Des modèles de sainteté. Un regard vers le passé, le présent et l'avenir

Des modèles de sainteté

Par Robert P. Maloney, C.M.

Supérieur Général.

Tout au fond du cœur de chaque chrétien, il y a le désir d'être saint. Cela fait partie, pour ainsi dire, de notre «profil d'emploi»: au baptême, nous nous engageons à «revêtir le Seigneur Jésus-Christ»

Il y a quelques années, j'ai participé à ma première cérémonie de canonisation, celle de Jean Gabriel Perboyre. J'avoue avoir été plus profondément ému que je ne l'avais imaginé. Depuis, je me suis souvent pris à penser à des modèles de sainteté. Je me rappelle avoir lu, enfant, la vie d'Isaac Jogues et Jean de Brébeuf. Je rêvais d'atteindre en canoë les contrées les plus éloignées du Canada et de verser mon sang pour l'Évangile! Je me rappelle aussi avoir dévoré une biographie poignante de Damien le lépreux. J'étais extrêmement frappé par sa vie et sa mort, et je m'imaginais allant me mettre au service des plus abandonnés, tout en trouvant que le lent déclin de la lèpre était beaucoup moins attirant que la mort rapide d'un martyr.

Pour les catholiques, en tous temps, les saints ont fait de la sainteté une réalité. Ils lui ont donné vie. Ils nous ont montré dans le concret ce que signifie vivre l'Évangile. Bien que dans nos moments « anti-institution » ou dans nos cultures, les évènements comme la canonisation aient suscité peu de réponse enthousiaste, ils ont, cependant, ému en nous quelque chose de profond, une aspiration à la sainteté, qui nous fait désirer nous remplir de la charité du Christ. Voilà, après tout, ce que cela signifie d'être chrétien.

Quatre modèles

De la vie des saints, notre tradition a recueilli certains modèles. Les modèles sont des images concrètes. Ils ne sont pas des métaphores comme les classiques « Suivre le Christ », « l'escalade de l'échelle de perfection » ou « l'ascension de la montagne spirituelle » mais ils nous permettent une compréhension claire, brève (bien qu'incomplète) de la réalité vivante de la sainteté, et nous révèlent quels engagements elle entraîne. Ce sont comme des «icônes» de l'Évangile, symboles du don chrétien de soi-même.

Les modèles n'épuisent pas la réalité. Ils en sont des représentations partielles. Loin de s'exclure, ils se complètent, même si chacun met un accent particulier sur ce que signifie: «être saint». En tant que symboles, ils font naître en nous une réponse affective, nous entraînant vers le but de la sainteté. Qui de nous ne pourrait être ému, et parfois horrifié, de lire comment les bourreaux de Brébeuf ont mangé son cœur dans l'espoir de se revêtir du courage dont ils avaient été témoins?

Dans cette lignée, je vais décrire quelques-uns de ces modèles, avec l'espoir qu'ils nous aideront tous à voir quel chemin nous pourrions prendre.

1. Le martyr

La communauté chrétienne a offert ce modèle aux croyants dès l'origine, nous le présentant de façon dramatique dans les Evangiles. Jésus «se dessaisit de sa vie pour ceux qu'Il aime». Les quatre Évangiles font converger leurs récits vers la réalité historique de la passion et de la mort de Jésus, suivies du triomphe de sa résurrection.

L'amour que Jésus a manifesté par sa mort a été, dès son époque, source de force pour des martyrs sans nombre. L'histoire des martyrs a souvent été influencée par les récits évangéliques de la Passion. C'est absolument évident dans la narration du martyre d'Étienne au Livre des Actes, où l'on trouve de nombreuses similitudes avec la mort de Jésus. Jean-Gabriel Perboyre a donné sa vie d'une manière étonnamment identique à celle de Jésus. Il a été trahi par un disciple, a souffert une longue passion, a pardonné à ses ennemis et est mort sur une croix. Plus on raconte sa mort héroïque, plus on y trouve les mêmes détails que pour la Passion de Jésus.

Ce qui est le plus magnifique dans ce premier modèle, c'est sa clarté et sa simplicité frappantes. C'est merveilleusement suggestif, provoquant notre admiration et un profond désir de nous donner généreusement. Celui qui accepte le martyre par amour renonce au plus fondamental des biens humains, qui est la vie. Quelques saints, comme Polycarpe, ont subi le martyre qui couronnait une longue vie déjà frappante par sa sainteté: «J'ai servi le Christ pendant quatre-vingt-six ans, dit Polycarpe à ses bourreaux, comment pourrais-je maintenant renier mon roi et mon sauveur?» Pour d'autres, le martyre a ressemblé davantage à un «second baptême», lavant leurs péchés (même assez notables) dans «le sang de l'Agneau». Un martyr du XVIe siècle vivait en concubinage au moment de sa mort. Cependant, ce fait paraît insignifiant face à la lumière du martyre, de toute façon il a été canonisé (même si cela peut nous surprendre comme étant un cas rare). En ce sens, son martyr a été perçu comme un «ticket express» pour le Royaume de Dieu.

Il y a quelque temps, des théologiens comme Karl Rahner ont souvent recommandé que le concept de martyre soit élargi. Selon la tradition, le martyre se définit comme l'acceptation de la mort «pour la foi». Dans le cas de Maria Goretti, canonisée en 1950, la «foi» faisait partie de la morale chrétienne. De plus, en 1982 l'Eglise a reconnu Maximilien Kolbe comme martyr donnant sa vie, se subsituant à un autre. On peut espérer la même extension du concept pour le cas d'Oscar Romero, radicalement reconnu comme martyr, mais pas encore canonisé, qui a donné sa vie pour rester solidaire des Pauvres dans son combat pour la justice. Cela est aussi vrai pour beaucoup d'autres en Amérique Latine, comme Rutilio Grande.

Mais, en tant que modèle, le martyre a quelques inconvénients. Les martyrs sont relativement rares. Peu d'entre nous suivront ce chemin. Alors que nous aspirons à un geste dramatique, clair et simple, la vérité est que, pour la plupart d'entre nous, la suite du Christ consistera à porter la croix jour après jour, tout au long d'une vie, avec patience et fidélité. Comme me le disait un jour un vieux missionnaire plein de sagesse: «C'est souvent plus dur de vivre pour le Christ que de mourir pour Lui».

Le modèle du martyr peut aussi occasionnellement donner naissance à un fanatique. Nous voyons aujourd'hui des terroristes kamikazes donner volontiers leur vie, tout en tuant les autres, convaincus que cela leur garantit une entrée immédiate dans la présence de Dieu. Autrefois, j'ai connu un prélat trop consciencieux, dont un de mes amis disait avec un sentiment de frustration: «Il était né pour être martyr. Il est prêt à mourir pour n'importe quelle cause, et il combat avec une ténacité farouche, que l'objet en soit grand ou petit». Á ce jour, il est toujours vivant!

2. L'ascète

Quand prirent fin les persécutions des premiers siècles, et que les chrétiens se rendirent compte qu'un nombre relativement restreint d'entre eux gagnait la couronne du martyre, ils commencèrent à s'orienter plus nettement vers un autre modèle: l'ascète. Ascète signifie: entraînement, discipline. L'«athlète» du Christ recherche la couronne de laurier que l'on met sur la tête du vainqueur à la fin de la course de la vie: «J'ai combattu jusqu'au bout le beau combat. J'ai achevé ma course. J'ai gardé la foi. Dès maintenant m'est réservée la couronne de justice...». L'ascète s'engage souvent au jeûne, à l'abstinence sexuelle et à un style de vie austère ou simple. Le but de ces pratiques, au moins dans leurs meilleurs aspects, n'est pas de «renoncer» à certaines choses, mais de se reconstruire, de devenir une nouvelle personne. En d'autres termes, toute abnégation a pour but une croissance dans l'amour.

Au cours des siècles, la virginité et le célibat se sont situés au sommet de l'échelle ascétique. Ceci révèle combien la communauté chrétienne a estimé le sacrifice consenti quand on renonce à l'intimité sexuelle. Mais, bien sûr, la recherche de la sainteté ne s'arrête pas à ce renoncement. L'énergie qu'une personne aurait pu déployer à la poursuite de la fidélité conjugale, ou de la possession des biens, ou du pouvoir, doit être de la même façon engagée au service du Seigneur et de son Royaume.

Le modèle ascétique a beaucoup d'avantages. Il a donné naissance à de nombreux saints, parce qu'il les a rendus capables de concentrer leurs énergies sur les affaires du Seigneur. En fait, la suite du Christ comporte toujours une discipline, celle de «prendre sa croix chaque jour». Sur la liste des ascètes et des grands amoureux de la croix, on pense spontanément à François d'Assise, dont la vie a fasciné d'innombrables chrétiens. Il a vécu avec une merveilleuse simplicité, renonçant à la famille, à la richesse, au mariage et au pouvoir, tout en aimant visiblement et profondément la création.

Le témoignage d'un style de vie simple, du célibat pour le Royaume, d'une réponse simple et obéissante aux besoins des pauvres, est un signe efficace de la présence du Royaume de Dieu. Un modèle ascétique, bien que n'étant pas très en vogue de nos jours, a une énorme signification dans une société de consommation caractérisée par une répartition injuste des richesses, une culture du divertissement, le désir d'une satisfaction immédiate, et des relations d'exploitation du sexe et du pouvoir.

Sur un plan négatif, les ascètes ont toujours couru le risque de pélagianisme qui est une vision athlétique du salut. Il tend à penser que, si on «s'entraîne» assez bien, la course est gagnée. Les ascètes peuvent devenir fiers de leurs «réalisations». Ils peuvent devenir durs pour les autres qui semblent moins disciplinés. Mais, en dernier lieu, la sainteté est un don de Dieu, non un exploit ascétique. Seuls les humbles sont capables de la recevoir.

3. Le contemplatif

La prière de Jésus est frappante dans les Évangiles. Les chrétiens ont toujours été fascinés par son union à Dieu, qu'Il appelle son Père. Dès les premiers temps de l'Église, des hommes sont partis au désert pour prier comme Jésus l'avait fait. Peu à peu, des communautés se sont organisées, et avec le temps, toute une tradition monastique s'est développée, sur la base des règles posées par saint Benoît.

Bien entendu, la contemplation n'est pas réservée aux moines comme l'a souvent souligné Thomas Merton. Je pense tout de suite à la Bienheureuse Anna Maria Taigi, une femme au foyer qui vécut à Rome au XIXe siècle, connue pour son travail auprès des pauvres et sa vie d'union à Dieu tout en élevant ses sept enfants et les six de sa sœur devenue veuve. Je me rappelle, pareillement, Madame Acarie, mère de six enfants, à laquelle se sont adressés tous les grands directeurs spirituels de France au début du XVIIe siècle, pour recevoir ses conseils concernant l'union à Dieu. Ses enfants riaient avec elle à la fin de sa vie, en se rappelant comment ils attendaient qu'elle sorte de ses extases mystiques.

La poursuite sérieuse de la sainteté, quelque forme qu'elle prenne, a formellement reconnu le besoin d'union à Dieu dans toute espèce de prière. Dans la tradition monastique, cependant, la dimension contemplative de la vie prend un relief absolu. On se retire de la société pour entendre les voix les plus profondes de la réalité: la Parole de Dieu et les cris de l'humanité souffrante.

Le modèle contemplatif a des avantages remarquables. Il met devant nos yeux, avec une grande clarté, un des éléments indispensables de la spiritualité du Nouveau Testament: l'union à Dieu dans le Christ. Le contemplatif consacre sa vie à la méditation de la Parole de Dieu, au chant de ses louanges, et, par moments, à une forme d'union sans paroles, que l'on définit souvent comme «prière contemplative».

Les dangers de ce modèle sont «l'évasion» et «l'angélisme». Le retrait du monde en vue de la contemplation doit, comme le rappelle Thomas Merton à ses lecteurs, rendre la personne capable d'entendre les cris les plus profonds de la vie. Si un individu cherche la fuite, il reste absorbé dans un splendide isolement. Au contraire, le contemplatif doit toujours être préoccupé du concret de la vie. Nous nous exprimons avec nos corps, non pas comme des anges. Le véritable amour chrétien doit s'engager dans des actes concrets. Il est certainement suspect celui qui a de beaux moments de contemplation, mais avec qui il est difficile de vivre ou d'être en relations.

4. Le serviteur

La charité en actes est au centre de la suite du Christ. «A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres». L'autre jour, j'ai rencontré deux femmes étant toutes deux infirmières et depuis peu de temps à la retraite. Je leur ai demandé comment elles occupaient leurs nouveaux loisirs. Ce qu'elles m'ont raconté est merveilleux. Elles ont enfin du temps pour se détendre. Toutes deux -comme elles me l'ont dit- ont obtenu auprès des Organismes de Charité Catholique, une liste de personnes malades qu'elles vont voir à domicile. J'ai été frappé par leur grande spontanéité, à l'automne de leur vie, à se mettre au service d'un aspect primordial de l'Evangile: servir ceux qui sont dans le besoin. Il y a des millions de personnes comme elles, sans compter les nombreuses communautés fondées pour ce dessein. Des Saints comme saint Vincent de Paul, des communautés comme les Filles de la Charité, et les groupes innombrables de laïcs qui s'efforcent de rejoindre les plus nécessiteux sont un signe remarquable dans le monde de la Bonne Nouvelle de la présence de Dieu.

Un avantage important de ce modèle est qu'il peut être vécu dans des circonstances très variées. Des missionnaires, des époux, des enseignants, des magistrats, des médecins, des infirmières…peuvent tous construire leur vie sur le fondement évangélique d'un appel à servir. C'est spécialement vrai parce que le service de l'Évangile n'a pas besoin d'être sensationnel, mais peut être aussi simple que «donner un verre d'eau fraîche» aux assoiffés. De l'homme politique éminent qui se considère comme le «serviteur de son peuple», à la personne pauvre et obscure qui trouve le moyen de servir les autres qui sont souvent plus pauvres, tous peuvent se présenter de quelque manière dans la fonction de serviteur.

Le danger de ce modèle est, bien sûr, l'activisme. Si le contemplatif risque d'essayer de vivre comme un ange, le serviteur peut tenter d'être un messie, portant sur ses épaules tous les problèmes du monde. Si le premier fait trop peu, le second vise trop de choses, se consumant et aboutissant à la déception et à l'amertume.

Ces quatre modèles nous offrent à tous un vaste sujet d'étude. Le martyr nous dit qu'il y a des buts pour lesquels on peut mourir, le premier d'entre eux étant notre foi dans le Christ. L'ascète nous rappelle le prix d'une vie de disciple: il n'y a pas de suite du Christ sans renoncement à soi et acceptation de la croix chaque jour. Le contemplatif met l'accent sur ce qui est transcendant, nous appelant à l'union à Dieu dans la prière. Le serviteur nous enseigne que la charité pratique, quotidienne, se trouve au cœur de la spiritualité du Nouveau Testament, et qu'elle est le seul signe vraiment convaincant de l'amour de Dieu et du prochain.

Un cinquième modèle?

Les modèles se complètent mutuellement. La plupart, sinon tous ceux des saints dont la vie reproduit le modèle du serviteur, ont été aussi profondément des priants. Les contemporains de saint Vincent, qui a été certainement un des saints de la charité les plus actifs, l'ont reconnu aussi comme un contemplatif. Ses disciples, en fait, sont appelés à être «des contemplatifs dans l'action et des apôtres dans la prière». De la même manière, beaucoup d'ascètes ont été des serviteurs généreux (que l'on pense seulement au Curé d'Ars), et beaucoup de contemplatifs ont été de formidables ascètes (tel Antoine dans le désert). Les martyrs, naturellement, ont aussi offert des exemples frappants de tous les autres modèles.

Mais cependant chacun de ces modèles peut être un tremplin efficace pour la sainteté, en particulier quand il est complété par les autres modèles, ils ont tous quelque peu «privatisé» l'anneau qui les encercle. Á une époque où nous insistons sur le rôle de la communauté dans la recherche de la sainteté (nous avons été baptisés en Église, nous célébrons la liturgie comme en communauté), ces quatre modèles interpellent beaucoup de gens. On pourra bien sûr compléter les modèles en ajoutant d'autres réflexions à savoir l'importance du support des autres pour le martyr, l'ascétique, le contemplatif et le serviteur. Mais les modèles en eux-mêmes ne portent pas clairement cette connotation. En ce sens, ils laissent quelque chose à désirer.

Je suggère un autre modèle qui, à dire vrai, n'existe pas dans la liste classique présentée par la tradition chrétienne, mais que j'aimerai voir figurer à l'avenir. Pour entamer le débat je l'appellerai «le couple». J'ai choisi de le nommer «le couple» car des personnes mariées, nous le croyons, entrent dans un couvent pour travailler à leur sainteté ensemble. Ils doivent s'aimer réciproquement comme le Christ aime l'Eglise, avec un amour qui est sacrifice, pardon, en vue du service et de la foi jusqu'à la mort.

Aujourd'hui, à travers les siècles de nombreux maris et femmes ont été déclarés saints. Ils proviennent de toutes les couches sociales de la société. En tête de liste se trouvent Marie et Joseph issus d'un milieu de menuiserie: charpentier. Priscilla et Aquila, toutes deux considérées comme des saintes, gagnent leur vie en fabriquant les étoffes. Justin (482-565) et Théodora, saints dans la tradition orthodoxe étaient empereur et impératrice. Saint Stéphane et la Bienheureuse Gisèle (au XIe siècle) sont les premiers roi et reine de Hongrie. Isidore de Madrid et María de la Cabeza (XIIe siècle ) sont fermiers.

Bien sûr, avec un peu d'ironie, je reconnais que certains époux ou épouses deviennent saints en dépit de leur femme ou de leur mari précisément à cause des difficultés créées par leur partenaire, mais ce n'est pas l'idéal chrétien. L'idéal est qu'ils cheminent ensemble chrétiennement.

Le modèle du couple a deux avantages frappants. Premièrement il est d'une application très large. La majorité des personnes sont mariées. L'engagement dans le mariage est une voie ordinaire choisie par la plupart des chrétiens pour grandir dans la sainteté et la foi. Ne serait-il pas merveilleux de présenter à la communauté chrétienne actuelle un nombre étonnant d'exemples modernes de saints mariés qui seraient canonisés ensemble. Ces saints, certainement, profiteraient des autres modèles (puisque nous l'avons mentionné ci-dessus, et parce que tous les modèles sont complémentaires), apprenant le don de soi du martyr, le renoncement de l'ascète, la prière du contemplatif et l'action du serviteur. Mais le pèlerinage terrestre et l'apprentissage du couple devront s'inscrire dans un projet commun.

Ces éléments me fournissent le second avantage du modèle. Il est communautaire, social. Le couple promet de refléter l'union du Christ et de son Église travaillant à leur sainteté ensemble. La dimension communautaire de ce modèle correspond à la réalité de la suite du Christ, qui s'est toujours réalisée en compagnie des autres.

D'un côté négatif, une objection pourrait être faite au modèle-couple c'est de sous-estimer la responsabilité individuelle que la personne humaine en tout dernier ressort ne peut jamais esquiver car elle est précisément le lieu de réception du don divin de la sainteté. C'est certainement un avertissement justifié. Néanmoins, j'ai le sentiment que c'est exactement le revers de la médaille qui nécessite de nos jours une insistance: à savoir, que le mariage est un contrat de sainteté que les époux assument ensemble.

Le troisième millénaire nous offrira-t-il des canonisations de «saints couples»? Je l'espère.

Cf. Rm 13, 14.

Jn 15, 13.

2 Tim 4, 7.

Lc 9, 23.

Jn 13, 35.

Mt 10, 42.

7