Les Groupes d'écoute aux missions populaires

Les Groupes d'écoute

aux Missions populaires

Bruno Cogoni C.M.

Mon expérience avec les "Groupes d'écoute" remonte à 1970. Après Vatican II, l'équipe missionnaire de Sassari (dans l'île italienne de Sardaigne) s'est demandé : "Que pouvons-nous faire pour donner aux gens la possibilité d'exprimer leurs difficultés ?" Les fidèles qui venaient à l'Eglise pouvaient écouter nos prédications, mais nous ne leur donnions pas l'occasion d'intervenir. A l'église, le dialogue se déroulait entre missionnaires: l'un jouant le rôle du maître, l'autre celui du disciple. Mais qu'est-ce qui nous empêche d'organiser des rencontres dans leurs maisons ?, nous sommes-nous demandé. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Suivant l'étendue du territoire et le nombre d'habitants, nous avons divisé la paroisse en secteurs. Après le repas du soir (20 heures 30) le missionnaire se rendait dans la famille choisie pour recevoir d'autres familles du secteur. Les gens ont tout de suite apprécié ce mode familier de catéchèse, parce que nous leur donnions la possibilité d'intervenir, pour nous faire part de leur expérience et de leurs difficultés par rapport au sujet choisi par le missionnaire. Dans la suite nous sommes restés fidèles à ce mode d'annoncer l'Evangile et de faire la catéchèse.

Au cours des années 70, dans les missions d'une durée de 15 jours, nous avons consacré cinq jours de la première semaine aux "Groupes d'écoute" et quatre jours de la seconde semaine aux Assemblées communautaires à l'église. Mais, depuis les années 80, nous avons réservé aux "Groupes d'écoute" trois jours de plus, pris sur la deuxième semaine. Cela après avoir constaté qu'aux assemblées à 'église participaient seulement les habituels, alors qu'aux "Groupes d'écoute" prenait part un nombre bien plus fort.

En 1981, à Rome, au premier Congrès national des Missions Populaires, nous avons constaté que toutes les communautés religieuses exerçant cet apostolat, s'orientaient vers l'adoption de cette nouvelle forme d'évangélisation. Le pape Jean Paul II les a encouragées, lors de l'audience accordée aux congressistes: "Jusqu'à présent les gens sont venus vous écouter. L'heure est venue, où c'est à vous d'aller aux gens!

Les rencontres dans les maisons, appelées "Centres d'écoute" à partir du Congrès, sont l'élément le plus intéressant de la nouvelle méthodologie. Elles se déroulent dans un climat de familiarité et d'estime réciproque entre missionnaires et participants. Bien souvent la conversation conduit jusqu'au partage d'expériences humaines et religieuses intimes.

En Sardaigne, nous faisons en sorte que le groupe paroissial chargé de préparer la mission cherche les familles disposées à accueillir les autres familles du secteur. Nous indiquons au groupe organisateur des critères pratiques pour le choix des familles chargées d'accueillir les "Groupes d'écoute":

- privilégier les familles négligeant la pratique religieuse;

- veiller à ne pas choisir pour l'accueil une famille brouillée avec les autres;

- trouver des pièces assez grandes pour les réunions;

- les invitations sont à faire par la famille d'accueil;

- exclure du programme de la réunion tout ce qui peut en gêner le déroulement.


Pour intéresser le plus grand nombre possible de familles et ne pas courir le risque de limiter la participation aux seuls habitués, la famille d'accueil est différente chaque soir; de plus, on offre tous les soirs à toutes les familles du secteur qui ont déjà participé aux réunions précédentes, de continuer à participer auxw rencontres suivantes. Ainsi les journées de mission permettent une catéchèse authentique.

Dans les derniers jours de la mission nous tenons aussi une Assemblée communautaire. Nous y invitons tous ceux qui ont pris part aux "Groupes d'écoute", afin d'en faire une évaluation et d'encourager à continuer après la mission.

D'autres communautés missionnaires font participer les personnes à un seul "Groupe d'écoute", sans fixer un thème à traiter: les sujets sont proposés par les participants. Cette façon de faire n'offre pas la possibilité d'assister à plusieurs réunions et de bénéficier d'une catéchèse approfondie.

2)Quels sont les résultats obtenus par les Groupes d'écoute ?

a) l'évangélisation en est rendue plus familière.

b) Les personnes peuvent intervenir et faire part de leur expérience et de leurs difficultés.

c) La communication entre familles est rendue plus facile.

d) Si cela ne se faisait pas encore, la paroisse est sensibilisée pour continuer la catéchèse des adultes dans des "Groupes d'écoute", même après la mission.

3) Quels sont les problèmes rencontrés ?

a) L'apathie et l'individualisme des personnes.

b) Le respect humain, surtout de la part des hommes, pour participer aux rencontres: les femmes sont bien plus nombreuses.

c) L'ignorance religieuse des gens.

d) Le manque de connaissance profonde du message chrétien.

4) Durant toute la durée de la mission, les Groupes d'écoute rassemblent des proches de l'Eglise et certains (peu nombreux) de ceux qui en sont éloignés. Nous insistons pour faire prendre leurs responsabilités aux proches, afin que leur communauté paroissiale ait de plus en plus d'attention, d'intérêt et de possibilités d'accueil pour ceux qui se sont éloignés de l'Eglise.

5) Il est certain que les "Groupes d'écoute" offrent à la communauté paroissiale la possibilité de mettre en route une Nouvelle Evangélisation. Dans les paroisses il n'y a plus de catéchèse des adultes. Les "Groupes d'écoute" sont un moyen de la reprendre. L'un des objectifs de la mission populaire est de donner aux gens l'envie de continuer à se rencontrer, même après la mission, afin d'assurer un suivi dand l'approfondissement de la foi.

Les "Groupes d'écoute" sont certainement l'une des formules à adopter par la mission vincentienne pour aider les gens à vaincre l'ignorance religieuse. L'ignorance, Saint Vincent la rencontrait dans les campagnes; aujourd'hui elle se trouve aussi et surtout dans les villes. Au temps de M. Vincent, l'ignorance était due à l'état d'abandon des pauvres. De nos jours elle est plus complexe parce quelle marquée par le matérialisme, d'individualisme et d'apathie.