La communauté dans la Congrégation de la Mission

La formation

du clergé diocésain et du laïcat

Aurelio Londoño, C.M.

Visiteur de Colombie

1. Le processus de l'inculturation dans l'Eglise

Le thème de l'inculturation a pris une plus grande importance avec le projet de la nouvelle évangélisation. Néanmoins dans "Gaudium et Spes" (n° 58), il est déjà formulé et il imprègne tous les docurnents conciliaires qui concernent les nouvelles conditions de la vie de l'Eglise et ses diverses formes.

Le Pape Paul VI dans "Evangelii Nuntiandi", "enseigne la nécessité d'assimiler l'essentiel du message évangélique, de le transposer dans le langage que les hommes comprennent et de l'annoncer dans ce langage" (E.N., 63). Les églises des divers continents font des efforts d'inculturation, autant pratique que theorique. (Cf. Puebla n° 385 ss. et Saint-Domingue n° 228 ss.).

La recherche de processus adéquats d'inculturation est tres exigeante quant aux connaissances de l'environnement culturel (traditions politiques, sociales, religieuses, institutions), et de l'anthropologie qui soutient la vie des communautés. La reflexion qui part de la base et arrive aux centres de décisions requiert beaucoup de perspicacité et d'application pour arriver à des conclusions valables pour l'évangélisation .

La formation du clergé et des laïcs reçoit un élan novateur tres important pour cette seconde moitie du 20e siecle.

Les conditions actuelles de l'Eglise et du monde requierent un apostolat laïque beaucoup plus intense et beaucoup plus ouvert pour pouvoir répondre à l'autonomie croissante de beaucoup de secteurs de la vie humaine: tout le peuple de Dieu, par le baptême, est engagé dans la mission (A.A.3 ).

2. Le charisme vincentien et la formation du clergé et des laïcs

Les biographes de Saint Vincent et les historiens de la Congrégation ont bien traité le thème; dans "Vincentiana", "CLAPVI", les "Annales", ont paru des articles très riches pour l'éclairer.

Le souci missionnaire de Vincent l'amena à connaître la triste situation de l'Eglise de France, caractérisée par la pauvreté, l'ignorance, les divisions, les guerres, le manque de zèle des Prélats et des prêtres.

Etant encore jeune, Vincent se donne avec ardeur au ministère paroissial à Clichy et à Châtillon-les-Dombes. Le contact avec les braves gens l'amène à découvrir des chemins nouveaux pour soulager les misères de la maladie, de la pauvreté et du péché. Avec des laïques il entreprend la fondation d'oeuvres qui ont subsisté jusqu'a aujourd'hui, avec beaucoup de vitalité.

En 1617 naissent à Châtillon les "Charités" et, peu de mois après, l'association s'affermit avec l'autorisation donnée par l'Archevêque de Lyon. La première "Charité" était exclusivement féminine et jouissait d'autonomie pour gérer ses biens. Monsieur Vincent voulut que les missionnaires en établissent partout où ils iraient catéchiser ou prêcher la mission. Elles se multiplièrent en très grand nombre.

Avec elles naquirent les Filles de la Charité, qui n'étaient pas des religieuses, mais des femmes vouées a Dieu, pour le service des pauvres, et vivant en communauté.

Vincent fut un homme qui ouvrait des chemins pour soulager tant d'indigences, dont la cause principale, selon lui, était dans le clergé: "... il n'est que trop vrai que la dépravation de l'état ecclésiastique est la cause principale de la ruine de l'Eglise de Dieu... Oui (nous les prêtres) nous sommes la cause de cette désolation qui ravage l'Eglise, de cette déplorable diminution qu'elle a soufferte en tant de lieux". (sept 1655, "Entretiens spirituels" p. 266).

Cette constatation l'amena à porter les remèdes les plus opportuns:

* Les missions, en plus de la conversion des villages, cherchaient à atteindre les ecclésiastiques pour les encourager à changer de vie. "Monsieur Vincent voulait que, durant le temps de la mission, ses missionnaires s'employassent, comme ils le firent, a prêter tous les services possibles aux ecclésiastiques des lieux où ils travaillaient." (Abelly I, 2 . p.15).

* Les retraites aux ordinands furent le second remède aux maux du clergé. Il voulait atteindre les plus jeunes, avec de nouvelles méthodes et dans une ambiance favorable. C'était une espèce de session intensive de formation spirituelle et professionnelle, sur les vertus qu'il fallait pratiquer et sur les connaissances les plus nécessaires en matière de liturgie et de théologie morale et dogmatique. Les sessions, qui étaient gratuites et comprenaient des participants soigneusement choisis, visaient à produire un effet permanent dans la transformation de la vie de beaucoup de prêtres.

* Les conférences des mardis devinrent une expérience de formation permanente. Vincent en reçut l'idée de Louis Abelly et l'appuya avec beaucoup d'enthousiasme. Ce furent des rencontres périodiques de type spirituel, qui visaient la promotion pastorale et le service des pauvres.

* Au dire d'Abelly, les séminaires furent "après les retraites aux Ordinands et les conférences des mardis, le chemin assuré pour former un clergé vertueux et compétent, comme le voulait le Cardinal de Richelieu. On les organisa pour ceux qui étaient déjà entrés dans les Ordres sacrés ou qui se disposaient à y entrer prochainement, afin qu'ils s'exercent, durant un an ou deux, à la vertu, à la prière, au service divin, aux cérémonies, au chant, à l'administration des sacrements, au catéchisme et aux autres ministères ecclésiastiques, et qu'ils y apprennent aussi la casuistique et les autres parties les plus nécessaires de la théologie; en un mot, pour se préparer non seulement à travailler à sa perfection individuelle, mais aussi à conduire les âmes par les chemins de la justice et du salut" (Raymond Chalumeau: Saint Vincent de Paul et l'oeuvre des séminaires, dans "San Vicente de Paul, evangelisador de los pobres" CEME, 1973, p. 109).

* Les retraites pour prêtres naquirent simultanément avec les retraites aux ordinands et les séminaires, et comme une oeuvre propre de la Congrégation, selon la Bulle "Salvatoris Nostri".

* La présence de M. Vincent au Conseil de conscience lui servit pour proposer la nomination d'évêques qui appuieraient la réforme de l'Eglise dans laquelle il était engagé, qui feraient plus attention aux prêtres et auraient soin de choisir les candidats aux Ordres.

Chacune de ces oeuvres et de ces présences de M. Vincent avait des caractéristiques propres. Il chercha toujours la conversion à la vie selon l'évangile, aux vertus de simplicité, d'humilité et de charité; la création d'une ambiance de communauté et l'acquisition des connaissances doctrinales grâce à une vision pratique de la vie chrétienne et du ministère sacerdotal.

3. La formation du clergé, de saint Vincent Paul à nos jours

La période qui suivit la mort du Fondateur fut marquée par une plus grande activité dans la création de séminaires. Le P. Cid en répartit l'étude en trois chapitres.

Chap. I. Jusqu'à la Révolution Française, la Congrégation dirige 106 séminaires en Europe et trois en Chine, à Goa Macao et Pékin.

Chap. II. Durant le 19e siècle, les séminaires s'établissent en Amérique, en Afrique, au Moyen-Orient, aux Philippines et encore en Chine.

Chap. III. Le 20e siècle est une période d'expansion jusqu'en 1950, lorsque commence la crise de l'institution des séminaires.

Tableau établi d'après les données du P. Cid

EUROPE

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Pays 17e et l8e s. l9e S. 20e s. total

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France65331684

Italie14112940

Espagne19913

Portugal74111

Irlande-4--

Pologne208726

Alemagne27-9

Autriche31-4

Turquie-222

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A M E R I C A

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U. S. A.-111525

México-146-

Am. Central-6--

Antillas-3--

Venezuela--7-

Colombia-31012

Ecuador-366

Perú-666

Bolivia--3-

Chile--1-

Argentina y Paraguay-4-

Brasil-101723

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A F R I C A

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Argelia y Túnez41-

Egipto--1-

Etiopía-24-

Mozambique--4-

Zaire--1-

Reunión y11-

Madagascar

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A S I A

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Turquía-1--

Persia-21-

India--2-

Indonesia--3-

Filipinas-512-

China-61903: 5M. - 6m.

1914: 9M. - 11m.

1948: 3M. - 10m.

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O C E A N I A

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Australia--2-

Nueva Zelanda--1-

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S I N T E S I S

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Año Total semin. Sem. May. Sem. Men.

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1903,977423

1939,955540

1960,914843

1970,573522

1978,321923

1996,29227

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En faisant le résumé final de son article "Séminaires Diocésains dirigés par la Congrégation de la Mission", dans "Vincentiana (2) 1979, pp. 101-113, le P. Cid offre la réflexion suivante à propos des motifs pour diriger des séminaires:

* Les valeurs que les évêques voyaient dans la Congrégation;

* les qualités et les défauts, les crises et les réveils de nos Séminaires;

* les demandes des Eglises particulières.

Bien que ces remarques soient très générales, il convient de les reprendre et de faire une analyse plus profonde des causes qui ont motivé la situation actuelle. Pourquoi ne pas profiter de la conjoncture ecclésiale actuelle pour revenir à ce ministère?

Dans un des derniers numéro de VINCENTIANA, le Père Sylvestre nous offre un article intéressant: "Prêtre de la Mission pour quoi faire?" Il présente l'évolution des provinces de France depuis 1810 jusque 1960.

Tableau des entrées et sorties à Saint-Lazare et Dax de 1640 à 1960

ANNÉES ENTRÉES SORTIES

prêtressémin.,totalautrestotaltotal

1840-69195360555266621212

1870- 99134282416565981315

1900-19176178324402182

1920-39101929509538240

1940-5921618252270192

120 ans 358 738 1096 1916 3012 1141

Il analyse ces chiffres et cherche les causes qui produisirent tant la croissance que la décroissance.

Causes de la croissance: La Communauté s'intègre à l'élan du renouveau de l'Eglise du 19e siècle: elle est présente dans les processus de réorganisation et d'évangélisation de la chrétienté, dans la formation du clergé et dans l'ouverture aux missions lointaines. Beaucoup de prêtres diocésains entrent dans la Congrégation.

* La Congrégation apparaît avec une identité claire: elle a des objectifs et des ministères bien définis et accordés aux besoins de l'Eglise. Elle compte des missionnaires à l'avant-garde de la recherche intellectuelle.

* Les écoles apostoliques assurent un nombre significatif de candidats au Séminaire Interne.

Causes de décroissance: Après la crise causée par la séparation de l'Eglise et de l'Etat, au début du siècle, les missionnaires reviennent en France en 1919 et reprennent leurs oeuvres d'autrefois; mais ils leur manque d'en renouveler la teneur et les méthodes pour diriger les séminaires et les missions.

La Compagnie s'isole, fait bande à part, ne participe pas et ne collabore à la naissance d'aucun des grands mouvements apostoliques ou caritatifs qui distinguent l'Eglise de France entre 1920 et 1970.

L'abandon des séminaires cause "une grande perte de matière grise".

On reçoit des paroisses urbaines sans être préparés pour cela, et beaucoup de missionnaires abandonnent la Compagnie.

* Les missions étrangères diminuent et, avec elles, l'attrait missionnaire.

Ces deux études, récentes et judicieuses, nous interrogent sérieusement au sujet du comportement actuel de la Compagnie par rapport à la formation du clergé: nous avons encore beaucoup de missionnaires qui ont travaillé dans les séminaires: Que peuvent-ils nous dire, eux, sur la vie missionnaire dans ce ministère? Les jeunes n'ont pas été formés, expressément, avec la perspective de travailler dans les séminaires; pourquoi met-on si peu l'accent sur ce ministère?

Quant à l'histoire des laïcs vincentiens, spécialement les Confréries de la Charité, le P. José-Maria Roman, C.M. remarque ceci,"ils se répandirent en grand nombre du vivant de Saint Vincent, déjà ... Un véritable réseau de Charités recouvrit presque toute la France!.Abelly dit que la Confrérie fut "établie en tant de lieux, qu'on n'en sait pas le nombre" (José-Maria Román, "La Famille Vincentienne, un renouveau continu, dans VINCENTIANA - 39e année, N° 4-5, p. 229). On a très peu d'information sur les Confréries de la Charité au cours du siècle et demi qui suivit la mort de saint Vincent; on sait cependant qu'elles continuèrent à être fondées au-delà des frontières de France, grâce aux Filles de la Charité et aux Prêtres de la Mission.

Au 19e siècle, après la Révolution française, les Confréries de la Charité reprennent force.

En 1971 "les associations des divers pays décidèrent, en référence avec les enseignements de M. Vincent, de changer les méthodes et les structures, en se donnant un Statut International conforme aux exigences des temps". Ils adoptèrent alors le nom de A.I.C. (Association Internationale des Charités). Avec la devise "Contre la pauvreté, agir ensemble", l'A.I.C. se transforme en un réseau de projets à travers le monde, elle s'insère dans la vie des grandes organisations internationales, en accordant une attention particulière aux problèmes des femmes.

Le 23 avril 1833 naissait la Société de Saint-Vincent de Paul, regroupant autour d'Emmanuel Bailly, six autres étudiants, dont Frédéric Ozanam, qui avait alors tout juste 20 ans. La Conférence est née et s'est développée à proximité de la Maison-Mère, à Paris, et elle reçut l'influence vincentienne d'une remarquable Fille de la Charité, Soeur Rosalie Rendu.

La Société de Saint-Vincent de Paul a connu une expansion rapide et universelle. Elle est implantée dans 106 pays et compte 875 000 membres, répartis en 46000 équipes ou "conférences". En suivant la route tracée par ses fondateurs, la Société s'est affirmée comme un mouvement d'apostolat caritatif et d'action sociale, appuyé par une forte spiritualité. Elle a toujours conservé son caractère laïc.

On trouve d'autres expressions laïques du charisme vincentien, comme les Enfants de Marie et l'Association de la Médaille Miraculeuse, mouvements qui naquirent dans la première moitié du siècle dernier. Ils sont inspirés par le charisme de saint Vincent et centrés sur les apparitions de la Rue du Bac et la dévotion à la Médaille Miraculeuse. Tous les deux s'orientent vers la formation chrétienne des jeunes et le service des indigents. Les Enfants de Marie existent aujourd'hui sous le nom de "Jeunesses mariales".

En certains pays, est né le Volontariat de la Jeunesse Vincentienne (Voljuvi), dont le but est la réalisation de la vocation chrétienne des jeunes au moyen d'un travail de promotion intégral des pauvres, principalement des anciens.

4. Pistes pour faire progresser l'inculturation dans la formation du clergé.

4.l. On peut affirmer avec Saint Vincent que la formation du clergé appartient à la vocation da la Compagnie: " ... dans la plénitude des temps, il nous ,appelés pour..contribuer à faire de bons prêtres, à donner de bons pasteurs aux paroisses et à leur montrer ce qu'ils doivent savoir et pratiquer. Oh! que cet emploi est haut, qu'il est sublime! Oh! qu'il est au-dessus de nous!" (XII, 84).

Les Constitutions, dans l'esprit même de saint Vincent, maintiennent vivante cette fin de la Congrégation. Les Assemblées Générales, à partir de 1974, ont continué à insister sur cette fin. Que faire pour revivifier ce ministère? L'augmentation des oeuvres paroissiales surprend, dans des provinces où jadis les séminaires étaient florissants, sans que le dynamisme missionnaire ait augmenté, comme on aurait pu s'y attendre. L'heure n'est-elle pas venue de promouvoir le retour à la formation du clergé, comme on est en train de revenir aux missions ad Gentes?

4.2 Pour réactiver notre service du clergé, commençons par une insertion vitale dans les presbytèriums diocésains à travers les oeuvres qui nous engagent pastoralement avec eux:

* en affirmant notre identité d'apôtres qui suivent le Christ Evangélisateur des pauvres avec simplicité, humilité, douceur, mortification et zèle apostolique, dans un travail communautaire.

* en assumant des attitudes de guide pastoral et de rénovation de vitalité missionnaire.

* en nous présentant comme des apôtres organisés, qualifiés pour élaborer, exécuter et évaluer des plans pastoraux, en équipe. Cela requiert que nous soyons des hommes de science, d'étude et de réflexion. Ni l'identité, ni la fonction de leader, ni l'organisation ne s'improvisent: elles réclament des bases doctrinales et méthodologiques sérieuses.

* en proposant des session de formation permanente et d'accompagnement des jeunes prêtres, en étant disponibles pour organiser des rencontres, faire des conférences, écouter les confessions, recevoir en direction spirituelle, et en créant une ambiance d'amitié et d'accueil dans nos maisons et nos paroisses.

4.3. Les Grands Séminaires nous demandent de rénover la méthodologie de la formation. La route est longue pour organiser la COMMUNAUTÉ FORMATIVE avec la participation de l'Evêque, du Conseil presbytéral, des formateurs, des professeurs, du personnel administratif et des auxiliaires, des pères de famille, en tant qu'ils sont les éducateurs naturels et irremplaçables de leurs enfants, et des élèves, responsables et véritables protagonistes du processus de formation au ministère ordonné. La communauté formative crée une ambiance de communion et de participation, une ambiance de petite communauté, qui favorise l'attachement au Christ, qui témoigne d'une vie plus évangélique au sein du peuple de Dieu, qui interpelle les comportements égoïste et consummiste de la société, et qui rend plus explicite la vocation d'union avec Dieu et avec nos frères. Cf. Puebla, N° 642 ss.

4.4. La mise en place du Séminaire comme communauté éducative en chemin est un instrument privilégié pour mener à bien la mission du séminaire, pour le préparer à travailler en équipe, à tenir compte des réalités humaines et des besoins de l'évangélisation, en profitant du potentiel humain, tant individuel que communautaire.

Cette mise en place crée tout un processus qui intègre les diverses dimensions de la formation sacerdotale: humano-affective, spirituelle, intellectuelle, communautaire et pastorale; c'est un mouvement progressif, harmonique et dynamique, tendant à la maturité de la personne, e! évitant une formation fragmentaire, partielle et improvisée. Dans l'élaboration, l'exécution et l'évaluation de ce projet, on discerne la Volonté de Dieu, on cherche le visage de l'Eglise évangélisatrice, du prêtre et du type de formation que nous voulons promouvoir.

L'expérience nous a appris que ce projet crée des relations plus fraternelles entre les formateurs et les élèves et qu'elle favorise le processus da solidarité et de subsidiarité dont a besoin I'Eglise communion de Vatican II: "Ils observeront entre eux (recteur et formateurs) une très étroite union d'esprit et d'action et formeront entre eux et avec les séminaristes une famille qui entretienne chez les élèves la joie de leur propre vocation" (0.T. 5).

4.5. L'accompagnement des séminaristes durant le temps de leur formation a été une des caractéristiques de notre méthode de formation. Il est intéressant de lire le Directoire des Grands Séminaires, du Père Fiat (1896) et de découvrir comment le chapitre le plus important de ce Directoire, tourne autour des obligations personnelles des directeurs et des rapports qu'ils doivent maintenir avec les supérieurs, les confrères, les séminaristes et les personnes du dehors. Bien que la méthode soit directive et qu'elle insiste sur la vigilance pour prévenir, on découvre dans tout le contexte une pédagogie de proximité, d'encouragement, de respect et d'accompagnement.

Le Concile ratifie, dans une perspective nouvelle, la nécessité d'entretenir la confiance mutuelle entre les éducateurs et les élèves pour établir un dialogue efficace, de sorte que les décisions qui, de droit, reviennent aux supérieurs, se prennent après une recherche suffisante du bien commun (R.F. 24). Enfin le Séminaire doit promouvoir des relations interpersonnelles qui se distinguent par la confiance familiale et l'amitié fraternelle. La formation doit avoir une connotation missionnaire, avec une attention spéciale et un amour pour les pauvres.

Pour une vie dont la plus grande force doit venir de l'activité pastorale, la formation doit être incarnée dans le formateur-pasteur. La théorie s'enrichira avec l'expérience, comme le fit Saint Vincent, qui orienta la formation des ecclésiastiques de manière à répondre aux besoins de leur vie et de leur ministère du prêtre. Le séminaire doit intégrer toute son activité pastorale aux projets diocésains. Il arrivera à être un laboratoire pastoral du diocèse lui-même, attirant les travaux et les questions du presbyterium. C'est ainsi que nous surmonterons la plainte, entendue fréquemment, que la formation du séminaire est théorique.

Les formateurs, par le fait qu'ils vivent au séminaire, par leur charge de professeurs, de directeurs, de confesseurs et de célébrants, sentent le poids de leur travail et tendent à se soustraire à leur mission d'accompagnateurs pastoraux des élèves. Ce projet de séminaire est appelé à intégrer pleinement toutes les activités des formateurs.

5. Pistes pour faire progresser l'inculturation dans la formations des Laïcs.

La formation des laïcs est une préoccupation primordiale de l'Eglise, aujourd'hui. Les documents qui la réclament sont bien connus: "Lumen Gentium" et "Gaudium et Spes"; ce sont des textes fondamentaux sur la nécessité de travailler avec les laïcs. En rapport direct avec eux, il y a "l'Apostolicam Actuositatem". Dans tout le Concile nous trouvons une présence active du laïcat, appelé à prendre conscience de sa vocation pour la mission et à se former pour rendre effectif le Royaume des Cieux, grâce à son propre apostolat.

Les perspectives de la Formation du laïcat s'amplifient avec les récents documents tels que "Les Fidèles laïcs", "La lettre aux famille", "Sollicitudi Rei Socialis", "Le Travail humain" et d'autres qui nous ouvrent des chemins très actualisés pour accompagner les laïcs dans l'accroissement de leur conscience missionnaire.

Plus proche de nous et mieux connue est la spiritualité qui nous parvient à travers la vie de saint Vincent, la réflexion et l'expérience qu'a faites la Congrégation. Les laïcs, en particulier ceux qui se sont intégrés aux branches de la Famille Vincentienne, nous demandent d'être des maîtres de spiritualité pour maintenir la direction que le charisme leur offre. Sans une solide connaissance et une expérience à la fois personnelle et communautaire de notre spiritualité, nous ne serons pas capables de satisfaire pleinement ce que recherchent nos frères.

Les Volontaires de l'AIC et la Société de Saint-Vincent de Paul ont beaucoup enrichi leur expérience spirituelle, leur capacité de service et de rencontre avec les pauvres, à la lumière du charisme de saint Vincent, et, dans leur propre langage, ils ont élaboré un matériel de formation adapté à leurs propres objectifs. Le Document de Base de l'A.I.C. avec sa devise "Contre la pauvreté, agir ensemble" et les lignes d'action, qui ont été formulées dans leurs récentes Assemblées, proposent la formation, la communication, la solidarité et la lutte contre la marginalisation sociale, au moyen de la défense des droits des plus pauvres, afin d'obtenir une culture de la solidarité et de l'autopromotion, du respect et de la paix.

La Société de Saint-Vincent-de-Paul a fait un grand effort en vue de remédier aux causes des maux de la société et elle a fait évoluer le cadre institutionnel; elle a amplifié les services en faveur des pauvres, elle a amélioré leur qualité, grâce au progrès spirituel et professionnel de ses membres.

Depuis juin 1995, le Père Général a commencé un processus d'intégration des quatre branches principales de la Famille Vincentienne, qui bientôt seront cinq avec les Jeunesses Mariales Vincentiennes. La communication et l'information créent des liens d'unité, elles portent à préparer des projets communs, elles confirment l'appui mutuel dans la formation, dans la promotion des vocations et dans l'inculturation du charisme : semences qui commencent à germer; si nous en prenons soin, elles produiront un fruit abondant.