Un fait curieux.  Le sans-abrisme est totalement absent des 17 Objectifs de développement durable (ODD) et de leurs 169 sous-objectifs… pourtant, cette question est essentielle à la réalisation des 17 composantes essentielles de l’Agenda 2030 des Nations unies pour les personnes et la planète.

Cette absence met en péril le plein succès de l’Agenda et de la proposition de Nouveau Contrat Social.  Les personnes souffrant de cette manifestation extrême de la pauvreté, vivant dans le sans-abrisme ou risquant de le devenir, ne peuvent être oubliées si nous voulons tenir la promesse de “ne laisser personne de côté”.

Dans un simple cercle de vie, nous pouvons placer le travail, qui produit de l’argent, qui permet la nutrition, qui permet l’éducation, qui signifie ensuite obtenir un bon emploi dans le futur.  Un cercle productif.  Mais un foyer occupe le centre du cercle.

La maison est le cœur de tout.  Et sans un foyer stable, on se bat pour survivre.

Lorsque nous pensons en termes de systèmes, nous reconnaissons que les problèmes sociaux sont liés entre eux, qu’en fait rien ne se passe de manière isolée.  Les 17 objectifs sont les fils d’un même vêtement.  Certaines connexions sont totalement évidentes, d’autres moins.  Jetons un coup d’œil.

MDS #1 proclame l’absence de pauvreté.  Nous sommes tout à fait d’accord.  Mais la pauvreté et le sans-abrisme sont étroitement liés.  Les personnes en situation de pauvreté, qui ont souvent un emploi et une maison, n’ont besoin que d’une maladie ou d’un accident, d’une facture élevée ou d’un paiement manqué, pour perdre leur maison.

MDS #2 propose Faim Zéro.  Les personnes vivant sans domicile rencontrent de nombreux obstacles pour se nourrir correctement, risquant toujours la malnutrition.  Cela est particulièrement dangereux pour le développement des enfants, tant sur le plan physique que mental.

Le numéro 3 traite de la bonne santé et du bien-être.  Obtenir de bons soins de santé est parfois difficile pour n’importe qui, alors on peut imaginer le cauchemar auquel sont confrontés les sans-abri dans ce cas.  Pandémie ou pas pandémie.

Le MDS4 cherche à réduire les disparités afin que chacun puisse bénéficier d’une éducation de qualité.  Être sans domicile fixe, c’est être confronté à une série de difficultés en matière d’éducation.  Certains y parviennent et il est surprenant de voir combien d’étudiants américains sont actuellement sans abri et poursuivent néanmoins leurs études.  Mais tous ne sont pas en mesure de le faire et sont laissés pour compte en raison de complications liées à la nutrition, au transport ou à l’instabilité du logement.

L’égalité des sexes, n°5, veut éliminer la discrimination entre les sexes pour assurer le développement économique des femmes et des filles.  Ils souffrent davantage sans foyer.  Ce statut augmente la probabilité de violence sexuelle, de traite et d’autres formes d’abus.

ODD 6 : Eau potable et assainissement, aspects importants de la santé mais hors de portée des sans-abri car ces biens sont généralement liés aux bâtiments et aux résidences.  Les infrastructures d’eau n’incluent généralement pas les arrangements de vie informels.

Énergie propre et non coûteuse, n° 7.  La technologie est désormais essentielle pour fonctionner dans le monde social et sur le marché.  Le téléphone portable n’est pas un luxe.  Pourtant, les sans-abri n’ont souvent pas les moyens de payer leurs factures d’énergie à cet égard.  Maintenant, “ne laisser personne derrière” signifie aussi “ne laisser personne hors ligne”.

Decent Work and Economic Growth ? #8 poursuit cet objectif important, à savoir que vivre sans logement stable présente d’énormes défis tels que l’absence d’une adresse stable, de moyens de transport faciles et l’incapacité de maintenir une bonne hygiène, etc.

Les lecteurs de cet article applaudiront le MDS 10.  Réduction des inégalités.  Mais le sans-abrisme est à la fois une cause et un effet des inégalités qui se creusent actuellement dans le monde.  Les grandes inégalités engendrent la mort, et tant que nous ne disposerons pas d’un contrat social inclusif qui protège les besoins et les droits fondamentaux de tous, y compris des sans-abri, tout effort visant à créer un monde meilleur connaîtra de sérieux revers.

La moitié des ODD sont donc directement concernés par la situation de tant de sans-abri, de personnes dormant dans la rue, de réfugiés, de migrants et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.  Il s’agit de personnes réelles, en très grand nombre, qui souffrent terriblement : plus de 200 millions dans le monde et 1,6 milliard de personnes mal logées.

Le Comité pour l’éradication du sans-abrisme, avec la participation active des représentants non gouvernementaux de FAMVIN, a réussi à faire adopter une résolution sur le problème, acceptée par l’Assemblée générale des Nations unies, qui oblige l’ONU à s’attaquer directement au problème et pas seulement comme une partie de la pauvreté.  Un grand succès, mais son véritable impact ne se fera sentir que lorsque les nations accepteront ses recommandations dans leur politique nationale.

La question vincentienne est toujours “Que devons-nous faire ?”. Posons-nous donc la question suivante : puis-je m’informer davantage sur le problème des sans-abri, puis défendre la même cause ?  Est-ce que je connais l’Alliance familiale vincentienne pour les sans-abri et puis-je soutenir cette initiative d’une manière ou d’une autre ?  Y a-t-il un effort local, près de chez moi, pour aider les sans-abri ?  Ces personnes font partie des pauvres les plus vulnérables que notre charisme cherche à servir, et peuvent être une source de grâce dans nos propres vies.

Jim Claffey
Représentant des ONG du CM auprès de l’ONU