… sains de corps et d'excellentes mœurs » pour en faire « d'excellents ecclésiastiques ». Comme l'a noté de façon synthétique L. Mezzadri, « la formation albéronienne avait pour objectif une `sainte éducation' et une `direction vertueuse', auxquels les élèves devaient montrer docilité, capacité réaliste de tirer le bien de tout, respect pour les biens du collège, détachement des séculiers, et capacité de se dépouiller de l'esprit du monde pour se revêtir de celui du Christ ».

S. Vincent avait une haute conception de l'identité et de la mission des prêtres : Les prêtres sont « appelés au plus haut ministère qui soit sur la terre, par lequel ils doivent exercer les deux grandes vertus de Jésus Christ, c'est-à-savoir la religion vers son Père et la charité vers les hommes ». Fidèles à la consigne laissée par le saint, les Prêtres de la Mission chargés de la formation dans le Collège devaient viser à préparer des prêtres ainsi, plongés dans le mystère de Dieu mais solidaires des hommes.

En plus du supérieur, des professeurs, des directeurs et du procureur (économe), il devait y avoir aussi au Collège plusieurs missionnaires pour la prédication des missions dans le diocèse. On était ainsi en pleine conformité avec la tradition vincentienne. Vincent lui-même, en effet, en acceptant la direction de séminaires, demandait qu'y soient aussi au moins deux missionnaires pour les missions, comme cela ressort de la lettre du 20 juillet 1650 à l'Evêque de Périgueux : « …ce n'est pas assez de deux ouvriers pour un établissement conforme à votre souhait et à notre Institut. Vous avez en vue le séminaire et nous avons obligation aux missions ; notre principal est l'instruction du peuple de la campagne ; et le service que nous rendons à l'état ecclésiastique n'en est que l'accessoire…de sorte qu'est à souhaiter, puisque vous désirez avoir des missionnaires, que vous en ayez au moins quatre pour les deux fonctions ».

Le déroulement de la formation durait neuf ans et était très sérieux. Sérieux surtout sur le plan spirituel : rien d'extraordinaire ou de recherché, mais une forte marque ascétique. Sérieux encore du point de vue scolaire : tout d'abord on se consacrait à l'étude de la philosophie, des mathématiques et de la physique ; puis de la théologie dogmatique et enfin de la morale et du droit canonique. Dans la fidélité à la tradition, les professeurs étaient ouverts à la recherche et aux nouveaux apports. Le rapport entre la science et la foi, en particulier, n'a jamais été conflictuel, mais harmonieux : on n'est pas tombé dans le fidéisme et on n'a pas brûlé d'encens au rationalisme. La méthode favorisait l'approfondissement et l'assimilation. La formation était sérieuse enfin pour ce qui regardait la préparation pastorale : la paroisse annexe de s. Lazare devait permettre aux élèves de faire leur apprentissage. De ce point de vue aussi on était dans la ligne des indications de s. Vincent qui s'exprimait ainsi : « L'expérience nous a fait connaître que là où il y a un séminaire, il est bon que nous y ayons une paroisse pour y exercer les séminaristes, qui y apprennent mieux les fonctions curiales par la pratique que par la théorie ». Tenant compte des divers stades de la formation, les élèves étaient subdivisés en trois sections, chacune confiée à un Prêtre de la Mission comme directeur.

Avec cette organisation de fond, le Collège Alberoni a franchi l'épreuve des siècles. Toute sa tradition prouve comment il a été un milieu de sérieuse formation humaine, spirituelle, doctrinale et pastorale de générations de prêtres qui ont servi non seulement l'Eglise de Piacenza, mais aussi l'Eglise universelle. Aux Cardinaux et aux évêques déjà mentionnés et aux autres prêtres appelés au service du Siège Apostolique, en effet, il faudrait ajouter de nombreux élèves du Collège qui sont entrés dans la Congrégation de la Mission ou dans d'autres Instituts missionnaires.

Aussi, avec les adaptations demandées par les situations changeantes des temps, le Collège Alberoni poursuit encore aujourd'hui avec foi sa tâche de séminaire. Conservant sa caractéristique d'institut auquel on accède par un concours, depuis 1966 il a commencé à accueillir pratiquement tous les séminaristes du diocèse de Piacenza (depuis 1992 de Piacenza-Bobbio) pour le cursus des études de philosophie et de théologie, fonctionnant comme unique grand séminaire de ce diocèse. Peuvent cependant aussi y accéder, bénéficiant de la bienfaisance albéronienne, des séminaristes d'autres diocèses d'Italie, en accord avec la Congrégation pour l'Education catholique. Les études sont étalées sur 6 années. Le Studium de théologie, affilié à l'Université pontificale S. Thomas d'Aquin de Rome, est fréquenté également par des étudiants de diverses communautés religieuses et par des laïcs. A la fin du cursus, des études les élèves peuvent obtenir le grade académique du baccalauréat en théologie, après l'élaboration d'une thèse et la soutenance d'un examen approprié. A la suite de la réforme de l'enseignement de 1966 au Collège ne sont plus seulement employés les prêtres de la Mission, mais aussi des prêtres du diocèse de Piacenza et d'Instituts religieux. Quelques cours sont confiés à des enseignants laïcs.

L'actuel programme de formation du Collège Alberoni est fixé dans le « Projet de formation » et trouve sa réalisation dans le « Règlement », textes élaborés dans les années 1991-93, selon les indications de divers documents ecclésiaux et approuvés par l'Evêque de Piacenza-Bobbio le 8 décembre 1993. Comme séminaire, c'est-à-dire comme communauté voulue par l'Eglise pour l'accueil, la vérification et la maturation des vocations sacerdotales, le Collège s'efforce de « garantir une expérience de foi riche et organiquement reliée aux diverses phases du développement de la personnalité dans un climat d'intense relation avec Jésus, d'exigeante vie communautaire et de sérieuse préparation théologique ». On cherche donc à créer les conditions et de réaliser tous les moyens aptes à former celui qui, à travers le sacrement de l'Ordre, est appelé à être « une image vivante de Jésus Christ Chef et Pasteur de l'Eglise ». Dans la ligne de ce que voulait le cardinal Alberoni, l'idéal demeure encore aujourd'hui de donner à l'Eglise de vrais pasteurs, animés de cette « charité pastorale » qui les porte à se dépenser sans réserve pour leurs frères. Les critères de fond sur lesquels est centré le Projet de formation sont ceux de la « configuration au Christ Maître, Prêtre, Pasteur et Chef », de la « communion ecclésiale », de la « communauté éducative », de la « centralité de la personne de l'appelé », de « l'attention à la situation des appelés d'aujourd'hui, aux directives du Magistère et à la tradition du Collège Alberoni », de la constante « référence à Marie ».

Un milieu culturellement ouvert et productif

Au cours de son histoire, le Collège Alberoni a donné une contribution remarquable au développement de la culture. Avec raison Maurice Migliavacca, Président de l'Administration provinciale de Piacenza, écrivait à l'occasion de l'exposition « La science du Cardinal » en 1993 : « Le Collège Alberoni représente pour les habitants de Piacenza l'une des institutions culturelles majeures et des plus importantes de la ville. Centre de culture, le Collège Alberoni l'a toujours été, depuis sa naissance ; aujourd'hui il représente pour la ville une occasion de développement et de valorisation de son patrimoine culturel et artistique ». Dans la même circonstance, Gian Carlo Mazzocchi, Président de la Fondation de la Cassa di Risparmio de Piacenza et Vigevano, parlait du Collège Alberoni comme d'un « lieu chargé de la formation du clergé mais qui, par les dispositions multiformes de son fondateur, est devenu un centre de production et de diffusion de culture globale, encyclopédique et humaniste. Ici ont trouvé l'hospitalité les arts et les sciences, les bibliothèques et les collections, la théologie et les appareils scientifiques ».

Le premier apport le Collège l'a certainement donné au développement de la pensée philosophique et théologique. Les instruments en ont été de façon spéciale l'école et la revue `Divus Thomas'. A l'une et à l'autre est lié aussi le consistant et de valeur patrimoine du livre qui s'est constitué et conservé dans le cadre d'une Bibliothèque artistique.

Une autre contribution culturelle digne d'être connue est la conservation et le développement d'une riche collection artistique qui, remontant dans son noyau fondamental et de plus grande valeur au Cardinal fondateur, inclura de grands chefs-d'œuvre comme l'Ecce Homo de Antonello da Messina, la Madonna alla fonte et le Bicchiere con fiori de Jan Provost, 18 tapisseries du XVIe et du XVIIe s. (les Noces de Priam, des suites d'Enée et Didon, d'Alexandre le Grand), etc…

Il faut ensuite rappeler l'attention pour le domaine scientifique qui n'est pas occasionnelle et sporadique, mais systématique et vaste. Dans le milieu qui a formé des générations de prêtres au Collège Alberoni, des chercheurs fameux ont eu une ample possibilité d'acquisition et de recherche dans le domaine des sciences physiques et naturelles et ceux-ci ont su initier leurs élèves à l'amour de l'investigation scientifique ; au Collège se sont développés des laboratoires pour l'observation expérimentale de la nature et la vérification de ses lois, comme le montrent les récoltes de minéraux et de fossiles, le cabinet de zoologie, les observatoires météorologique, astronomique et sismique, et le cabinet de physique. Des textes qui peuvent être considérés comme des pierres miliaires de la pensée scientifique, y ont aussi conflué et y sont conservés.

Une union féconde

La Congrégation de la Mission a toujours eu à cœur l'institution albéronienne. Elle l'a considérée comme sienne, et lui a toujours porté une attention particulière. Il serait trop long de faire seulement la liste des supérieurs, des enseignants, des éducateurs, des chercheurs, qui ont dépensé leur vie pour elle. Nous en signalerons seulement quelques-uns , sans rien enlever au mérite de bien d'autres. Dans les débuts se distinguent le philosophe, physicien et théologien Francesco Grassi (1715-1773) et son assistant Gian Domenico Cravosio (1725-1776), devenu ensuite professeur de physique à l'université de Parme. A Antonio Mantenga (1759-1811), professeur de physique et de mathématique, on doit la fondation de l'observatoire météorologique (1802), un des plus anciens en Italie et à l'étranger. Après la brève période d'éloignement des Missionnaires du Collège, en 1815, fut mis à sa direction Carlo Severio De Petris (1747-1836), personnalité de grande valeur, vénéré comme un saint et qui ramena la vie du Collège au style originel. Entre la fin du siècle dernier et le commencement de notre siècle, brille le mathématicien, astronome et enseignant de physique Giovanni Battista Manzi (1831-1912), qui fut aussi supérieur du Collège de 1881 à 1904 et auquel on doit la construction d'un siège pour l'observatoire astronomique. Proches de lui, on trouve les deux professeurs qui sont à l'origine du `Divus Thomas' : Giovanni Battista Tornatore (1820-1896), théologien et conseiller spirituel recherché, collaborateur avec Rosa Gattorno de la Fondation des Filles de sainte Anne ; Alberto Barberis (1847-1896), professeur d'histoire naturelle, philosophe perspicace et connaisseur de nombreuses langues.

Dans la première moitié de notre siècle, se distingue Alcide Marina (1887-1950), devenu successivement visiteur de la province de Rome de la Congrégation de la Mission, Archevêque et Délégué apostolique en Perse et ensuite en Turquie et au Liban, qui mit la main à une vraie relance du Collège sur tous les plans et sut se s'entourer d'excellents collaborateurs, parmi lesquels le théologien Raffaele Petrone et le bibliste Gaetano Perrella. Des dernières décennies on peut citer Giacomo Crosignani, professeur de dogmatique de 1936 à 1961 et directeur du `Divus Thomas', Pietro Pizzi (1922-1992), Amedeo Rossi (1894-1986), philosophe et directeur spirituel, et Giovanni Felice Rossi (1905-1987). Ce dernier en particulier s'est dépensé avec passion et compétence, en plus de l'enseignement, à la recherche historique sur le Cardinal Alberoni et son Collège et à la conservation, au développement et à la valorisation du patrimoine artistique.

On peut dire que la conduite par les Prêtres de la Mission a été on ne peut plus profitable pour le collège et déterminante pour sa fonction : elle a garanti unité et continuité dans les buts et dans le style éducatif, permis de consolider une saine tradition et promu un authentique progrès. Un entrelacement harmonieux d'éléments contribue à créer un milieu formateur serein. Tout en vivant dans un climat de famille entre supérieurs-professeurs et élèves, l'austérité de la discipline et le sérieux de l'engagement à tous les niveaux demeurent. Si d'un côté on perçoit la présence de celui qui guide et indique un chemin, de l'autre on perçoit d'être éduqués à la liberté et à la responsabilité : on ne vit pas de contraintes mais de convictions. Dans le plein respect des rythmes de croissance de chacun, on ne perd pas de vue l'idéal à atteindre.

L'Alberoni a aussi été une aide pour la Congrégation : en effet, avoir la responsabilité d'une telle institution a toujours constitué un stimulant pour une formation sérieuse des Missionnaires, dont beaucoup se sont préparés au sacerdoce dans le Collège lui-même. Le profit mutuel, culturel et spirituel, a été grand.

Si l'union entre la Congrégation de la Mission et le Collège Alberoni a été si heureux et fécond, peut-on en dire autant du rapport entre l'institution albéronienne et l'Eglise de Piacenza ? A ce propos il faut surtout rappeler que le cardinal Alberoni n'entendait pas créer un séminaire alternatif et antagoniste par rapport à celui qui existait déjà, mais simplement faire un don à son diocèse d'origine, ouvrant ou facilitant l'accès au sacerdoce aux jeunes pauvres. Lui-même ensuite considérait l'Evêque de Piacenza comme une autorité à laquelle son institut devrait toujours faire référence : les documents de fondation l'appellent « successeur » du fondateur. L'histoire a enregistré quelques moments de tension et de polémique entre le Collège Alberoni et le séminaire de la ville de Piacenza avec des répercussions, aussi bien sur les rapports entre les prêtres formés dans l'un ou dans l'autre institut, que sur les rapports entre l'autorité diocésaine et le Collège. Mais dans l'ensemble on peut dire que l'Eglise de Piacenza a considéré le Collège (et la présence des Prêtres de la Mission) comme une bénédiction, le défendant à plusieurs reprises. Collège Alberoni et Séminaire de la ville de Piacenza ont bien œuvré pour l'Eglise et pour la société. Qui sait, au contraire, s'ils n'ont pas donné des résultats meilleurs justement grâce à une saine émulation entre eux.

Une histoire qui continue

Au centre de tant d'attention, dans son histoire pluriséculaire le Collège Alberoni a reçu des visites illustres d'hommes d'Etat, de culture, d'Eglise. Deux l'ont particulièrement honorée : celle de Pie VI du 15 au 17 avril 1799 et celle de Jean-Paul II le 5 juin 1988. La première était l'étape d'un Pape malade, prisonnier et injustement conduit en exil, qui trouvait réconfort dans le bon accueil, dévoué, attentif et cordial de ses fils ; la seconde était le bref repos d'un Pape en plein développement de son ministère apostolique. Comme l'observe L. Mezzadri, la présence de Jean-Paul II, plus que par les dons et ce qui a été dit, « a été significative par l'idéal à poursuivre qu'il a donné à la communauté. Il a prié au Collège et a proposé à la communauté un engagement apostolique qui a comme horizon le nouveau millénaire de l'ère chrétienne… ».

C'est dans cette ligne que continue l'engagement conjoint du Collège Alberoni et des Prêtres de la Mission, dans l'espérance de pouvoir encore écrire des pages glorieuses de son histoire au service de l'Eglise et de la société.

(Traduction : JEAN LANDOUSIES, C.M.)

Les cardinaux de Piacenza qui ont étudié à l'Alberoni sont les suivants : Antonio Samorè (+ 1982), Silvio Oddi (vivant), Opilio Rossi (vivant), Agostino Casaroli (+ 1998) et Luigi Poggi (vivant). Le plus célèbre est certainement le cardinal Agostino Casaroli, pendant de nombreuses années Secrétaire d'Etat de Jean-Paul II. A la liste des cardinaux, il faut ajouter une longue série d'évêques.

Nous ne signalons pas ici, même sommairement, les éléments biographiques du Cardinal Alberoni. Parmi les nombreuses études qui lui ont été consacrées, citons l'œuvre monumentale, sous la direction de Giovanni Felice Rossi, Cento studi sul Cardinale Alberoni con altri studi di specialisti internazionali, 4 vol., Piacenza 1978. L'œuvre concerne non seulement la personne du Cardinal Alberoni, mais aussi toute l'histoire du Collège Alberoni sous ses divers aspects. Citons encore Pietro Castagnoli, Il cardinale Giulio Alberoni, 3 vol., Piacenza 1929-32 ; G.F. Rossi, Il Cardinale Alberoni e i duecento anni di vita del suo Collegio, Piacenza 1957 ; F. Arisi - L. Mezzadri, Arte e storia nel Collegio Alberoni di Piacenza, vol. richement illustré de 456 p. , Piacenza 1990. Les premières pages sont consacrées par L. Mezzadri au Cardinal Giulio Alberoni. La réalisation de cette œuvre - qui constitue aussi le catalogue de la Galerie Alberoni - a été rendue possible grâce à l'intervention de l'Industria Cementi Giovanni Rossi de Piacenza, dirigée par M. Aldo Aonzo. Pour l'histoire du Cardinal Alberoni et du Collège de S. Lazare on peut lire avec profit les fascicules du Bulletin de l'Association Alberoniana. Depuis 1979, 20 bulletins ont été publiés. Ils relatent, en plus de quelques études, la vie du Collège.

Il y a un passage d'une lettre à Della Torre où Alberoni lui dit « Vous savez en avoir été l'unique promoteur auprès de moi » (cf. G.F. Rossi, Cento studi III, 9-20).

Cf. les documents rassemblés dans Tavole di fondazione del Collegio Alberoni.

La date de 1751 est celle qui figure aussi sur le « Catalogus provinciarum, domorum ac personarum » de la Congrégation de la Mission quand on parle du Collège Alberoni de Piacenza. Mais les Missionnaires avaient déjà commencé auparavant à s'occuper du Collège, en vertu de la bulle papale de 1732.

Le patrimoine du Collège, déjà consistant à la mort du fondateur, augmenta notablement durant le premier siècle de l'administration par les Missionnaires, auxquels les documents de fondation confiaient totalement aussi bien la direction et l'enseignement que l'administration. En 1867 l'Etat italien décréta la transformation du patrimoine albéronien en Œuvre pie laïque dirigée par un Conseil, dont étaient totalement exclus les missionnaires. A partir de 1935 deux missionnaires, nommés par le Procureur général de la Congrégation, purent faire partie du Conseil de l'œuvre pie. A partir du 29 janvier 1993, par décret du Président de la Région Emilie-Romagne, l'œuvre pie Alberoni est devenue une personne morale de droit privé et tout son Conseil (3 laïcs et 2 Missionnaires) est nommé par le Supérieur Général de la Congrégation de la Mission, après avoir entendu l'Evêque du diocèse. De cette façon on peut dire que la Congrégation est redevenue titulaire de l'administration des biens du Collège.

Il Collegio Alberoni (1752-1989). Profilo storico, in Arte e Storia nel Collegio Alberoni di Piacenza,. 32 p.. On doit au P. Mezzadri une importante contribution à l'histoire du Collège sous l'aspect de la formation sacerdotale dispensée : Il Collegio Alberoni di Piacenza (1732-1815). Contributo alla storia della formazione sacerdotale, Roma 1971.

Coste VI, 393.

Coste IV , 42-44. L'expression qui se trouve en Coste II, 460 (lettre du 13 mai 1641 à Codoing à Rome) est très précise ou pragmatique : « … il n'est pas expédient que nous ne prenions aucun établissement de cette sorte qu'il n'y ait pour le moins entretien de deux prêtres qui travaillent à la mission ; car autrement le dessein de l'assistance du pauvre peuple s'anéantirait par là ; quod absit ». De nombreuses paroisses du diocèse de Piacenza ont pu bénéficier de la prédication gratuite des missions au peuple de la part des Prêtres de la Mission présents au Collège jusqu'en 1986.

Coste VII, 253-254 (lettre de s. Vincent du 6 septembre 1658 à Edme Jolly à Rome).

Des élèves des diocèses de Fidenza, de Parma, de Pontremoli, de Mazara del Vallo (Trapani), de Piazza Armerina (Enna) et de l'Aquila y ont eu accès. La bienfaisance albéronienne a été étendue aussi à quelques élèves provenant d'autres pays.

C'est ainsi que s'exprime le « Projet de formation » citant le n. 280 du Synode diocésain de Piacenza-Bobbio qui, à son tour, reprend des expressions de l'exhortation apostolique Pastores dabo vobis de Jean-Paul II.

C. Francou, La science du Cardinal, p. 9.

Ibid, p. 7.

La revue `Divus Thomas' a fait sa première apparition le 7 mars 1880 et elle est devenue aussitôt un important point de référence culturel ; elle a vécu des périodes de particulière intensité et a été au centre de vifs débats philosophiques et théologiques. Depuis 1992 le titre a été cédé aux Editions `Studio Domenicano' de Bologne.

La bibliothèque, qui constitue certainement le milieu le plus suggestif du Collège, conserve plusieurs incunables, de nombreux ouvrages du XVI° s., des livres rares et de valeur, dont ceux de Carlo Francesco Berta (Fra' Zaccaria). Celui-ci en effet a laissé au Collège, en plus des textes qu'il avait collectionnés, son `Erbario' (herbier) manuscrit en couleur, la `Collectio Plantarum' et l''Hortus siccus'.

Récemment le patrimoine scientifique du Collège Alberoni a été valorisé et porté à la connaissance des chercheurs et de tous surtout à travers deux expositions accompagnées de publications appropriées, sous la direction de C. Francou. La première, de septembre à novembre 1993 (qui vit un affluence considérable de visiteurs et intéressa aussi les mass media), est documentée par le volume La scienza del Cardinale (Reggio Emilia, edizioni Diabasis, 1993) ; la seconde, en 1997, par le volume Tra scienza e fede. Pensiero scientifico e credo religioso attraverso i volumi della biblioteca del Collegio Alberoni (Piacenza, Galleria Braga, 1996).

On peut avoir une vision plus complète dans les œuvres déjà citées Arte e storia nel Collegio Alberoni di Piacenza, pp. 38-53, et surtout Cento studi sul Cardinale Alberoni.

Celui qui veut approfondir cet aspect peut utilement se référer aux œuvres déjà plusieurs fois citées qui traitent de l'histoire du Collège ; plus spécifiquement, pour la polémique sur les origines du néothomisme, cf. G.F. Rossi, La filosofia del Collegio Alberoni e il neotomismo, Piacenza 1959-61 et divers articles parus dans `Divus Thomas'.

L'arrêt de Pie VI est rappelé par une plaque dans l'atrium du Collège.

In Arte e storia nel Collegio Alberoni di Piacenza, p. 53.

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