Le premier Justin De Jacobis

Le «premier» Justin De Jacobis

Par Biagio Falco, c.m.

Province de Naples

L'enfance

Justin De Jacobis naquit à San Fele le 9 octobre 1800. Son père, Giovanni Battista, orphelin alors qu'il n'avait que huit mois, fut confié avec ses deux sœurs à sa grand-mère paternelle et à son oncle prêtre, don Sebastiano. Très tôt il dut s'occuper des propriétés terriennes qu'il avait héritées et, bien qu'il eut pourtant un penchant pour l'étude, il ne put obtenir aucun titre. Le 10 août 1790, Giovanni Battista De Jacobis épouse Maria Giuseppa Muccia, fille de notaire, qui lui donnera quatorze enfants: huit garçons et quatre filles nés à San Fele, et deux garçons nés à Naples. Le sort ne fut pas bienveillant à l'égard de cette famille nombreuse: seuls cinq garçons réussirent à survivre. Justin, septième enfant, passa la période la plus belle de sa vie, son enfance, à San Fele où il reçut sa première éducation et les premiers sacrements. La première et la plus influente institutrice du petit Justin fut sa mère, femme pieuse et de grande vertu qui, par sa parole et encore plus par son exemple, lui transmit ses sentiments chrétiens et lui fit connaître l'Evangile.

Quand il était enfant, Justin fut deux fois en danger de mort. La première fois ce fut à l'âge d'un an, suite à une grave maladie. Sa mère, devinant que la situation était sérieuse, le consacra à Dieu en le priant de lui sauver son fils si sa vie devait être utile à l'Eglise, autrement elle était prête à faire le sacrifice de le perdre. Ses prières furent exaucées.

La seconde fois, un peu plus grand, Justin manqua de tomber dans un ravin alors qu'il jouait en croupe d'une mule emballée. Encore une fois sa mère, impuissante face à ce qui était en train de se passer, invoqua désespérément de l'aide jusqu'à ce que miraculeusement la mule s'arrête sur le bord du ravin; et ainsi pour la seconde fois Justin fut sauvé.

Il grandit élevé avec amour par sa pieuse mère, dans une région typique du sud de l'Italie, pauvre de richesses matérielles, mais possédant de grandes ressources humaines et chrétiennes. Comme une grande famille, les habitants du pays vivaient chacun ayant conscience de la condition de l'autre, et Justin montrait déjà depuis lors une attention particulière pour les plus pauvres et pour ceux qui souffraient. Il avait un caractère vif et gai, mais un penchant particulier pour la réflexion prévalait sur les attitudes typiques des enfants de son âge, et c'est certainement pour cela qu'il avait mérité le surnom de «vieux».

Au printemps de 1813, Justin avait douze ans quand Giovanni Battista de Jacobis décida de transférer sa famille à Naples.

Motifs politiques, financiers, familiaux? Besoin de plus grande sécurité ou de tranquillité économique? Donner aux enfants la possibilité de recevoir une bonne instruction avec laquelle ils pourraient obtenir une profession, sur les traces des grands-parents et des oncles et tantes?

Il n'est pas à exclure que quelques affaires politiques dans lesquelles il avait été impliqué pesèrent sur cette décision. En 1799, Giovanni Battista De Jacobis avait, en effet, adhéré à la Repubblica partenopea et avait combattu sur sa terre contre les soldats du cardinal Ruffo, qui se battait pour le retour à Naples des souverains bourbons. Après le retour de Ferdinand 1er de Bourbon sur le trône de Naples (1814), bien qu'il ait été acquitté, Giovanni Battista De Jacobis fut toujours considéré «coupable d'un délit d'Etat», même s'il ne fut jamais incarcéré.

Sorti de cette situation, il n'eut plus la possibilité d'obtenir un emploi dans l'administration publique, lui qui, précédemment, avec ses 360 ducats de revenu, était l'un des 304 «propriétaires» de la région, et aurait pu se porter candidat au parlement national et aux plus hautes charges de l'Etat.

Avec l'arrivée à Naples de Joseph Bonaparte et de Joachim Murat, il avait peut-être entrevu la possibilité d'avoir une bonne installation dans cette ville.

Les affaires politiques cependant, ne se déroulèrent pas selon ses espérances et c'est ainsi que commença la phase de déclin de cette famille qu'exaltait un passé prestigieux. Giovanni Battista ne réussit pas à se sauver de la misère mais, en revanche, il eut la satisfaction de voir ses fils Nicolas et Donato Antonio devenir des professionnels distingués, homme de lettres pour le premier, avocat en droit civil pour le second; alors que Vincent, Justin et Philippe devinrent hommes d'Eglise, l'un chartreux, et les deux autres lazaristes.

À Naples Justin poursuivra ses études et en même temps que de sa formation littéraire et humaniste, il s'occupera de sa vie spirituelle par la prière et par la participation aux sacrements, sous la conduite du père carme Mariano Cacace auquel il avait été confié par sa mère.

Le séminaire

Le sage carme avait deviné la vocation à la vie consacrée de son fils spirituel et, quand il reçut sa décision de se consacrer à Dieu, ne pouvant le faire admettre dans sa propre communauté, dispersée à cause de la suppression napoléonienne des instituts religieux en 1809, il l'adressa aux Missionnaires Lazaristes.

À 18 ans, Justin fait sa première entrée dans la maison «dei Vergini» (ainsi appelée du nom de la place où elle est située), maison provinciale et siège du noviciat des Missionnaires Lazaristes. Il y entra et il y demeura.

Les paroles par lesquelles Cacace le présenta au directeur, le père Francesco Saverio Pellicciari, se révéleront être une heureuse prophétie: « Je suis heureux de faire un cadeau à votre Congrégation et l'expérience vous le montrera! ».

Le 17 octobre 1818, Justin est admis au noviciat qui le préparera à sa future vie missionnaire et au ministère sacerdotal au service des pauvres, selon le charisme vincentien. Il suivait tout avec régularité et profit. Pour sa simplicité, sa disponibilité et surtout son humilité, on lui avait déjà donné au séminaire le surnom de «Fratel Faccialei». « Faites le, vous! » était la réponse typique que Justin donnait à ses compagnons quand il s'agissait de décider sur n'importe quelle chose, même si c'était un jeu, convaincu que les autres auraient fait mieux que lui et ensuite il ne voulait en aucune façon que sa position puisse déplaire à quelqu'un.

Attitudes et convictions à ne pas confondre avec le désintérêt, le je-m'en-fichisme ou la faiblesse, mais à comprendre à la lumière de cette indifférence positive et de cette liberté intérieure, au risque aussi de la mortification de soi, qui constituent des points essentiels de la spiritualité de saint Vincent de Paul dans laquelle De Jacobis se laissait docilement façonner.

Au séminaire se consolida l'amitié avec Vincenzo Spaccapietra, née quand tous les deux fréquentaient les écoles publiques et avaient commencé à partager les mêmes idéaux, la même vocation. Vincenzo Spaccapietra, en effet, entrera à la maison «dei Vergini» un an après Justin. C'est lui qui nous a donné des informations intéressantes sur la façon dont son ami a vécu son noviciat. Sa conduite - rapporte Spaccapietra - était impeccable, on ne pouvait relever en lui aucun défaut et surtout il avait fait de l'humilité sa vertu de prédilection. Justin manifestait, en particulier, une profonde vénération pour la Vierge et il avait toujours des récits édifiants pour susciter amour et confiance dans la Madone.

«Pour ce qui est de ses études, bien qu'il eût une capacité qui n'était pas médiocre, il prenait plaisir à parler de ses insuffisances». C'est ce que dit Spaccapietra pour nous faire comprendre que, probablement, De Jacobis n'a pas une fine intelligence spéculative, il n'est pas l'intellectuel typique, mais qu'il possède sans aucun doute une grande clarté d'idée et la capacité de saisir rapidement l'essentiel et de l'exprimer avec simplicité. Qualités qui, comme le montrera sa vie, le rendront idoine et souple pour les tâches nombreuses et variées qui lui seront confiées dans la communauté et dans l'Eglise.

Les insuffisances de soi-même dont il aimait parler, le peu de confiance dans ses capacités, firent douter Justin d'être à la hauteur du ministère sacerdotal…

Heureusement, bien différentes étaient les convictions de ceux qui lui étaient proches et des supérieurs qui avaient eu le moyen de vérifier le contraire. C'est pourquoi ils repoussèrent sa demande de demeurer dans la communauté comme simple frère coadjuteur, et ils l'envoyèrent à Oria (Brindisi).

Il fut admis aux ordres sacrés en octobre 1823, il reçut le diaconat le 13 mars 1824 et, avec dispense d'âge, il fut ordonné prêtre dans la cathédrale de Brindisi le 12 juin de la même année.

Apôtre dans son pays

Les activités auxquelles Justin se consacra au commencement de son ministère furent, naturellement, celles qui caractérisent la Congrégation, surtout la prédication, dans «la mission populaire».Mais il fut aussi un directeur de conscience éclairé, un efficace prédicateur de retraites pour diverses catégories de personnes (religieuses, personnes exerçant une profession, clercs); il fut toujours empressé pour l'assistance aux malades et aux pauvres, comme le voulaient la parole et l'exemple du Fondateur; il se dévoua en outre à la formation et à l'animation des Compagnies de la Charité, groupes féminins ou mixtes organisés pour le service et l'assistance des personnes dans le besoin.

La présence de Justin De Jacobis dans les Pouilles dura environ treize ans: il demeura quelques années à Oria (1824-1829), puis il fut parmi les confrères qui ouvrirent la maison de missionnaires à Monopoli (1829-1833) et, après une brève parenthèse à Naples pour raison de santé, nous le retrouvons de nouveau dans les Pouilles, à Lecce (1834-1836).

La simplicité qui l'a toujours caractérisé, l'humilité, vertu qu'il a préférée et qu'il a pratiquée plus que les autres, la méditation et la prière qui ont toujours précédé chacune de ses actions, sa grande disponibilité envers tous sans réserve, ne pouvaient que susciter une grande admiration; quiconque avait l'occasion de l'écouter et de le connaître demeurait séduit par sa personne. Il était un homme spécial parce que sa façon d'être n'était pas facilement comparable à celle des autres, mais il l'était aussi pour sa façon de réagir dans des situations incompréhensibles à l'esprit humain, dont il était le protagoniste.

Un soir d'hiver 1831, à Monopoli, alors qu'il se préparait comme d'habitude à faire un sermon aux fidèles, un courrier de Fasano vient lui annoncer qu'un de ses pénitents gravement malade et en péril de mort le demandait. La prédication terminée, Justin monta à cheval et accompagné du courrier, il se mit en route vers la maison du moribond. Un bon bout de route en cette soirée froide et noire. La lanterne qu'ils avaient était juste suffisante pour dissiper les ténèbres. Le trajet ne manquait pas de difficultés et à l'improviste le vent éteignit la lanterne, bloquant les voyageurs.

Sans lune, sans étoiles, ni même une lueur de lumière pour distinguer la route. Le guide ne réussissait plus à s'orienter et commençait à craindre le pire, mais Justin le rassura et l'invita à prier la Vierge. Les prières furent accueillies et autour des voyageurs se forma un halo de lumière, qui leur permit de poursuivre. À Fasano il confessa le malade et lui assura qu'il ne mourrait pas. En effet, il vivra encore trente ans.

Ce qui était arrivé était une chose extraordinaire et le témoin ne tarda pas à le rendre public en racontant comment la lumière qui avait facilité le chemin venait de son honorable compagnon. Naturellement des explications furent demandées à Justin et lui, convaincu que ce qui s'était produit avait été une œuvre de Dieu et non la sienne, minimisa l'événement disant que la lumière dont on parlait avait été provoquée, selon toute probabilité, par un météore nocturne.

À cause de l'admirable dévouement avec lequel il exerçait le ministère, peu d'années après son ordination sacerdotale déjà, des fonctions importantes furent confiées à Justin: il fut député de la maison d'Oria à l'Assemblée provinciale préparatoire à l'Assemblée générale de 1829; supérieur de la maison de Lecce, directeur des novices à San Nicola da Tolentino à Naples, et, encore à Naples, supérieur de la maison «dei Vergini» où avait commencé son aventure au service de l'Evangile, des pauvres et de l'Église.

Toujours opposé à n'importe quelle fonction ou office, pour aucune autre raison que l'humble considération qu'il avait de lui-même, il vécut ces charges en esprit d'obéissance et de service, jamais avec arrogance, faisant sien le passage évangélique «qui veut être le premier doit devenir le dernier».

Naturellement, tout n'allait pas toujours pour le mieux: une maladie l'affligea, diversité de vue, d'opinions, de programmes le mirent en opposition avec ses confrères, lui procurèrent aussi des humiliations de la part de ses supérieurs. Son attitude, douce mais résolue, indulgente mais cohérente, le plaçait parfois «à contre courant», au-delà des schémas rigides d'une mentalité qui avait besoin de s'ouvrir au neuf, mais qui craignait de le faire à cause de la difficulté générale à retrouver équilibre et stabilité de la part d'une Église, d'une vie religieuse et d'une société encore marquées par la tempête de la Révolution française et de la dictature napoléonienne.

On raconte qu'un jour dans la maison de San Nicola se présenta un jeune désireux et curieux de rencontrer personnellement le directeur des novices dont il avait tant entendu parler en bien, pour lui demander conseil à propos d'une éventuelle entrée au séminaire. À l'entrée il le trouva occupé au nettoyage de l'église et il n'aurait jamais imaginé que cet homme fut justement la personne qu'il cherchait. Le prenant pour le sacristain, il lui demanda de pouvoir rencontrer le directeur. Justin demanda pourquoi il voulait parler avec lui et le jeune lui expliqua le motif qui l'avait poussé jusque là. Le «présumé» sacristain lui assura que la personne dont il parlait en réalité n'avait rien de spécial. Ensuite avec un sourire très affectueux il lui révéla sa véritable identité.

Il ne dédaignait pas réaliser des tâches qui par leur nature revenaient à d'autres et quand cela arrivait il s'en occupait avec beaucoup de naturel.

Toutefois cette grande disponibilité ne l'empêchait pas, quand c'était nécessaire, d'être rigoureux et d'exercer avec décision son autorité. Quand il croyait en une idée ou en un programme, pour le bien de la communauté, il courrait aussi le risque d'être réprimandé par les supérieurs, bien que cela fut pour lui motif de grande souffrance.

Dans son pays, Justin opéra en un moment historique où le milieu social, politique et économique se ressentaient encore des effets des révolutions et des agitations qui intéressèrent surtout l'Italie méridionale. Il ne fut donc pas facile de réaliser ce qui était le principe de base de la Congrégation vincentienne: porter l'Évangile au milieu du peuple.

Mais sa façon simple de prêcher selon la «petite méthode» vincentienne sans rhétorique, sa disponibilité, l'exemple de vie qui précédait et confirmait chaque enseignement, lui méritèrent estime, admiration, sympathie aussi bien des pauvres gens que des «gentilshommes».

Parmi les personnes de haut rang la marquise Elena Dell'Antoglietta de Fragagnano, en particulier, fut touchée par le charisme de Justin et, tout en étant sa très fidèle pénitente, devint une efficace collaboratrice et bienfaitrice pour de nombreuses années. Elle l'aida, en effet, dans la fondation de la Compagnie de la Charité dans les Pouilles, ainsi que dans de nombreuses œuvres en faveur des pauvres. Quand par la suite elle eut connaissance des conditions économiques indigentes de la famille de son confesseur, elle se dépensa de bien des façons et très discrètement pour l'aider.

Justin lui en conservera une profonde gratitude.

Dans les années 1836-37 le choléra apparut à Naples. Justin est là, jour et nuit, sans réserve, pour assister les cholériques, jusqu'à mettre en danger sa vie même. Oublieux de lui-même au point de n'avoir même pas le temps de manger un morceau de pain, un matin il fut trouvé endormi, épuisé de fatigue, à côté d'un malade qu'il avait assisté jusqu'à la mort, insouciant de la contagion qui, malgré le contact avec de très nombreux malades, ne le toucha pas.

La fin du choléra coïncida avec une procession organisée par Justin en l'honneur de l'Immaculée à travers les ruelles étroites et populeuses de ce qu'on appelait les Quartiers espagnols. La maladie était désormais vaincue. Finalement, les gens virent dans cette «coïncidence» une réponse aux nombreuses prières confiantes élevées vers le ciel, et la nouvelle du miracle courut rapidement de bouche en bouche. L'effigie miraculeuse de la Madone est encore conservée aujourd'hui dans l'église de la maison de San Nicola da Tolentino à Naples.

Après l'expérience du choléra, Justin fut touché dans ses affections les plus chères par deux grandes douleurs: la mort de son père (après une brève et violente maladie, peut-être le choléra, le 26 octobre 1837) et celle de sa mère (20 juin 1838).

Au-delà de la mer

En octobre 1838, le Cardinal Filippo Franzoni, Préfet de «Propaganda fide», eut l'occasion de connaître personnellement Justin, alors supérieur de la maison «dei Vergini». Franzoni lui parla des compte-rendus favorables que le Père Giuseppe Sapeto envoyait d'Éthiopie, recommandant de ne pas tarder à reprendre l'évangélisation de cette terre.

Franzoni est séduit par la personnalité riche d'humanité et de vertu de Justin; il est encore plus réconforté par l'attitude favorable qu'il lui a manifestée quant à l'éventualité de devoir - lui même - affronter l'aventure africaine. Fils docile et obéissant, le saint missionnaire avait opposé une seule condition: «Qu'y consente seulement le Supérieur Général de ma Congrégation et l'Abyssinie sera ma nouvelle et chère patrie».

Retourné à Rome, le Cardinal commence à penser à De Jacobis comme à la personne adaptée pour développer la mission naissante d'Abyssinie. Il écrit à Paris pour confier à la Congrégation de saint Vincent de Paul la nouvelle mission et afin d'avoir l'autorisation du Supérieur Général pour affecter à l'Abyssinie le Père De Jacobis et un autre confrère muni des qualités qui conviennent.

Justin est enthousiaste face à cette perspective. En vérité, il avait longtemps caressé le projet de partir pour les missions étrangères, mais à 38 ans un rêve pouvait-il encore se réaliser ? Il espérait, en outre, que le départ pour l'Afrique aurait définitivement éloigné de lui la «menace» d'être nommé évêque, chose dont il avait eu le pressentiment et qu'il n'entendait absolument pas affronter: bien qu'il ait occupé des charges importantes avec grande compétence, l'humble Prêtre de la Mission demeurait convaincu de ne pas mériter tant de considération. Lui, qui ne se considérait même pas comme un bon prêtre, pouvait-il jamais s'imaginer comme évêque?

Aux prises avec un pénible conflit intérieur, Justin pensait et priait ainsi en 1838 :

« Au temps où j'avais désormais abandonné toute espérance d'être envoyé aux missions étrangères, une appréhension très brûlante, qui s'était emparée de mon esprit, me tourmentait… Durant mes souffrances, durant mes pauvres actions de grâce après la célébration des divins mystères, j'avais répété souvent cette prière: je n'accepterai jamais, mon Dieu, d'être consacré, sinon dans le cas d'une nouvelle mission qui aurait un grand besoin d'un évêque ».

Il n'imaginait pas combien la Providence l'aurait pris au mot en le voulant évêque justement en Éthiopie, dans une terre et dans une histoire où la «pourpre épiscopale» plus qu'un honneur aurait été une charge sur ses épaules. 

Précédé des préparatifs nécessaires, après avoir rencontré à Paris le Père Général et avoir reçu à Rome les instructions et les indications à suivre pour rejoindre l'Abyssinie et s'y établir, le Préfet apostolique pour l'Éthiopie, Justin De Jacobis, avec le Père Luigi Montuori et quelques confrères français destinés à la mission d'Orient, entreprit le long voyage vers ce qui deviendrait sa seconde patrie.

Ils s'embarquèrent à Civitavecchia. C'était le 24 mai 1839, en la fête de Marie Auxiliatrice.

(Traduction: JEAN LANDOUSIES C.M.)

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Le « premier » Justin de Jacobis