La béatification de Marcantonio Durando. Chronique

La Béatification de Marcantonio Durando, C.M. (1800-1880)

Chronique

par Leone Galbiati

Turin - Italie

I. Les célébrations à Rome

La cérémonie de béatification du Vénérable Père Marcantonio Durando a eu lieu sur le parvis de la Basilique Saint Pierre, le 20 octobre 2002. Au cours de la même cérémonie ont été également béatifiés les serviteurs de Dieu : Daudi Okelo et Gildo Irwa, laïcs, catéchistes et martyrs, Mgr Andrea Giacinto Longhin, O.F.M. évêque, Marie de la Passion (Hélène de Chappotin de Neuville), vierge, et Liduina Meneguzzi, vierge.

Le parvis et la place étaient déjà presque entièrement remplis par les autorités et les pèlerins quand, à 9 heures du matin, les rites préparatoires ont commencé par la lecture des profils biographiques des serviteurs de Dieu et des passages de leurs correspondances.

Le cortège des concélébrants a fait son entrée à 9h55 : 5 cardinaux, 27 évêques et 51 prêtres, précédés par des dizaines d'autres prêtres chargés de distribuer la communion. Quinze autres cardinaux, de nombreux archevêques et évêques, des centaines de prêtres, de religieux et de religieuses, ainsi que plusieurs milliers de fidèles, ont suivi la célébration sur le parvis et sur la place. L'arrivée de Jean Paul II, a marqué le commencement du rite et, comme toujours, déclenché l'enthousiasme qui a accompagné toute la célébration.

  1. La Famille Vincentienne

Pour la famille vincentienne, les personnalités qui ont concélébré avec Jean Paul II étaient le Cardinal Stephanos II Ghattas, Patriarche des Coptes Catholiques d'Alexandrie et Mgr Germano Grachane, évêque de Nacala (Mozambique), Lazaristes ; le Cardinal Severino Poletto, archevêque de Turin, Mgr Luciano Pacomio, évêque de Mondovì, le Père Robert Maloney, Supérieur Général de la Congrégation de la Mission, le Père Luigi Calcagno, Supérieur Général des Sœurs Nazaréennes. Étaient aussi présents à la célébration liturgique : Sœur Pia Barale, Mère Générale des Sœurs Nazaréennes, ainsi que de nombreuses Sœurs dont beaucoup venues de Madagascar ; les Membres de la Curie Générale de la Congrégation de la Mission ; les Visiteurs des trois provinces italiennes ; de nombreux confrères italiens et étrangers : espagnols, malgaches, polonais, libanais, colombiens, américains (USA) ; Sœur Juana Elizondo, Mère Générale des Filles de la Charité, avec quelques membres de la Curie Générale ; les Visitatrices des cinq provinces italiennes, avec un grand nombre de Filles de la Charité. De Mondovì, ville natale du Bienheureux, étaient arrivés le Maire, Docteur Aldo Rabbia, avec le drapeau de la ville, et de nombreux pèlerins, dont les sœurs de congrégations qui œuvrent dans le diocèse de Turin et d'autres villes, de nombreux fidèles liés aux activités des vincentiens et, surtout, des Sœurs Nazaréennes.

Madame Maria Elena Vottero, fille de Madame Luisa Ingianni, était également présente. C'est en effet, à la naissance de Marie Elena que sa mère, Maria Luisa Ingianni, était tombée dans le coma et son état jugé désespéré. Elle avait cependant guéri grâce à l'intercession du Père Durando. Cette guérison avait été jugée miraculeuse et mis un point final à son procès de béatification. Malheureusement, la miraculée, Maria Luisa, est morte au mois de juin de cette année. Quelques descendants de la famille Durando et Vinaj étaient également présents : Madame Regina Rocca et ses petites-filles Regina et Elena Matteodo, les plus jeunes descendants de Giuseppe Antonio et Giovanni, les frères de Marcantonio, ainsi que la famille de Mimmi Battaglia Bertola ; Madame Milly Nicolai, descendante de Bianca, la sœur du Bienheureux.

2. Le rite de la Béatification

La célébration a eu lieu quelques jours avant le vingt-quatrième anniversaire de l'élection de Jean Paul II Souverain Pontife. Le Cardinal Bernardin Gantin, doyen du Sacré Collège, lui a adressé cet hommage : « Nous nous réjouissons infiniment de cette occasion providentielle qui nous est donnée aujourd'hui par la béatification imminente et solennelle de quelques élus, fils et filles insignes de l'Église, modèles de foi et de charité, pour vous offrir nos plus vives félicitations et nos meilleurs vœux ».

Cette célébration a coïncidé en outre avec la Journée Mondiale des Missions, thème constamment présent tout au long de la liturgie, enrichie par des danses, des chants et des langues de pays lointains et étendu symboliquement à l'ensemble des terres de mission. C'est à ce thème que s'est référé Jean Paul II, le corps courbé mais la voix forte et ferme, dans l'acte pénitentiel d'ouverture de la liturgie : « Le rendez-vous annuel avec la mission de l'Église dans la Journée Mondiale des Missions, nous rappelle l'engagement de tous les baptisés à participer à l'annonce de l'évangile, dans le partage des biens spirituels et matériels, afin que tous les peuples ne forment plus qu'une seule famille, unie dans l'amour. Dans cet esprit nous remercions le Seigneur pour le témoignage des frères et des sœurs que nous proposons aujourd'hui à la vénération de l'Église, pour leur foi, leur dévouement total jusqu'au martyre, leur zèle inlassable et courageux prodigué au troupeau du Christ, leur générosité au service des plus pauvres et plus démunis ».

Le rite de la béatification a commencé par la requête présentée par Mgr Odama, archevêque de Gulu, suivie par la lecture de quelques aperçus biographiques des six serviteurs de Dieu faite par les Évêques respectifs accompagnés par les postulateurs généraux. C'est le Cardinal Severino Poletto qui a résumé les traits saillants de la vie du Père Marcantonio Durando.

Après cette lecture, Jean Paul II a prononcé la formule de la béatification et fixé le jour de la cérémonie liturgique pour chacun des nouveaux Bienheureux - le 10 décembre, pour le Bienheureux Marcantonio Durando. Les voiles des cinq grandes tapisseries recouvrant la façade de Saint Pierre se sont alors soulevés lentement, laissant apparaître les visages des nouveaux Bienheureux. Ce fut avec beaucoup d'émotion que les Vincentiens découvrirent le visage du Père Durando sur la tapisserie réalisée d'après la maquette de Sœur Isabella Battistella, Nazaréenne, inspirée du portrait original du peintre Paolo Emilio Morgari. Mais l'émotion la plus intense a certainement été celle des Sœurs Nazaréennes qui voyaient enfin leur Père dans la gloire, et de ceux qui, revivant quelques pages de l'histoire italienne, pouvaient voir le regard du Père Durando s'étendre au-delà de la place Saint Pierre à la rencontre du Tibre et de cette Rome qui, vers 1870, avait été conquise par les troupes italiennes.

3. « Il vécut de la foi et d'un ardent élan spirituel, en refusant toute forme de compromis ou de tiédeur intérieure. »

Dans son homélie, Jean Paul II a choisi les paroles de saint Paul : « Nous nous rappelons […] l'activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance… » (1 Th 1,2-3), pour tracer le portrait spirituel du Père Marcantonio Durando « de la Congrégation de la Mission et digne fils de la terre piémontaise. Il a vécu de la foi et d'un ardent élan spirituel, en refusant toute forme de compromis ou de tiédeur intérieure. À l'école de saint Vincent de Paul, il sut reconnaître dans l'humanité du Christ l'expression la plus grande, et dans le même temps la plus accessible et désarmante, de l'amour de Dieu envers chaque homme. Aujourd'hui encore, il nous montre le mystère de la Croix comme le moment culminant où nous est révélé le mystère insondable de l'amour de Dieu. »

Au cours de la prière des fidèles, on a aussi prié, pour la première fois, en langue malgache. « Donne à ton peuple, a récité le lecteur, aux prêtres et religieux qui, à l'exemple du Bienheureux Marcantonio Durando, encouragent le renouveau de la vie chrétienne et cette recherche de la sainteté d'où découlent le dévouement radical et total à la mission, l'annonce de l'évangile, la participation à la formation des missionnaires, la solidarité avec les membres souffrants du corps du Christ. »

La concélébration eucharistique s'est prolongée jusqu'à 12h25 et s'est terminée par la récitation de l'Angelus.

4. La rencontre de la Famille Vincentienne dans le hall de la salle Paul VI au Vatican

Le jour même de la béatification, à 17h30, les membres de la Famille Vincentienne présents à Rome et les pèlerins se sont réunis dans le hall de la salle Paul VI au Vatican pour une rencontre fraternelle en l'honneur du Bienheureux Marcantonio Durando. On attendait une centaine de personnes, mais il en vint plus de 300. Cette rencontre a été très sympathique et s'est déroulée dans un climat de grand enthousiasme et de joie. La figure du Bienheureux Marcantonio Durando fait certainement honneur aux Lazaristes, puisqu'il a fait partie de leur famille et été, pour eux, un chef et un modèle de vie ; il fait aussi honneur aux Filles de la Charité qu'il a introduites et répandues en Italie et dont il a été, pendant presque cinquante ans, le directeur et animateur ; aux Volontaires Vincentiennes qu'il a guidées et encouragées dans de nouvelles missions de charité ; mais surtout, aux Sœurs Nazaréennes dont il a été le Fondateur et le Père. D'ailleurs d'une certaine façon les Sœurs Nazaréennes semblaient être les protagonistes de la journée. Comme si on voulait les fêter elles aussi en même temps que leur Père Fondateur et c'est à elles, qui forment la famille la plus petite, que s'adressaient les attentions des frères et des sœurs de la grande famille. On avait envie de partager leur joie de voir enfin atteint un objectif longtemps désiré. De leur côté, les Sœurs Nazaréennes, tenaient à exprimer leur reconnaissance pour cette participation fraternelle à ce moment si heureux de leur expérience spirituelle.

« Nous sommes réunis ici pour écouter et réfléchir sur la personne de Marcantonio Durando. Il a été un grand homme et a accompli des œuvres extraordinaires…Je vous invite à réfléchir sur ces questions : qu'est ce que Marcantonio Durando a fait…qu'est ce qui a fait de Marcantonio Durando non seulement un grand homme mais aussi un saint ? Comment Dieu l'a-t'il transformé à ce point que, déjà de son vivant, il était considéré comme un homme de Dieu ? Était-ce à cause de sa gentillesse ? Ou bien était-ce la sagesse de son jugement qui incitait les gens à rechercher ses conseils ? Ou bien la simplicité et l'humilité avec lesquelles il suscitait l'apostolat des Filles de la Charité, des Sœurs Nazaréennes, des Dames de la Charité, de la Société Saint Vincent de Paul, des Enfants de Marie et de beaucoup d'autres ? Ou bien encore sa profonde confiance en la Providence de Dieu dans les temps troublés de la Révolution où il vécut ? Et c'est bien là, je crois, des questions-clefs pour nous tous ici réunis : qu'est-ce qui a fait de Marcantonio Durando un saint ? Comment chacun de nous peut-il essayer de lui ressembler ? Comment pouvons- nous chanter la même chanson que celle qu'il a chantée pour Dieu ? » Après cette réflexion du Père Général, on a voulu présenter le Bienheureux Marcantonio, pas très connu en vérité même parmi les Vincentiens. Sœur Isabella, Nazaréenne, a esquissé une biographie très brève mais significative du Bienheureux, complétée par des extraits de ses écrits qui ont été lus, entrecoupés par des textes chantés par des Sœurs Nazaréennes et des Filles de la Charité. Quelques Sœurs Nazaréennes malgaches ont apporté une note de gaîté avec des danses de leur pays, soulignant ainsi le grand développement de la communauté à Madagascar.

5. La messe d'action de grâce dans l'église de Saint Grégoire VII

Lundi 21 octobre toute la communauté vincentienne présente à Rome s'est retrouvée dans l'église de Saint Grégoire VII pour une messe d'action de grâce pour le don de la béatification du Père Durando. Cette célébration liturgique a été présidée par le Cardinal Severino Poletto, archevêque de Turin, assisté par le Supérieur Général des Lazaristes et des Filles de la Charité et par le Supérieur Général des Sœurs Nazaréennes ; plus de 60 prêtres ont concélébré également.

L'homélie a commencé ainsi : « Qui a lu les journaux ce matin ? Il n'est guère difficile d'imaginer les thèmes abordés par les journaux aujourd'hui…Quand les journaux non catholiques parlent-ils des Saints ?...Combien sont-ils à Turin à connaître le Père Durando ?... L'Église, elle, va à la recherche de ses trésors cachés et les met en évidence. En proclamant tant de Bienheureux et de Saints, le Pape veut témoigner ouvertement de la sainteté qui ne fait pas de bruit mais qui régit le monde ». Le Cardinal a ajouté, commentant un passage de l'Evangile qui venait d'être lu : « Je voudrais vous aider à vous « syntoniser » sur la Parole de Dieu que nous venons d'entendre…Cette page est, pour nous ce matin une incitation. Jésus veut que nous aussi, aujourd'hui, nous louions, nous bénissions, nous remercions le Père pour ce qu'il a accompli dans la vie du père Durando, un « petit » dans l'humilité. Aujourd'hui notre société est différente de la sienne ; aujourd'hui, il est plus difficile et décourageant de témoigner. Jésus nous dit : « Tu es démoralisé ? Tu as la sensation de n'aboutir à rien ? Tu as l'impression que ta Congrégation devient toujours plus petite et moins efficiente ?...Viens à moi qui suis doux et humble de cœur…Si tu es un Saint, tu es un don pour le monde ». Et après avoir résumé les traits saillants de l'expérience religieuse et vincentienne du Père Durando, l'orateur a conclu : « Je termine par une curiosité. Après la découverte de la photographie, le Père Durando conseillait aux Sœurs Nazaréennes de ne pas se faire photographier. De lui nous n'avons que trois photos seulement. Ce n'est pas l'image extérieure qui est importante, mais l'image intérieure. Accueillons donc ce matin l'invitation que, du Paradis, le Bienheureux nous renouvelle : Ne nous préoccupons pas de notre image extérieure mais de notre réalité intérieure, celle que Dieu seul voit, les yeux fixés sur son témoignage pour chercher à l'imiter dans notre quotidien insignifiant et caché ».

6. L'audience du Saint Père

L'audience que Jean Paul II a accordée dans la matinée du 21 octobre à tous les pèlerins venus à Rome pour assister à la messe de Béatification des six nouveaux Bienheureux, a été la dernière grande émotion vécue par les Vincentiens à l'occasion de la Béatification du Père Marcantonio Durando. Jean Paul II leur a adressé un salut chaleureux : « La vie et la spiritualité du Bienheureux Marcantonio Durando sont marquées par un profond désir missionnaire. Je suis heureux de saluer le Cardinal Severino Poletto, archevêque de Turin, ainsi que les pères de la Congrégation de la Mission et tous ceux qui font partie de la grande Famille religieuse Vincentienne, en fête pour l'inscription au registre des Bienheureux de l'un de ses membres les plus illustres ». Après avoir esquissé un profil spirituel du Bienheureux, il leur a adressé cette exhortation : « Combien nous avons besoin encore aujourd'hui de ce profond retour aux racines de la charité et de l'évangélisation ! À l'exemple du Bienheureux Marcantonio Durando sachons, à notre tour, nous mettre au service des pauvres et des plus démunis qui, hélas, ne manquent pas dans notre actuelle société du bien-être. »

II. Les célébrations à Turin

  1. Le 10 Décembre 2002

Du numéro 23 de l'ex via della Provvidenza, aujourd'hui via XX settembre ; du Corso Einaudi, où se trouve la Maison Mère des Sœurs Nazaréennes ; de San Salvario, qui est toujours la Maison Provinciale des Filles de la Charité ; de nombreuses autres maisons des Missionnaires de Saint Vincent et des Filles de la Charité : les Sœurs Nazaréennes, les Lazaristes, les Filles de la Charité, les amis et collaborateurs de la Famille Vincentienne, se sont rendus au Dôme de Turin, pour célébrer la première fête liturgique du Bienheureux Marcantonio Durando, fixée le 10 décembre par le décret de Béatification de Jean Paul II du 20 octobre 2002. Aucune affluence voyante ou spectaculaire. La ville n'a pas été dérangée. Elle a poursuivi son rythme normal de jour ouvrable. Elle ne s'est même pas rendu compte de ce que quelques centaines de personnes avaient l'intention de faire : évoquer un personnage de Turin digne d'estime pour avoir été directement ou indirectement, pendant un demi-siècle, un des plus actifs défenseurs et protecteurs des faibles de la Turin misérable et, naturellement, se référer à son exemple et à son engagement.

C'est le Cardinal Severino Poletto, archevêque de Turin qui a présidé la célébration liturgique, assisté par le Père Bruno Gonella, visiteur de la Province de Turin, et par Don Paolo Ripa Buschetti di Meana S.D.B., vicaire épiscopal pour la vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Soixante-dix prêtres, vincentiens et diocésains, ont concélébré. L'urne contenant les reliques du Bienheureux Marcantonio Durando, portée dans la procession d'entrée des célébrants et concélébrants, a été placée sur un autel à côté du presbytère. Aux côtés de la communauté des Sœurs Nazaréennes participaient de nombreux vincentiens consacrés ou sympathisants, ainsi que des descendants des familles Durando et Vinaj et de Madame Maria Luisa Ingianni, dont la guérison miraculeuse, obtenue par l'intercession du Père Durando, a permis de conclure le procès de béatification.

Dans son homélie, le Cardinal Severino Poletto a fait observer : « Le Père Durando a été un don extraordinaire que le Seigneur a fait à Turin, où il a passé une grande partie de sa vie. En fait, le Père Durando n'y est pas très connu si l'on en juge par ce que disent les gens. Non seulement parce qu'il a vécu au 19ème siècle, mais aussi parce qu'on ne l'a pas suffisamment fait connaître. Comme je l'ai déjà dit à Rome, par ces canonisations et béatifications le Pape va dénicher les trésors cachés de l'Église, comme pour nous dire : « Regardez où se trouve la sainteté que nous devons imiter et qui est souvent méconnue. » Ses confrères le connaissaient très certainement et les Sœurs Nazaréennes aussi. Par contre, la société civile ignore en général la sainteté. Et le Pape semble dire : « Regardez aussi ce prêtre, ce religieux : sans rien faire d'extraordinaire, sans faire de miracles, sans susciter l'enthousiasme populaire, il a cependant vécu héroïquement sa vie chrétienne de prêtre et de religieux. »

Le rappel de ses engagements, du foisonnement de ses idées, des conditions particulières de la culture et de l'époque où il a vécu, a tout naturellement conduit à une comparaison avec la situation actuelle : faute de vocations, les Sœurs ont disparu des hôpitaux et de nombreux organismes d'assistance ; beaucoup d'initiatives ont été abandonnées : quel vide ! Et cela donne la mesure du don extraordinaire que sont les religieux, les religieuses, la vie religieuse pour l'Église et pour la société. Le Père Durando a été un saint religieux et c'est grâce à sa vocation religieuse qu'il s'est engagé sur la voie de la sainteté par la charité et l'évangélisation. Il a dirigé les Filles de la Charité qui, du Piémont, ont rayonné ensuite dans toute l'Italie ; il a fondé, en 1865, les Sœurs Nazaréennes.

Les vincentiens doivent maintenir très haut ce discours de la charité, surtout aujourd'hui avec les nouvelles formes de pauvreté et dans ces moments particulièrement difficiles : à Turin des milliers de travailleurs vivent dans le cauchemar de perdre leur travail. Même les Missions Populaires qui, autrefois, représentaient un très grand engagement des Lazaristes, ont changé : dans le diocèse de Turin, certaines durent des années et se proposent de reconstruire le tissu d'une communauté chrétienne. Elles réclament une nouvelle méthode de travail. Les Lazaristes doivent avoir le courage d'être porteurs de charité, de vérité et de sainteté.

  1. Le banquet fraternel à San Salvario

Un banquet fraternel - un « après messe » - a suivi le banquet eucharistique, dans la Maison des Filles de la Charité, l'ex-couvent de San Salvario, ayant appartenu aux Pères Servites, que le Père Durando avait obtenu du Roi Carlo Alberto pour être le siège de la Maison Provinciale et du premier séminaire des Filles de la Charité en Italie : ce San Salvario qui a été la souche d'un arbre qui a grandi de plus en plus et qui garde le trésor de dizaines de milliers d'âmes qui ont appris, entre ses murs, à aimer leur prochain et à le servir dans ses besoins les plus variés.

Après le banquet et avant les Vêpres, on a représenté, dans la chapelle, le récital « Un saint sans auréole » de la Sœur nazaréenne Isabella Battistella, déjà présenté dans le hall de la Salle Paul VI à Rome, le 20 octobre. Ce récital a été suivi par un documentaire du Père Vittorino Zerbinati sur les maisons et les activités des Sœurs Nazaréennes à Madagascar.

  1. Installation des reliques du Bienheureux Marcantonio Durando à la vénération des fidèles

Le corps du Père Marcantonio Durando, enfermé dans un cercueil de zinc offert par Madame Ernesta Racca, une de ses pénitentes et bienfaitrice de ses œuvres, « en témoignage de sa grande vénération et de celle de sa famille », avait été transporté dans la tombe de la communauté dans le cimetière communal de Turin, achetée deux ans auparavant.

En 1926, à l'occasion de l'ouverture du procès canonique, le Père Filippo Traverso, avait eu l'idée de transférer le corps dans l'église de la Visitation. Mais il avait fallu respecter les normes canoniques et les lois funéraires qui prévoyaient une série de passages.

Le 17 novembre, on a procédé à une reconnaissance officielle des restes du Père Durando, en présence du médecin municipal, du Supérieur de la Maison de la Mission et de deux Sœurs Nazaréennes. Ces restes ont été déposés dans un petit cercueil et placés dans une tombe neuve, plus sèche. Le 4 décembre, la Préfecture a autorisé leur transfert dans l'église. On a procédé à une deuxième reconnaissance : deux médecins, Fortunato Lanza et Domenico Borgna, Lazariste, examinèrent les restes et dictèrent leur description au secrétaire de la Curie turinoise, en présence d'une nièce du Père Durando, Flavinia, d'un cousin, l'On. Viale, ainsi que de nombreux Lazaristes, Sœurs Nazaréennes et Filles de la Charité. Ces restes ont été déposés dans un cercueil de zinc, lui-même enfermé dans un cercueil de bois. Une longue procession s'est formée pour le transfert : un spectacle tout à fait insolite et inattendu que ce cortège qui partait du cimetière en direction d'une église. L'urne a été transportée dans la Chapelle de la Passion puis, après la messe, placée dans le petit sépulcre préparé à l'intérieur de la chapelle, à gauche, à côté de la balustrade.

En 1947, une nouvelle reconnaissance a permis de constater que les os avaient bien été déposés dans un petit cercueil de zinc scellé et enfermé dans un cercueil de bois.

En marge des mesures prévues par les normes qui règlent le procès de béatification à Rome, le Supérieur Provincial de Turin, le Père Bruno Gonella, a commencé, en 2001, la procédure officielle de reconnaissance de la dépouille mortelle du Serviteur de Dieu. Le 12 novembre 2001, on a procédé à une première inspection de la tombe du Vénérable : le cercueil a été transféré dans la salle des reliques. Le 24 novembre, en présence du Chancelier archiépiscopal, du délégué de l'Archevêque, du Visiteur, de quelques Missionnaires, de la Mère Générale, de deux médecins légistes, et après examen préliminaire, les reliques ont été placées par les Sœurs Nazaréennes présentes dans une nouvelle boîte en zinc, en vue de leur installation dans le nouveau monument en marbre, situé dans l'église de la Mission, à l'autel du Crucifix. Le 27 décembre 2002, les reliques ont été introduites dans un bloc de marbre noir de Belgique, installé devant l'autel de la chapelle de la Passion, qui s'ouvre à gauche du presbytère de l'église de la Visitation, et exposées à la vénération des fidèles. Pour l'occasion, Mgr Luciano Pacomio, Evêque de Mondovi, ville natale du Bienheureux Marcantonio Durando, a célébré une messe en présence de nombreux Lazaristes, Sœurs Nazaréennes, Filles de la Charité et fidèles.

(Traduction : FRANÇOISE AZEMAR TURCO - A.I.C. Italie)

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